baignade au clair de lune [PV Chance]

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ul, nul à souhait. Était-ce un poème ou le manuel d’instruction d’un robot culinaire? Au point de vue du style, j’aurais plus opté pour la deuxième option. Si je n’avais pas eu qu’un seul bout de papier pour toute la nuit, je l’aurais vivement chiffonné et jeté à bout de bras, ça aurait fait un nid à écureuil. Mais effectivement, c’était le seul papier que j’avais, je n’étais donc pas dénué de tout sens pratique comme certains pouvaient le croire. Je tâchai de respirer, ce n’était pas en me fâchant que j’allais capter le calme et la sérénité du parc nocturne. Non pas le calme et la sérénité d’un sdf complètement bourré dormant sur un banc de parc, le vrai calme. De toute façon, le bois était vide, ce qui en principe aurait du m’aider un peu.

our me défouler, je décidai de changer d’endroit, les troncs d’arbres ne m’inspiraient pas. Ils devaient bien se marrer du poète raté qui gaspillait du papier (peut être venant de leurs cousins arbre?) à écrire des vers ridicules déjà écrits mille fois par d’autres poètes ratés. La robe diaphane, la Lune et tout, quel cliché. Je marchais vers un endroit plus découvert que j’entrevoyais entre le tronc, où la lumière semblait être plus intense, enfin, j’allais voir ce que j’écrivais! Peut être alors n’avais-je aucune raison de me réjouir finalement.

orsque J’arrivai à la lumière, je vis que j’avais écrit comme un enfant de 5 ans, sans tenir compte des lignes, un peu sans sens. Ça j’aimais bien. La désorientation par la noirceur. Oui, j’étais pressé, j’étais impatient. Mais comment faire quand on a 18 ans, qu’on veut artiste, que toutes les hormones (trop nombreuses) dans son corps t’exhortent de faire quelque chose de ta vie, que ton sang bouillant tambourine à tes tempes à toutes heurs du jour, que tu tombes amoureux du lever du soleil, de la pluie, d’une feuille parce que tu as été fait pour ça, et que tout ce qui en sort c’est des trucs genre « robe diaphane » et des portraits de mecs avec des têtes de poulets? Je vous le demande! Aucune réponse? C’est ce que je pensais, j’étais seul en ce bois, tout seul avec le vide que j’avais dans la tête.

’arrivai finalement à un lac. Joli. Si on avait été en hiver j’aurais très bien pu voir Bambi faire du patin à glace dessus. Bien qu’à présent, il devait être rendu pas mal vieux Bambi. Peu importe. Je devais peut être écrire des poèmes sur Bambi? N’empêche que c’était bien beau le lac, la Lune, et tout ça. Quelle idée avais-je eu? Ah oui. « Je vais passer toute la nuit dans le Par cet m’inspirer de la nature urbaine pour composer un chef-d’œuvre! ». Non mais il faut pas être naïf… Je l’étais un peu. Je m’appuyai le dos sur un arbre, les bras croisés pour regarder un instant le paysage, avant de le gâcher à coup de vers sous-pesés. C’est alors qu’une apparition fit ben… Son apparition sur la rive opposée du lac. Par réflexe, je me retirai un peu vers le couvert des arbres.

a ne pouvait être vrai. Soit c’était mon cerveau qui avait des hallucinations (il n’était pas si tard pourtant), soit le destin était ironique. Une jeune fille s’avançait dans els rayons de la Lune qui faisait transparaitre l’ombre de sa silhouette menue à travers sa robe blanche, un peu… J’allais le dire malgré moi, diaphane. J’optai plus pour une hallucination, elle me semblait jeune, pas question que des parents laissent une jeune fille de cet âge se promener dans les bois, pendant que le Loup y est pas. Je continuai néanmoins d’observer le spectacle que mon cerveau m’offrait.

a jeune fille entrait dans l’eau, sa robe remontant autour d’elle pour flotter entre deux eaux, telle une couronne d’écume autour d’elle. Woh, la grandiloquence, ce n’était qu’un lac. Celle-ci s’arrêta au milieu du lac qui ne semblait plus si profond, l’eau jusqu’à la poitrine, elle devait être froide, déjà que la jeune fille était plutôt frêle. Que venait-elle faire, troublant le reflet de la Lune par sa propre blancheur au milieu de celui-ci, trempée, frigorifiée, sans être plus froide que l’astre nocturne. Je commençais à douter du rôle de mon cerveau dans tout cela, à jeun, impossible qu’il ait pu produire ça. Dans le silence de la forêt, une mélodie, douce, pour laquelle je dus tendre l’oreille avec attention résonna dans le bois. Mais je ne l’entendais pas assez distinctivement, sans réfléchir, je fis un pas en avant.

auvaise manœuvre, on avait placé une traîtresse branche sèche en dessous de mon pied, et dans le silence de la nuit, je ne passai pas inaperçu. Découvert, mes talents de ninja m’avaient abandonnés. La jeune fille se tourna vers moi, loin de paraître alarmé, mais je le fus pour elle. Je levai les mains en l’air :

-Je ne suis pas dangereux, ni en train de te stalker, je le jure!

e me retournai vers la forêt, comme pour y trouver une preuve de mon innocence, mais c’était peine perdue. Je pointai tout de même la forêt pour appuyer mes dires confus :

-Je venais pour erm… Observer. Observer, la forêt, pas toi, c’est sûr… Ahah…

’avoir été découvert m’avait surpris à ce point, par cette jeune fille irréelle, allait-elle s’évaporer sous mes yeux? Je riais nerveusement puis je soupirai, oh ferme-la Chance, pour l’amour du ciel, ferme-la. J'aurais mieux fait de rebrousser chemin et de la laisser à son lac. Puis je repris mon aplomb quelque peu, attendant qu'elle me dise de foutre le camp pour le faire.

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Un son, un bruit venait de rompre le silence, ou plutôt, la mélodie qui sortait de la bouche de Brittany. Une branche venait de se casser en deux non loin d'elle. Surprise, elle s'était retournée lentement avant se laisser son regard sur un jeune homme. Celui-ci semblait avoir été pris sur le fait d'une bêtise alors que ce n'était pas vraiment le cas. En effet, il avait levé les mains en l'air, comme le ferait une personne menacée par une arme à feu. Or, elle n'avait pas l'air dangereuse, ni le garçon d'après ses dires. Il semblait d'ailleurs bien gêné et voir même paniqué ce que la demoiselle ne comprenait pas. Certes, il l'avait surprise mais ce n'était pas pour cette raison qu'elle allait commencer à crier au secours. Finalement, l'inconnu finit par soupirer, se rendant compte qu'il s'enfonçait encore plus sous ses explications.

Brittany rit légèrement voyant la panique submerger le jeune homme. Il n'avait vraiment pas à se sentir gêner. Et puis, il avait parfaitement le droit de se retrouver à cette endroit à cette heure-ci de la nuit. Après tout, la forêt appartenait à tout le monde.

Brittany se retourna complètement vers le jeune homme. Et comme pour le rassurer du fait qu'elle ne tenait pas compte de sa présence, voir même qu'il ne la dérangeait même pas, l'anglo-nipponne leva ses bras vers sa direction et demanda avec un petit sourire :

Veux-tu venir te baigner avec moi? L'eau est vraiment bonne.

Sa question devait sans doute paraître bizarre. En fait, en y repensant, tout son être devait sembler invraisemblable pour le jeune homme. Après tout, elle était là, en pleine nuit, à se baigner dans un lac au milieu d'une forêt, dans une légère robe blanche et après, elle demandait à celui qu'il venait la déranger, de venir la rejoindre. Si les fantômes existaient, alors on pourrait même croire qu'elle en était une ; une âme errante qui aurait perdu sa vie aux milieux de ses eaux et qui, maintenant, attirait toutes personnes se retrouvant par mégarde au mauvais endroit au mauvais moment. Mais Brittany n'était rien de tout cela. Elle était bien vivante, en chair et en os et ne ferait de mal à une mouche. Elle lui proposait juste une petite baignade sans arrière pensée. Et puis, maintenant qu'ils étaient là, peut-être pourraient-ils faire connaissance? Mais peut-être que lui, il ne voulait pas? Dans ce cas là, c'était bien dommage parce qu'il ne savait vraiment pas ce qu'il ratait. Les bains de minuits, c'est ce qu'il y a de mieux pour se relaxer d'une dure journée. Bien entendu, les bains mousseux aussi mais malheureusement, le pensionnat n'était équipé que de douches, et encore, elles étaient communes. Il était donc plus difficile de se relaxer en paix. Les sources chaudes existaient aussi mais elles n'était pas gratuite. Bien que Brittany ne manquait pas d'argent, elle en avait décidé autrement. Et puis, elle n'était pas venue dans la forêt avec l'intention de prendre du bon temps dans le lac. Non, cet endroit lui avait juste parût tellement féérique, calme et serein que la demoiselle n'avait pu s'en empêcher. De toute façon, elle ne gênait personne alors. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. Mais peut-être que son chant avait attiré ce jeune homme qui voulait rester près du lac en paix et qu'elle venait de le déranger? Si c'était le cas, alors elle se devait de s'excuser. Seulement, elle ne le fera qu'une fois qu'il lui aura confirmé son dérangement. Mais pour le moment, Brittany restait face au jeune homme et gardait ses bras lever en sa direction.

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En entendant le rire de la jeune fille, je me détendis un peu. Okay, elle se foutait un peu de ma gueule, mais ça voulait dire qu’elle ne me prenait pas pour un dangereux pervers. Quelle jolie jeune fille aurait rit au nez d’un maniaque, je vous le demande. Un demi-sourire s’étira sur mon visage, alors que j’admettais silencieusement que j’avais eu l’air idiot, comme parfois. Mais je ne m’attendais pas non plus à ce qui allait suivre. Bien sûr, avec ma grande imagination et ma conception du réel quelque peu… différente, peut être croyez-vous que ça m’avait paru normal, mais non. Si cette jeune fille en robe blanche avait été moi, allez c’est ça rincez-vous l’œil bande de tordus, je n’aurais jamais proposé une telle chose. Quelle jeune fille invitait un total inconnu à venir se baigner dans un al comme ça en pleine nuit? Peut être le même genre qui riait à la barbe des maniques. Je balbutiai un peu. Non je n’étais vraiment pas à mon avantage ce soir-là. De plus, ce lac avait l’air totalement glacial. Et puis une robe blanche dans l’eau… Bon vous vous rincez encore l’œil dans mon imaginaire à ce que je vois, pas croyable.

Mais je me sentis piqué dans mon orgueil. Moi? Gêné, mis à l’aise par une situation, aussi saugrenue pouvait-elle être, ça ne s’était jamais vu. Qu’est-ce qu’une baignade pouvait me faire, à part me clouer au lit avec une bonne grippe, me noyer au pis aller… Bon ça commençait à devenir inquiétant. Espérant que cette apparition fantomatique n’était pas une diabolique banshee venue tenter mon âme faible pour ensuite me noyer sauvagement dans les eaux glacées de ce lac perdu. Je frissonnai à cette idée, maudite sois-tu imagination débile. J’imaginais ces bulles qui sortiraient de ma bouche alors que ses deux mains blanches me maintiendraient en dessous de l’eau, mes derniers mots sous formes de bulles vers la Lune. Joli, mais pas ce soir pitié. Je repris mon courage à deux mains, j’étais un homme après tout, qu’est-ce que j’avais à craindre cette jeune fille à la stature de poupée, trempée jusqu’à la taille?

Je m’avançai lentement vers le lac, essayant d’écarter l’absurdité de la situation, ou de la laisser m’imprégner. Mais je n’avais jamais fait de telles choses à moins d’en être à la source, je n’étais pas habitué d’être surpris par quelqu’un d’autre. Je me déchaussai question de tester l’eau du bout de l’orteil. Je trouvai l’eau correcte, un peu froide à mon point de vue, mais pas de quoi mourir. Peut être que si j’y allais d’un seul coup? Ou peut être qu’en s’y jetant tout habillé l’eau me paraitrait moins froide? C’était à tester. J’eus un sourire encore un peu empreint de malaise alors que j’annonçai :

-Attention au plongeon!

Puis je m’y jetai, fermant les yeux, puis ressortissant à la surface complètement trempé avec une exclamation de surprise. Je crois bien que je suis frileux, car je l’ai trouvé très froide. Secouant la tête pour chasser l’eau moins que tiède qui ruisselait dans mes cheveux, je me plaignais :

-Voilà ce qui arrive quand on fait confiance aux inconnues qui vont proposent des baignades, elle est super froide!

J’y ajoutai un juron en anglais contre mes vêtements qui au lieu de me réchauffer collaient désagréablement à mon corps et devenaient très lourds. Me retournant vers la jeune fille, je me rendis compte que j’avais peut être un peu brisé la poésie du moment. Un vrai poète de courrier du cœur de magazine pour préadolescente. J’éclatai de rire en me rendant compte de quel triste compagnon de baignade nocturne je devais être. Toujours sur un ton de rigolade je m’excusai :

-Pardon, mauvaise surprise.

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