A light through the shadow [PV:Valdi]

Après avoir à nouveau essayé..après avoir quitté son dortoir en lui enfonçant sa porte..après avoir reçu sa compresse de gaze.. J'étais rentré chez moi, dans un état indescriptible. Pris entre colère, joie, haine et euphorie. Tout s'était mélangé dans ma tête, je me sentis friser la folie, comme il y a quelques années. Je m'arrêtai net au beau milieu de mon appartement vide, et frappai du pied le premier objet que je trouvai sur mon chemin. La vitre de la table basse du salon se brisa, lorsque la petite statuette décorative vint à sa découverte. J'avais décidé de ne laisser parler qu'une émotion, plutôt que de sombrer dans la confusion. Joie, euphorie, ce n'était qu'un trompe l'œil que je m'infligeais à moi même, la haine, je ne saurais en éprouver pour elle. Mais la colère, de la savoir amoureuse au point de vouloir elle même sa perte. Je posai mon front sur un mur, me frappant du plat de la main, et pris une inspiration. J'entrai dans la cuisine, me servant un seau de glaçons, pris un verre ainsi qu'une bouteille d'alcool pleine.

Je m'assis, au beau milieu du bordel que j'avais semé, et me servis un verre. Je fixai les glaçons, comme s'ils avaient quelque chose à dire. Comme si la glace pouvait encore me faire parler, puis j'encaissai le verre cul-sec. Je me servis ainsi, encore et encore, finissant presque les trois quarts de la bouteille seul. Je ne sais plus pourquoi je buvais autant, mais je sais que ma colère s'extérioriserait. Commençant à me senti éméché, je décidai de remonter l'escalier, pour regagner mon lit. Puis, les marches commencèrent à onduler sous mes pas, l'alcool se manifestait de plus en plus. Je finis par littéralement, atterrir sur le matelas, et m'endormis quasi-simultanément. Mais je me souviens de ce rêve. Je suis un loup, et je vois une jeune fille.. Je me sens menacé, je sors les crocs, et la mords, la griffe, la blesse et repars.. Mais elle est tenace, elle ne me veut pas de mal, mais dans toute ma crainte, j'attaque encore et encore, sans arrêt. Mais elle continue de m'appeler, en souriant, tristement mais chaudement..

Je me réveillai brusquement, avec un mal de crâne incroyable, aussi violent que dans la soirée précédente. Je me servis de comprimés d'aspirine, puis de remèdes de grand-mère, consistant à avaler quelques jaunes d'œufs, enfin ce genre de choses qui semblent farfelues, mais qui peuvent bien étonner. Il était déjà vingt heures, mais du lendemain.. J'avais dormi toute la journée. Yoshi m'envoya alors un message. La route de la plage, point de rassemblement, la plage bien sûr. Minuit pour le rendez-vous, comme à l'habitude. La fatigue était évaporée, et la migraine semblait déjà bien loin. J'acceptai l'offre, et me préparai à partir. La R-35 me ferait oublier certains de mes soucis pour la nuit.

Minuit, la place était déjà bondée de monde, moi, je m'apprêtait à démarrer ma première course sur les routes sinueuses longeant la plage. 350$ de mise par personne, 4 participants. Et les voitures démarrèrent. Je me senti propulsé au fond du siège grâce à la puissance du bolide, et jetai un petit regard, par pur hasard dans le public.. et cru reconnaitre un visage familier. La course fut rythmée, le kick-down était monnaie courante pour ce genre de routes. Ma voiture me sembla un tantinet trop puissante, manquant une déportation fatale à plusieurs reprises, mais à la moindre parcelle de ligne droite, je reprenais de l'avance. Je finis par revenir à la page en tête, empochant la mise avec un sourire vainqueur.

Je recomptais mes billets, appuyé sur le capot de la voiture, souriant, envoyant de nombreux petits clins d'œil aux groupies environnantes. Tout semblait aller pour le mieux. Mettre ma vie en danger m'avait fait me sentir bien mieux. Je levai les yeux, cette jeune fille là regardait ma voiture depuis bien trop longtemps, pour juste l'admirer. Ou elle était calée en automobile, et la mécanique formidable dont je disposais sur ma R-35 la fascinait... Ou alors, il s'agissait d'une personne qui attendait de me revoir. Je serrai mon poing bandé, faisant craquer doucement l'étoffe de tissu.

"Valdania. Ravi de voir que tu me suis maintenant"

Tic tac tic tac.

J'écoutai ce son répétitif résonnant dans cette triste et vide chambre de pensionnat. Combien d'heures ce sont écoulées depuis qu'il était parti ? Je saurai parfaitement vous le dire....3h47....depuis presque 4h je me retournai dans mon lit. Je n'avais pas fermé l'oeil depuis. Ma tête était pleine à déborder de question plus importante que d'autre, j'essayai de résonner en fonction de chacune pour trouver une réponse. Juste une réponse sur ce tas de questions me suffirait pour pouvoir fermer les yeux. Je soupirai et me retournai de nouveau dans le lit.

[...] Je m'endormis enfin épuisée [...]

Une voix grave parla dans mon rêve.. "10 morts et 15 blessés heureusement que ...". Je clignai des yeux. "Ah le réveil ...." Avec un peu de mal je sortais mon bras de mon nid douillet et d'une petite pression je l'éteignis, la voix s'affaiblit avant de disparaître. Je me massai les tempes, je sentais le reste de mon mal de crâne d'hier. Je soupirai -oui, en ce moment je soupire beaucoup mais bon il faut me comprendre, j'ai un trop plein d'émotion- Je me levais allant me préparer pour cette nouvelle journée de cours, dont j'avais le pressentiment qu'elle allait passer tout doucement.

La pause déjeunée sonna et une bruyante agitation commença à naître autour de moi. Je n'avais pas faim juste un grand besoin de dormir pendant ces deux petites heures. Je posai ma tête sur mes bras repliés et me préparai à faire un petit somme malgré le fait que mes amies voulurent me tirer pour que je mange avec elle. Je repondis d'un petit grognement, j'étais trop fatiguée pour faire quoi que ce soit. "Hé vous savez quoi, j'ai entendu dire qu'une nouvelle course allait peut-être avoir lieu cette nuit à minuit." dit l'un. "Sérieux, ça sera où ?" dit un autre "La plage, me languis de savoir qui sera les participants j'aimerais bien...". Je n'entendis pas la suite, le petit groupe se dirigea vers les couloirs. C'était moi où j'attirai toutes les informations pouvant le concerner. Je sombrai dans le sommeil...

La journée de cours fut enfin terminée, je rangeai mes affaires comme d'habitude et passai ma route pour ne pas aller à leur fameux karaoké où elles voulurent me traîner. Sur le chemin du pensionnat je posai mon regard sur la montre... 18h00...mes pas avaient été lent et indécis, hésitant à y aller ou à me faire oublier. Je me posai sur "ce" banc, touchant du bout du doigt ma lèvre inférieure. Pourquoi "ce" ? Tout simplement parce que c'est sur ce banc que je me suis endormie et que cela m'a permis de voir en lui une nouvelle face de sa personnalité. "Etre impassible. Crainte. Colère. Solitaire. Libertin. Froid. Haine ...peut-être." Me haïssait-il ? Ma pire crainte.

Je me levai du banc en vitesse et pris la direction pour le métro ... bus ... mes jambes couraient sur le trottoir de la route de la plage, je regardai ma montre...23h00...Un regroupement était déjà en place, des fans d'auto, des filles roulées comme des ... je ne préfère pas prononcer le mot, je vis même les garçons de ma classe. Je m'arrêtai le souffle court posant les mains sur mes genoux pour pouvoir reprendre de l'air, je n'étais pas en retard heureusement... euh... heureusement ? Il allait me passer un sacré savon ou encore même m'ignorer et je disais heureusement. J'allais peut-être même passer pour une fille qui le traquait jour et nuit.. Je me frappai le front du plat de ma main. Et puis zut de toute manière je n'étais plus à ça près non ?Je me melai à la foule, jouant des coudes pour atteindre un endroit un peu vide. Je me posai contre un mur dans l'ombre attendant l'ouverture de la "danse".

Minuit pile...Il arriva...Allait-il gagner ? Cela ne m'étonnerait pas. Ils démarrèrent, je détournai le regard vers la mer et je les entendais partir au loin. Je m'appuyais sur le rebords qui séparait la route de la plage, soupirant de nouveau et laissant mes pensées disparaître au loin. "Hadlandra-san ?" Je tournai mon regard vers l'origine. Ah, ceux de ma classe. " Que fais-tu ici ? C'est rare qu'une fille vienne voir une course illégale surtout celle qui viennent de Shimizu.." Il continua de parler sans attendre de réponse de ma part, je laissais de nouveau mon esprit partir attendant juste qu'il me revienne en entier...Que Zeke me revienne ....

Des cris commencèrent à émerger dans la foule. Ils revenaient. Je me glissai de nouveau dans la foule plantant le groupe de ma classe sur place. Zeke avait gagné, un petit sourire naquit sur mes lèvres. Je soupirai ensuite à la vue des groupies et de ces clins d'oeil qu'il leur lançait à l'aveuglette.
"Valdania. Ravi de voir que tu me suis maintenant"

Comment avait-il fait pour me voir dans toute cette foule ? Je me glissai hors de celle- ci avec un peu de mal manquant même de tomber tête la première à cause d'un joli croche patte d'une des groupies. Je restais en face de lui, un visage sans expression. Que lui répondre ? Je détournai le regard vers sa voiture, n'ayant pas trop l'envie de me faire massacrer devant tant de témoin. Je fis le tour de sa voiture.

Je ne te suis pas, je cherche juste des réponses à mes questions qui m'ont tourmenté toute la nuit. Surtout à une quest-....

Quelqu'un m'attrapa le bras depuis la foule, m'interrompant. Je me retournai. Encore eux !!? Mais qu'est-ce que je leur avais fait ? "Hadlandra-san, tu veux venir avec nous fêter notre victoire au parie...Hé tu connais Matsuda ? Présentes nous le s'te plais. On en est fan !" Il me tint toujours le bras mais au fur et à mesure il serrait avec force.

Dis tu pourrais me lâcher ?

Je souriais assez facilement, un sourire narquois étirait mon visage même après les mésaventures de la veille. J'en étais même amusé, elle était réapparu, comme si l'épisode passé ne l'avait pas satisfait, cela se voyait sur elle. Mon sourire narquois persistait, et elle détourna le regard, se focalisant sur la carrosserie de la voiture, en y faisant le tour.

"Hadlandra-san, tu veux venir avec nous fêter notre victoire au parie...Hé tu connais Matsuda ? Présentes nous le s'te plais. On en est fan !"
Dis tu pourrais me lâcher ?

Dans ma logique tordue, je me dis que la laisser se faire agresser sans réagir l'éloignerait à jamais. C'est vrai que si je laissais faire, elle ne saurait me le pardonner, on ne peut pardonner aux personnes qu'on aime de ne pas avoir su nous protéger. Je m'assis sur le capot de la voiture en croisant les bras.. Mais le jeune garçon insistait, et au fond, je n'étais pas du genre à laisser passer ce genre de choses. Je me levai en soupirant.

Je m'approchai personnellement du jeune homme, et lui attrapa moi même le poignet, juste sur l'articulation. A cet endroit, une simple pression peut provoquer une douleur presque insoutenable. Une gamine de 12 ans peut ainsi maitriser un type de la quarantaine. Je pressai suffisamment fort pour qu'il lâche prise, tout en souriant, faisant comprendre par là que j'étais bien capable de plus. Le jeune homme semblait avoir mal, tout en essayant de le cacher pour ne pas se taper la honte devant la foule. Puis je lui rendis gentiment son poignet avant d'ajouter.

"Si tu veux me rencontrer, pas la peine de chercher d'intermédiaire, viens me voir. Je ne suis pas méchant."

Ses amis s'approchèrent, puis lui même revint, me posèrent des questions sur la voiture, les sensations au volant, si on a peur... Oui on a peur, on sait qu'à la vitesse où l'on va, on fait un faux-pas, et on risque la mort. Comme en amour. Ils avaient l'air fasciné par ma personne. Tout cela ne me gênait pas, mais m'agaçait un peu. Au final, on se retrouve avec toute une bande qui ne veut plus vous lâcher, vous êtes leur idole alors qu'ils ne feront jamais de conduite sportive.. Quelques minutes passèrent ainsi, avant qu'ils ne se décident de partir.

Je regardai Valdania en haussant les épaules. Puis je souris encore. Au final, ce n'était pas la première fois que je m'occupais d'elle. Je n'avais pas pu rester impassible, je m'étais sentis obligé d'intervenir.

La musique battait son plein dans le rassemblement. Puis le volume s'intensifia, c'était l'heure de faire la fête. Après tout, une fête après minuit sur la plage était la bienvenue. Les gens commencèrent à arpenter la plage en dansant, en criant, formaient des groupes. Certains eurent même recours à des feux de camps, tandis que d'autres éclairaient la plage avec leurs phares, afin d'éviter une disparition dans l'eau. C'était une soiré rondement organisée, un bar avait même été installé. La fête se poursuivrait probablement jusqu'au petit matin..

Je me mis à sourire, puis à danser doucement contre la voiture. Hormis quelques couples en quête d'intimité, nous étions plus que tous les deux, Valdania et moi dans le parking.

"Donc, tout à l'heure, tu disais? Tu voudrais des réponses? Et quelles questions ta petite tête torturée pourrait bien se poser?"

Le garçon de ma classe me lâcha après l'intervention -tardive- de Zeke. Je me massai le poignet, une marque rouge en forme de croissant de lune était en train d'apparaître tout autour. Je soupirai, j'en avais marre d'attirer les malheurs. Les garçons commencèrent à parler avec Zeke, moi je m'étais de nouveau posée sur le petit muret regardant le ciel et de temps en autres où en était la discussion. Je pensai à ce que je pouvais bien lui dire ... j'avais trop de questions même si une était en tête du classement. Mais celle-ci était un peu comment dire ... Fleur bleu et stupide. Je tournai le regard et vis les garçons partir. Zeke, lui, me sourit tout en haussant les épaules. J'entrouvris ma bouche pour parler mais la refermais vite quand le volume de la musique augmenta. Je tournai la tête pour regarder la fête, certains dansaient d'autres buvaient, tout le monde avait déserté la route pour aller s'amuser. Je me levai et me stabilisais sur le petit muret m'appuyant sur un lampadaire qui le longeait, tournant le dos à Zeke. Un léger vent s'était levé sur la plage passant doucement sur ma jupe, remarquant que je n'avais même pas pris le temps d'aller me changer pour enlever cet uniforme, stupide que j'étais.

"Donc, tout à l'heure, tu disais? Tu voudrais des réponses? Et quelles questions ta petite tête torturée pourrait bien se poser?"

Je souriais à cette phrase, c'est bien vrai, je me torturai l'esprit avec ses questions, je pourrais très bien abandonner et essayer de tout oublier. Il n'y avait pas que le fait que je l'aime mais quelque chose d'autre...je ne sais pas. Je lui tournai toujours le dos me tenant avec une main au lampadaire, le regard un peu perdu à l'endroit où le ciel et la mer fusionnaient. Je savais même plus si je devais lui poser cette question, après il rigolerait comme il le faisait en ce moment même. Je tournais à peine la tête vers lui, j'arborais toujours un sourire, je ne tomberais plus devant lui -bon ok peut-être encore dans ses griffes s'il m'accepte- mais je m'écroulerais plus. Après tout mon coeur commençait à avoir l'habitude de ses griffes. Une griffure en plus ou une griffure en moins ne me ferait presque plus rien.

Il était en train de tapoter du pied au rythme de la musique, cela me fit bizarre de le voir comme ça, alors que quand il était parti cette nuit, la colère ravageait son beau visage. Le fait d'avoir retrouvé "sa vie" lui avait rendu le sourire. Je ne serais pas vous décrire mes sentiments en ce moment, c'était un mélange entre : heureuse car il avait retrouvé sa vie qu'il aimait et triste car je ne trouvais pas que cette vie était une vrai vie.

Je ne sais même plus si je dois te la poser. Je crois que j'ai trouvé la réponse par moi- même en venant ici....Tu me hais non ? ...Gâcher ta vie de bohème...Gâcher ton joli petit sourire.

Je n'étais pas triste en disant ces quelques mots, j'avais juste hésité à les dire. J'essayais de constater les fait par rapport aux preuves même si certaine me faisait douter du résultat. Je regardais vers la plage de plus en plus de monde dansaient. Une ivresse naissait parmi eux. Je me laissai glisser le long du lampadaire après avoir enlever ma veste, pour m'assoir sur le muret.

Tu ne vas pas les rejoindre ? Il manque plus que toi là-bas...Vas.

Le ciel commença à se couvrir d'un épais voile de nuage, la pluie n'allait pas tarder...Je lui souriais puis mes mains commencèrent à tapoter sur mes jambes suivants le rythme de la musique, j'en chantonnai même les paroles. Je lui accordai même pas un nouveau regard.

Une perle de pluie tomba sur ma joue roulant sur celle-ci jusqu'à tomber sur ma main. Je levais la tête vers le ciel voyant au loin un éclair le déchirer en deux. La foule qui faisait la fête commença à s'éparpiller, rangeant rapidement toutes les affaires qui traînaient. En quelques secondes, mes cheveux ainsi que mes vêtements me collèrent à la peau. Même ma veste était trempée *Bon ben restons en chemise, ça changera plus grand chose maintenant ...*. Je levai le regard du sol ....

Je continuais de sourire, je crois que cette ambiance festive que représentait ma vie m'avait manqué. Ce n'était pas les fêtes comme j'eus le temps d'en voir, sur les côtes méditerranéennes, ou encore en Croatie, mais il y avait de la musique, de la joie et de l'amusement sur toute la plage. Le fait de vivre, tout simplement, s'amuser sans penser aux conséquences, juste vivre.. Pourquoi s'attacher aux gens, aux choses, se donner des contraintes.. C'est tout ce que je me refusais. La question de Valdi apparu assez soudainement, et farfelue comme elle l'était, j'en ris doucement.

Je
ne sais même plus si je dois te la poser. Je crois que j'ai trouvé la
réponse par moi- même en venant ici....Tu me hais non ? ...Gâcher ta
vie de bohème...Gâcher ton joli petit sourire.

La haïr. Décidément, elle n'avait pas compris, rien compris de ce que je voulais. Cependant, elle en avait parlé, avec une pointe de détachement, comme si cette question n'avait pas d'impact, et que seule la réponse serait douloureuse. Mon sourire se dissipa doucement de mes lèvres. J'avais l'impression qu'elle prenait le problème avec de moins en moins de douleur. J'en étais mitigé, heureux peut-être, de savoir qu'elle commencerait à renoncer, triste sûrement, car elle allait finir par me laisser.

La plage était bondée de monde, certaines personnes de Shimizu, d'autres lycées, pilotes d'autres villes et bien d'autres.. Tous étaient là pour oublier leurs soucis l'instant d'une nuit, et moi, il m'avaient rattrapé, comme un fauve, fauchant les pattes de sa proie, pour qu'elle s'agenouille et ploie devant la fatalité. Valdania portait son regard vers eux depuis un moment déjà. Elle s'assit sur un muret, enlevant la veste de son uniforme. Elle n'avait même pas pris le temps de se changer après les cours.

Tu ne vas pas les rejoindre ? Il manque plus que toi là-bas...Vas.

Je soupirai brièvement en riant presque. Elle me renvoyait à mon ancienne vie, comme ça.. Comme si elle n'en éprouverait aucun remords. Je me fis d'un coup silencieux. Et je fermai les yeux, le visage vers le sol, les bras croisés. Puis je l'entendis, battre le rythme sur ses cuisses, tandis qu'elle chantait, accompagnant la musique déjà présente. Elle ne me regardait plus.

Une vive lumière zébra le ciel au loin. Je levai les yeux, ne voyant le tracé électrique que s'effacer, avant de rentrer dans la voiture. Je m'enfermai à l'intérieur, doutant bien de la pluie qui finirait par s'abattre sur la plage. Et de par le pare-brise, je vis l'agitation des jeunes gens, courant pour éviter de se faire mouiller, ou de perdre quelques affaires sur les dunes de sable blanc. Et la pluie s'abattit plus fort, brouillant ma vision en s'écrasant sur la vitre, mais me laissant quand même apercevoir la silhouette immobile de Valdania. Elle n'était pas partie se réfugier..

J'aimais le bruit de la pluie s'abattant sur de la tôle, ou une vitre juste sur ma tête. Je sentais presque les gouttes me frapper le visage, je crois que c'était une des choses qui m'avait le plus apaisées lorsque ma fiancée m'avait quitté. Je soupirai, ce moment n'avait duré que quelques secondes. Je sortis de la voiture sous une pluie battante, regardant Valdania fixement. Elle, fixait le sol. Je m'approchai d'elle, et me mit face à elle. Je crois que la pluie m'adoucissait. Valdania daigna enfin lever les yeux vers moi. Je lui tendis ma main.

"Arrête de penser à des conneries. Tu crois que si je te haïssais, je t'aurai laissée mourir sur la route.. ou encore que je te ramènerais à ta chambre.. Que j'essaierais de te protéger de ma personne ?"

Je soupirai encore, la regardant fixement. Mon expression était normale, froide et distante comme à son habitude.

"Je savais que parfois tu étais stupide, mais là, tu me surprends encore."

Je lui pris la main, et l'emmenai près de la voiture. Je ne crois pas que nous pourrions rester indéfiniment sous la pluie sans attraper de grippe. De plus, j'avais de quoi nous sécher dans le coffre. Oui, nous sommes bien à la plage non?

"Viens. J'ai de quoi nous réchauffer un peu dans la voiture."

Je regardai la pluie tomber sur la peau de Zeke dans un silence le plus total. Je me disais tout bas que j'étais en train de changer. Mes premiers pas vers lui étaient si fragile qu'un simple petit caillou pouvait me faire tomber. Maintenant, je gardais les yeux dans les siens, je ne les détournais plus. Il me tendit la main, mon coeur s'accéléra un instant. Ma main resta en suspends le long de mon corps. Les faits que j'avais mis de côté s'étaient retournés contre moi. Il ne me haïssait pas. Je me sentais soudainement soulagée, un poids était parti. Le fait que je donnais l'impression de n'avoir aucun remords à abandonner d'être à ses côtés n'étaient qu'une illusion un peu plus forte que les autres mais j'essayais quand même de me faire une raison si jamais je devais rester au loin. Mais mon corps, lui, tremblait à la pensée qu'il pourrait lâcher cette main qu'il m'avait prise et serrait avec la sienne. Je savais que si je voulais rester avec lui, il fallait qu'il me fasse confiance...Comment ? Le temps surement -s'il me le permettait- car je ne pouvais pas forcer Zeke à faire quelque chose qu'il ne voulait pas...Je n'étais pas comme ça.

"Viens. J'ai de quoi nous réchauffer un peu dans la voiture."

J'avais fait quelques pas avant de m'arrêter. La pluie nous glaçait jusqu'à l'os mais je pouvais toujours sentir un peu de chaleur dans le creux de sa main. Je baissai le regard vers celle-ci, je n'arriverais toujours à croire qu'il faisait un tel geste, il n'y a pas si longtemps de ça il me repoussait d'un geste froid. Commençait-il à prendre l'habitude à ma présence ?

Les perles d'eau continuaient de couler le long de mon visage pouvant faire penser aux larmes que j'avais repoussé pour continuer de faire face à Zeke. Je soupirais, c'était peut-être la dixième fois que je me posais cette question dans un coin de ma tête, que voulait-il vraiment ? Je ne le comprenais pas sur ce point. Il serait heureux si je pars car plus personne souffrirait ça je sais,mais... pourquoi me tends-t-il toujours la main ? Pourquoi sa colère ravageait-il son visage hier soir ? Je posais mon autre main sur ma tempe, j'avais encore trop de questions qui tournaient dans ma tête. Peut-être qu'il fallait que je lui pose réglerait tous ses problèmes pour pouvoir avoir enfin avoir un esprit moins embrumé.

Je n'avais pas bougé de là où j'étais. Je ne voulais pas rentrer dans sa voiture, je voulais mettre tout au clair. Il me demandait de parler franchement. Alors pourquoi lui aussi ne le faisait-il pas ? Au lieu de dire des trucs comme "tu me rends dingue", il ne pourrait pas dire "au-revoir" ou "reste malgré le fait que j'ai un mal de crâne dès que tu es là", bon c'est vrai j'exagère un peu mais ça serait tellement plus simple..Voilà pourquoi j'étais devant lui, pour tout comprendre et tout savoir. Je posais mon autre main sur la sienne pour l'entourer de ma chaleur et m'approchait un peu de lui pour discerner ses traits, j'avais du mal à voir son visage car la nuit nous enveloppait. La lueur de la lune ne pouvait pas traverser le voile épais que formait ces nuages dans le ciel, la seule source de lumière qu'il y avait autour, était le lampadaire un peu plus loin. Mais encore la pluie formait un rideau épais.

Je pris une inspiration pour me donner la force de lui poser des questions qui seront surement, espérons, les dernières.

Je voudrais que toi aussi tu me répondes franchement. Pourquoi tu as dit que je te rendais dingue hier soir ? Pourquoi me dis-tu pas clairement si tu veux que je parte ou que je reste ? Oui je sais que tu m'as déjà dit qu'il fallait mieux que j'abandonne mais pourquoi alors continues-tu de me tendre la main tout en gardant ce masque si froid ? Hésites-tu sur ce que tu es ? Et enfin derrière cette coquille où tu t'es enfermé à double tour pour être qui tu es maintenant..pourrais-je voir, rien qu'une fois, ta peau à vif ?

Je
voudrais que toi aussi tu me répondes franchement. Pourquoi tu as dit
que je te rendais dingue hier soir ? Pourquoi me dis-tu pas clairement
si tu veux que je parte ou que je reste ? Oui je sais que tu m'as déjà
dit qu'il fallait mieux que j'abandonne mais pourquoi alors
continues-tu de me tendre la main tout en gardant ce masque si froid ?
Hésites-tu sur ce que tu es ? Et enfin derrière cette coquille où tu
t'es enfermé à double tour pour être qui tu es maintenant..pourrais-je
voir, rien qu'une fois, ta peau à vif ?
Wow, wow, wow.. Tu ferais une conférence de presse à toi toute seule ?

Je l'avais lancée. Cette plaisanterie stupide, dénuée d'humour, malvenue. Je ne sais pas, pour me donner du temps peut-être. Me donner du temps avant de pouvoir lui répondre. La franchise, j'aimais ça, entendre les gens parler de vive voix, plutôt que de les entendre insinuer, parler tout bas. Mais moi, je n'y arrivais pas. Encore moins face à elle. La voiture, nous l'avions oubliée, nous étions l'un face à l'autre, dans un ultime duel de sentiments.

La pluie est forte. Vraiment forte. Valdania ferait trois pas en arrière, je ne la verrais plus. La seule lumière qui nous restait, était ce valeureux petit lampadaire perdu, qui n'émettait qu'une petite auréole de lumière. Je me sentais comme perdu, la seule chose que je pouvais voir c'était elle, et rien d'autre. Comme si en ce jour, je me devais de l'affronter une bonne fois pour toutes, et que c'était la dernière chose à faire. La pluie s'abattait dans un vacarme presque infernal..

Je regardai Valdania, qui semblait avoir baissé les yeux, après avoir longuement attendu mes réponses. Et je savais quoi dire, juste, me manquait-il le courage pour les lui offrir. Une voix faible, sans force, à peine audible s'extirpa du fond de ma gorge.

Je sais qui je suis. Juste, quelqu'un qui ne te mérite pas. C'est lorsque je suis à vif, que je suis le plus mauvais. J'ai envie de détruire tous ceux à qui je tiens.. c'est pour ça que je ne veux pas te sentir près de moi. Je ne veux pas recommencer.. Je... Je ne te mérite vraiment pas. Tu es exceptionnelle.

Je me tournai, et lui donnai le dos. Puis je rangeai mes mains dans mes poches, jouant avec mes clés. J'essayais de vaincre la pluie du regard, mais elle m'écrasait les yeux. Je baissai mes paupières, laissant les gouttes tambouriner contre mon visage. Je lui avais parlé, j'ai failli trop le faire, arriver à un point de non retour, où je l'aurai envoyée à sa perte. La pluie accablante me soulageait. Ses explosions aqueuses sur mon visage me calmaient, allez savoir pourquoi, j'aimais ça. Et ce devait être une des seules choses que je ne pourrais jamais détruire. Je baissai la tête, laissant l'eau couler sur mon visage, cachant mes yeux aux jérémiades du ciel.

Puis je me mis à rire, seul, et complètement déboussolé. Je comprenais quelque chose, qui pour moi me paraissait loquasse. Moi Zeke, j'avais dit à quelqu'un qu'elle ne méritait pas. Alors qu'en fait, personne ne mérite de me connaître. Je suis un salaud de la pire espèce, j'ai fait verser des litres de larmes sûrement, brisé des confiances.. Tout ça pour la satisfaction personnelle. Par pure méchanceté. Au fond, ma raison n'est qu'un prétexte.

Le jeune Zeke qui n'a pas connu Valdania, celui qui l'a connu. Tout n'est qu'un. Je n'ai juste eu qu'à trouver un bon prétexte pour être ce que je suis.

Je déboutonnai ma chemise. Je l'enlevai et l'envoyai vers ce que je pensais être la voiture, avant de m'asseoir sur le muret séparant le parking de la plage. Je pouvais sentir toutes les gouttes frapper mon corps, provoquant des frissons. Je ne sais pas pourquoi j'avais fait ça. mais j'aimais la pluie, et je voulais en profiter le plus possible, si je devais y rester avec Val. Je lançai, avec une voix plus forte, pour ne pas me faire étouffer par le grondement de la pluie.

Tu sais. Quand je dis que tu me rends fou.. C'est vrai. Je ne sais plus quoi penser quand tu es là. J'en perds presque tous mes moyens. Je deviens FAIBLE moi aussi.

Je ramenai un genou vers moi, et y posai mon menton sur mes mains. Puis je fermai les yeux en soupirant. Je bondis doucement vers elle faisant une petite flaque éclabousser les alentours. Puis je m'approchai d'elle, et lui tendis encore la main...

Si je garde cet air froid, ce n'est pas de ma faute. Tu sais que faire preuve d'empathie n'est pas mon fort.

Il lança une faible blague dans cet océan de pluie. Je l'a ressenté comme un moyen de trouver une issue de secours à travers le flot de question que je lui avais posé. Le jeune homme qui était devant moi était celui que j'avais vu au fond de ses yeux quand je l'avais rencontré pour la première fois dans le parc. Quelqu'un de perdu, seul et cherchant la sortie de ce long tunnel pour pouvoir enfin émerger des eaux troubles. Avant, il souriait toujours d'un faux sourire et revêtait un masque qu'il l'avait modelé avec ses propres mains pour être froid et distant. Mais rien n'était parfait dans ce monde car là, en ce moment même, je le voyais enfin sans son armure. Il n'avait pas encore prononcé un seul mot, je commençais à regretter le fait d'avoir mit les cartes sur table. Il ne voulait pas être franc envers moi ?.... Je baissai le regard vers nos mains tout en continuant de garder le silence, à quoi bon parler dans ses conditions .

Après quelques minutes, il me répondit enfin disant que je ne le méritais pas, répétant en quelque sorte qu'il me détruirait, ce qu'il ne voudrait pas faire. Mais la fin m'avait surpris. Malgré le fait que j'étais gelée jusqu'au os, mes joues trouvèrent le moyen de rougir. Entendre ça de sa bouche m'avait fait un léger choc. Il lâcha ma main, me réveillant de mes pensées et laissant la mienne en suspends au-dessus du sol. Je baissai la tête, pensant qu'il allait surement partir comme il avait toujours fait. Je regardai l'eau tomber de mes cheveux pour atterrir dans la flaque d'eau qui entourait mes pieds, essayant à tout prix de ne pas trop penser à la suite de cette histoire. Levant le regard de mes pieds je commençais à le chercher dans l'obscurité mais je n'y parvins pas, la pluie était trop forte pour moi. Une légère panique passa en moi...Je me sentais seule dans ce long silence.

Tu sais. Quand je dis que tu me rends fou.. C'est vrai. Je ne sais plus quoi penser quand tu es là. J'en perds presque tous mes moyens. Je deviens FAIBLE moi aussi.

Je ne le voyais toujours pas mais le son de sa voix apaisa mes sens...Faible ? ... Il était donc comme moi hier soir et même avant cette nuit. Je n'arrivais pas à l'imaginer malgré mes efforts. C'est vrai c'était bizarre...
Il apparut devant moi le torse nu et brillant des milliers de perle d'eau qui glissaient sur ses formes. Pour ne pas de nouveau rougir je levais mon regard dans ses yeux, il me tendait de nouveau la main.

Si je garde cet air froid, ce n'est pas de ma faute. Tu sais que faire preuve d'empathie n'est pas mon fort.

Je lui fis un petit sourire avant de glisser ma main dans la sienne. Zeke n'avait pas la capacité à comprendre les gens ou à se mettre à la place d'une autre personne ? Ca je ne pense pas. Le nombre de fois où il m'avait dit des phrases blessantes pour que je parte et que je ne souffre plus comme il avait souffert auparavant, me faisait penser le contraire. Je ne savais pas quoi lui dire. Je continuais de le regarder sans détourner mon regard du sien. "Je... Je ne te mérite vraiment pas" ...Comment pouvait-il penser ça ?

Personne ne peut dire qui mérite ou ne mérite pas telle ou telle personne. Et si j'ai envie de rester avec toi, si j'ai envie de continuer à tenir cette main. Que vas-tu faire ? Tu vas t'enfuir, disparaître de ma vie ou continuer de dire que je ne te mérite pas, juste pour ne pas que je souffre alors que je prête à le faire pour continuer à te soutenir ou c'est juste parce que tu n'as pas le courage de te relever du passé ...

Je posai mon autre main sur sa joue laissant glisser un de mes doigts le long de sa peau puis rompais tout contact avec lui et me reculai d'un pas. Ce que j'allais faire été peut-être un peu risqué mais je pensai que c'était la seule façon de le réveiller enfin de son cauchemar. Cela avait trop duré à mon goût. Je laissai ma main claquer doucement sa joue -me faisant un peu mal au passage- avant de lui dire d'un air maternel mais d'un ton assez élevé.

Arrêtes un peu de penser à des choses aussi débiles ! J'ai l'impression que tu penses être un monstre ... une bête assoiffée qui se nourrit de la souffrance des autres ! Mais tu sais, celui que je vois en face de moi, oui juste là, est tout sauf un monstre ! Je vois juste un beau loup solitaire qui montre les dents dés que quelqu'un lui tends la main craignant que les fantômes du passé ne reviennent le hanter et je comprends mais n'es-tu pas fatigué de toujours combattre ? Alors arrêtes un peu et prends cette main que je te tends.....

Au fur et à mesure de mes paroles ma voix s'était adoucie pour devenir une voix au son rassurant. Lentement je levai mon autre main.......

Personne
ne peut dire qui mérite ou ne mérite pas telle ou telle personne. Et si
j'ai envie de rester avec toi, si j'ai envie de continuer à tenir cette
main. Que vas-tu faire ? Tu vas t'enfuir, disparaître de ma vie ou
continuer de dire que je ne te mérite pas, juste pour ne pas que je
souffre alors que je prête à le faire pour continuer à te soutenir ou
c'est juste parce que tu n'as pas le courage de te relever du passé ...

Je m'en suis relevé. Je me suis relevé du passé. Comment crois-tu que j'en sois arrivé là ? Je suis encore capable de prendre la vie du bon côté tu vois ! Je suis comme ça c'est tout !

Dire que l'on est 'comme ça'. Un masque bien trop facile, une façon de donner un prétexte à ses choix ou à ses idées, sans vouloir changer pour autant. Se dire à soi même que l'on est comme ça, pour ne pas avoir à changer. Ma défense se faisait de plus en plus pathétique. Je dis défense.. car oui, j'essayais de me défendre face aux assauts amoureux répétés par Valdania. Elle s'accrochait à moi, en dépit de tout, je l'aimais beaucoup pour ça... Je l'aimais beaucoup..? Mh!

Je sentis un petit impact résonner dans ma bouche. Pas quelque chose de fort, je ne sentis presque rien- peut-être parce que j'étais trop plongé dans mes songes-. Je crois que le son qui s'en dégagea couvrit la pluie un quart de seconde. Je fermai les yeux, caché par les mèches blanches détrempées pendant sur mon visage. Je gardai le silence. Que pouvais-je dire, je l'avais méritée celle là. Vraiment. Et puis, j'ai toujours laissé frapper celles que j'avais touchées, sans chercher ni à esquiver, ni à remettre. Je ne sais pas pourquoi. J'encaissais toujours, gardant une fois leur dos tourné, un petit rictus malin, mais là, c'était différent. J'étais surpris, et cela ne me faisait pas rire. Valdania n'était pas comme les autres.

Arrêtes
un peu de penser à des choses aussi débiles ! J'ai l'impression que tu
penses être un monstre ... une bête assoiffée qui se nourrit de la
souffrance des autres ! Mais tu sais, celui que je vois en face de moi,
oui juste là, est tout sauf un monstre ! Je vois juste un beau loup
solitaire qui montre les dents dés que quelqu'un lui tends la main
craignant que les fantômes du passé ne reviennent le hanter et je
comprends mais n'es-tu pas fatigué de toujours combattre ? Alors
arrêtes un peu et prends cette main que je te tends.....

Je gardai le silence encore. Elle avait été ferme, puis douce et rassurante. Et elle me tendit la main. Comme un vrai loup, j'hésitais à revenir vers quelqu'un. Comme étant déjà blessé par une de ces mains tendues vers moi, je n'osais pas réessayer. Combattre les fantômes du passé, oui, mais lesquels. Ceux qui m'ont ôté la confiance humaine, et qui m'ont fait vivre comme un bohémien, heureux de son sort ? Avais-je réellement envie de les affronter..

D'un côté, je voyais Valdania, de l'autre, une vie d'amusements.. Que faire.

Je fis un pas, puis deux en arrière. Le loup que j'étais avait encore trop peur, et voulait rester dans son domaine. le loup que j'étais préférais la solitude d'une meute individualiste, qu'à l'attachement d'un être..aimé. Je hochai la tête, négativement, reculant encore un petit peu. Je la laissai baisser sa main doucement.

Je ne peux pas. Je n'arrive pas à m'en défaire. Valdania je suis..désolé pour tout ce que j'ai fait. Depuis le début, j'aurais dû te laisser, on n'aurait pas vécu tout ça, et on serait encore heureux chacun de notre côté..

Je me mordis la lèvre nerveusement. Puis je la relâchai, lui faisant face, pour une fois depuis quelques minutes. Mon visage était encore froid, mais semblait demander pardon. Le pardon, que je savais impossible d'obtenir cette fois-ci. Je pensais que mon jeu était impardonnable. Elle l'avait fait. Mais là, je sentais que c'était plus grave encore. Je sentais que je l'atteignais profondément à ce moment.

On dit qu'après la pluie, le beau temps. Pour l'instant je n'avais que la pluie, et je sentais l'orage poindre. Non pas littéralement car c'était le cas, mais aussi et surtout entre elle et moi. Je ne crois pas avoir encore vu le soleil se lever avec elle.. Peut-être se coucher, lorsque nous étions sur la falaise. Je crois que j'ai aimé ce moment. Je ne sais pas laquelle des deux vies m'allait le mieux, mais pour l'instant, la balance était défavorable pour Val'. Mais sa simple présence comptait déjà beaucoup dans l'équilibre.

Une éclair déchira le ciel juste au dessus de nos têtes, dans un vacarme assourdissant. L'orage était au dessus de nos têtes. Je me demande encore comment Yoshi avait pu organiser une course et une fête sans prendre en compte la météo. Nous étions sûrement à l'abri, grâce au réseau de poteaux électriques, la foudre ne pourrait pas nous toucher. Juste une panne de courant, qui nous enleva le petit lampadaire courageux qui nous éclairais. Je ne voyais plus rien désormais. Je sentis la solitude l'étouffer, dans la pluie, l'obscurité.. le silence.

"Valdania ?"

Je me sentis obligé de l'appeler.. Je me crus complètement perdu à ce moment..Je ne savais même pas si elle était encore là..

Il n'avait pas réagi au fait que je l'avais frappé, on aurait dit une sorte d'habitude...Zeke recula, rien qu'à ce geste je compris la suite. Je fermais ma main et détournais mon regard au loin. Il aimait trop sa vie pour pouvoir la changer. Je soupirai et laissai tomber ma main. Des fausses espérances, voilà ce que j'avais devant les yeux. Je mordais la lèvre inférieure, je m'étais dit de ne plus tomber mais je crois que mes yeux étaient d'un avis contraire. Ma vision devint plus flou qu'auparavant. Dans ma tête je répétai en boucle *Arrêtez si vous plais ...arrêtez.* Un nouveau éclair s'abattit au loin, nous éclairant quelques secondes..... et le peu de lumière qu'il nous restait donna son dernier souffle.

Le noir nous enveloppait, je ne voyais plus rien, mais je n'y fis pas attention trop perdu dans ma lutte pour empêcher mes larmes de déborder. Je reculais de deux pas sentant quelque chose toucher mes jambes. *Ah la voiture...* Je m'appuyais dessus pour reprendre un peu "mon souffle." Quand c'est que la pluie va s'arrêter ? Je posais mes mains sur mon visage, je me sentais mal, je savais qu'il fallait que je me reprennes me laisser sombrer ne servait à rien. Zeke était surement là vu que la voiture était sous mes mains mais que faisait -il ?

"Valdania ?"

J'entendis un faible murmure m'appeller au loin. Sa voix résonnait de solitude. Je laissais mes mains glisser de mon visage le cherchant dans ces ténèbres. Je ne vis rien...Je murmurai d'un ton triste "Baka" et me dirigeai vers la portière côté conducteur, l'ouvrant je me laissais tomber dedans. Cherchant à tâtons la clé, je la tournai d'un quart de tour et allumai les feux avant de sortir du véhicule refermant la portière. Je le vis de dos à quelques mètres de la voiture. Je laissai glisser mon doigt le long de la voiture et m'arrêtai devant celle-ci.. Je pensai que de cette manière il ne verrait pas mes larmes -vu que la lumière était derrière moi-. Je ne pouvais plus rien lui dire il avait fait son choix et il me l'avait dis clairement et franchement cette fois-ci. Je pris une petite inspiration pour ma chanson en quelque sorte un cadeau d'adieu...Il l'avait choisi.

♪ He broke my heart
And now it's raining
Just to rub it in
I'm at.. your door
I feel so crazy 'bout it
You 'll say "I told you so "
You saw it long ago
You knew he had to go
I finally came ' round
I'm back on solid ground
Can 't let it get me down
Yes I was burned but I called it a lesson learned
Mistake overturned So I call it a lesson learned
My soul has returned So I call it a lesson learned
Another lesson learned. ♪

Calme et triste, une chanson parlant du fait que l'on aime quelqu'un mais il nous blesse, on sombre mais on se releve avec toutes ses forces... Je me tus. Bizarrement le fait d'avoir trouvé une chanson qui ressemble autant à notre situation me fis sourire. J'enlevais d'une main mes chaussures trempées, marcher pieds nus ou non avec cette météo revenait au même. Je les gardais, les tenant avec deux doigts et avançais à pas lent vers lui. La pluie cachait les larmes qui coulaient sur mes joues. Elles avaient réussi à me vaincre et à passer les frontières pour se montrer au grand "jour". Je ne pouvais rien y faire à par les laisser couler.

J'étais juste devant lui, les yeux rivés au sol regardant mon ombre rencontrer la sienne. Doucement je passais du sol à son visage. La lumière des phares était assez puissante pour nous éclairer. Je lui fis un dernier petit sourire et je posais délicatement mes lèvres sur sa joue rouge, celle que j'avais frappé, c'était comme si j'appliquai la pommade pour m'excuser de ce que j'avais fait depuis que je l'avais rencontré. J'avais bien compris ce qu'il voulait, il préférait sa vie. Je savais que se n'était pas pareil que lorsqu'on était dans l'appartement. Encore là-bas j'avais un espoir, mais maintenant je n'avais plus rien...A quoi bon rester... je lui fis une petit révérence ....Je me retournais et laissa échapper de mes lèvres en français, la langue que je n'avais pas utilisé depuis un bon moment mais je n'aurais pas eu la force de lui dire en japonais.

Au-revoir...

[...♪Lesson Learned- Alicia Keys feat John Mayer♪...]

Je commençais à avoir froid. Seul, debout dans l'obscurité, la pluie et le silence. Bizarrement, je ne me sentais comme d'habitude dans ce milieu là. Comme si c'était un environnement normal pour moi. Je me tenais debout, au beau milieu de nulle part, sans personne, dans un froid qui se faisait plus mordant, plus difficile à supporter. Je posai une main sur mon épaule, et baissai la tête. J'avais besoin de chaleur, mon corps commençait à frissonner, j'en avais la chair de poule.

Se sentir esseulé, assailli par les ombres et le froid. C'est ma vie, mon choix. J'ai oublié la chaleur humaine...

Une lumière s'alluma soudainement dans mon dos, éclairant violemment une dizaine de mètres d'obscurité devant moi. je reconnus de suite les phares de ma voiture, à la teinte légèrement bleutée, et puissants, balayant les ombres. La seule restante, était la mienne, démesurément grande. Et en ces instants, on s'imagine bien des choses, je voyais cette grande ombre qu'est la mienne, résistante à la lumière..Je me tournai enfin, et cette lumière, c'était Val..

Elle s'avança, dos à la voiture, en plein-contre jour... Puis elle entama une chanson, comme à son habitude, pour exprimer ses sentiments.. Elle en trouvait toujours une adaptée à la situation.. Et sa douce voix m'emportait, encore et toujours.

♪ He broke my heart
And now it's raining
Just to rub it in
I'm at.. your door
I feel so crazy 'bout it
You 'll say "I told you so "
You saw it long ago
You knew he had to go
I finally came ' round
I'm back on solid ground
Can 't let it get me down
Yes I was burned but I called it a lesson learned
Mistake overturned So I call it a lesson learned
My soul has returned So I call it a lesson learned
Another lesson learned. ♪

Je t'ai brisé le cœur.. Et c'est maintenant seulement que tu t'en rends compte... Je l'avais fait depuis un moment, depuis que j'ai posé les yeux sur toi.. Depuis.. que j'ai commencé à t'aimer. Je n'ai jamais voulu te briser tes ailes plus que ça.

Elle s'approcha de moi, toujours dans un bain de lumière éblouissant, ne laissant que sa silhouette m'apparaitre. Elle tenait ses chaussures entre ses doigts fins. Elle s'arrêta tout près de moi, son regard encore vers le sol, pour laisser filer quelques secondes.. Puis, doucement, elle leva son visage vers moi avec un petit sourire, et m'embrassa la joue, celle qu'elle avait frappé. Tant de douceur sur son geste, ses lèvres, je fermai les yeux, et baissai moi même le visage de nouveau. J'avais presque honte, je ne comprenais pas tout son geste non plus.. Elle se retourna, et je ne regardai pas, préférant ne pas assister à ça. Comme l'on cache ses yeux devant une scène horrible..

Elle avait parlé en français.. J'avais tout compris, je savais parler français. Cela venait encore des escapades de ma vie en Côte d'Azur. Elle fit quelques pas lents, et je levai, comme à l'appartement, une main insensée vers Valdania, se dépliant doucement, essayant de n'attraper ne serait-ce qu'un pan de sa chemise.. Puis je fermai le poing, avant de murmurer pour moi même..

Vas-t'en.. vas-t'en je t'en supplie.. Je ne veux pas recommencer.. Je ne veux pas te perdre pour de bon..

Je sentis une larme forcer mes paupières. Puis je rouvris les yeux, sentant mes joues longées par des tièdes ruisseaux. Je passa un revers de la main sous mes yeux, et regardai Valdania s'en aller à pas lents.. Je ne veux pas te perdre pour de bon.. mais c'est exactement ce que je faisais. Je me redressai, et m'avançai avant de prendre Valdania dans mes bras, toujours dos à moi. Je la serrai contre moi, toujours pris par les sanglots silencieux, et resta contre elle quelques secondes.. Puis je me détachai d'elle, avant de lui faire face de nouveau. Mon visage était froid, mais en rien différent à son habitude.

Toi même tu l'as dit. "Au revoir".. Dois-je.. comprendre que j'aurai à te revoir?

La pluie commença à s'estomper. Le rayonnement de l'astre d'argent revint peu à peu, faisant briller de mille feux les gouttelettes d'eau sur sa peau, mais aussi ses yeux emplis d'émotions tenaces. Son teint doux était éclairé par une timide lueur argentée, laissant refléter quelques rayons sur sa peau, la rendant attirante, et belle comme une fleur.. Je manquai de repasser ses courbes voluptueuses, son visage fin, ses lèvres douces du regard.. Je ne savais plus où me mettre.

Valdania s'était enfin échappée de mes griffes, elle avait enfin consentit à le faire..et moi, animal sauvage, j'étais venu à sa poursuite, pour l'achever. J'avais peur de n'être que ça. Une sorte d'animal, et même si elle m'avait convaincu du contraire, je le savais.. Non, elle m'avait comparée à un loup.. Un loup solitaire, voilà. Quand on m'approche, on veut m'amadouer, je montre les crocs, je vois une proie je l'attaque.. Je ne suis que ça. Pourtant, les loups ne mangent pas de papillons.. Ils en sont fascinés.

Et puis.. c'est pas comme si on pouvait se fuir.. On va au même lycée..

Je marchai lentement. Ma direction ? Mon lit, pour pleurer et tout laisser de côté. Je pourrai peut-être même travailler comme une forcenée pour augmenter dans le classement des notes des élèves. Que de feinte pour ne pas penser à la personne que je laissais derrière moi. Je soupirai et regardai le ciel tout en marchant. La pluie commençait à se calmer, elle allait finalement laisser l'astre de la nuit nous envelopper dans son doux manteau. Oui, en ce moment-même c'est tout ce que j'avais besoin..de la douceur ou peut-être une épaule pour pleurer... ou même Zeke.. Non il fallait que je l'oublie.

Je serais mes bras contre moi, j'avais froid..très froid mais j'avais surtout peur. Peur de ne pas pouvoir me relever comme il faut après cet épisode. Le papillon était parti d'une cage faite de griffes..Mais elles me manquaient déjà ses griffes, il me manquait. Il ne fallait pas que je me retourne..Des larmes continuaient de couler de mes yeux elles ne pouvaient même plus se mélanger à la pluie car elle s'était enfuie elle aussi. C'est drôle, la pluie était tombée pendant la révélation maintenant elle partait comme une fleur ou se moquant de mes faibles petites larmes. Je devenais peut-être ... Une chaleur m'enveloppa coupant mes réflections.

Zeke non .... Si te plais ....

Ma voix n'était qu'un faible murmure mais le bruit assourdissant était parti, il pouvait m'entendre clairement à présent. Je sentais qu'une sorte de frisson parcourait le corps de Zeke et je ne comprenais pas, c'était lui qui avait choisi, je ne faisais qu'exécuter. Si ça avait été moi je serais restée à ses côtés essayant de lui montrer ce que c'était la chaleur humaine. Oui il y avait des monstres sur terre qui n'éprouvaient aucune pitié, un peu comme la fille qui lui a arraché son coeur mais pas tous étaient comme ça. Il se plaça devant moi, je tournai vite mon regard vers la mer jouant à changer mes chaussures de doigts tout ça pour ne pas sauter dans ses bras.

Toi-même tu l'as dit. "Au revoir".. Dois-je.. comprendre que j'aurai à te revoir ? ... Et puis.. c'est pas comme si on pouvait se fuir.. On va au même lycée..

Des tâches de lumière d'argent apparurent comme des trous dans la mer. La lune était en train de revivre devant nous. Qu'elle heure était-il ? Il devait bien être autour des 2h du matin voilà pour quoi la lune était aussi forte....

Un de ses rayons nous éclaira me permettant de voir Zeke devant moi. Je posai ma main libre sur une de mes tempes, un mal de crâne revenait. Avançant de quelques pas je me posai ma tête contre son torse, mes larmes tombaient sur celui-ci remplaçant la pluie.

Non c'était plus tôt à jamais..Je ne vois pas quoi faire d'autre, tu vois un autre moyen toi ? Si oui, dis le moi je voudrais savoir ! Et puis au lycée tu n'y vas pas souvent non ?
Bon sang ! C'est toi qui m'a dit de partir ! Pourquoi à chaque fois que je trouve un peu de force pour m'enfuir, tu reviens . Comment veux-tu que je te laisse à chaque fois ? Il faut que tu te décides Zeke et je ne peux pas le faire à ta place. Je n'en ai pas la force et puis je ne te demande pas de quitter toute cette vie pour moi. J'essaye juste de te montrer un peu de chaleur dans ton monde fait de glace.

Je posais ma main sur son torse la laissant tomber quand je reculais. Je ne savais plus quoi faire. C'était soit tout ou rien entre nous, la balle était dans son camp pas dans le mien, je ne pouvais rien y faire. Je reculais encore laissant de plus en plus d'écart entre nous. Ce n'était pas de la crainte mais un moyen de me détacher petit à petit de ses indécisions ... Cela me ferait moins mal si le jugement retombe encore une fois..

Je ne veux plus que tu me touches tant que tu n'es pas décidé. Je ne le supporterais plus. J'arrive à ma limite Zeke, je n'en peux plus. Je t'en supplie fais quelque chose. Pars, frappes moi, tues moi, prends moi dans tes bras, embrasses moi mais fait quelque chose...arrêtes de tourner en rond. Avances même si la route est parsemée d'embûches...

Je n'avais su la laisser m'abandonner. Je n'avais pu abandonner la seule personne qui m'aimait ici bas. Je n'aurai pas eu la force de perdre l'être aimé de nouveau, je m'en souviens, ça fait trop mal. Je la laissai doucement mettre de la distance entre nous, sentant sa main glisser, désespérée contre mon torse.

Je
ne veux plus que tu me touches tant que tu n'es pas décidé. Je ne le
supporterais plus. J'arrive à ma limite Zeke, je n'en peux plus. Je
t'en supplie fais quelque chose. Pars, frappes moi, tues moi, prends
moi dans tes bras, embrasses moi mais fait quelque chose...arrêtes de
tourner en rond. Avances même si la route est parsemée d'embûches...

Elle avait raison... Je devais faire quelque chose. Elle même, voulait que je fasse quelque chose, la frapper s'il le fallait, l'embrasser, mais arrêter d'hésiter. Je n'y arrivais pas, je me sentais comme un funambule prêt à tomber au moindre faux pas. Je posai une main sur son épaule, et la ramena contre moi. Puis je lui pris le visage, le relevant vers le mien, me mordant la lèvre pour ne pas l'embrasser... Puis je pris un ton doux..

"Je.. je ne sais pas encore ce que je veux.. Mais jusqu'à ce que je le sache.. je veux que tu m'attendes."

Je me détachai d'elle, et lui tournai le dos rapidement, pour mettre fin à cette torture mentale qui m'empêchait de l'embrasser. Je pris une inspiration, avant de me diriger vers la voiture. Je n'avais qu'une envie, retrouver cette jolie bouteille, qui avait assommé mes maux la nuit d'avant. Je m'assis à la place conducteur, sans plus rien penser, juste me frottant les paupières.. Je fermai la portière, avant de mettre le contact. Je fis rugir le moteur une première fois, avant de regarder Val dans la lumière une dernière fois, avant de m'en aller. Je pris mon portable...

Je ne voulais pas la laisser seule ici dans le noir. Mais je ne voulais pas rester une minute de plus, ayant peur de craquer. Qu'est-ce que je racontes.. J'ai déjà craqué depuis bien longtemps.

Je fis volontairement déraper la voiture, afin de partir plus vite, et m'engageai sur la route d'un violent coup de volant, sans me soucier d'un éventuel conducteur. Au passage, le souffle de la voiture dut la bousculer un peu.. j'étais passé assez près d'elle, n'en détachant mon regard qu'au dernier moment. Puis je pris la route le plus vite possible, laissant tout sur place, ma chemise trempée, peu m'importait d'inonder le capitonnage. Juste, je voulais rentrer, réfléchir au calme.. Alors j'accélérais, sans ménager ni mes réflexes, ni ma voiture. Je sais.. mettre ma vie en jeu, était quelque chose qui me faisait me sentir vivant. Je me sentais vivant, comme rattaché à ce monde quelque part. Je n'avais auparavant jamais trouvé quelles en étaient les raisons. Comme quoi, j'étais encore capable de trouver l'amour, même si dans ma tête, je n'étais pas prêt à me l'avouer.

La voiture roulait, rapidement, prenant les virages dans un style impur, gêné par l'eau, et mon état d'esprit. La R-35 dérapait beaucoup, glissait du moins sur la chaussée trempée, mais je contrôlais. Ce n'était rien de bien grave, il suffisait d'avoir un peu de technique pour les dérapages. Ce n'est pas aussi simple qu'un jeu vidéo..

Je la vis pourtant. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas réagir comme il faut. Elle m'attendait, comme une mine à l'entrée du virage. Et moi, je n'avais pas ralenti. J'avais foncé droit dessus, sans doute par sous-estime. La voiture décolla doucement du sol, ne pouvant dégager toute l'eau sous ses roues, et commença à glisser démesurément vite, et tout droit. Le choc fut inévitable, je le sentis, je le vis.

Une onde de choc me traversa le corps, invisible mais douloureuse. Puis plusieurs chocs, impossible de savoir ce qui se passait. Je retins un râle douloureux, avant de constater ma position. J'étais tête en bas, le corps entier appuyé contre ma nuque, le tout contre le toit de la voiture. Je frappai la porte du pied pour qu'elle s'ouvre, et m'extirpai tant bien que mal de la carcasse. Puis je m'allongeai sur le dos un peu plus loin. Mon épaule et mon bras gauche étaient en feu, je sentais un liquide chaud sur mon visage et une bonne partie de mon corps. Je touchai mon épaule, et porta ma main au visage. Du sang.. Je laissai mon corps allongé se vider de ses forces, regardant le ciel.

Je ne me sentais pas à l'article de la mort.. Je pris une cigarette, et l'alluma, pour fumer tranquillement, attendant de pouvoir faire quelque chose. C'est tout ce qu'on pouvait voir depuis la route, sinon une énorme masse blanche écrasée entre la route et moi. En bref, j'étais comme ainsi dire caché par la carcasse.

Un crissement de pneu, juste un regard et le bruit du moteur rugissant au loin. Je ne bougeai plus surprise de cette expression si douce et de cette demande si surprenante de la part de Zeke. Cet air patibulaire qui tapissait son visage, s'était évaporé. Je soupirai, comment j'allais rentrer maintenant...Un taxi ? Je vérifiai mes poches pour trouver des sous et pour voir si mon portable était toujours vivant à la suite d'une telle intempérie. Ouf, je pouvais rentrer sans problème. Après un appel qui dura quelques petites secondes, je me laissais tomber le long du muret. Attendre ? ... Je me repliai sur moi-même essayant de ne plus frissonner. J'étais toujours trempée mes cheveux laissaient encore tomber quelques perles d'eau sur le béton. Le taxi arriva. Il râla un peu du fait que j'allais mouiller toute sa voiture mais 2 billets de plus le fit taire. Comme le monde était simple et bête. L'argent faisait taire les Hommes. Je m'installai à l'intérieur laissant échapper quelques mots au chauffeur pour lui indiquer l'adresse. Je posais mon coude au bord de la fenêtre et laissai mon regard partir au loin. Me répètant de nouveau le mot "Attendre" dans ma tête. Je le ferai Zeke...je le ferais. Mais saches, que je ne tiendrai pas très longtemps, il faudrait que tu fasses vite car je vais m'écrouler.

Je remettais mes chaussures encore bien humide et soupirai de nouveau. Un coup de frein arrêta soudainement la voiture, j'allais pour râler quand la voix du chauffeur me coupa dans l'élan.

Un accident.... Encore un fou qui a voulu jouer avec le feu, il faudrait ...

Je décalai ma tête sur le côté pour voir de quel accident parlait-il.
Une voiture était renversée sur la route, elle avait l'air d'avoir fait plusieurs tonneaux avant de gentiment se poser sur le dos. Cette voiture je la connaissais bizarrement .... Je lançais mon portable au chauffeur tout en ouvrant la porte je lui dis.

Appellez une ambulance. Vite !

Je courais sur le goudron d'un air affolé, on aurait dit que le temps s'était arrêté. J'espérai me tromper, que c'était mon esprit qui voulait à tout prix le revoir et non Zeke qui avait eu un accident. Je contournai la voiture avant de le voir juste un peu plus loin allongé sur le sol. En quelques pas rapides j'étais à ses côtés passant ma tête au-dessus de la sienne, lui coupant la vision du ciel. Il fallait que je me calme car être dans un état pareil empiré les choses. On ne pouvait pas trop voir si les dégâts étaient importants car du sang recouvrait une partie de son visage et de son torse mais il était conscient c'était le plus important. Comment pouvait-il fumer dans une situation pareille ?? Je lui tirai de la bouche la cigarette avant de l'envoyer plus loin.

Zeke ça va ? Une ambulance arrive...Tu n'as pas intérêt à mourir hein. Sinon..

Je ne finissai pas ma phrase trop perdue pour trouver une suite logique. J'avais peur de le toucher, peur d'empirer quelque chose, alors avec toutes mes forces, je gardais mes mains agrippées sur les pans de ma jupe. Je continuais de le regarder quand le chauffeur arriva et me rendit mon téléphone, confirmant que l'ambulance serait là dans pas longtemps. Je lui répondais d'un signe de tête refoulant mes larmes [...] Une sirène résonna au loin dans un tunnel qui se trouvait à quelques mètres d'ici. En 1 minute ils étaient là l'emportant sur le brancard et le glissaient dans l'ambulance.Ils m'autorisèrent à le suivre et je m'assis sans un mot à ses côtés. Je pensais que c'était de ma faute. Bon peut-être pas entièrement mais j'avais une grande part de responsabilité dans cette histoire. Il devait encore se prendre la tête avec ma fameuse phrase " fais quelque chose". Les ambulanciers étaient en train de parler disant qu'il avait perdu beaucoup de sang que des perfusions commençaient à être nécessaire pour son état, je me mordais la lèvre, pitié...L'ambulance tourna et s'arrêta.

Dans l'hôpital, pendant que j'attendais la fin de l'opération pour lui refermer sa blessure au bras, je regardais les gens grouiller et courir dans tous les sens. Je n'aimais pas cet endroit. Ses murs blancs, ses tenues trop blanches, ses décorations inexistantes... me rappelaient de mauvais souvenir. Je posai mon visage dans mes mains cachant toute vision de ce monde en noir et blanc. Cet endroit puait la mort. Un médecin posa une main sur mon épaule me faisant sursauter. Il me dit que tout allait bien, tout c'est déroulé comme prévu et qu'il allait être transporté dans sa chambre dans quelques minutes. Je le remerciai d'un sourire avant de me diriger au numéro qu'il m'avait indiqué. Je fis glisser tout doucement la porte et la poussai pour la fermer sans un bruit.

La lueur de la lune était encore plus forte, les nuages s'étaient dispersés pour laisser place à l'astre divin. Un petit rayon touchait le visage de Zeke qui était allongé dans son lit, rendant ses cheveux blancs, argentés. Il paraissait serein. Je poussais le fauteuil vers son lit et m'assis délicatement dessus l'observant. Sa respiration était lente et régulière, c'était un son calme pour mes oreilles. Je déplaçais délicatement une mèche de ses cheveux qui cachaient une partie de son visage. Un silence régnait. Un que je n'avais pas "entendu" depuis très longtemps. Je glissais ma main dans la sienne-celle qui n'avait pas été touché- posant mon bras sur le bord de son lit. Je laissai tomber ma tête dessus. La fatigue commençait à me rattraper et mes yeux se faisaient lourds. Je murmurai "Désolée ..Zeke" et une larme glissa le long de ma joue. Fermant les yeux je me laissai tomber dans un monde où tout n'était que bonheur, enfin .... presque.

Je regardais le ciel, en silence, tirant doucement sur ma cigarette. J'étais allongé sur le dos, je me reposais un peu, je récupérais mes forces avant de faire quoique ce soit. Je tirai sur ma cigarette, regardant les astres lumineux de la nuit, scintillant sur ce grand voile noir. C'est en pleine obscurité que l'on voit le mieux les étoiles, j'étais bien placé dans ce trou là. Puis je commençai à voir la scène tournoyer devant mes yeux ébahis. Les étoiles dansaient devant mes yeux, un spectacle impressionnant, et effrayant.. J'essayai de porter ma main valide vers mes yeux pour les frotter, mais mon bras refusa de bouger. Je ne cherchai même pas à regarder autour de moi. Je ne l'entendis même pas.

Valdania m'arracha la cigarette, ses lèvres bougeaient, mais aucun son ne me parvenait. Elle retint les pans de sa jupe, fermement, tremblotant. Je sentais de là sa peur.. La peur qu'elle avait de me perdre. J'eus envie de le lui dire.."je vais bien, ne t'en fais pas". Mais je n'avais la force que de faire trembloter mes lèvres. Elle m'avait demandé de faire quelque chose, mais jamais je n'avais pensé à finir comme ça. Je ne voulais pas qu'elle s'en fasse pour moi.

Je me sentais m'alourdir.. J'avais comme sommeil, je ne sentais même plus la douleur dans mon épaule. Je n'entendais plus qu'un bourdonnement, je ne voyais plus que des ombres. Tout tournoyait, les gens se pressant autour de moi, le toit blanc de.. de je ne sais quoi.. je ne savais même plus où j'étais, ce qui m'arrivait même. La lumière me jouait des tours, se faisant vive, disparaissant la seconde d'après, je sentais des secousses.. Puis je ne sais plus. Je ne voyais plus Valdania, je crus la perdre encore une fois..

Je me réveillai, doucement, et me relevai péniblement. Visiblement, mon épaule me faisait mal. Je pense donc je suis.. au moins, je n'étais pas mort cette nuit. J'essayai de prendre appui pour me relever, mais ma main, celle qui ne me faisait pas mal semblait prise. Je la regardai, et la vit, entremêlée à celle de Valdania. J'étais dans une chambre d'hôpital, mon épaule était refermée, je portais une de ces tenues ridicules.. Je soupirai, en regardant autour de moi, puis Valdania. Je vis un petit rai de lumière laissant un tracé argenté le long de sa joue. Je l'essuyai d'un revers de la main.

Je me posai encore des questions sur elle. Elle avait passé la nuit près de moi. Elle avait pleuré pour moi. C'était déjà arrivé, mais pas à cause d'un accident.. Pourquoi avait-elle pleuré pour ça. Je m'en étais sorti, elle avait du l'apprendre avant moi. Je lui embrassai le front durant son sommeil, puis me délia de tous mes câbles, tous ces branchements qui pourraient vous faire passer pour un magnétoscope, avant de me lever. Je me détachai de toutes ces perfusions et ces aiguilles dans la peau. Ce soir, je rêvais plus que tout autre chose de liberté. Je regardai dans le placard de la chambre, et y trouvai mes affaires, mon pantalon seulement, mais séché. Je souris, la chemise elle, elle était restée sur le parking de la plage. Quand au reste, il devait se trouver dans le coffre toujours. J'enfilai rapidement mon pantalon, et sortis de la chambre en direction de l'extérieur. Je ne pouvais passer inaperçu avec ce bandage couvrant tout mon torse et mon épaule.

J'arrivai en dehors, et croisai un infirmier en train de fumer. Je lui demandai de me passer une cigarette, ce qu'il fit sans trop poser de questions. J'étais torse et pieds nus, je ne comptais pas fuir non plus. Juste fumer un peu, et me détendre un peu. Je pense que c'est ce qu'un homme désire après avoir frôlé la mort. Je m'appuyai contre le mur d'enceinte, à quelques mètre de l'entrée, et fumai tranquillement. J'avais un peu froid.. mais je m'en fichais un peu. Je continuais de regarder le ciel, moins visible que tout à l'heure, mais j'en apercevais quelques étoiles.

"Dis moi.. Pourquoi as-tu pleuré. Je veux dire, qu'est-ce qui t'a fait verser ces larmes."

Je jetai le mégot, et soufflai un dernier nuage de fumée vers le ciel. Puis je rangeai mes mains dans mes poches, toujours sans la regarder. Elle était là, appuyée contre le mur à quelques mètres de moi. Elle m'avait rejoint dehors, je ne sais pas comment elle avait fait, mais elle était là. Je sentis un frisson me parcourir, mais ce n'était que le vent. Je frémis, et ce dut se voir, et enfoui mes mains de plus belle dans mes poches. Cette nuit n'était pas propice aux promenades, il faisait assez froid et humide. Mais au moins, je n'étais pas attaché à mon lit, avec pour seul domaine mon lit. Les contraintes, j'ai horreur de ça. Puis je la regardai, avec un sourire franc à travers mon visage froid.

"Désolé de t'avoir fait peur."

J'étais vraiment désolé. J'ai du lui faire une peur atroce, la rendre folle de stress. Ce désolé paraissait léger, en comparaison à ce que je lui avais fait subir. Je n'en étais pas à mon premier accident, le premier ayant été précédé de ma rupture douloureuse. Mais je crois que je garderai cet épisode pour moi, pour éviter de lui faire de nouveau peur, ou même la faire culpabiliser.

Un sommeil sans rêve, voilà ce que j'avais fait. Il faut dire que j'avais du dormir pas plus d'une heure ou deux... Avec difficulté, mes yeux s'ouvrirent sur une chambre vide d'hôpital. Ah oui, c'est vrai, l'accident. J'avais l'impression que tous ça n'avait été qu'un gros cauchemar et que j'étais en train de me réveiller dans ma chambre de pensionnat. Je frottai mes yeux fatigués et m'étirai sur la chaise avec un petit bruit. Me sentant mieux après m'être étiré, mon cerveau analysa la situation. Il était passé où ? Je laissai mon regard glisser le long de la pièce, la tenue d'hôpital se trouvait à moitié sur une chaise à moitié par terre...Ilavait du prendre son pantalon. Je me levai et pris la couverture en boule qui se trouvait dans le placard puis me mis en route pour sortir..Surement en train de fumer encore. Je pâlis en passant dans les couloirs, je ne supportai vraiment pas cet endroit, vivement que je le quitte. La porte s'ouvrit pour me laisser passer. Zeke était un peu plus loin, je m'approchai et m'arrêtai à quelques de mètres de lui pour m'appuyer contre la façade, mes poings se refermèrent sur la couverture en boule. J'hésitai à fairequelques pas de plus pour être à ses côtés, après tout je lui avais dit de ne plus me toucher...

"Dis moi.. Pourquoi as-tu pleuré. Je veux dire, qu'est-ce qui t'a fait verser ces larmes."

Je continuai de regarder mes pieds. Je savais la réponse mais je ne préférais pas la lui dire, il allait surement s'énerver de savoir que je culpabilisai sur son accident. Mais c'était plus fort que moi je ne pouvais m'arrêter de croire que c'était de ma faute, je ne voyais que cette possibilité. Je secouai la tête et le regardai.

J'ai cru te perdre...

Bon c'était en partie vrai mais je passai le plus gros sous silence. J'avais eu la trouille de ma vie en le voyant étendu sur la route, plein de sang. J'ai cru que tout été fini. Je frissonnai à cette pensée et la jetai loin dans un coin de mon cerveau, essayant de l'oublier. Il fallait que j'arrête de penser négativement, j'allais finir en dépression si ça continuait. Il me regarda encore avec une nouvelle expression. Mes joues rougirent je détournai le regard.

"Désolé de t'avoir fait peur."

Ne t'excuses pas. Ce n'est rien et puis de toute façon je n'ai rien à t'excuser..tu n'as rien fait de mal ...enfin ... Je le cherche aussi...

Je lui fis un sourire et passai la couverture autour de ses épaules délicatement pour ne pas lui faire mal ou toucher sa blessure. Il avait frissonné... En plus, il venait juste d'avoir un accident...

J'avais l'air distante envers lui et c'était le cas. J'étais toujours un peu sous le choc et je culpabilisai vraiment. Mes pensées commençaient tout juste à se remettre en ordre. Je lui parlais avec plus aisance mais j'évitais toujours son regard, je savais que c'était évident et qu'il avait remarqué mais je n'arrivais pas à lever les yeux vers les siens...J'avais honte de moi, sayez je recommençai à déprimer ...

A la la tu viens juste de sortir d'une opération, et toi, tu fumes et tu te promènes presque nu, tu devrais rentrer dans ta chambre...Bon je sais que ça te fais pas plaisir d'être enfermé quelque part mais c'est pour ton bien.... les infirmières ne vont pas être contentes.

Je lui fis un sourire un peu forcée pour ne pas montrer mon combat intérieur puis je lui pris la main et commença à marcher vers l'entrée de ce lieu que je ne pouvais plus supporter. J'en frissonnai et mon visage palis de nouveau.

Ne t'excuses pas. Ce n'est rien et puis de toute façon je n'ai rien à t'excuser..tu n'as rien fait de mal ...enfin ... Je le cherche aussi...

Tu as cru me perdre.. Baka, tu n'avais donc jamais renoncé vraiment à moi.. Je regardais mes pieds, presque honteux. J'avais échappé à la mort. Puis je souris..en fait, elle ne serait pas arrivée à mon secours je serais mort à l'heure actuelle. En fait je lui devais la vie. Je ne pouvais plus penser à la vivre comme avant. Je commeçai à ressentir des frissons, comme si désormais j'avais peur de mourir. Oui... Avant, je conduisais en risquant ma vie, je me saoulais en bonne compagnie, je me fichais de ma propre vie, je n'avais peur d'absolument rien. Cette vie qu'elle m'avait préservée, j'y tenais.

A la la tu viens juste de sortir d'une opération, et toi, tu fumes et tu te promènes presque nu, tu devrais rentrer dans ta chambre...Bon je sais que ça te fais pas plaisir d'être enfermé quelque part mais c'est pour ton bien.... les infirmières ne vont pas être contentes.
Mouais.. C'est pas important.

Je la vis un peu troublée et le visage pâle, je m'inquiétais un peu. Comme si elle n'aimait pas les hôpitaux. Mais elle me tenait la main et me ramenais à ma chambre. Elle était très attentionnée, pour moi elle bravait ces couloirs bicolores et cette odeur si particulière au monde médical. J'avançais silencieux derrière elle, me laissant porter par sa douceur même si sa main se crispait un peu contre la mienne. Elle semblait nerveuse. Malgré tout le mal que je lui faisais, elle restait amoureuse et prenait le temps de s'occuper de moi. Je crois que je lui dois bien plus que la vie.

Nous revinmes à ma chambre, une infirmière en sortit au même moment que je poussai la porte. Avec un petit sursaut, et un regard répprobateur auquel je répondis froidement comme à l'habitude, et me laissai reposer les perfusions allongé dans mon lit. Elle ne me remit pas d'aide respiratoire mais me gronda presque. Comme si j'avais besoin de ça. Je n'aimais déjà pas être enfermé, mais si en plus on me surveillait..

"Monsieur Matsuda, il ne vous a pas été permis de vous lever. *sniff sniff* et vous avez fumé ?! Vous avez intérêt à rester allongé là jusqu'à ce que je revienne."
"Ouais ouais.. Merci bien"

Je soupirai. Je sortirais de ce lit si je le voulais, et quand je le voulais. Je lui fis un signe de la main lui disant de me laisser tranquille et de retourner à ses occupations. Puis je me tournai vers Valdi avec un petit sourire. Elle était encore assise à mes côtés. La pluie recommença à battre sur les fenêtres de la chambre. Je la regardais distraitement.

"C'est ça.. C'est à cause de la pluie que j'ai fini ici. Mais bizarrement je ne lui en veux pas.."

Puis je la regardai, avec assez de tendresse..

"J'ai l'impression.. que cet endroit te fait peur. Tu sais, si tu n'aimes pas ça, tu peux partir je comprendrai. Je passerai te voir au lycée dès que je sortirai.."

Puis je lui caressai la joue. J'étais épris d'elle, profondément, et je lui devait tant de choses.. Le loup avait enfin accepté que le papillon se pose sur son museau, et il se laissait emporter par la douceur de sa beauté.

"Valdania... J'ai fait mon choix..Je..."

Les mots furent durs à révéler. Ils restèrent noués dans ma gorge. En fait, je n'ai jamais perdu confiance envers l'être humain, je ne me faisais plus confiance à moi même.

Mes pensées s'étaient un peu perdues, je combattais mes démons du passé. Sans même m'en rendre compte, je m'assis sur le fauteuil que j'avais déplacé plus tôt. Comme prévu l'infirmière la gronda et le cloua au lit. Interdiction d'y bouger ! Cette remarque me fit rire. Zeke, ne pas faire un geste... et en plus respecter les ordres qu'on lui donne ... du jamais vu.

Alors qu'elle lui remettait tous les branchements, je tournai mon regard vers la fenêtre pour voir avec surprise que la pluie était de nouveau là. Annonce-t-elle une nouvelle déclaration qui me ferait frémir ? Je sentais une angoisse monter en moi... Un bip récurrent attira mon regard. Un moniteur affichait chaque battement de coeur de Zeke. Il était calme battant tout doucement. Il fit une remarque sur la pluie après que l'infirmière ai fermé la porte pour nous laisser enfin seuls. Je gardai le silence. Mon coeur s'accéléra à la vue de son regard qu'il avait posé sur moi. J'étais heureuse à ce moment-là de ne pas être reliée à l'électrocardioscope. Où était passé son regard si froid et si distant ? L'accident y était peut-être pour quelque chose. Mais je ne savais pas si cela pouvait changer un homme au point de le faire passer d'impassible à chaleureux.

J'ai l'impression.. que cet endroit te fait peur. Tu sais, si tu n'aimes pas ça, tu peux partir je comprendrai. Je passerai te voir au lycée dès que je sortirai..

Non ça ira... C'est juste des mauvais souvenirs. De toute façon il est trop tard pour que j'aille au lycée maintenant et je suis trop fatiguée pour suivre les cours ... Et puis ... non rien laisses ..

Je ne pouvais pas laisser Zeke comme ça. Il me toucha la joue, sa chaleur me fit l'effet d'une décharge qui résonna dans tout mon corps. Celui qui était en face de moi, était-ce le Zeke avant son opération à coeur ouvert ? Je posai ma main sur la sienne, la recouvrant de douceur. En fermant les yeux, je sentis cette chaleur que j'avais cru perdre il y a de ça quelques heures.

Valdania... J'ai fait mon choix..Je...

Je le regardai, j'avais peur de la suite. J'enlevai ma main de la sienne et me levai me dirigeant vers la fenêtre. La pluie.. toujours là dans les moments que je craignais le plus.

Zeke ne dis pas la suite je t'en supplie...ne finis surtout pas ta phrase.

Je posai mes mains sur mes oreilles. J'avais trop peur. Quand il m'avait dit d'attendre je pensai que ce serait beaucoup plus tard. Pas maintenant, je ne me sentai pas prête à entendre la vérité que je me cachai depuis que je l'avais rencontré... Cette vérité était de ne jamais pouvoir rester à ses côtés.

Je ne veux pas l'entendre maintenant..Attends encore un peu si te plais..

J'avais fermé les yeux pour ensuite me laisser tomber contre la vitre froide... Il fallait que je me calme. Que dire, que faire, dans des moments pareils ? Avais-je une possibilité que la balance penche plus pour moi que pour sa vie de bohème. Je glissai mon regard vers le moniteur pour voir un quelconque changement en lui. Son coeur battait plus vite, comment devais-je le prendre ? Je n'avais pas vu le doute, en lui s'immiscer... Hésitait-il entre sa vie et moi ? J'essayai à chaque petite faiblesse qui se montrait sur son armure de l'envelopper doucement de mes ailes. Mais comment pouvaient-elles retenir un loup ? Je tournai enfin le regard vers lui. Mes yeux reflétaient la peur que j'avais de voir mes ailes se briser en mille morceaux face à sa crainte. J'approchai ma main de son visage pour lui frôler la joue, mais mon bras arrêta celle-ci à quelques centimètres de sa peau. Ma main tremblait ... Je la retirai et la posai contre ma poitrine.

Je te laisse te reposer un peu. Je ... je vais.. je reviens.

Je tirai la porte coulissante et la fermait une fois dos à moi. Je soupirai. Il me fallait de l'air. Je tournai à droite pour me diriger vers les distributeurs. Appuyant sur le bouton d'une boisson chaude, je regardai le verre se remplir sans aucune pensée. Puis à petit pas me dirigeai de nouveau vers sa chambre. Je posai ma main sur la porte mais hésitai à l'ouvrir...la poussant tout doucement je commençai à voir des rayons lumineux envahirent la pièce...La pluie avait enfin laissé place au soleil...

Valdania coupa ma phrase, et se leva face aux impacts glacés de la pluie contre la fenêtre. Elle avait les mains sur les oreilles, comme une petite fille cherchant à fuir quelque chose qui lui fait peur.. Ne surtout pas finir ma phrase, attendre encore.. Je ne sais pas pourquoi, mais elle me troublait une nouvelle fois dans mon choix. Je me sentais pour la première fois repoussé par elle. Je détournai le regard avant de le jeter sans vie sur le mur d'en face. Je me sentais mal d'avoir fini par lui faire si peur de moi, je n'arrivais plus à l'approcher comme je l'aurais pu il y a peu de temps.. Je sentis mon cœur battre plus fortement et plus rapidement dans mon torse, le silence si pesant faisait résonner les battements du myocarde à mes oreilles. Je fermai les yeux en me laissant tomber sur l'oreiller.

Je te laisse te reposer un peu. Je ... je vais.. je reviens.

J'entrouvris un oeil.. Elle n'était plus là, la porte derrière elle se refermait. Si elle ne m'avait pas dit qu'elle revenait, je pense que je n'aurais pas pu la laisser partir Je me redressai à m'en courber le dos, et regardai fixement mes jambes. Autant dire que je regardais dans le vide.. Mais je réfléchissait. Mon épaule me lançait par coups réguliers.. je posai la main dessus, et me levai du lit, me débranchant pour la deuxième fois de la soirée, avant d'aller à la fenêtre. La pluie se faisait de plus en plus rare, puis ravivée par une douce lueur dorée. La lueur de l'aube. Je me frottai les bras pour me réchauffer, l'air étant un peu froid et jouvris la fenêtre avant de m'appuyer sur le rebord. Tout était calme, trop même. Le lycée allait ouvrir ses portes dans quelques heures, la ville s'éveillait encore, seuls quelques travailleurs matinaux utilisaient les rues.. Je fixais l'horizon encore une fois l'air détaché, donnant l'impression d'être froid mais je réfléchissait à autre chose.

Valdania avait passé la nuit à mon chevet. J'en souriais, non pas parce que je trouvais mignon de sa part - même si ça l'était - mais plutôt drôle. Malgré le fait que je m'obstinais à la repousser, à essayer de la faire m'oublier elle était encore agrippée à moi. Bon c'est vrai, sans elle j'aurais perdu la vie, mais elle n'avait pas lâché l'affaire pour autant, il fallait juste que j'arrive à le lui dire.. j'ai fait mon choix. Même si cette vie de bohème était la mienne, et que je savais plus vivre autrement, de l'autre côté je ne pouvais oublier Valdania. Je pouvais continuer à faire ce que j'aime, tout en étant avec.. celle que j'aime.

Je m'assis sur le rebord de la fenêtre dans l'un des coins de la chambre attendant patiemment son retour. Sans elle j'arais bu basculer dans l'autre-monde -si il y en a un- et en y pensant, j'y serais allé sans elle. Avec une sorte de sourire ironique je pensai que je n'aurai plus à la voir partout à me suivre, ou à la défendre... que je ne verrai plus jamais son sourire si sublime, même à moitié teinté de tristesse, son visage fin et doux.. même le goût de ses lèvres.

La porte s'ouvrit, je regardai du coin de l'oeil. Elle semblait me chercher du regard.

"Par ici.."

Si elle ne semblait pas disposée à entendre ce que j'avais à lui dire, peut-être que les gestes pourront lui faire comprendre. Elle s'approcha doucement avec un gobelet légèrement fumant à la main. Je sautai de mon rebord et l'approchai avant de mettre mes mains sur ses épaules et de l'embrasser doucement. Je me détachai d'elle la laissant dans une surprise totale..

"Je ne peux me défaire de toi je l'avoue.. Et même si je ne peux faire l'impasse sur ma vie, je veux que tu m'y accompagnes.."

Avant toute réaction de sa part, je lui avais tout dit.. La seule chose que j'espérais maintenant, c'est que les choses entre nous n'avaient pas été trop douloureuses, et que j'avais encore une chance de la garder avec moi.

~
"Ô toi loup qui sommeille, qui attaque et blesse sans compter
accepte ce cadeau et ses ailes colorées
Pour qu'enfin à deux soit porté ton fardeau,
laisse, laisse se poser ce papillon sur ton museau..."
~

Entrant dans la chambre à petit pas, je me dirigeai comme toujours vers lui. Je pensai que jamais je ne pourrais lui tourner le dos...Bon c'est vrai je l'ai fait deux fois auparavant mais c'était une espèce de fuite car je ne voyais aucune autre solution que de partir. Surtout quand on se fait rejeter, à quoi bon rester mieux vaut-il s'éloigner. Il sauta du rebord de la fenêtre et s'approcha vers moi. Mes doigts se crispèrent sur le pauvre petit gobelet en plastique. Qu'allait-il se passait encore ? Ses mains se posèrent sur mes épaules. Posant les yeux sur elles, je me demandai : pourquoi ce geste ? Je ne vis rien, je sentis juste...Ses lèvres ... J'étais surprise, même choqué, moi qui pensai il y a de cela quelques minutes que je ne pourrais jamais lui tenir la main ou encore m'endormir à ses côtés...Je me touchais les lèvres du bout du doigt.

"Je ne peux me défaire de toi je l'avoue.. Et même si je ne peux faire l'impasse sur ma vie, je veux que tu m'y accompagnes.."

Je levai le regard vers lui au même moment la porte s'ouvrit. Je n'y fis même pas attention, ne sachant même pas qui était rentré dans la chambre, j'étais trop concentrée à analyser chacun de ses mots. Cela voulait-il dire que je pouvais rester à ses côtés..J'en avais vraiment le droit...Vraiment ? La boisson chaude tomba et son contenu se déversa sur ce sol blanc pur. Je posai mes deux mains sur ma bouche pour étouffer un sanglot, je n'étais pas triste loin de là mais c'était bizarre...Vraiment bizarre, il m'acceptait. Je pouvais être à ses côtés. Je n'y croyais pas, on pourrait me le répéter des centaines ou des milliers de fois que je n'y croirai toujours pas. J'ai comme une impression que tous cela n'est qu'un rêve qui se brisera d'ici quelques minutes, un peu comme cendrillon et son prince...

Matsuda-san vous êtes encore debout, je ne vous avais pas dit de rest- Mais qu'est-ce que c'est que ça ?

L'infirmière avait enfin parlé et montrait le sol avec un air sévère, je ne lui prêtai pas le moindre regard...Je montai ma main vers le visage de Zeke, elle ne tremblait plus, je n'avais plus peur de ses futurs paroles car maintenant je savais ce qu'il avait voulu me dire, je savais que je n'aurais plus à le perdre. Je sentais sa peau sous mes doigts, cette chaleur, c'était vraiment réel. Je me levai sur la pointe des pieds pour être à la même hauteur que lui puis je posai mon front contre le sien. Mes yeux étaient remplis de larmes de joie, j'étais vraiment heureuse... Je lui murmurai tout bas un petit merci. Je ne savais pas quoi dire d'autre, il m'avait pris de court sur ce coup-là. Passant un bras derrière son cou, je posai ma tête dans le creux de son cou.... Un "hum hum" me fit descendre de mon petit nuage. L'infirmière était toujours là, mains sur les hanches. Je me poussai de Zeke me rappelant qu'il était blessé, me sentant aussi un peu gêné...

Désolée, je vais netto-...

Elle me coupa d'un geste de la main et dit en râlant qu'elle allait le faire. Je lui souriais pour lui dire merci. Elle referma la porte. Silence. Toujours un peu gêné, je tortillai mes mains.

Tu devrais aller te remettre au lit avant qu'elle revienne sinon elle ne va pas être très très contente et elle va t'obliger à rester plus longtemps dans cet enfer blanc...Au fait ils t'ont dit quand tu allais sortir ? Parce que je sais que voilà tu n'aimes pas être obligé à rester quelque part encore moins être cloué au lit hein ... Non mais tu sais [...]

Je ne savais pas pourquoi mais je n'arrivais pas à m'arrêter de parler et de pleurer. J'étais gêné, heureuse, bizarre, un peu dans une euphorie aussi .... Je pourrais continuer la liste pendant un bon moment...Mais encore tous cela n'était rien face au fait que je n'y croyais toujours pas. Je parlais pour cacher ce petit doute qui persistait ...

Valdania laissa tomber son gobelet et plaqua ses mains sur sa bouche pour étouffer un sanglot, je l'ai su car ses yeux devirent légèrement humides. J'en étais moi même proche si je n'avais appris à le cacher. Je restai légèrement écarté d'elle lui laissant récupérer de cette surprise et lui laisser reprendre ses esprits. Mais l'infirmière revint à la charge, apparamment informée de ma nouvelle escapade..

Je détournai le regard en me grattant le coté du visage du bout du doigt. Non seulement je me faisais taper sur les doigts pour m'être levé, mais en plus elle avait remarqué, et non sans mal -heureusement pour elle- la boisson chaude de Valdania sur le sol. J'en était aussi responsable en fait. L'infirmière sortit en quête de matériel pour nettoyer la chambre, et peut-être d'un sédatif qui me ferait tenir enfin en place. Valdania faisait de petits gestes confus avec ses mains, comme si elle était très gênée et se mit à parler, et me posai quelques petites questions sans importance, mais sans me laisser le temps d'y répondre..

Tu devrais aller te remettre au lit avant qu'elle revienne sinon elle ne va pas être très très contente et elle va t'obliger à rester plus longtemps dans cet enfer blanc...Au fait ils t'ont dit quand tu allais sortir ? Parce que je sais que voilà tu n'aimes pas être obligé à rester quelque part encore moins être cloué au lit hein ... Non mais tu sais [...]

Je ne savais comment interrompre ce petit moulin à paroles.. Elle était si belle, malgré ces larmes, belle car elle pleurait de joie, c'était quelque chose de rassurant et de magnifique à la fois. La joie illuminait son visage et la rendait sublime.. Je coupai sa phrase avec un autre baiser surprise en la ramenant contre moi et en passant mes bras autour de ses épaules. Je la sentais encore un peu tendue, mais cela ne m'empêcha pas de rencontrer sa langue avec la mienne. De tous les baisers que j'avais pu partager, les siens se plaçaient parmi les meilleurs, les plus beaux les plus doux.. J'aimais prendre ses lèvres avec les miennes, et désormais, je me sentais incroyablement bien avec elle..

Chht... pas la peine de t'embrouiller pour autant.. Calme-toi veux-tu.. ^^

Je savais qu'elle n'aurait pas pu. Du coup je repris ses lèvres encore une fois, même si on aurait pu croire que j'en abusais. Mais cette fois, je dus m'interrompre sur un raclement de gorge. Je tournai la tête et vit l'infirmière armée de son balai, m'indiquant d'un signe de la tête de reprendre la direction de mon lit. Je m'assis au bord en soupirant. En réfléchissant, Valdania n'avait pas envoyé que des paroles en l'air. Quand allais-je pouvoir sortir d'ici ?

Dites, on sait quand j'aurai le droit de quitter l'hôpital mademoiselle ?
Hem vous concernant, on attend les résultats de vos radios, ensuite on verra.

Je me laissai rebrancher encore une fois. Mais je la regardais étrangement.. Je ne sais pas pourquoi elle rebranchait encore électrocardiogramme... comme si j'en avais besoin, c'est juste mon épaule non?

Pourquoi..vous rebranchez ça ? J'ai juste quelques points de suture, j'ai pas d'os déboité en plus..

L'infirmière me lança un regard.. je crois plein de pitié. 'Pauvre jeune homme..' voilà ce que j'avais l'impression de lire en elle quand elle s'activait à me rebrancher. Elle sortit en soupirant. Je me sentis mal, effrayé sur le coup. Mais je ne le montrai pas pour ne pas inquiéter al'.. Elle avait eu assez d'émotions fortes pour l'instant. Le matin avait déjà pointé son nez, et même si c'était à contre-cœur, je devais laisser Valdania se reposer..

Val.. il est tard, tu devrais aller te reposer, tout ira bien ici

Sa chaleur m'enveloppait...C'était réel, c'était vraiment ... Vrai... Mes larmes ainsi que mes paroles s'étaient arrêtées au moment où ses lèvres avaient touché les miennes. J'avais encore du mal à le croire, comme si être aussi heureuse relevait de l'impossible, comme s'il y allait avoir un contre coup du destin, une sorte de calme avant une nouvelle tempête. Je fermai les yeux sur ses pensées et me laissai emporter par Zeke. C'était la première fois qu'il m'embrassait ainsi. Cela voulait dire que je pouvais rester à ses côtés ? Cette question tournait dans ma tête depuis un bon moment. On verra bien ... Il rompit le baiser. Je pris une inspiration pour recommencer à parler-oui je n'avais compris qu'il fallait que je me taise- mais il me coupa par des paroles mais aussi de nouveau par ses lèvres. J'étais étonnée, dire qu'avant il ne voulait pas me toucher par peur de ... De quoi déjà ? Je rougis quand je vis l'infirmière était de retour. Tout compte fait l'expression "être rouge comme une tomate" n'était pas que du vent, j'en étais la preuve vivante...Je baissai le regard au sol, pendant qu'elle faisait tous les branchements. Calmeeee. Calmeee. Je relevais les yeux quand l'infirmière annonça que Zeke devait rester un peu plus longtemps dans l'hôpital en attendant les radios. C'était bizarre, encore plus quand je vis le regard qu'elle lui lança juste après pour l'électrocardiogramme.

Val.. il est tard, tu devrais aller te reposer, tout ira bien ici.

J'avançai vers lui et m'assis de nouveau à ses côtés sur un bord du lit. L'infirmière était partie et le calme était de retour. Je calculai le temps que je me mettrais en prenant un taxi pour aller au lycée...Hum, j'arriverai au moment où tous les élèves sortaient de l'internat pour aller en classe. Mauvais, je n'aurai même pas le temps de poser un pied après le portail qu'un surveillant me tomberait dessus me bombardant de dizaines et de milliers de questions et convoquerait mes parents. Bon je secherai aujourd'hui ... Mes parents n'allaient pas apprecier, enfin étant en France, j'avais le temps. Mais cette idée me fit quand même frissonner. Je ne voulais pas les voir. Je me sortis de mes pensées pour lui répondre.

Non c'est bon. Ne t'inquiète pas, je ne suis plus à une ou deux heures près maintenant non ? A moins que tu veux que je parte ?

Je lui avais fait un sourire remarquant au passage que je m'étais calmée... L'effet de penser à mes parents avait été plutôt radical ou peut-être l'effet de ses baisers tout compte fait. Enfin bref, je ne savais pas trop qui avait eu raison de moi en premier mais le mélange des deux avaient été un bon calment pour ma pointe de stress et de bonheur. Je me mordais ma lèvre inférieure. Que se dire maintenant ? Avant on parlait pour se donner des migraines d'enfers. Maintenant il n'y avait plus vraiment de raison de se prendre la tête...Vu qu'on était ensemble ?!!! Je rougis de nouveau posant ma tête dans mes mains... Je devais être un véritable spectacle à regarder...Je ne savais plus où me placer. Je me levai puis fit le contour du lit. Je posai un baiser sur le front de Zeke avant de m'assoir sur Mon fauteuil -oui c'était devenu ma propriété entre temps ...- Posant ma tête sur le lit, je fermais les yeux et dis pour combler le silence qui régnait de nouveau en maître.

Dis, on est vraiment ...Hum.

Je ne dis pas la suite de ma phrase et pour cacher ma gêne, je commençai à pianoter doucement sur le bras libre et sans blessures de Zeke, chantonnant une musique sans paroles. Je laissais glisser mes doigts doucement sur sa peau tout en cachant mon visage dans mon bras... Mes yeux étaient fatigués de lutter contre la fatigue qui les poussait vers un sommeil profond .... La porte s'ouvrit me faisant sursauter et coupant au passage ma chanson. Un médecin cette fois-ci était rentré, tenant en dessous de son bras, une pochette blanche et portant sur son visage un air grave.

Je pensais plus à te laisser prendre du repos pour cette nuit...

Je regardais Valdania depuis mon lit.. mon lit d'hôpital oui, je n'aimais pas ça. ça vous fait vous sentir faible ou malade, et me sentir comme ça me répugnait. Même si j'avais fait preuve de faiblesse en me laissant craqueler de la sorte par Valdania.. A moins que ce ne soit là une épreuve de force imposée.. Je soupirai en baissant le regard vers mes jambes. Puis je la regardai encore en souriant. Je ne savais plus quoi lui dire.. nos conversation avaient été essentiellement des "je t'aime- oui mais moi je veux pas" incessants.. Et maintenant que nous avions une relation normale, je me voyais mal vivre comme tous les autres couples, heureux à se câliner et à s'embrasser sous l'ombre des arbres. Je ne voyais pas cette relation née dans la souffrance devenir une relation normale à vrai dire.. Mais elle vint poser un baiser sur mon front, je sentis tant de chaleur en émaner, je crois que j'en rougis même un peu. Mais elle ne le vit pas, ses yeux fermés et sa tête sur le lit..

Je ne répondis pas, je me contentai de glisser le revers de ma main sur sa joue. Je sais ce qu'elle voulait me demander, c'était clair comme de l'eau de roche. Oui Valdania... e te considérais comme avec moi. Ses doigts couraient agréablement sur mon bras elle fredonnait encore sa petite chanson.. Je lui caressai encore la joue, elle semblait somnolente surement cela lui ferait du bien de dormir un peu, j'en étais persuadé.. Au moins, j'allais sortir dans peu de temps, je l'emmènerais dormir, pas au lycée on risquerait de lui tomber dessus.. Avant que je puisse finir d'y réfléchir, la porte s'ouvrit, un médecin approcha avec un dossier et un air assez grave, comme porteur de mauvaises nouvelles. Mon visage resta impassible, mais mon cœur battait vite, et fort.. L'électrocardiogramme pouvait en témoigner.

Monsieur.. et euh madame Matsuda ?
Non juste monsieur...
Heu, désolé.. voilà, j'ai vos radios.. ( il pose la photo sur la fenêtre et met son doigt sur plusieurs taches imprécises dans le torse) Ceci.. sont de petits morceaux de métal.. et actuellement ils sont encore coincés dans vos muscles.. D'ici trois jours, vos muscles vont commencer à cicatriser, et vont expulser les morceaux dans votre flux sanguin, et cela pourra s'avérer mortel deux semaines ensuite, le temps qu'ils atteignent le cœur.. Le mieux serait d'opérer au plus vite, mais en même temps, ils sont proches du poumon, c'est assez risqué..
Hmpf..faites ce qu'il y a à faire s'il vous plait. On peut commencer quand ?
Ah euh..dans une heure.. heu.. j'envoie une infirmière vous préparer pour le bloc d'accord?
Allez, le plus tôt sera le mieux.

Je congédiai le docteur d'un signe de la main les yeux fermés. Puis je croisai les bras en soupirant, laissant une douleur féroce me mordre l'épaule. Je poussai un long soupir, sans regarder Valdania. Je ne voulais pas la voir sachant que ma vie est en danger, je ne voulais pas savoir si elle soufrait, je ne le voulait plus. Je n'aurais pu le supporter plus longtemps..

On me fit m'asseoir sur un brancard, avant de me refaire passer une de ces robes ridicules sans même un caleçon pour me cacher mon postérieur. On vérifia la pilosité au torse, au dos.. et sous le bras gauche, le lever me fit encore mal dans toute l'épaule.. A vrai dire, cela ne m'était pas inconnu. La dernière fois, c'était pour poser une broche de métal dans mon bras, vous savez celles que l'on met pour rattacher un os trop bien fracturé pour un simple plâtre. Oui, conséquence de mon premier accident. Je conduis très bien, mais paradoxalement j'ai eu le temps de faire deux accidents en quelques années.. Je fis un petit mouvement amical à Valdania pour la rassurer tandis qu'on m'emportait vers le bloc opératoire.

Quelle sensation.. je suis sur le dos, une vive lumière sur le visage.. un masque accroché a la face, un médecin vérifiant ce qui va bientôt me tailler la chair.. Je crois que j'avais peur, j'avais peur pour ma vie, je pensais encore à Val' qui m'attendait dans le couloir. Je vis un docteur me regarder dans les yeux, me faisant un signe de la main, je voulus répondre mais rien.. Et je rouvris les yeux encore une fois dans mon lit, la nuit du 2e jour tombant encore... Je me réveillai, mais cette fois j'étais seul, je ne sais même pas si Valdania était encore dans l'hôpital.. avait-elle craqué, ou avait-elle été forcée à quitter les lieux.. ou peut-être avait-elle enfin décidé de se reposer, une nuit blanc suffit pas besoin de deuxième.. Je sentais encore mon corps engourdi et ma tête somnolente, encore surement des résidus de l'anesthésie qui voyageaient dans mes poumons et dans mon sang. Je me frottai les yeux, mais j'étais incapable de m'étirer, je ne sentais pas assez de force dans mon bras, ce devait être trop anesthésié pour que je le bouge, et surement pour éviter que je ne rompe les points de suture.

Je regardai par la fenêtre, seul dans ma chambre avec le seul bip de l'électrocardiogramme, puis m'allongeai sur le dos en regardant le plafond cette fois.

Ce que le temps peut être long, lorsqu'on est séparé de ce que l'on aime...

Cela faisait déjà 15 minutes qu'il était parti. Je n'avais même pas eu le temps de dire quoi que ce soit, juste un geste en guise "d'au-revoir" même pas un regard, rien. Je supposai qu'il avait peur autant que moi dans cette situation si angoissante. La chambre était vide et calme, il n'y avait même plus le bruit répétitif de son coeur qui me rassurait tant. Je commençai déjà à me sentir mal... C'était bien ce que je pensais, le calme avant la tempête. Je me massai les tempes avant de marcher jusqu'au couloir qui m'effrayait. Je demandai quelques renseignements aux infirmières pour le déroulement de l'opération puis je repris ma marche pour aller aux toilettes. Posant mes mains sur les contours du lavabo je me regardai dans le miroir... L'image qu'il en reflétait était tout simplement et tout bonnement horrible. Je commençai à avoir des cernes sous les yeux et ma peau ressemblait de plus en plus à un cachet d'aspirine. On pouvait même voir à certains endroits l'inquiétude ronger mes traits. Je plongeai ma tête sous l'eau avant de me taper doucement sur les joues pour me réveiller ne serait ce qu'un peu. L'opération allait durer encore un petit moment, j'avais le temps de rentrer prendre une douche et de faire quelque course. Il fallait que j'occupe un peu mon esprit. Je sortis de l'hôpital et appelais d'un geste de la main un taxi. Direction l'école... Je guettai mon téléphone toutes les 5 secondes pour voir si il y avait une quelconque complication durant l'opération. Me mordant mon ongle pour éviter un stress, des cheveux blancs et des larmes, je regardai les mouvements de foule dans la ville qui m'entourait. Je savais que pour nous tous, êtres éphémères autant que des papillons, l'aube pouvait être infidèle...Allait-il la voir encore ? Je serrai mes mains entre elles comme si je priai alors que je ne croyais pas à quelqu'un qui peut être supérieur à toute cette foule de gens sur terre. Je sortis de la voiture et fis un geste au chauffeur pour qu'il attends. Achetant quelques petits trucs pour me nourrir, je repris vite la direction du pensionnat. Je me dirigeai rapidement et discrètement vers ma chambre...A pas de velours, je n'avais pas d'autre choix...Je me glissai dans la douche et pris mon temps, laissant emporter toutes mes angoisses par l'eau qui coulait sur mon corps... Une serviette autour de la poitrine je sortais de la douche et m'étalais sur le lit, essayant de ne penser à rien et regardant une nouvelle fois mon téléphone...Rien. Comme on dit pas de nouvelle, bonne nouvelle. Non ? Je fermai les yeux et me laissai emporter par les rêves qui essayaient de me soutenir à travers cette période dure et sombre.

Le vibreur de mon portable me réveilla en sursaut, il faisait déjà nuit. Tâtonnant sur le lit, j'ouvrai le portable et répondis à l'appel. A peine la voix prononca quelques mots que je sautai dans un jean et pris la première chemise qui arrivait à ma main.

M.Matsuda est enfin sorti du bloc opératoire et est maintenant dans sa chambre.

Comme cette simple et si petite phrase me fit tout oublier. Tout mes tracas, mes angoisses, mes peurs ...
[...]
Je courrais dans les longs couloirs essayant de ne bousculer personne au passage et j'ouvrai rapidement la fameuse porte. Je le vis étendu sur le lit, les yeux ouverts et le coeur battant... même si il était un peu ralenti. A bout de souffle, je posai ma main sur mon genou et attendis d'avoir assez d'air pour pouvoir m'exprimer. Mais à la place je laissai juste un long soupir de soulagement au lieu de quelques mots. Il était vivant, je le voyais, cela me suffisait. Je m'approchai mais ne le touchai pas. Cela se voyait encore qu'il était sous l'effet de l'anesthésiant et de tout ce qui allait avec.

En deux jours, tu m'en as fait voir de toutes les couleurs, dis donc... Par deux fois tu as failli ...

Je ne finissais pas ma phrase, à quoi bon ressasser le passé. Le plus important était qu'il soit là et pas dans la morgue. Je frisonnais à cette idée et la jetai loin, très loin. Je posai délicatement le bout de mon doigt sur son nez -seul endroit que je pouvais toucher sans lui faire mal- et lui fit un doux sourire, tout en m'asseyant doucement sur son lit.

Bienvenue dans le monde des vivants, Zeke. Maintenant, il faudrait que tu arrêtes de me faire ce genre de peur ... Je préférerais encore que tu me haisses comme avant plutôt que tu te retrouves dans cet état à l'hôpital.

J'approchai ma tête de la sienne laissant tomber une de mes larmes -qui m'avait échappé- sur sa joue et lui murmurai à l'oreille.

Merci d'être vivant.

Je ne bougeai plus de là où j'étais. Ma tête juste à côté de la sienne et mon corps évitant de le toucher pour ne pas réveiller chez lui une quelconque douleur. J'entendais sa respiration, son souffle et les battements de son coeur grâce à l'électrocardiogramme. A nouveau le calme. Je l'aimais tellement ce calme que j'espérais qu'il dure une éternité et si c'était possible, même plus que ça. Pour la première fois de ma vie, je crois avoir fait le voeux que rien ne change ...

Déjà me sentir faible, je détestais. Mais être assommé au point de ne plus pouvoir bouger, j'avais touché le fond. Du moins pour moi ça l'était. La seule chose que je pouvais faire était de remuer sur mon matelas et regarder évasivement tour à tour le plafond et la fenêtre. Je ne pouvais prononcer mot, juste émettre de petits soupirs ou grognements, gémir comme un invalide. Et dire que je sentais ce sentiment plutôt souvent ces derniers temps, depuis que j'ai commencé à m'ouvrir à elle. Un petit sourire étira mes lèvres.Je me sentais fort, mais incompris, maintenant je me sens faible, mais rassuré. Au moins, quelqu'un pleurerait ma mort de sincères larmes de tristesse.. C'était quelque chose de bon à sentir, de savoir que l'on tient à quelqu'un en ce bas monde.

Je pus lever, avec un effort hasardeux ma main devant mon visage. Je fis danser mes doigts devant mes yeux, fixant les ondulations indécises des petits capteurs grisâtres et de leurs fils, avant de la retomber ma main sur le lit en poussant un soupire épuisé. Je n'aurais pu faire qu'une chose dans cet état, plonger dans le sommeil en attendant que l'anesthésiant décide de laisser mon corps reprendre vie. Mon regard absent détaillait inutilement le plafond de la chambre, seules mes pensées pouvaient encore me faire réagir, j'étais bien trop las pour essayer d'analyser ma situation. Valdania n'était juste pas là, j'étais seul dans cette chambre obscure et silencieuse. Voilà tout ce que je pouvais établir comme fait, il faisait noir. Je fermai les yeux, décidé à prendre mon mal en patience et de faire disparaitre cette torpeur dérangeante. Et puis après tout, c'était un mal pour un bien. Le médecin saurait me dire si oui ou non l'opération avait été un succès total, ou si je devrais rencontrer cette table d'opération de nouveau... mieux ne valait pas y penser, et de toute façon, rien n'annonçait de mauvaise nouvelle supplémentaire.

Soudain la porte s'ouvrit, avant que je ne puisse m'endormir. Je m'étais résolu à me laisser aller et quelqu'un venait m'en empêcher. Je n'entendais qu'une voix légèrement essoufflée, puis un soupir. Je tournai tout doucement la tête, plissant les yeux pour palier le contraste entre la lumière extérieur et l'obscurité de ma pièce. Je ne voyais pratiquement rien, si ce n'est qu'une silhouette courbée sur elle même...

En deux jours, tu m'en as fait voir de toutes les couleurs, dis donc... Par deux fois tu as failli ...

Valdania.. elle était revenue. Je ne l'avais pas reconnue dans cette mosaïque troublée de lumière. Mais j'avais reconnu le son de sa voix...

Par deux fois oui, j'ai failli mourir. Elle ne l'avait pas dit, mais c'était bien ça. Frôler la mort deux fois en deux jours, de quoi faire jalouser n'importe quel aventurier en mal de gloire. Je pus rire intérieurement. Je suis immortel, voilà la pensée qui m'a traversé la tête sur le coup. Théoriquement c'est impossible, mais si je manque de mourir plusieurs fois en peu de temps et que j'en réchappe.. c'est que mon heure n'est pas arrivée. On m'offre donc du temps avec elle.. Je sentis à peine son doigt me frôler le nez, je refermai les yeux plutot que d'essayer de le regarder..

Bienvenue dans le monde des vivants, Zeke. Maintenant, il faudrait que tu arrêtes de me faire ce genre de peur ... Je préférerais encore que tu me haïsses comme avant plutôt que tu te retrouves dans cet état à l'hôpital.

Baka, mimèrent mes lèvres. J'avais involontairement étouffé ma voix, en essayant de chuchoter..

Je sentis son visage tout proche du mien, me chuchoter à l'oreille un "Merci d'être vivant" accompagné d'une chaude petite larme sur ma joue. Elle ne bougeait pas d'un cil, totalement courbée au dessus de moi, mais se maintenant plutôt que de me toucher, sûrement de peur de me faire mal.. Dans un effort encore fatigant, je levai la main et la posa sur sa tête pour vaguement lui caresser les cheveux. Je tournai la tête vers la sienne et levai mon cou pour embrasser tout doucement sa joue avant de me laisser retomber en souriant faiblement.

"J'ai...terriblement..sommeil.." dis-je en essayant d'articuler ces quelques mots entre deux soupirs.

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