Imprévu... Changement... [Libre, No Limit]

Rougissant de plus belle lorsqu'elle le vit à demi-nu, elle se coucha et se redressa sur ses coudes pour le regarder, assis sur le rocher.

"On dirait le Penseur de Rodin. Sauf que le Penseur est totalement nu."

Elle sourit. Mais bon dieu, qu'est-ce-qui se passait ? Elle en avait vu passer, des corps des garçons totalement nu, et beaucoup trop surement pour son age ? Alors pourquoi rougir devant de garçon qui, bien que superbe, était un jeune homme, comme tous les autres jeunes hommes. Pourquoi faisait-elle ces sous-entendus ? Pourquoi était-elle si frisonnante ? Il avait l'air pensif, semblait hésiter à appeler quelqu'un.

"Et sauf que si un jour le Penseur de Rodin vient m'inviter en ville , je crois que je meurs de trouille."

Regardant le débardeur que Minos' avait prit, écoutant à peine la conversation d'un oreille distraite, elle ferma les yeux et orienta sa tête vers le soleil, le cheveux en arrière. Elle l'avait vu se lever, et avait vu l'étrange forme de son caleçon, rougissant à nouveau.

"Tu me rends mon débardeur, ou je vais devoir aller en ville à moitié nue ?"

Elle regarda l'eau, pensive. Arrêtes de rougir, espèce de petite sotte ... Ne deviens pas une de ces saintes-nitouche qui tremblent rien qu'à l'idée d'une paire de fesse masculines. Elle ne devrait pas rougir. Pourquoi, alors, à ce moment précis, ses joues étaient presque écarlates ? Pourquoi la simple vue de ce garçon ... Elle s'était déjà posé la question, sans trouver vraiment de réponse.

"Je te préviens. Si tu me piques mon débardeur, je te pique ton pantalon, et ton caleçon. Après tout, il faudra bien que je m'habille avant d'aller en ville, et je pense que ces vêtements seront de bons otages ..."

Elle leva le regard, sourit très légèrement lorsqu'il posa sa main sur son front comme pour prendre la température, signe d'une éventuelle maladie.

"Minoson, je t'assure que tout va bien".

Elle le vit comparer avec son front à lui en pensant "Qu'est-ce-qui lui prend?", et elle se leva, saisissant son débardeur.

"Comme tu veux. Si tu préfères que nous allions au réfectoire ... Ça m'est totalement égal, je ne connais ni les restaurants, ni le self."

Elle épousseta son pantalon.

"Me piquer mes affaires ? Je crois qu'il vaut mieux aller nu comme un ver en ville plutot qu'habillé avec un pantalon moulant de fille, et un débardeur à bord de dentelle. Enfin, c'est mon point de vue."

Souriant en même temps que le garçon, elle le regarda réfléchir, l'écouta répondre qu'elle avait raison sans pouvoir s'empêcher de rire à l'idée de Minoson se promenant nu à travers la ville ... Elle regarda la garçon se recoucher, resta debout, enleva ses chaussures trempées et fit quelques pas dans l'eau.

"Dors si tu veux ... Je reste dans les environs."

Des pierres roulèrent sous ses pieds. Elle sourit, caressant l'eau du bout des doigts. Elle avait réenfilé son pantalon, qui s'imbibait un peu plus à chaque pas.

"Disons que le jour, tout est soit trop éclairé, soit pas assez. La nuit, tout est mystérieux, tout est sombre, mythique. Tu n'as que la lune qui t'éclaire, et pas ce vulgaire soleil qui te fait croire à un monde de shtroumphs. Et puis ... c'est la nuit que les plus belles choses arrivent, après tout."

Shi revint vers lui, s'allongea à ses côtés, et passa sa tête sous le débardeur pour voir son visage.

"Pourquoi ?"

Enlevant sa tête de sur le ventre du garçon, se reculant, et se couchant sur la plage de galets, elle regarda le ciel avant de murmurer.

"Oui ... "

Elle se redressa sur ses coudes, considérant le lac dans toute sa splendeur.

"Le soleil, un signe de joie, de beauté ? Chaque jour au moins un homme crève, déshydraté. C'est sous ce même soleil que sont commis des crimes atroces, à la vue de tous. Ce même soleil sert d'arme, de jouet pour les scientifiques, d'explication pour les religieux ... Alors le soleil, sincèrement ..."

Elle fit rouler les cailloux entre ses doigts.

Shi entendit sa phrase cinglante, qu'il lui jetta au visage plutot que de lui dire tout simplement. Son ton était devenu froid, sans qu'elle en connaisse la raison, il s'était faché, semblait différent chaque instant un peu plus.

"Ce n'est rien. Mais je ne sais pas si aller en ville sera une très bonne idée. Disons que c'est charmant, mais que je n'ai pas envie de me trouve en plein milieu d'un restaurant avec un garçon qui, à la base, est adorable, et qui devient en un instant, pour une phrase, ou un mot, glacial."

Elle se leva, saisit ses ballerines et les enfila.

"Même si je dois avouer que j'aime bien."

Tournant le dos au lac et à Minoson, elle regarda le chemin de terre qui rentrait vers le collège. Le prendre, ne pas le prendre ?

Shi hocha la tête, en signe de dénégation. Quelle bêtise, tous les deux. N'auraient-ils pas pu se contenter de parler, tranquillement ? N'auraient-ils pas pu être amis, continuer de bavarder normalement ?

"Tout de même ? Je crois que tu n'as plus aucune envie ni de partager ma chambre, ni d'aller en ville avec moi, ni de tout simplement me voir. Alors à quoi bon, hein ?"

Sa voix était un murmure, sombre et grave.

"À quoi bon ?"

Une larme, légère et fluide, coula sur sa joue. Elle la balaya d'un geste rageur, et regarda le sol. Mon dieu, quelle stupidité ? L'un des deux ne pouvait-il pas s'excuser ? Ce n'était pas du désir qu'elle avait ressenti, mais un soupçon d'amour ! Et voilà qu'ils jouaient à se faire la tête comme des enfants de quatre ans. Lamentable.

Se tournant, elle le regarda lui jetter sa première phrase au visage, peut être plus en douceur que la première fois.

"C'est ce que je pense, et je déduis ce que je pense de ce que je vois et de ce que j'entends. Mais tu as raison : à quoi bon ?"

Elle le regarda, plongeant son regard dans celui, clair mais pensif et ailleurs du jeune homme avec qui elle venait passer un moment d'amitié à l'état brut.

"Non, ne me dis pas que tu es désolé. Quand on s'énerve, généralement, on dit plus que ce qu'on pense mais ce qu'on pense quand même. Et je ne t'en veux pas. Ce que tu dis sur la nuit est vrai. Et ce que tu dis, à propos de cette querelle, est vrai aussi. Elle est puérile, et ridicule."

S'avançant, elle s'arrêta à quelques centimètres de lui.

"Cette querelle n'a pas lieu d'être, est basée sur un sujet ridicule, et est faite entre deux êtres qui n'ont pas lieu de se disputer. Du moins je pense."

Plus petite que lui, elle levait les yeux pour le voir, et ses lèvres rouges étaient à la hauteur de sa gorge.

L'enlacant brusquement, la jeune fille le serra avec force contre lui. Son premier véritable ami, la première personne qu'elle avait perçu autrement que dans une relation charnelle ... Et surtout ... la première personne avec qui elle se disputait ! Elle frisonna à nouveau lorsqu'il l'embrassa sur le front.

- Ne me remercie pas ...

Puis, n'y tenant plus, sa main glissa sur la nuque de Minoson, caressant ses cheveux, tandis que ses lèvres baisaient celle du garçon légèrement.

- Désolée ...

Elle recula.

- Vraiment, je ...

La jeune fille se recula encore, ses pieds faisant rouler lentement quelques galets clairs dans la direction de la plage. Elle avait pris un air amusé, tentant. Ses joeus étaient roses, mais ses yeux bleus étaient tendres, rieurs. Comme pour vouloir dire l'affection qu'elle lui portait. Elle murmura, d'une voix douce, aigüe et

"Pourquoi pas ?"

Il venait de lui dire qu'elle n'avait pas à s'excuser, et venait de lui poser la question "pourquoi". Sans doute voulait-il savoir que lui valait ce baiser soudain, brusque, inattendu et plutot paradoxal.
Ses mains tremblaient, elle avait froid. Un léger vent s'était levé, et elle s'entoura de ses bras comme pour s'en protéger. Elle n'attendait pas qu'il lui offre sa protection. Bien au contraire. Elle en avait assez du romantisme.

La jeune fille le regarda, indécise, et comprit qu'il réfléchissait. Il semblait en proie à des questions intérieures qui semblaient lui donner plus de soucis que de réponses plausibles et fixes. Il prit une grande inspiration, et lui demanda, certes gentiment et presque en la suppliant, de partir. Elle se recula encore, fixant le garçon dans les yeux.

"Minoson, la vie n'est que mal. On agi perpétuellement mal. Le bien n'existe que dans les livres. Dès qu'un être humain fait quelque chose, c'est par intérêt. Toujours, même si il n'ose pas se l'avouer. Je t'autorise avec faire le mal, à te servir de moi pour ton propre intérêt."

Tournant la tête, elle fit voler ses boucles noires le long de son cou. Elle fit volte-face, s'appretant à partir.

"Tu devrais y réfléchir. Réfléchir à ce que je t'offre. Ce sera sans suite."