Tranquillement... avec sa guitare [PV Beloved]

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Mercredi après-midi, aux alentours de quinze heures : Eikichi s'ennuie dans sa chambre. Ayant habilement séché les cours ce matin, il avait trainé dans le parc, se cachant, toute la journée, jusqu'à en arriver à cette heure fatidique et fatigante... Puis, il se souvint que les autres allaient sortir de cours d'un instant à l'autre, ce qui pouvait peut-être lui promettre une compagnie, ou même du public, car il avait apporté sa guitare, Ebony, avec lui.

Il la sortit, donc. Il s'agissait d'une magnifique Gibson Les Paul Custom noire avec des motifs étranges, plusieurs coups, griffures et traces témoignant de l'ancienneté de l'instrument. Il sortit un simple accord de Ré, pour donner une note musicale à l'instant. Ensuite, il fit sonner les cordes à vide, histoire de vérifier si sa chère guitare était bien accordée. Elle l'était, comme toujours... ou presque.

Cinq bonnes minutes de préparation plus tard, Eikichi entonna un petit air de guitare; rien de très extraordinaire mais pas médiocre du tout à son goût. Etrange d'ailleurs, lui qui se croyait nul à pleurer en musique, comme dans n'importe quel domaine d'ailleurs... Le jeune garçon était pleinement dans son trip, voyant déjà une horde de fans à ses trousses... "c'est beau de rêver, n'est-ce pas ?", pensa-t-il lorsqu'il entendit un bruit a proximité, comme si quelqu'un s'approchait. La tention monta alors d'un cran, allait-on le débusquer ? Lui ? Sous un cerisier en fleur, Ebony dans les bras et un air de guitare planant dans l'air ? De qui s'agissait-il ? Mystère que le temps éllucidera...

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La court était vide en cette douce après midi d'été. Pourtant, le temps était vraiment au rendez vous : le ciel était cendré, il ne faisait ni trop chaud ni trop froid, et une petite brise agréable soufflait. Les cours de Beloved étaient finis. Ils s'étaient déroulés normalement, sans problème. Mais la jeune fille avait besoin de décompresser. Il faillait bien dire que même un cours se déroulant silencieusement gardait une atmosphère stressée, tendue, et étant plutôt sensible à ce genre d'ambiance, elle avait besoin de se calmer. Elle franchit donc la lourde porte vitrée qui la séparait de l'air extérieur et inspira un grand coup. L'air était tellement bon, on pouvait sentir que l'automne était proche, même si les cerisiers étaient encore en fleur. D'un simple mouvement de béquille, l'handicapée franchit les marches qui la séparait de la terre ferme. Elle observa les environs vu qu'elle n'était jamais vraiment allée ici tout en commençant à s'avancer. Ah, son handicap était pesant. Combien elle aurait voulu lâcher ses béquilles, commencer à courir comme une folle et s'apercevoir que ses jambes marchait parfaitement!... Impossible.

Comme disait le chirurgien : "Ton handicap te paralysera à vie". Mais comment pouvait-il la paralyser vu que ses jambes pouvait se plier convenablement, avec une douleur certes... Mais convenablement? Eh bien elle ne pouvait plus se tenir sur ses pieds et se servait de ces béquilles comme appui. Son désir d'insulter Dieu était intense, mais cela ne lui aurait jamais rendu sa mobilité, d'autant plus qu'elle n'avait jamais été croyante.

Elle continuait de "marcher" tout en observant le beau ciel cendré qui s'éternisait au dessus de sa tête. On pouvait voir de grands faisceaux de lumière qui traversaient les nuages tandis que l'horizon commençait à se décharger pour laisser place à un magnifique bleu.

Puis une douce musique se fit entendre, s'intensifiant au rythme des "pas" de Beloved pour finir par être plutôt forte. Et celui d'où venait la musique apparu. C'était un homme, assis au pied d'un cerisier en fleur, grattant avec douceur les cordes d'une guitare électrique, les yeux fermés. La musique était forte, mais plutôt agréable. Et elle allait bien avec l'ambiance des lieux. La brise souffla plus fort pendant quelques secondes, faisant virevolter les cheveux noirs de la jeune fille devant son visage ébahi.

Si elle n'était pas de si bonne humeur, elle serait allée vers le garçon et lui aurait dit d'arrêter d'un air dédaigneux. Mais pour l'instant, elle ne fit que se pencher devant lui, écoutant la musique avec un petit sourire gravé sur ses lèvres. Dès que le morceau fut fini, elle remit une mèche de cheveux derrière l'oreille, elle qui était tombée involontairement tout en disant calmement :

"Vous êtes doué."

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Eikichi, lui, dans son coin, ne remarqua pas la sortie des élèves. Il centra son attention sur les bruits qu'il avait entendu quelques secondes avant. "Des pas ?", se demanda-t-il, intrigué alors que cette personne s'approchait à vue d'oeil. Lui, ne l'avait pas vue... et ne s'imaginait pas tomber nez a nez avec quelqu'un, et surtout avec une fille.

C'est alors qu'elle arriva en face de lui. Elle paraissait de taille moyenne, assez mignonne... Du moins, c'est ce que croyait le jeune homme qui ne savait pas distinguer un quelconque détail à cause du soleil qui refaisait son apparition dans le ciel, venant un peu l'aveugler. La vraie surprise fut l'éclair lumineux créé par l'interaction entre la lumière et l'acier des béquilles. Eikichi n'imaginait pas que quelqu'un d'invalide irait jusqu'à se perdre aussi loin des bâtiments, c'est soit insensé ou très très courageux de la part de la personne concernée.

La jeune fille, car il s'agissait bien d'une jeune fille : Eikichi en avait eu la confirmation lorsqu'elle lui fit un compliment sur son jeu de guitare. Son premier contact avec la gent féminine allait s'entamer, il fallait répondre avec tact, courtoisie et gentillesse... Comme le ferait un gars normal !... Quoique non, car, tel qu'il connaissait ces gars normaux, il savait qu'ils iraient droit au but en demandant si la fille était libre, ou non... De réels machos, en somme.

Le musicien esquissa un petit sourire, simple mais éfficace, et répondit un petit "merci" du bout des lèvres. Puis, il entama la conversation...

"C'est une des premières fois que l'on me fait des compliments sur mon jeu de guitare... Merci. Par contre, il faudrait veiller à ne pas me tutoyer... j'suis pas un vieux !"

Il venait de vraiment sourire, lachant un petit calembour assez marrant, en essayant de détendre l'atmosphère en quelque sorte. Puis, pour rester poli, il voulu rendre le compliment de la jeune fille, et en profita pour se présenter.

"Tu as de beaux yeux, parfaitement assortis avec tes cheveux, je trouve... Enfin bref, moi je suis Eikichi Maeda ! Ravi de te connaitre... euh... tu m'as déjà dit ton nom?"

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Beloved fit une moue étonnée. Elle avait toujours été habituée à vouvoyer, et cela depuis qu'elle était petite. Alors ce brusque changement d'attitude la brusquait un peu. Elle croisa ses béquilles devant ses jambes inertes et se redressa, regardant le jeune homme de haut.

"De rien! Et heu... Oui, mais je n'ai jamais été habituée à tutoyer les gens."

Puis elle acquiesça discrètement, d'un petit mouvement rapide, comme pour dire qu'elle avait retenu qu'il fallait le tutoyer et non le vouvoyer. Cet homme n'avait pas l'air très différent des autres. Mais cette fois, Beloved n'allait pas se laisser faire. Elle gardera son passé pour elle et ne dira rien sur tout ce qui touche à son handicap.

Elle redressa la tête pour admirer une nouvelle fois le ciel. Les nuages s'étaient entièrement estompés, laissant place à une grande étendue . A la lueur du soleil, les yeux vairons de Beloved brillaient de milles feus. Comme toujours. Puis le regard flamboyant de la jeune fille revint se poser sur son interlocuteur.

"Tu as de beaux yeux, parfaitement assortis avec tes cheveux, je trouve... Enfin bref, moi je suis Eikichi Maeda ! Ravi de te connaitre... euh... tu m'as déjà dit ton nom?"

Un compliment fut vite passé. Elle ne tressaillit pas et fit comme si elle ne l'avait pas entendu. Un air neutre sur le visage, elle écoutait attentivement Eikichi. Oui... Eikichi, c'était son nom. Au moins, il n'avait pas fait la faute qui, généralement, se faisait répondre par un vent ou d'une réponse froide du genre "Dîtes moi votre nom et je vous dirais le mien". Réponse qui ne servait un peu à rien, mais qui était dite juste pour se moquer de la personne.

Une pétale vint se poser sur l'épaule de l'handicapée tandis qu'une autre voleta jusqu'à percuter la peau imberbe de son bras nu. Elle enleva les deux pétales d'un coup de main avant de reprendre la parole. Mais finalement, elle se tut afin de réfléchir pendant quelques secondes. Ce compliment avait l'air sincère, aussi sincère que le compliment qu'elle avait également dit au pensionnaire.

"Merci! Non, je ne vous ai pas dit mon nom. Je m'appelle Beloved, Beloved Maoyamate... Enchantée également!"
répliqua t-elle, ne s'étant pas encore rendue compte qu'elle l'avait vouvoyé une nouvelle fois.

En voyant cette jeune fille souriante et frivole, c'était vraiment impossible de penser qu'elle souffrait de graves problèmes psychologiques comme la schizophrénie, la paranoïa, et c'était encore plus impensable de savoir qu'elle était sado-masochiste.

Elle partit s'agenouiller à côté d'Eikichi et posa ses béquilles à côté d'elle, à portée de main. Son regard se posa sur la guitare du jeune homme. Même si Beloved préférait les guitares sèches, elle était quand même captivée par l'instrument. C'était une Gibson, assurément. L'index droit de la jeune fille frôla avec douceur la surface noire et lisse de la guitare, sans l'autorisation de son propriétaire. Elle leva la tête en plongeant ses deux yeux dans ceux de son interlocuteur. A ce moment, elle n'avait aucune, mais vraiment aucune idée du charme qu'elle dégageait. Candeur naturelle? Hm... Oui, c'était à peu près ça. Elle ébaucha un doux sourire, montrant ses petites dents parfaitement blanches, avant de reprendre la parole une nouvelle fois. Jamais, enfin depuis son réveil, elle n'avait été aussi de bonne humeur et aussi bavarde.

"Votre guitare est magnifique... Vous jouer d'un autre instrument?
Moi je joue de la guitare sèche, de la flûte traversière, du piano... Ah, et je chante aussi!"

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Eikichi, toujours au sol, se sentait un peu pris de haut par cette jeune fille qui, même dans son handicap, semblait fière d'elle et décidait de le montrer très clairement à ses interlocuteurs. Pris de haut et... également comme "transporté" par l'espèce de classe que la fille inspirait, une sorte d'élégance naturelle,... un petit truc faisant toute la différence, quoi. Et lorsqu'elle se présenta, il ne retint pas un petit sourire un peu narquois vis-à-vis de son prénom, Beloved... Un mot qui signifiait "être amoureux(se)", ou quelque chose comme cela. Sur le coup, le jeune homme se posait des questions sur les parents de la jeune fille...

Et ensuite, prenant un peu Eikichi de court, elle s'assit au sol près de lui. Rien de bien extraordinaire, dirat-on. Mais le trop plein d'aise qu'elle prit le fit frémir : elle OSA venir toucher Ebony... Et sans la permission de son propriétaire légitime, qui plus est. De quoi rendre fou les musiciens les plus tarés et tordus, comme Eikichi en quelque sorte. Curieusement, le jeune garçon se retint d'insulter sa nouvelle connaissance et de, limite, s'en prendre à elle comme il l'aurait fait avec quiconque d'autre. Bizare bizare... Après tout, elle n'attendait peut-être que ça ? Qu'Eikichi se mette en colère, lui en flanque une, et qu'elle en rendemande, etc... Ce petit "scénario" masochiste trottait dans l'esprit d'Eikichi, rebondissant dans sa boite craniène, ricochant entre ses neurones... Et s'épanouit ensuite dans les abysses.

La question que Beloved posa le fit ressortir de ses pensées perverses et tordues. Elle venait de lui demander si il jouait d'autres instruments. C'est là qu'il fallait réfléchir, car deux possibilités s'offraient au jeune homme : primo, mentir et s'inventer une vie de multi-instrumentiste. Deuxio, dire la vérité et annoncer qu'il ne jouait que de la guitare, de la basse et de la batterie... Ce qui revenait un peu au même si on y pense un peu...

"Et bien... Attends. Dejà : ne me vouvoie plus. Et ensuite, on touche par à Ebony..."

Il venait de dire ça sur un ton assez semblable à celui d'un professeur venant enseigner ces savoirs à une élève peu coopérative. Il se décida enfin à répondre à sa question.

"En fait, je pourais enregistrer moi-même un album de rock en assurant tous les instruments. Ce qui veut dire : batterie, guitare, basse et bien-sûr le chant. Mais j'ai du me résoudre à ne prendre que mes guitares et ma basse, heureusement que j'avais assez de place..."

Il insista sur le "mes", comme pour vraiment souligner qu'il en avait plusieurs et qu'elles lui appartenaient... Cette sorte de ventardise allait elle marcher sur Beloved ? Personne ne le savait, il fallait laisser les choses aller...

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Et ce fameux Eikichi reprit la parole, d'un ton plutôt sévère, cette fois si. Beloved ignora ce ton, gardant un sourire angélique aux lèvres, puis chuchota d'un ton interrogatif :

"...Tu donnes des noms à tes instruments, toi?"

Elle l'avait tutoyé, cette fois. Sans effort particulier. On aurait pu la croire légèrement prétentieuse. Et bien pourquoi pas? On aurait dit que son interlocuteur faisait tout pour lui ruiner sa bonne humeur... Impossible. Il avait pourtant l'air d'un homme tout à fait charmant. L'handicapée plongea une nouvelle fois son regard flamboyant dans les yeux gris d'Eikichi.

Il était en train de parler, elle faisait mine d'écouter, mais en fait, elle l'analysait. Elle avait toujours été douée pour analyser les gens. Elle remarqua facilement qu'il avait du souffrir dans son adolescence. Sûrement comme les trois quarts des élèves, en fait. De ces trois quarts, Beloved en faisait partie. Juste que son passé était un peu plus lugubre que les autres. Enfin... Ce n'était pas si sûr que ça, finalement. C'était plutôt prévisible qu'il y ait comme des orphelins qui ont vu leur parents mourir sous leur yeux, ou alors qui les ont tués en pleine crise d'hystérie...

Elle réfléchissait à une vitesse folle, comme quoi elle avait pu établir une conclusion à la fin des trois phrases qu'avait prononcé ce jeune homme.

*Rien qu'à voir ce regard froid, il a du souffrir dans sa jeunesse. Mais... En quoi? Meurtre? Fugue? Pourquoi pas. Ce n'est qu'une hypothèse pour le moment... Il y a quelque chose de spécial en lui. Peut-être est-il un psychopathe? Non. Il n'a pas les mains d'un psychopathe. Et en plus, la musique et les meurtres ne collent pas ensemble. Ah, j'ai trouvé. Il a les trais endurcis et marqués. Alcool ou drogue? Peut-être les deux? Ouais. Il a bien l'air d'être un toxico. Enfin peut-être que je me trompe... Je ne vais pas lui poser la question "est ce que t'es toxico?", ça pourrait le blesser. Enfin bref, conclusion, ce gars à du plonger dans une grosse déprime un jour.*

Beloved pensait que la musique et la folie ne collaient pas ensemble, mais elle était folle, elle. Voire même un peu psychopathe. Mais elle n'en savait rien et n'osait même pas l'imaginer. La vérité allait bien éclater un jour. Pour le moment, le vent commençait franchement à se lever, et ses longs cheveux noirs aux reflets bleus en prenait un coup. L'adolescente mit la main dans la poche de son jean et en sortit un simple élastique. Puis elle noua une grosse mèche en une queue de cheval, laissant quand même quelques cheveux virevolter a leur guise. Pendant qu'elle était en train de remodeler la queue de cheval en gardant l'élastique entre les dents, elle marmonna assez fort pour que l'autre élève l'entende :

"Hm... Tu es nouveau non?"

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Ca, c'était pas croyable ! Pas croyable du tout : Eikichi venait de lui déballer un beau petit discours digne des plus grands séducteurs mais Beloved semblait s'en foutre, si bien qu'elle vint juste lui demander s'il était nouveau. Ca ne se voyait pas ? Quoique, quand on y réfléchit bien, on imaginerait mal un nouveau qui serait déjà en train de sécher les cours, même si les exceptions existent.

Après cette micro réflexion intérieure, le jeune homme saisit son sac et presque automatiquement, en sortit une bouteille remplie d'un liquide transparent que l'on aurait pu confondre avec de l'eau. Mais il en était tout autrement, il s'agissait bien d'alcool, de la Vodka pour être précis. Eikichi dévissa le bouchon de la bouteille avec les dents, cracha ce dernier dans sa main encore libre et prit une gorgée du "mystérieux" contenu. L'effet que produisait l'alcool en lui le détendait, il aimait boire de ce précieux elixir, qu'il s'agisse de Vodka, de Saké ou que sais-je encore... Et, de plus, il était plus sûr de lui en étant en état d'ébriété qu'en état normal.

Il retint un petit hoquet et répondit à la question de Beloved.

"Mmh ? Ouais... Je suis ce qu'on pourrait appeler un nouveau, ça fait quand même quelques jours que je suis là tu sais... Mais je ne m'affiche pas beaucoup dans l'école, question de principe. Je préfère faire le mort un petit temps, me créer des relations, et ensuite sortir de l'ombre avec quelques bases... Et toi, ça fait longtemps que tes là, toi ?"

Parfait, il ne demeurait aucune trace du commencement de son état. On ne pouvait même pas se douter une seconde qu'il venait de boire ne bonne grosse gorgée de Vodka. Et, de plus, l'arôme qu'il avait ajouté au liquide masquait quelque peu l'odeur de l'alcool qui pouvait trahir son état. Qu'il était tout de même organisé et machiavélique ce cher Eikichi ! Se donner autant de mal pour ne pas se faire repérer, pour ainsi dire rien étant donné que personne ne le remarquait d'habitude. Quoi qu'il en soit, il se déboruillait bien jusqu'à maintenant. Il décida donc de commencer un peu la conversation...

"Ah ouais... Parle-moi un peu de toi, tu m'as l'air d'une fille... Comment dire... charmante, intéressante et j'en passe... J'aimerai bien voir ce qu'il se cache derrière tes yeux."

Lui faisait-il du charme ? Du rentre-dedans même pas discret ? Pas du tout, il s'informait juste sur celle avec qui il allait parler aujourd'hui, son premier contact en milieu hostile, presque.

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... Ça se voyait tant que ça que Beloved l'avait ignoré? Vu qu'à la fin de sa question, Ekichi était déjà en train de sortir une bouteille de son sac. La jeune fille fusillait la bouteille du regard. De l'alcool, sûrement. Alors elle avait vu juste... Elle détestait l'odeur de l'alcool et avait généralement de grosses quinte de toux dès qu'elle la sentait, même rien qu'un peu. L'adolescente mit sa main devant sa bouche. Son odorat, sa vue, son ouïe, des sens qui avaient toujours été un peu plus développés chez elle, comparé aux autres. L'odeur n'était pas très forte, mais elle allait rapidement devenir envahissante.

Elle resserra les doigts sur l'acier de ses béquilles, au cas ou.

"Quelques mois."

Ce jeune homme devait essayer de cacher cette bouteille d'alcool... Ben voyons, Beloved voyait bien que s'en était.

"Ah ouais... Parle-moi un peu de toi, tu m'as l'air d'une fille... Comment dire... charmante, intéressante et j'en passe... J'aimerai bien voir ce qu'il se cache derrière tes yeux."

Alors là, c'était LA question qui tue. Lui parler de son passé? Et puis quoi encore?! Son passé était beaucoup trop douloureux pour être raconté à un inconnu. Beloved sentait sa bonne humeur la quitter... Peut-être allait elle redevenir une jeune fille froide et taciturne, peut-être qu'elle allait redevenir la vraie Beloved? Non non, ce n'est pas un cas de double personnalité, contrairement à ce que l'on pourrait penser, mais c'est juste que son caractère quand elle est de bonne humeur est... Très différent de quand elle est d'humeur normale.

"Ma vie s'est arrêtée il y a deux ans."

dit-elle d'un ton froid.

Elle ne pouvait plus supporter l'odeur de l'alcool qui planait dans l'air si bien qu'elle commença à tousser très fortement, comme si elle était malade. A la fin de sa quinte de toux, elle lança un regard noir à son interlocuteur qui voulait dire "Mais bordel, rangez cette putain de bouteille!" tout en continuant de répliquer de plus en plus froidement :

"Tu as d'autres questions?"

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Le ton de cette fille était vraissemblablement devenu froid à
l'évocation de son passé. Comme si quelque chose de grave s'était
déroulé et qu'elle en avait gardé un douloureux souvenir. Ce genre de
choses arrive, bien-sûr ! Mais pour changer au tac-o-tac de
comportement, et rétorquer le plus froidement possible. De plus, la
pseudo quinte de toux donc elle a été la victime l'espace d'un instant
fit bien comprendre à Eikichi que quelque chose chez lui la
dérrangeait. Son odeur ? Mais non, il ne pue quand même pasle bouc, ou
le porc, ou l'âne... ou n'importe quelle autre créature de la ferme ! A
moins qu'il s'agisse en réalité de l'alcool que Eikichi venait de
boire. Pouvait-elle sentir l'odeur de la vodka et la reconnaitre malgré
les arômes qu'utilisat le jeune garçon pour masquer l'odeur du liquide
? Fort... très très fort.

La chose qui choqua vraiment Eikichi était les deux phrases qu'elle
avait sorti lorsqu'il lui avait demandé de raconter un peu son
histoire, qui elle était, etc. La seconde vague de toux interrompit ses
interrogations, et pour répliquer le mieux possible, il remit la
bouteille de vodka dans son sac et envoya valser ce dernier un peu plus
loin, ne prenant pas garde à la bouteille qui pouvait couler et
mouiller tout ce que contenait le sac. Ensuite il regarda Beloved droit
dans les yeux, ces derniers semblaient virer vers le rouge lorsqu'on
les regardait attentivement, comme un regard tueur qui risquerait de
tirer au moindre problème. Et lorsqu'elle lui demanda si il avait d'autres questions, il s'empressa d'abandonner l'idée d'en savoir plus sur elle.

"Bien. Je ne pense pas avoir de questions à te poser... A quoi ça servirait après tout..." dit-il d'une voix etteinte.

Eikichi se gratta l'arrière de la tête, se frotta l'oeil droit et sortit un chiffon de sa poche. Il déplia soigneusement le morceau de tissu et commença à "nettoyer" Ebony, sa guitare. Ca se voyait, malgré les marques de coups et impacts qui macullaient l'instument, qu'il en prenait soin et qu'il y tenait. Durant ce rituel quotidien, il continuait de réfléchir à propos de Beloved... elle lui échappait littéralement : impossible de la cerner, impossible de prévoir ses réactions et donc impossible de ne pas la contrarier avec la connerie innée du jeune homme... Une fois qu'il eut fini, il rangea le tissu dans sa poche, admira son travail méticuleux et regarda à nouveau Beloved qui ne semblait pas avoir changé de caractère en à peine cinq minutes, dommage. Eikichi se lança tout de même.

"Alors, tu ne veux rien me dire sur toi... Tu veux me poser des questions, toi ? J'suis prêt..." dit-il.

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