Trop calme et trop vide, un peu de monde ?

Invité

Clic, clac… Le bruit dur des talons de la jeune fille claquant sur le sol lisse du couloir de l’entrée résonnait fortement aux oreilles de tous. Mais « tous », qui étaient-ce ? Les oiseaux émergent peu à peu ? Les faibles buissons de feuilles qui offraient à leurs fleurs pendantes, le soleil faible du lever du matin ? Peu importe, il n’y avait personne à consistance humaine dans l’entrée du lycée. Juste cette fille à la fière allure qui marchait d’un pas rapide.
Clic… Clac… Elle ralentit, puis s’arrête totalement. Tournant la tête dans tous les sens, elle ne trouvait pas. Mais que cherchait-elle si tôt dans la matinée ?

- Mais n’y a-t-il donc personne, ici ?! Disait-elle, tout haut.

Ce matin de bonne heure, elle s’en était allée, sans prévenir ses parents, juste sa sœur qui l’avait emmené en voiture jusqu’à son nouveau lycée, et par la même occasion, son nouvel internat. Elle n’avait guère apprécié que sa grande sœur l’accompagne jusqu’à la réception, alors elle était descendue rapidement de la voiture. Embarrassée par ses bagages, elle les avait déposés à la réception, l’accueil, ou n’importe. Voyant qu’il n’y avait personne, cette jeune femme avait donc attendu un bon quart d’heure, et seulement après ce quart d’heure -qui lui avait paru une éternité- s’était décidée, ou plutôt résignée à se lever pour explorer les lieux, ou non, à chercher quelqu’un qui puisse lui indiquer où les chambres sont localisés. Mais, en vain, elle avait cherché un bon bout de temps et n’était tombée que sur des bâtiments vides de monde. Elle avait appelé sans réponse et persévéré un bon moment. De cette marche, elle avait découvert que les lieux étaient beaux et agréables à vivre… Avec un peu plus de monde, à l’évidence.

Et voilà comment Emi se retrouva en quelques instant à son point de départ, c’est-à-dire, à l’accueil… Elle s’assied donc sur une chaise en sortant un petit calepin de la poche de sa jupe blanche. Elle y sortit également un pinceau très fin et commença à gribouiller quelque chose dessus en regardant par la fenêtre.

* Ichiru, Seiji, Naoki… La vie est bien triste sans vous…* pensait-elle en froissant la petite feuille et en faisant un panier dans la corbeille.

Aujourd’hui est le jour de son anniversaire. Jamais elle n’avait reçu de cadeau de la part de ses parents et cela depuis dix-sept ans. Son regard furtif se posa sur la bague qu’elle avait à l’auriculaire. Un petit bruit nasal et un soupire.

- Mais vous êtes toujours des gamins, non ?

Cette bague en argent avait été un cadeau qu'elle avait reçu, elle et ses amis, de la part de leur amie Aï. Elle avait offert une bague comme celle-ci à Seiji, Ichiru, Nosuke et Emi en clamant : " Voilà ! Toujours ensemble à partir d'aujourd'hui ". Ils s'étaient tous regardé en se demandant si elle n'était pas tombée sur la tête. Il l'ont mise en rigolant. Au début, ni Emi ni personne ne voulait la garder, mais au fur et à mesure, l'idée de l'ôter était devenue insensée à leurs yeux.
Dans l'accueil, à l'entrée Emi fixait attentivement sa bague en souriant. C'en était sûr, ils allaient lui manquer...

Invité

J'étais arrivé de bon matin au lycée. Mon père m'avait amené dans sa plus grosse voiture, avec son plus beau costume... J'essayais de me faire tout petit, de convaincre les éventuels passants que cet homme imposant et tape-à-l'oeil n'était pas mon père. Fort heureusement, il n'y eu pas le moindre passant. Après s'être démenés avec l'administration pendant une bonne heure, nous avons enfin trouvé où j'étais sensé loger, et mon père m'abandonna sous prétexte d'une réunion importante. Il en avait souvent, ces temps-ci, et toujours imprévues. Je me doutais de quelque chose, mais n'y faisais pas trop attention; après tout, il s'agissait là d'histoire d'adulte, c'était pas mon problème.

Après les avoir transportées aux bras et à la sueur de mon front, j'avais abandonné mes valises dans ma chambre, et avait commencé à visiter les environs; j'étais impressionné par l'étendue du domaine. Avec surprise, j'avais découvert un centre équestre et une piscine, appartenant au lycée. J'avais également croisé les traditionnelles bibliothèque, infirmerie, salles de classes. Cela me changeait de mon collège de petite ville! J'étais en passe de visiter les jardins, lorsqu'un bruit attira mon attention; un claquement régulier, résonnant dans l'entrée brisait le silence matinal.

Ayant aiguisé ma curiosité, je tâchais de découvrir l'origine du bruit; ma quête me conduisit vers la réception inoccupée - pause café de la réceptionniste, probablement -, où semblait attendre... Ma foi, une bien jolie fille. Assise sur l'une des chaises en plastique de l'accueil, elle contemplait une bague à son doigt. Une vague idée de fiancé me traversa l'esprit, sans que j'y fasse attention. Au vu des bagages qui attendaient non loin, je me doutais de la situation; réception vide, nouvelle arrivante sans point d'information. Eh! Je pouvais très bien jouer ce dernier rôle. Bien que je ne sois arrivé qu'une heure ou deux, je pouvais sûrement la renseigner; après tout, il ne s'agissait que de la guider dans l'établissement.

Je décidais donc d'aller de l'avant, et m'avançais vers elle. Je m'éclaircis la gorge afin de prévenir de ma présence, et une fois qu'elle m'eût remarqué, lui demandais d'un ton calme:

"Est-ce que je peux vous aider?"

Et esquisser un sourire engageant. Certes, ce n'était pas un exemple dans le genre d'abordage, mais je n'avais rien trouvé de mieux adapté à la situation. En m'avançant, je pu voir qu'effectivement, cette fille était bien jolie; bien que grande, elle n'en perdait pas en charme. Cette première journée au Lycée Shimizu s'annonçait bien!

Invité

Des pas… Oui, des bruits de pas humains, et non, ce lycée n’était donc pas démuni d’habitants. Mais « habitants » ne voulait pas forcément dire « réceptionniste ». Emi ne releva pas la tête du fin cercle d’argent. La porte s’ouvrit, les pas se firent plus proches, puis s’estompèrent. Prête à s’étirer en baillant, la jeune femme leva les yeux et s’arrêta net. Un garçon, sûrement interne lui faisait face. Ni grand, ni petit, visage plutôt banal hormis les yeux. Il la regardait tout en lui proposant son aide. Ce n’était pas de refus. Cela faisait un très long moment maintenant qu’elle attendait l'aide d'une personne assez polie pour se dévouer. Par politesse elle se leva en le saluant, puis planta son regard dans le sien. Peut-être que beaucoup de gens n'aimaient pas d'être regardé ainsi. Peut-être qu'ils se sentaient mal à l'aise sous ce regard perçant, mais Emi s'en fichait. D'abord, c'était sa façon de regarder, dérangeante soit-elle.

- He bien, répondit-elle en posant furtivement son regard sur la réception, si vous pensez pouvoir faire le travail d’un employé, vous m’aideriez bien, en effet.

La jeune femme changea son regard de direction. En réalité, elle ne se sentait pas à l’aise avec les personnes qu’elle venait de rencontrer. Elle ne les connaissait pas, ainsi elle ne savait pas comment leur parler, ni comment réagir. Mais sur le moment, elle pensait bien ne pas avoir fait fausse route. Si un garçon inconnu arrivait devant elle en lui proposant de l’aide, elle n’allait certainement pas l’envoyer balader en imposant une image très négative d’elle-même. Elle tourna la tête un moment puis, à quelques pas d’ici, de sa main droite elle attrapa une valise blanche et dorée. Le problème était qu’Emi était très chargée. Une personne normale aurait emmené une valise ou deux, mais… ce n’était pas le cas de cette jeune femme. D’accord elle avait deux valises bien remplies, mais alors, qu’était-ce, cette grande pochette d’environ sa taille ? Et, pourquoi y’avait-il posé par terre, un paquet très fin, tout en longueur ? Du matériel de peinture, certes très imposant. Elle avait tenu a apporter ses propres biens, en sachant l’encombrement que cela nécessiterai. De sa main gauche elle porte son autre valise, identique. Sûrement qu’elle n’avait pas fait ses comptes, car au moment où elle s’apprêtait à revenir vers le garçon, qui lui semblait bien poli, elle se rendit compte qu’elle avait laissé derrière elle la pochette de tableaux, ainsi que son support. Elle soupira, puis en regardant l’inconnu, elle sourit timidement. Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes de demander de l’aide, mais, là, elle ne pourrait pas faire autrement…

- Est-ce que… Vous pourriez juste… Mais si cela vous embête, je ferai demi-tour pour reprendre ce… truc. Dit elle en pointant du doigt son nécessaire à peinture.

Invité

Répondant à son salut, je croisais son regard; sa façon de le regarder était étrange. Non pas qu'elle soit extrêmement gênante, mais plutôt inquisitrice, franche. Légèrement mal-à-l'aise, je détournais brièvement le regard, perdant un peu de mon assurance face à une telle fermeté d'esprit que cette fille semblait avoir. Elle accepta mon offre d'aide, et alla chercher ses valises, qui, comme je le remarquais bien vite, étaient assez nombreuses. Voyant qu'elle n'aurait vraisemblablement pas de bras pour tout porter seule, je commençais à m'avancer vers le reste de ses bagage, lorsqu'elle demanda mon aide, l'air un peu embarrassée;

" Est-ce que… Vous pourriez juste… Mais si cela vous embête, je ferai demi-tour pour reprendre ce… truc.
- Ne vous inquiétez pas, la rassurais-je aussitôt en décrochant un sourire, Je vais vous donner un coup de main, ça ne me fera pas de mal!"

Et je pris sous le bras la pochette en prenant soigneusement le paquet fin, sans trop savoir ce que contenaient l'un et l'autre. Tâchant de ne pas les abîmer, esquissais un sourire légèrement mal assuré, avant de prendre m'exclamer:

"Oh, excusez-moi! Je ne me suis même pas présenté! je la saluais à nouveau et continuais: Je me nomme Yaël Crown, votre guide provisoire pour votre arrivée au Lycée Shimizu! Bien que je ne pense pas faire le travail d'un employé à proprement dit, je suis tout à fait capable de vous amener à la liste de répartition dans les chambres et vous faire visiter le domaine!"

Nouveau sourire, avant d'entamer la marche. Cette fille était jolie, mais elle avait l'air assez froide. Un peu comme moi d'habitude; c'était pas ma veine, tiens. Pour une fois que ce n'est pas moi qui suis distant! Je la guidais jusque notre première étape; la liste des chambres du dortoir. En chemin, je cherchais un sujet à aborder afin d'engager la conversation; malheureusement, rien ne me venait à l'esprit. A croire que cette fille m'avait troublé, jusque dans les méninges! Je la regardais à nouveau, et me rendis compte d'une chose: alors que je m'en tirais plutôt bien avec la pochette et le paquet, elle avait l'air de peiner avec ses deux grosses valises. Je m'arrêtais et lui proposer d'échanger nos chargements; après tout, même si je n'étais pas bien épais, j'étais tout de même fort, et nul doute que je serais moins dérangé qu'elle par ces bagages. Mais encore fallait-il qu'elle accepte l'échange.

Invité

« Ne vous inquiétez pas ». Mais ce n’était pas dans les habitudes de cette jeune femme blonde de s’inquiéter, même si d’habitude elle aurait répondu « Je ne m’inquiétais pas », cette fois-ci, elle s’était contenté de lui sourire calment. Pour cause qu’elle n’était pas froide au point d’en être désagréable… Elle le regardait se pencher pour attraper ses toiles et leurs supports. Elle se demandait si il allait deviner à quoi ces paquets faisaient référence. S’il trouvait, - et elle en doutait - Emi se contenterai de sourire, et franchement. Quelques personnes, dont sa sœur, avaient déjà vu sur son visage, une expression très légère au sourire doux et franc. Mais ceux-là étaient resté rares. A côté de cet aspect taciturne et mystérieux, il y avait la peinture et les fleurs qui révélaient sa fragilité non apparente. A l’accueil, dans la fraîcheur égarée du matin, sous les rayons déjà hauts du soleil qui produisaient un agréable halo de lumière, Emi était seule avec un garçon. Chose impensable sauf si c’était ses amis qui étaient en sa compagnie. Elle éprouvait une légère sympathie pour celui-ci. Déjà elle le trouvait poli, et ce n’était pas une bête qui rugissait des mots incohérents et vulgaires dans chaque coin de phrase. Intérieurement, elle soupirait joyeusement, et puis, la tirant de son esprit, le jeune homme se présenta en une longue phrase. « Yaël Crown ». Elle laissa échapper une petite exclamation. Emi ne connaissait que très peu de personnes aux prénoms occidentaux, et fut par conséquent surprise. Tout en marchant - avec la peine que lui affligeaient ses deux valises qui n’étaient pas si petites que ça -, la blonde se laissait conduire. Elle remarqua que les lieux étaient beaux à voir, même de l’intérieur. Elle avait une vague inspiration qui lui venait, peut-être une prochaine peinture, peut-être un prochain dessin ou peut-être simplement rien du tout. Seul les bruits de pas désaccordés de ces deux jeune gens qui semblaient silencieux et gênés résonnaient, accompagnés par le bruit incessant des roulettes des deux valises et ponctué par le « clic clac » des talons de la jeune femme. Puis, un des bruits s’arrêta. C’était le blond, aux yeux bleus qu’Emi qualifia de « profonds et d’élégant » qui s’était arrêté.

- Hum ? Un problème ? Demandait-elle en s’arrêtant à son tour.

Au même instant, il lui demanda le changement de chargement. Elle fronça les sourcils, mais pas méchamment, non. Plutôt d'une manière compatissante. Peut-être n'existe-t-il pas de manière compatissante de froncer les sourcils, mais c'était en tout cas une manière assez douce.

- Pas question, vous m’avez déjà bien aidée…! Après un moment, elle se rendit compte qu’elle ne s’était pas présentée en temps. Ah !! Mon nom… Désolée de ne pas vous avoir répondu dans l’immédiat… C’est Emi Chizuka. Enchantée !

C’était la première fois. La toute première fois qu’Emi avait fait une faute comme celle-ci. Enfin pour elle, c’en était une, de faute, de ne pas se présenter en même temps que la personne qui s’étaient présentée en premier. Elle était très confuse, cela aussi était rare, même si ce n’était pas la première fois. Sa froideur s'était un peu estompée, car elle s'était vue faire une erreur, et lorsqu'elle en commettait c'était lorsqu'elle se sentait déjà un peu plus à l'aise. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, Emi ne pensa plus qu'il avait un visage banal. A bien y regarder, c'était un visage très fin. Elle lui trouvait même beaucoup de charme, mais évidement, elle n'en dit mot.

Invité

Je ne pus m'empêcher de rire légèrement en voyant sa confusion, réaction qui ne se voulait nullement méchante ou désagréable; elle qui, quelques instants plus tôt, paraissait de marbre, laissait tout de même paraître un pan de sa personnalité. Elle devait, un peu comme moi-même, avoir besoin de briser la glace pour se révéler. Si c'était le cas, alors j'étais sur la bonne voie; la manière dont elle avait décliné mon aide en fronçant les sourcils, d'une façon qui, me sembla-t-il, ne se voulait pas sévère, ainsi que cette confusion nouvelle me le laissaient penser.

"Eh bien, Mademoiselle Chizuka, déclarais-je amusé, je vous remets votre pochette à dessin - si c'en est bien une - et votre paquet de pinceaux ou autre, et me charges de vos valises, que vous le vouliez ou non!"

Et sans plus tarder, j'échangeais de porteurs les bagages, lui dégageant délicatement les mains de la demoiselle des poignées des valises pour ensuite les remplir du reste de ses affaires.

"Je ne peux pas me permettre de vous laisser avec tout cela, expliquais-je avec un sourire. Vos mains et bras risqueraient de ne pas apprécier l'effort. Et ce serait dommage de les abîmer, non?"

Et de repartir en l'encourageant d'un regard malicieux. Tout en marchant, je lui indiquait que la liste ne devrait plus être très loin; la première étape de notre voyage se rapprochait.

"C'est qu'elles sont pas légères, ses valises! Y'a quoi, dedans? me demandais-je en tentant de dissimuler l'effort imprévu que je faisais pour tracter les bagages. La vache, ça me ferait presque mal aux mains! "

Et de maudire mon opposition à faire un peu plus de sport par le passé, ainsi que de me promettre de me mettre à la muscu dès cette année. Continuant la marche aux côtés de la jolie demoiselle, j'essayais de ne pas trop la regarder, ayant, comme bon nombre de garçons de mon âge, la fâcheuse tendance à loucher de façon indécente dès qu'une jolie fille passe dans notre champ de vision. Or, je me doutais que c'était précisément le genre de comportement à ne pas adopter avec la demoiselle, aussi tentais-je de m'en abstenir du mieux que je pouvais. Je lui posais quelques questions, histoire d'animer un peu le bout de chemin restant, ma voix couvrant le son de ses talons.
D'ordinaire, ce bruit m'agace, me dérange; le claquement sec et résonnant à chaque pas, attirant l'attention sur le passage de leur propriétaire, relayé par quelques attributs relativement aguicheurs, n'étaient pas pour me plaire. Mais dans le cas présent, cela ne me faisait ni chaud ni froid, allez savoir pourquoi.

"Excusez-moi si je suis trop curieux, mais avez-vous des amis, ici, mademoiselle? questionnais-je gentiment."

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Une des réaction qu’Emi détestait le plus. Cela ne la mettait pas en colère, au contraire, l’embarras ne se faisait que plus intense encore. Elle détourna le regard en tournant machinalement l’anneau qu’elle avait au plus petit de ses doigts, gênée. « Obstinée » n’était pas un adjectif qui correspondait à Emi, cependant il était très bien attribué à ce jeune homme, Yaël, qui avait bien la ferme intention de porter les valises lourdes de la jeune femme. Elle ne pu s’empêcher se sourire lorsqu’elle l’entendit parler de son nécessaire à peinture. Il avait un peu tort, puisque c’étaient des toiles, mais cela ne faisait rien. Lorsqu’elle baissa les yeux, ce fut avec surprise qu’elle se vit porter les toiles ainsi que les pinceaux et les pieds en bois. Ce Yaël avait déjà pris en main ces lourdes valises encombrantes. « Mais qui en aurait quelque chose à faire, de mes mains…? » pensait-elle, lorsque de ce sourire si posé, il lui avait fait part de l’effort néfaste à ses mains qu’elle faisait. Emi le regarda, puis soupira en souriant.

- Si vous y tenez tant…

Par la suite, il la tint au courant de l’emplacement de la liste qui se trouvait non loin d’ici...
Ils se remirent tout deux en marche. L’un traînant des valises très lourdes, l’autre portant sous le bras des cartons plus ou moins plats. Elle ne savait pas pourquoi, ni comment cette idée lui avait traversé la tête, mais… Emi a un certain moment, s’était demandé s’il avait des amis ici. Après mûre réflexion ( ou pas tant que ça ) elle se dit que c’était évident. Elle se dit même qu’un bon nombre de filles devaient lui courir après, avec un physique pareil. Cependant, elle ne connaissait pas la mentalité de la gente féminine dans ce lycéen et préféra ôter cette idée infondée de ses pensées. Commencer une conversation était le point faible d’Emi. La finir était plus facile pour elle, d’ailleurs… Elle tourna la tête vers le jeune homme, s’apprêtant à demander quelque chose, mais il prit les devant en lui demandant si celle-ci avait des connaissances dans ce bâtiment, et autre chose, il l’avait appelée par son nom de famille. Comme elle n’aimait pas sa famille, c’était plus une contrainte pour elle, de porter ce nom. « Vivement que je me marie… » avait-elle pensé, sur le coup.

- He bien, répondit-elle, j’en doute fort. Je viens d’arriver, et je n’ai vu personne… Enfin vous êtes la première personne que je rencontre ici !

Au final, elle était assez contente de ne pas avoir trouvé quelqu’un dans ce lycée au départ. Elle ne serait pas allé voir cette personne, de toute façon. Là, c’était différent. C’était ce garçon qui était venu à elle en lui proposant de l’aide.

- Ah. Et si vous pouviez m’appeler Emi…

Elle n’allait pas dire « Appelez-moi par mon prénom, parce que je déteste mon nom. Bien qu’il ne soit pas moche, je déteste ma famille alors… blabla. » non. Juste Emi. Et puis, Mlle Chizuka semblait trop formel. Elle lui sourit et reposa son regard sur sa main en passant son autre main dans ses cheveux blond. Elle arrêta net de sourire. Où était passé sa bague ? Elle écarquilla les yeux, incrédule et déstabilisée. Elle posa les « bagages », prit Yaël par l ‘épaule gauche de sa main droite, se mit en face de lui, et lui montra sa main droite, très sérieuse.

- Voyez-vous… Voyez-vous une bague, sur ma main ?! Demanda-t-elle en commençant a respirer plus vite.

Jamais elle ne l’avait ôté, cette bague. Cela était trop important à ses yeux... Emi posa son autre main sur l’épaule du jeune homme.

- Alors… Dites-moi que vous la voyez ma bague…

Comportement d’une fille complètement déboussolée, n’est-ce pas ? Qu’allait penser le jeune homme qu’elle venait tout juste de penser, en voyant bien la main vierge de bijou de la demoiselle ? Même elle, elle se sentait stupide, à ce moment.

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Elle me répondit qu'elle n'avait pas d'amis ici; certes, elle venait d'arriver, mais au cas où elle aie connu quelqu'un qui était déjà dans ce lycée... Sa requête suivante me troubla bien plus; elle me demandait de l'appeler par son prénom! Chose à laquelle je n'étais pas du tout habitué; mon père m'avait toujours appris à être très poli et respectueux, et malgré mon opposition à l'autorité paternelle de ces dernières années, c'était l'un des plis de l'éducation dont je ne me défaisais pas. Mon père disait toujours "qu'appeler quelqu'un par son prénom, c'est la première marque de proximité". Et la voilà qui me le demandait...! Comment devais-je le prendre? Mon imagination ayant tendance à s'emballer vitesse grand V, des dizaines d'hypothèses plus ou moins vraisemblables se mettaient déjà en place dans mon esprit; je lui plaisais, elle n'avait pas l'habitude, elle voulait briser cette glace qui nous séparait, elle...

Mon imagination se retrouva stoppée net dans son élan lorsqu'Emi me prit par l'épaule - geste qui me troubla presque autant que sa requête, le contact physique étant relégué au même titre que l'appellation dans mon éducation - et me brandit sa main sous le nez.

"Voyez-vous… Voyez-vous une bague, sur ma main ?! demanda-t-elle d'un ton où perçait la panique."

Avant que je lui réponde par la négative, interloqué par cette question incongrue, elle m'attrapa les deux épaules; elle semblait vraiment préoccupée par cette bague invisible. Elle semblait me convaincre qu'une bague était à son doigt, comme quelqu'un tentait de convaincre son voisin de l'arrivée imminente des extraterrestres. Puis le vague souvenir de la voir contempler quelque chose à son doigt lorsque j'étais arrivé à elle tout à l'heure me fit comprendre la situation; elle devait avoir perdu sa bague. Mais c'était tout de même étonnant qu'elle réagisse aussi fortement pour une bague!

"Hum, non, désolé, je... je ne vous vois aucune bague, commençais-je avec difficulté, ne sachant trop quel ton adopter. Mais, elle a dû tomber en chemin, si nous revenons sur nos pas, nous pourrons la retrouver. Nous pouvons aller déposer en vitesse les bagages au dortoir et revenir la chercher, qu'en dites-vous?"

Mes yeux se posèrent alors sur les bagages, et je songeais à la longue liste qui nous attendait. Il nous faudrait sûrement un bon bout de temps avant de retrouver la demoiselle parmi tous les noms, tout comme moi-même avais eu du mal à me retrouver il y a peu. Mais quelque chose me dit que, dans cet état de fébrilité, Emi supporterait mal de chercher sagement et patiemment. Une idée me passa par la tête, et je m'empressais de la lui exposer:

"On perdrait du temps à chercher dans quelle chambre vous êtes. Pour aller plus vite, on peut toujours déposer vos affaires dans ma chambre, pour l'instant je suis le seul installé. On reviendra les chercher après avoir retrouvé votre bague, d'accord?"

Invité

Pendant que Yaël semblait réfléchir, Emi commençait légèrement à paniquer. Si elle faisait demi tour maintenant avec lui, à la recherche de sa bague, qu’allaient devenir ses affaires ? Chercher sur la liste un simple nom parmi tant d’autres allait être long, en plus… Elle cherchait une solution sans trop en trouver, c’est alors que le jeune homme prit la parole. Il venait ma foi, de trouver une bien bonne idée. Comme lui avait une chambre ( dont il connaissait le numéro et l’emplacement ), ce serait plus rapide d’y déposer les affaires d’Emi. Elle accepta donc sans hésitation.

- Merci, c’est gentil…

Elle ôta donc ses deux mains des épaules du jeune homme en reprenant un peu son calme. C’était dans un geste de panique qu’elle l’avait prit par les épaules, et non par habitude ou quelque chose comme de ce genre.

- Hum, pardon, s’excusa-t-elle, ça a dû vous surprendre...

La jeune femme mit d'ailleurs, un certain temps à décrocher ses yeux gris verts de ceux de Yaël et de son visage. Un long moment... jusqu’à ce qu’elle se rende compte que regarder une personne comme cela, dans les yeux, et aussi longtemps était soit déplacé, soit aguicheur, Alors elle tourna la tête et engagea la marche, en reprenant ses affaires en main, concentrant à nouveau ses pensées sur sa précieuse bague qui avait été la source d'autant d'agitation de sa part.

[ TROP COUUURT ]

Invité

{Pas grave, moi aussi c'est court! >< }

Elle accepta mon idée; de toute façon, je ne voyais pas vraiment d'autre solution. Elle retira ses mains de ses épaules - j'en avais presque oublié qu'elles y étaient - en s'excusant, puis, chose étrange, nous restâmes yeux dans les yeux quelques instants durant. Quelques instants où tout semblait suspendu, où la bague n'avait jamais été perdue, où le temps s'était arrêté. Sans bouger, nous étions là, à nous regarder comme si nous ne nous étions pas vus avant. J'eus alors le loisir de voir la couleur des yeux de la demoiselle: une jolie nuance de vert et de gris, très beau. Puis elle détourna le regard, rompant le lien invisible qui s'était tissé entre nous durant cet instant, reprenant la marche. Pour ma part, je mis quelques secondes à émerger, avant de la suivre, légèrement embarrassé.

En marchant, je lui jetais un nouveau coup d'oeil, recherchant peut-être dans son regard la lueur que j'y avais vu précédemment. Mais d'après ce que je vis, ses pensées n'étaient plus de nouveau tournées que vers la bague, si précieuse.
Marchant à un bon rythme, nous arrivâmes en moins de deux. Je lui ouvris la porte de ma chambre, me félicitant d'avoir attendu pour larguer mes affaires de-ci de-là dans la pièce. Je posais les deux valises au pied de mon lit, puis les deux paquets, que je lui pris délicatement des mains, sur mon bureau. Je me tournais vers elle avec un sourire qui signifiait "Voilà, c'est fait!", avant de retrouver son regard tourmenté.
Nous sortîmes de la chambre, et revînmes sur nos pas, commençant à chercher la bague.
Régulièrement, je lui jetais des coup d'oeil, peut-être pour voir si elle l'avait retrouvée, peut-être pour voir autre chose...

Invité

« Ça ne me ressemble pas, ça ne me ressemble pas, ça ne me… ressemble pas. » pensait-elle sans s’arrêter. A chaque pas qu’elle faisait, jusqu’à la chambre du garçon, elle avait en image, juste ses yeux et sa voix. Arrivés au seuil, Emi s’arrêta, regardant juste ce garçon qui déposait ses affaires au pieds de ce qui semblait être son lit, à proprement parler. Il vint par la suite en sa direction et lui prit des mains les paquets qu’elle tenait. Pendant un court instant, elle sentit… Juste une petite seconde… elle sentit ses mains en contact avec les siennes. A nouveau, elle se dit : « Ça ne me ressemble pas, ça ne me ressemble pas », inlassablement. Puis ils revinrent dans le couloir, qu’elle traversait rapidement. Elle s’attacha les cheveux de l’élastique qu’elle avait autour du poignet. Elle tourna autour d’elle, sans se baisser de trop, puisqu’elle était en jupe. Elle réfléchit. Elle avait commencé à embêter cet anneau un peu avant, près du bureau de la réception… S’empressant d’y aller, elle se mit à genoux mais ne vit rien de semblable à une bague. La jeune femme se releva et chercha du regard, lorsqu’une petite lueur argentée, juste sous la chaise où elle s’était assise, en face donc, attira son regard... Elle s’y rendit en reconnaissant bien le petit bijou et ramassa sa bague. Personne ne l’avait trouvé avant elle, c’était un tel soulagement ! La passant autour de son doigt, elle revient près de Yaël où elle lui brandit sa main en souriant.

- C’est bon, je l’ai ! Elle était cachée sous une chaise, elle a dû rouler jusque là…

A ce moment précis, une sonnerie retentit. Elle plaqua ses mains contre les poches de sa veste grise. C’était son portable. Elle s’excusa, et ouvrit le clapet. C’était un message de cette amie, Aï : « Bonne chance dans ton nouveau lycée, passe nous voir et ne perds pas ta bague, sinon… ! ». Emi laissa échapper un soupire, ferma le clapet de son portable, puis le rangea à la hâte. Puis elle releva la tête vers Yaël.

- Je vous suis redevable. Vous m’avez beaucoup rendu service, déjà. Vous êtes comme ça avec tout le monde ? Demanda-t-elle en riant doucement.

En tout cas, c’en était sûr, Emi elle, n’était pas du tout « aussi proche » de quelqu’un dès la première rencontre, alors la sympathie récente qu’elle éprouvait pour ce jeune homme, elle était sûre ( ou à peu près ) que c’était réciproque. Mais n’est-ont jamais sûr de rien ? Tout en riant, elle escalada ( de pas bien haut ) le rebord de la grande fenêtre en s'y asseyant. Elle ôta son élastique de ses cheveux, puis tendit la main vers Yaël pour l'aider à monter.

- Vous montez ? demanda-t-elle en affichant un grand sourire si rare.

Invité

J'étais dans un étrange état d'esprit. Depuis cet échange de regards, tout à l'heure, je ne cessais de jeter de fréquents petits coups d'oeil à Emi, sans trop savoir pourquoi, sans trop avoir de raison. Lorsqu'elle s'attacha les cheveux, je restais quelques secondes à la regarder; ça lui allait très bien... Mais je ne dis rien, tombé soudainement dans un mystérieux mutisme. J'essayais de me concentrer sur la recherche de la bague, ne sachant trop que chercher étant donné que je ne savais pas à quoi elle ressemblait. Mais heureusement, je n'eus pas à chercher bien longtemps, car bientôt Emi arriva, victorieuse. Elle semblait si soulagée de l'avoir retrouvée! Ca me fit plaisir pour elle, et regardais amusé la main qu'elle me tenait fièrement; regardais-je plutôt le bijoux, ou ses doigts fins...?

Une sonnerie retentit; par réflexe, je portais la main à ma poche, pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas du mien. Emi avait reçu un message qu'elle lu calmement. J'en profitais pour regarder son visage; je ne m'étais pas trompé, elle était vraiment jolie.

"Je vous suis redevable, déclara-t-elle. Vous m’avez beaucoup rendu service, déjà. Vous êtes comme ça avec tout le monde ?"

Pour toute réponse, elle obtint un vague haussement d'épaules et un sourire désabusé. Elle alla s'installer sur le rebord de la fenêtre et se détacha les cheveux, qui retombèrent en cascade sur ses épaules. Je la regardais sans mot dire quelques instants; le Soleil, encore assez bas dans le ciel, venait illuminer sa chevelure blonde, la coiffant d'une aura de lumière. Je restais ainsi ébahi par ce tableau, lorsqu'elle me tendit une main en me proposant de monter la rejoindre. J'attrapais doucement sa main, un léger frisson me parcourant l'échine au contact de sa peau, puis m'assis à côté d'elle.
Je plongeais à nouveau mon regard dans le sien. Sans retenue, je me noyais dans ses yeux. Retrouvant miraculeusement l'usage de ma voix, je répondis à sa dernière question;

"Non... Il n'y a qu'avec toi..."

Invité

Lorsqu’il attrapa sa main, Emi arrêta de rire, surprise par l’effet que lui avait infligé ce contact. Elle savait, dans ces moments là. Oui, elle savait ce que cela représentait, et c‘était quelque chose de plutôt positif… Tellement la jeune femme était surprise par l’émotion, le sentiment, l’impression, ou quelque soit l’adjectif qui était soupçonnable de décrire ce qu’elle ressentait, elle ne s’était pas rendu compte que sa main était toujours dans celle du garçon. Il eut ce qu’on appelle, « un vide » durant lequel ni Yaël, ni Emi n’étaient en mesure de parler. En fait, tous deus étaient véritablement absorbés par le regard de l’autre. Brisant le silence qui s’était brutalement imposé, ayant visiblement retrouvé sa voix, il répondit avec un petit temps de retard - auquel elle ne prêta aucune attention, d’ailleurs -. S’il était serviable et aussi attentionné, ce n’était pas envers « tout le monde » mais envers, elle… seule. Et chose qu’elle avait apprécié encore plus : il avait finalement décidé de la tutoyer avant qu’elle ne le fasse. Bien que nous ayons là une jeune femme qui semblait avoir un bon caractère amical, Yaël en restait l’exception. Peut-être le seul, ou peut-être pas à voir cette Emi là. Alors qu’elle ne se rendait pas compte qu’elle avait encore la main de Yaël dans la sienne, elle lui répondit de sa voix très particulière, car très nette et cristalline, cette voix qu’elle utilisait pour le chant, un :

- Merci…

Un peu réservé. Elle avait l’impression que son cerveau ramollissait considérablement pour une raison qu’elle ne pouvait, ou ne voulait pas expliquer. Le matin de son arrivée n’était pas si mauvais que ça, elle ne regrettait pas d’avoir laissé sa grande sœur à l’entrée. La fenêtre ouverte, laissait passer un long et mince filet d’air tiède qui remua les cheveux d’Emi. Plus ou moins aveuglée par ceux-ci, elle ferma les yeux un court instant, afin de dégager cette mèche de cheveux obstruant sa vue. Elle baissa son regard vers sa main, et c’est à ce moment, après bien longtemps qu’elle remarqua la présence de la main de Yaël, juste là, dans la sienne. Si elle e l’avait pas remarquée jusque-là, c’était peut-être parce que ça ne l’avait pas vraiment dérangée, mais elle ne pouvait pas en dire autant du jeune homme. Emi ôta sa main d’une manière éthérée, et regarda par le fenêtre. Au dehors, il y avait des jardins et une grande cour. Bien qu’elle se fichait royalement de ce paysage qu’elle considérait « décoratif » plus que « utile » en voyant le panneau « interdiction » planté dans l’herbe fraîche, elle n’avait cependant pas, comme précédemment dit, une grande habileté à entamer une conversation…

Invité

Elle lui répondit d'un merci cristallin, simple mais doux à mes oreilles. J'avais l'impression que sa présence essuyait progressivement toute pensée de mon cerveau. J'avais arrêté de réfléchir, tant et si bien que je ne m'étais pas rendu compte que j'avais laissé ma main dans la sienne. Elle baissa les yeux sur nos mains liées, et, suivant son regard, je m'aperçus de mon oubli. Elle retira doucement sa main de la mienne, avant de regarder le paysage.

Le fait qu'elle ait retiré sa main m'avait, étonnamment, quelque peu refroidi. Pourtant, l'état d'esprit dans lequel je me trouvais ne s'envola pas aussi vite. Je restais quelques courts instants à la regarder, plongée dans le paysage, éclairée par la douce lumière du Soleil matinal, avant de tourner le regard, vers l'intérieur du bâtiment pour ma part. Une sorte de gêne m'empêchais de la regarder plus longtemps, ou d'essayer de me rapprocher. Au lieu de ça, je regardais vaguement le mur d'en face, la tête vide. Un léger silence s'installa, seulement accompagné par le bruit de mes doigts tapotant légèrement le rebord de la fenêtre, premier signe de nervosité chez moi.

Cherchant plus ou moins quelque chose à dire, je laissais vagabonder mon regard, mes yeux se posèrent à nouveau - l'avais-je vraiment décidé? - sur elle. Et, plus précisément, sur sa main, qui quelques instants plus tôt se trouvait encore dans la mienne. Sa main, qui portait la bague. Je me rappelais alors l'angoisse qu'elle avait ressenti lorsqu'elle s'était rendue compte de l'avoir perdue. Je me doutais qu'elle devait y tenir, d'ailleurs sa joie de retrouver le bijoux confirmait cette hypothèse.
Ne supportant plus vraiment ce silence encombrant, je tâchais de lancer à nouveau la conversation.

"Dis-moi...- ma voix était rendue un peu rauque à cause du silence; je me l'éclaircis brièvement avant de continuer: - ... Cette bague, vous avez l'air d'y tenir beaucoup. C'est un souvenir? Ou bien, un cadeau...? D'un... d'un ami...?"

L'idée que ce fût un garçon qui la lui avait offerte, en mémoire d'un quelconque événement, ne me quittait pas; après tout, je ne connaissais pas vraiment son passé, peut-être était-ce le cadeau d'un ancien petit ami qu'elle avait du mal à oublier, ou bien son copain actuel qui l'attendait, à moins que ce ne soit un prétendant en bonne voie qui...
Lorsque je lui avais parlé, j'avais mêlé vouvoiement et tutoiement; je ne le remarquais nullement, pourtant cela montrait bien où j'en étais: je ne savais plus trop comment l'appeler, comment me comporter avec elle.

Invité

Il voulait donc savoir d’où provenait la bague qu’elle portait, cette bague à laquelle elle portait une grande importance sentimentale. Elle le regardait en souriant. Il avait eu un peu de mal à le lui demander et l’avait tutoyée, puis vouvoyée, sans s’en rendre compte. Un souvenir : oui, un cadeau : de même, d’un ami : pas exactement, mais en effet, elle y tenait beaucoup, à ce maigre cercle d’argenterie.

- Très perspicace ! S’exclama-t-elle, c’est un peu des trois. Une amie me l’a offerte ainsi qu’à d’autres de notre cercle d’amis, commençait-elle en laissant son regard vagabonder dans la pièce. Elle était si sérieuse en nous la donnant, que nous n’avons pas pu résister. Au début, je l’ai portée sans intérêt, mais au fur et à mesure que le jour de mon départ arrivait… Je me suis dit que… J’avais de la chance d’avoir des amis aussi peu communs…!

« Peu communs, mais très attachants, lorsqu’on les connait… » songea-t-elle.
Au début du collège, était arrivé Emi, nouvelle et très, mais vraiment très distante, avec n’importe qui. Sa première amie avait eu du mal à se faire accepter, et ce ne fut qu’au bout de quatre longs mois à poser des questions auxquelles Emi ne répondait pas, qu’Aï réussit à se faire accepter. Même si la jeune fille de l'époque ne ressentait pas de sympathie pour elle au début, cela ne tarda pas. Depuis, elles ne s’étaient pas lâchées d’une semelle, justes elles-deux et leurs trois amis. C’était une épreuve pour l’une comme pour l’autre de se sentir aussi éloignées, et à travers cet anneau, Aï avait mit beaucoup de souvenirs. Perde la bague revenait à perdre son amie, Aï et ce n’était pas pensable aux yeux d’Emi. Peut-être que ça semblait futile de baser son amitié sur un bijou, mais c’était sa façon à elle pour ne pas penser aux heures très nombreuses, qui les séparaient tous…

Emi tourna son regard vers Yaël, qu’elle avait fermement décidé de tutoyer, en vue de la confidence qu’elle venait de lui faire.

- C’est plutôt… Idiot, tu ne trouves pas ? Si je connaissais une fille qui aurai les mêmes raisons que moi pour garder une telle chose au doigt, je dirai qu’elle serait une gentille fille naïve qui a peur de perdre un bien, juste… en mettant de côté un bijou… Non ? Demanda-t-elle en enfonçant son regard dans celui de son interlocuteur.

Même si elle disait cela, Emi savait comment elle était. Être distante, froide et forte en permanence n’était pas possible. Il y avait toujours des points faibles dans cette défense qu’elle se construisait, parce qu’au fond, elle se sentait vraiment… fragile à cause de beaucoup de choses. Cette fragilité, elle la cachait du mieux qu’elle pouvait, et la rebutait, lui rappelant trop la femme qui l’avait mise au monde sans amour.

Invité

C'est avec une pointe de soulagement que j'appris la nature de son bijoux. Offert par une amie en souvenir d'une belle amitié...
La jeune fille qui était désormais à côté de moi ne ressemblait plus trop à celle que j'avais rencontré plus tôt; soudainement bien moins distante, plus amicale, souriante. Joli sourire, d'ailleurs. J'aurais aimé, comme elle, avoir gardé un souvenir de mes quelques amis du collège. Elle tourna son regard vers moi, happant directement mon attention.

"C’est plutôt… Idiot, tu ne trouves pas ? commença-t-elle, avant de lui expliquer d'une manière détournée qu'elle se trouvait idiote de faire ça."

Je notais qu'elle m'avait tutoyé. Cela me fit un petit pincement à l'estomac, comme une pointe de stress. Tutoyer une personne... c'est lorsqu'on était proche d'elle! Me considérait-elle comme un proche, alors que nous venions de nous rencontrer? De nouveau, mon imagination s'emballa, à tel point que j'en oubliais presque de lui répondre. Mais je fus stoppé net dans mon film par son regard appuyé. Je déglutis.

Son regard était pénétrant. Terriblement envoûtant. J'eus du mal à répondre; les mots ne prenaient ni forme ni place dans mon esprit, ne formant qu'un désordre indicible. Je dus m'efforcer à réfléchir pour réussir à répondre quelque chose de potable.

"Non, je... je ne trouve pas cela idiot, fis-je simplement à mi-voix."

M'arrachant à son regard, je tendis alors le bras, poussé par une impulsion subite, pour lui prendre à nouveau la main. Je regardais son anneau d'argent, brillant sur sa peau claire, et amenais mon autre main à la sienne pour effleurer l'objet du bout des doigts, le faisant légèrement tourner autour de l'annuaire de la jeune fille.

"Je ne pense pas que ce soit idiot, répétais-je, absorbé par ma contemplation. Même si ce n'est qu'un bijoux, il te rappelle ceux qui te sont chers; cette bague a une énorme valeur affective pour toi, et c'est ça, l'important. Alors même si ce n'est qu'une bague... chéris-la autant que tes amis eux-même. Peut-être que ton affection leur parviendra, qui sait..."

Un sourire nostalgique apparut brièvement sur mon visage. Je relevais les yeux vers elle et toute trace de mélancolie disparut; à la place, un air serein et calme, avec, peut-être, une lueur d'espièglerie dans le regard.

"Et puis, continuais-je doucement, ce n'est pas toujours un mal d'être une gentille fille naïve qui a peur de perdre un bien..."

Et de lui décrocher un sourire séduisant.
Je m'étais décidé; décidé à la tutoyer, décidé à avancer. Je gardais sa main dans la mienne, la serrant juste assez pour qu'elle puisse la retirer si elle le souhaitait.

Invité

Il ne trouvait rien d’insensé dans les paroles d’Emi. Quelque part ça la rassurait… Mais de quoi…? La raison enfouie ou simplement restée quelque part ne sortait pas.

Lorsque, brutalement, il écarta son regard du sien, le jeune homme vient tendre son bras qu’jusqu’à Emi. Elle n’eut pas de mouvement de recul, juste un picotement dans le cou, qui se manifestait en vue d’une soudaine proximité d’autrui. Yaël prit sa main, celle ornée de la bague en argent. Elle ferma les yeux doucement pendant que l’autre main tout aussi tiède et agréable du garçon aux cheveux clairs ( ? ), portait ses doigts sur le bijoux d’Emi. Une chatouille vraiment intense remontait tout le long de ses bras, très lentement. Il lui fit part de ce que lui pensait sur les sentiments qu’elle plaçait dans l’anneau. Et… Il avait dit… tout ce qu’Emi avait voulu entendre. Elle ouvrit les yeux lentement et s’inquiéta un moment de ce sourire. Le sourire triste de Yaël qu’il venait juste d’aborder. Effacé, cette expression céda à une toute autre face, contraire.

Calmement, il reprit. Selon lui, ce n’était pas important d’être « une gentille fille naïve qui a peur de perdre un bien ». Mais pour Emi, c’était grave. Elle avait perdu le lien affectif avec ses deux parents. Comme elle en avait gardé des séquelles profondes, elle avait peur à nouveau, qu’une chose de la sorte se reproduise. Mais cette peur, elle ne voulait plus la ressentir. Elle avait envie de se sentir capable d’avoir confiance, mais toujours il y avait cette barrière insolite qui l’empêchait d’aller de l’avant, du moins, dans ce domaine.

Le sourire de Yaël aussi changeant soit-il, restait toujours beau, et encore plus maintenant qu’elle s’était plutôt rapprochée de lui. Lorsqu’il lui serra la main juste de ce qu’il faut, elle sentit son visage rougir juste un peu, espérant qu’il ne le remarque pas, elle lui demanda enfin :

- Pourquoi ce sourire si mélancolique, il y a peu ? J’ai dis… Quelque chose qu’il ne fallait pas ?

Elle ne connaissait rien de ce garçon, et elle aurai bien voulu en savoir plus. Si elle voyait qu’il ne voulait pas y répondre, elle ne le forcerai pas, ce n’était pas dans ses habitudes d’être obstinée. Peut-être cette expression n’avait-elle rien signifié, mais… Peut-être que si.

Invité

Mince. Elle m'avait vu. Sans lâcher sa main, je détournais le regard et pris une mine embarrassée, un sourire gêné aux lèvres. Les yeux fixés au sol, je tâchais de faire le tri dans mon esprit, afin de lui dire ce qu'il fallait pour qu'elle comprenne; pas un flot de paroles incohérentes, comme il m'arrivait parfois lorsque j'étais dans un état de fébrilité comme présent. Quoique, maintenant, je n'avais plus grand chose de fébrile; plutôt morne, triste. Je pris une petite inspiration puis, sans me détacher de mon sourire - qui commençait, lui aussi, à se teinter de mélancolie -, tâchais de lui expliquer les raisons de ma nostalgie.

"Ne t'en fais pas, tu n'y es pour rien. Absolument pour rien, commençais-je d'emblée. Il se trouve juste que... moi aussi, je chéris certains objets en mémoire d'une personne qui m'est chère. A la différence que moi... je n'ai absolument aucune chance de la revoir..."

Le regard dans le vide, je perdis contact avec la réalité un quart de seconde, avant de revenir. Ramenant un regard voilé de tristesse à elle, j'eus une petite moue, avant de lui dévoiler qui était cette personne si importante pour moi. Mon coeur semblait s'être chargé de plomb, j'avais rarement eut l'occasion de parler de tout cela à quelqu'un.

"Je... Cette personne, continuais-je difficilement, c'est ma mère... qui est morte quand j'étais tout petit...- j'eus une légère moue - J'espère sincèrement que tout l'amour que je lui porte l'atteind, là où elle est maintenant..."

De nouveau, mon regard se perdit dans le vague. Tout ce qui me restait de ma mère, c'était quelques photos, piquées à mon père dans les albums. Partout où elle apparaissait, j'avais récupéré l'image et l'avais soigneusement gardée, rangée avec les autres...
Je me secouais intérieurement; ce n'étais pas le moment de me laisser abattre. Je me repris, et me concentrais à nouveau sur Emi. Je lui décrochais un nouveau sourire, plus assuré cette fois-ci, et tâchais de faire disparaître toute trace de tristesse de mon visage. Je serrais doucement sa main.

"Ne t'en fais pas, répétais-je doucement. Ce sont des choses qui arrivent..."

J'entamais un geste pour venir effleurer sa joue, mais me ravisait; ce n'était peut-être pas la chose à faire en l'instant.
De toute ma tirade, je n'étais pas sûr d'avoir choisi les bons mots, d'avoir dis les choses de la bonne façon. C'était un terrain tellement glissant...

Invité

La mort d’un proche, pire… La mort d’un parent. Même si la mort de ses parents laisserait Emi de marbre, elle savait que si l’amour que l’on portait à ses parents étaient partagé, mais que désastreusement, un parent venait à mourir… Les blessures devaient être très profondes, non ? Ce visage attristé rendait Emi vraiment mal à l’aise, elle aurait voulu l’arrêter, l’empêcher d’en dire plus, mais elle n’avait pas pu, et l’avait laissé parler de ce choc affectif.
En fait, Emi pensait qu’ils se ressemblaient un peu. En quelque sorte, elle n’avait plus de parent, et c’était le cas de Yaël pour sa mère… Le sourire qu’il s’appropriait était quelque chose de fort. Du moins, elle le pensait. Jamais ne lui était venu à l’idée de sourire ainsi. Elle pensait que rester froide serait un moyen, mais la jeune femme se rendait compte que ce n’était peut-être pas une si bonne technique. Même si s’étaient « des choses qui arrivent » elles restent rares, n’est-ce-pas ?

- Je suis désolée pour… ta mère, dit elle avec lenteur en lui prenant l’autre main, je suis sûre qu’elle t’entends et si tu arrives à sourire, c’est encore mieux… Je ne suis pas douée pour donner des conseils sur les histoires de familles, je n’ai pas vraiment connu ça, alors…

Elle baissa la tête, assez honteuse. Honteuse de quoi ? D’avoir remué un souvenir aussi douloureux, sans être capable de donner le moindre conseil. C’était dans ces cas-ci qu’elle détestait encore plus ses parents. Être élevée par sa sœur qui n’avait que dix ans, au tout début. Existe-t-il des familles ainsi ?!

- Alors… ne pense pas que je m’en fiche ou… quelque chose comme ça.

Doucement elle leva la tête en affichant une expression plutôt incertaine, portant son regard sur Yaël, Emi avança ses deux mains vers son visage fin et doux, posa l’une sur sa joue droite, l’autre enlevant une mèche qui l’empêchait de voir l’éclat saphir de son œil gauche.

- Parce que… Même si tu dis que je n’y suis pour rien… C’est l’affection qui me lie à cette bague qui… t’as fait te rappeler… dit-elle en laissant sa main gauche glisser à son tour, sur son visage.

Invité

Il me sembla qu'elle s'était, elle aussi, attristée. A cause de moi. Je m'en voulais d'avoir fait disparaître ce visage qui souriait quelques instants plus tôt, pour laisser la place à cette mine déconfite. Je me mordis la lèvre inférieure; je m'en voulais, maintenant, d'avoir laissé transparaître tout cela. Moi qui avait l'habitude de vivre avec cette peine dans un coin de mon coeur restait de marbre, pendant qu'Emi, qui n'avait rien à voir avec tout cela, était triste pour moi.
J'étais embarrassé, ne sachant trop que dire pour me rattraper, lorsqu'elle amena ses mains à mon visage. Je la regardais, surpris, plongeant à nouveau dans ses yeux. Interloqué, je m'interrogeais sur les raisons de son geste, et toutes les hypothèses que mon esprit avaient formulées plus tôt me revinrent, plus fortes encore. Le coeur battant, je ne pouvais détacher mon regard du sien.

"Parce que… Même si tu dis que je n’y suis pour rien… C’est l’affection qui me lie à cette bague qui… t’ai fait te rappeler… dit-elle doucement."

"Oh, non... pensais-je en me maudissant. La voilà qui culpabilise... Je suis trop con..."

Avec lenteur, je posais doucement une main sur l'une des siennes, lui décrochant un sourire doux et réconfortant. Je me lançais alors, caressant du pouce le dos de sa main.

"Ne t'en veux pas! Tu ne pouvais pas savoir. Je me penchais un peu vers elle, avant de continuer. Ce n'est pas de ta faute."

Si elle savait le nombre de choses qui me faisaient penser à ma mère chaque jour! Même s'il ne s'agissait que d'une vague allusion aux parents d'untel, à sa famille, ou même lorsque je voyais une fille avec des yeux bleus - comme ma mère les avait -, bref, un tas de choses me faisaient toujours penser à ma mère, du matin au soir. Et ça, personne n'y pouvait rien. Alors ce n'était pas juste parce qu'elle l'avait déclenché une fois de plus que j'allais lui en vouloir!
Mais comment faire pour arracher cet air triste de son visage...?

Une lueur d'espièglerie passa dans mon regard.
Je levais mon autre main, brandissant un doigt terrible qui vint effleurer son front.

"Je te préviens, lançais-je sur un ton mi-sérieux, mi-blagueur. Si tu continues à t'en vouloir, je vais sévir! Que je ne te reprenne plus à me dire que tu es désolée ou autre, ou je te saute dessus pour te faire taire!"

Et de lui décrocher un sourire en coin des plus malicieux, sans me défaire de son regard.
La suite dépendait de ce qu'elle ferait, ainsi que du sens qu'elle aura donné à mes propos...

Invité

Certes, elle ne pouvait pas savoir. En même temps, elle trouvait son attitude égoïste. Ils avaient vraisemblablement inversé les rôles. C’était lui qui s’inquiétait, visiblement, et ça la rendait mal à l’aise en plus de tout cela. La main qu’il avait mit sur la sienne, et qui la frôlait avec tendresse en était pour beaucoup, dans l’accélération cardiaque soudaine d’Emi.

Le regard du jeune homme changea, l’éclat malicieux d’une personne qui avait quelque chose derrière la tête l’habita. Il avança son autre main vers elle, en la frôlant légèrement.

« Je te préviens, si tu continues à t’en vouloir, je vais sévir ! Que je ne te reprenne plus à me dire que tu es désolée ou autre, ou je te saute dessus pour te faire taire »…

- Que tu… répéta-t-elle. Que… Pardon ?! S’exclama-t-elle en approchant son visage du sien. Viens si tu l’oses.

Devant le sourire si espiègle de ce garçon, elle ne put qu’en faire de plus belle. Si elle avait un esprit très joueur, Yaël semblait vouloir relever une sorte de défit, ou bien, elle avait l’impression qu’il la mettait à l’épreuve, mais ça, c’était son domaine.

- Je voudrais bien voir ça ! Ria-t-elle en s’agrippant aux deux mains de Yaël.

Elle pencha la tête sur le côté en agitant ses mains retenues par les siennes. Un sourire qui voulait dire : « et non tu t’es fais avoir ».

- C’est moi qui ai tes deux mais, comme tu peux le voir, et je doute que tu sois capable de faire quoi que ce soit sans "ça", dit elle en serrant ses mains, je me trompe ? Demandait-elle en agitant les quatre mains en souriant.

Elle avait retrouvé son sourire, mais elle n’oublierai pas de si tôt l’expression de Yaël, celle qui lui faisait mal au cœur, et était déçue, ou plutôt écœurée de la vie. Elle n’avait eu que deux parcelles de bonheur dans sa vie : sa sœur et ses amis proches. Lui avait un caractère qui lui semblait parfait, alors qu’elle ne le connaissait que depuis peu, et elle trouvait cela injuste pour lui d’avoir une telle histoire.

Invité

Eh bien! La voilà qui me répondait en provocation. Inattendu! Mais cela me plaisait. Le "Viens si tu l'oses" en particulier m'avait piqué au vif. Elle attrapa mes mains et, triomphante, sembla insinuer que je n'étais plus capable de faire ce que j'avais menacé de faire. Elle serrait bien mes mains, comme si elle avait peur que je ne m'échappe; elle avait raison, d'ailleurs...
J'étais content de la voir de nouveau sourire. Je préférait nettement cette expression heureuse et amusée que la précédente, triste et sombre. J'eus un petit hochement de tête à l'entente de ses paroles, puis un sourire amusé me tira les lèvres.

"Effectivement, tu as mes deux mains. Mais, tu crois franchement que cela va m'arrêter...? soufflais-je en esquissant un sourire en coin."

Une chose qu'elle ne semblait pas avoir prévue, était la différence de nos mains; les siennes étaient fines, les miennes étaient plus larges et grandes d'une demi-phalange à chaque doigt minimum. J'avais également plus de force, d'autant que je n'était pas maladroit, et il ne me fut d'aucune difficulté, en un rapide mouvement de poignet, d'inverser les rôles; je tenais ses mains, elle était ma prisonnière.

Puis, tout en continuant dans le mouvement, j'écartais nos bras, les éloignant, de telle sorte que nos deux corps se retrouvèrent séparés de seulement quelques centimètres. Nos deux visages étaient également très proches; nos souffles se mêlaient, nos nez auraient pu se toucher.
Toute trace d'espièglerie disparut de mon visage au moment où je plongeais, une fois encore, mon regard dans le sien. J'affichais un petit sourire, le coeur battant de me retrouver si proche d'elle - bien que ce soit à la suite de mes propres agissements.

"Et maintenant, mademoiselle, soufflais-je sans quitter son regard. Pensez-vous toujours qu'il me soit difficile de vous faire taire, avec ou sans les mains...?"

Mes yeux se posèrent un court instant sur ses lèvres; même si ce n'était qu'un quart de seconde, c'était un quart de seconde qui me trahissait.

"J'ai plus d'un tour dans mon sac, sachez-le... continuais-je en baissant d'un ton, revenu à ses yeux."

C'était pour la taquiner que j'étais retourné au vouvoiement. Je me doutais qu'elle l'avait bien compris, et guettait la moindre de ses réactions.
Les battements de mon coeur résonnaient à mes oreilles, emplissant mon esprit d'un bourdonnement sourd qui m'empêchait de réfléchir. Ce n'était plus tant ma tête, que menait désormais la danse, mais plutôt mon instinct. Et mon instinct me disait deux choses; soit ça marchait, soit je me ramassais.

Invité

[ HJ : Bon, c’est le matin, peut-être aurai-je plus d’inspiration =) ]

Le problème qui se posait en ce moment précis, et dans une telle posture, était qu’Emi était une fille et Yaël, un garçon. Par conséquent, il avait plus de force, et c’était maintenant qu’elle se rendit compte qu’elle n’aurait pas du le provoquer. D’un mouvement de poignet fluide et rapide, il échangea les rôles. Des mains grandes et fortes contrastant avec les mains fines et petites d’Emi. Elle laissa échapper une petite exclamation de surprise.

Les mots refusaient de sortir de sa bouche et sa gorge se contracta davantage, en vue de la proximité de leurs corps, de leurs visage, et leurs respirations qui étendaient des longs souffles tièdes se faisaient suffisamment proches pour qu’ils le sentent l’un sur la peau de l’autre. A moitié en transe, elle ne disait rien.

C’était bien vrai : avec ou sans les mains, la faire taire était facile, du moins, pour lui. Elle ne nia pas. Une petite mimique agacée cependant était venue s’installer sur son visage lorsqu’il l’eu vouvoyée. Evidemment, elle savait que ce n’était pas sérieux.

« Non je ne le crois pas » était une phrase qui semblait bien trop longue à dire, bien trop difficile à prononcer dans ce moment, pour Emi. Se contentant de secouer légèrement la tête en baissant le menton dans un « non ».

- Et… disait-elle après un long moment restée incapable de sortir le moindre son de sa bouche. Ne pensez-vous pas, Monsieur, qu’il est trop tard pour faire machine arrière ? Lâchait-elle en murmurant.

Elle enleva ses mains de celles de Yaël en forçant un peu, puis entremêla ses doigts aux siens. Elle pensait qu’ainsi, personne n’était en position d’inégalité. Rapprochant son visage du sien, la jeune femme ferma les yeux, sentant leurs deux corps à quelques millimètres à présent l’un de l’autre, et l’embrassa en resserrant ses doigts sur les siens. Plus habituée à ce qu’on l’embrasse plutôt que d’embrasser, c’était en quelque sorte sa première initiative. D’ailleurs, elle fut étonnée de la douceur des lèvres de Yaël. Emi enleva ses mains des siennes et les posa sur son visage, puis les posa dans son cou. Après ce baiser, elle dégagea son visage de celui du jeune homme, pour voir sa réaction. La non plus elle n’était pas sûre de ce qu’il allait penser d’elle.

[ HJ : Pas sûr XD]

Invité

Mon coeur battait contre mes côtes, le stress montait en moi. Les mots d'Emi résonnaient à mes oreilles avec une étrange clarté, seules choses sensées présente dans mon esprit qui n'était que brouillard.

" "Monsieur"? répétais-je, légèrement surpris."

Mais cet étonnement n'était que superflu. Elle pouvait m'appeler 'monsieur' autant qu'elle le voulait. Elle mêla nos doigts, et c'est légèrement étonné que je la vis fermer les yeux et s'approcher. Bien sûr, je n'allais pas reculer; après tout, c'est ce que je voulais. Mais disons que je ne m'attendais pas à ce qu'elle fasse d'elle-même le premier pas; je pensais qu'elle allait plutôt attendre que ce soit moi qui m'avance. Mais peu importait. Mon cerveau ne fonctionnait déjà plus. Je ne pus que me fermer les yeux et me pencher pour trouver au plus vite le contact de ses lèvres. Et, quelles lèvres...

Je sentis qu'elle me lâchais les mains pour les poser sur mon visage puis mon cou; je posais les miennes sur sa hanche et dans son dos. C'était un baiser léger, mais tellement fort. Le stress qui me broyait l'estomac, les oreilles qui bourdonnaient, tout s'estompait, remplacé par la douceur de ce baiser. Notre premier baiser.
Celui-ci prit fin lorsqu'elle se recula doucement et me regarda, comme pour observer ma réaction. Je lui souris doucement, ma main venant effleurer sa joue.

"Mais qui parle de faire machine arrière....? lui chuchotais-je près de l'oreille."

Puis je me penchais à nouveau afin de retrouver la caresse de ses lèvres sur les miennes. Je la serrais un peu dans mes bras, afin de nous rapprocher davantage, l'embrassant tendrement. Puis ma langue vint caresser timidement ses lèvres, sans pour autant s'imposer.

Si, par le passé, on m'avait prédit ce qui s'était passé ce matin, en moins d'une heure, je n'y aurais tout bonnement pas cru.

Invité

Depuis bien longtemps elle n’attendait plus qu’on vienne à elle. Du moins, de la part de ceux qu’elle aimait. Trop longtemps elle avait attendu l’amour de ses parents qui ne lui étaient au final, jamais revenu, et trop longtemps elle avait attendu une personne qui finalement décéda. C’était en pensant cela qu’elle avait fait le premier pas.

Plus éloignée du visage de Yaël lui donnait davantage l’envie de se rapprocher. Encore que son geste, ses paroles l’avaient définitivement touchée profondément, au cœur.

« On aurait peut-être du réfléchir un peu plus, avant de garder cette enfant ».
Oui mais, s’ils avaient réfléchi, rien de ce qui était entrain de se passer en ce moment même ne serait arrivé. Et ce n’était pas passé très loin. Sans quoi, les mains de ce jeune homme qui étaient posées l’une sur sa hanche l’autre dans son dos auraient peut-être étés sur le corps d’une autre et ça, c'était une idée qu'elle se refusait d'accepter. La chance d'être en vie, ou celle d'avoir sur-vécu à son auto-destruction ne lui importait peu, jusqu'à maintenant.

Puis il se pencha, l'embrassa à son tour.
Plutôt que de n'être séparés par quelques millimètres, il avait décidé de se rapprocher encore un peu plus et, cette fois, ce n'était que l'épaisseur de leurs vêtements qui les séparaient. Parce qu'ainsi "collés", Emi avait presque un peu peur que Yaël entende son cœur battre si vite, et que par la suite il se rende compte qu'elle était vraiment très nerveuse. Encore plus lorsque, de sa langue, il vint caresser ses lèvres. Elle entrouvrit la bouche, puis d'un mouvement plutôt osé "entra" dans la bouche de Yaël, lui titillant avec une passion qui la rongeait, la langue. Descendant une ses mains sur la taille de ce jeune homme, en même temps que l'autre caressait le creux de son cou, Emi avait vraiment l'impression d'être dans un tourbillon d'imprévus... dont elle ne se lassait pas.

" Contente d'être en vie..." songea-t-elle.

Même de penser cela était un imprévu, pour elle. Elle faillit éclater de rire, à un moment où leurs dents s'entrechoquèrent. C'était d'aimer quelqu'un autant que sa petite sœur, qui lui manquait, ainsi que le besoin de se sentir aimer de quelqu'un d'autre que de l'amour beaucoup trop débordant de sa grande sœur.

- Merci... lui avait-elle dit, à un certain moment.

» quand trop c'est trop. [Libre]
» Calme, calme comme l'eau...[Pv Tsuki](finit premiere partie)