Call me Theo. That's fuckin' Theo ! [100% DONE]

Caractère

Il y a deux Theo. Il y a Theodorah, la fille que tu ne connais que de vue, de nom, que tu as peut-être déjà remarquée au milieu d'un couloir. Cette fille, elle doit être muette, tu te dis. Tu ne l'as jamais vu ouvrir la bouche, parce que Theodorah ne parle pas aux gens qu'elle ne connait pas, les évite, leur répond à peine quand ils lui posent une question. Theodorah, tu ne sais pas si elle est très timide ou très impolie, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est pas du genre sociable. En fait, quand on la connait, on se rend compte de deux choses, d'emblée : elle ne s'appelle pas Theodorah mais Theo, et gare à toi si tu oses l'appeler par son prénom complet ; elle n'est absolument pas timide. Theo est simplement sur Mars dès qu'elle n'est pas avec des amis, donc quand elle débarque dans un endroit qu'elle ne connait pas, elle ne fait pas attention à ce qui l'entoure. Pour qu'elle finisse par lever les yeux vers toi, il faut que tu sois assez insistant pour qu'elle te trouve lourd et te dise de dégager, ou pour qu'elle se dise que tu es peut-être quelqu'un digne de son intérêt. Attention, ce n'est pas non plus une arrogante, bien qu'elle puisse parfois en avoir l'air lorsqu'elle se montre indifférente, certains diront même froide ou distante. Theo n'est pas du genre à se lier d'amitié avec quelqu'un en une journée. Elle aime prendre son temps, explorer, découvrir, tester les personnes avant de s'y attacher. Bien sûr, elle est humaine — ou pas, remarque — et il lui arrive de se laisser abuser, d'accorder sa confiance trop vite... Mais ce n'est pas non plus une fille naïve. Elle est assez méfiante lorsqu'elle n'arrive pas à cerner quelqu'un et peut vite prendre des attitudes de chat sauvage si ce quelqu'un devient trop avenant. Ce n'est pas pour autant qu'on ne peut pas la qualifier d'amicale. Si elle est assez en confiance, elle n'hésite pas à s'amuser avec les autres, à discuter, rigoler, frapper — oui, frapper les gens, Theo, elle aime bien, c'est une marque d'affection assez agaçante, je te l'accorde. Lorsqu'elle s'éclate, Theo est une fille très sympa, drôle, un peu trop cassante à ton goûts, peut-être, avec des airs de garçon manqué. Theo est possessive, avec les rares personnes auxquelles elle s'attache profondément. Rares, parce qu'elle ne se laisse pas faire — oui, elle voit l'affection comme un affront, mas elle veut pas voir de psy, — possessive, parce qu'elle est du genre à être jalouse, voire agressive avec ceux qui s'approchent de trop près de ses trésors rien qu'à elle. Theo, elle est aussi très ouverte d'esprit, on ne peut pas lui retirer ça, et c'est l'une des rares choses dont elle veut bien se vanter. Elle n'aime pas du tout qu'on la qualifie de bornée lorsqu'elle ne veut pas lâcher son morceau dans un débat quelconque. Non, je suis pas bornée, j'ai juste r-a-i-s-o-n ! En fait, bien qu'ouverte et tolérante, elle peut être une vraie tête de mule. Tout le monde a ses défauts, hein, et il y en a de plus chiants que d'autres. Theo, elle est impulsive, elle oublie parfois de tourner sa langue dans sa bouche avant de l'ouvrir, dit pas mal de gros mots et parfois dans des circonstances très inadéquates. Ce n'est pas une grande gueule non plus, elle reste assez calme et posée la plupart du temps, mais elle peut démarrer au quart de tour. Un autre des ses mauvais côtés, c'est qu'elle aime beaucoup faire tourner les gens en bourriques. Tu sais... « D'accord. — C'est vrai ? — Non. — Ah... — Ou peut-être que si. » Theo est une passionnée de musique, elle a appris le piano dès sept ans, s'est mise à la guitare à douze ans et à la basse à seize. Grâce à cette pratique, elle a un certain niveau, bien que la technique ne fasse pas tout et qu'elle ait du mal à apprécier les morceaux qu'elle compose elle-même. Son groupe préféré est Nirvana, pour toujours, dit-elle, et elle invoque souvent Kurt Cobain comme son Dieu. Elle aime en général le rock et le punk, certains types de métal, quelques morceaux de pop, et un morceau par-ci par-là dans d'autres styles musicaux. Elle n'est jamais réticente à découvrir de nouvelles choses même si ses préférences restent souvent du même côté. C'est une grande lectrice de mangas, aussi, de tous les genres : shôjo, shônen, historiques, comiques, réalistes, fantastiques... Tout lui va. Elle a le sentiment d'avoir appris des tas de choses en lisant des mangas et dit que ça suffirait à l'éducation de tous. Par contre, elle ne lit pas beaucoup de romans, ayant du mal à aller au bout des choses. Enfin, si, quand même, elle a lu et relu tous les Harry Potter et a même lu presque tout le Seigneur des Anneaux. Elle affirme qu'un jour, ils seront considérés comme des classiques et qu'on la respectera. Si, si. Elle a aussi comme livre de chevet le Journal de Kurt Cobain — on est obsessionnel ou on ne l'est pas, et a lu et aimé au moins un grand classique anglais : The Picture of Dorian Gray. Oui, parce que Theo parle couramment Anglais et Japonais, ayant passé son enfance entre l'Angleterre et le Japon.

Physique

Theo est le genre de fille qui fait se tourner les têtes dans la rue, sans pour autant être d'une beauté époustouflante — ni d'une laideur effarante, merci pour elle. Seulement, Theo est plus grande que la moyenne, avec son mètre soixante-dix, sa silhouette fine n'atténuant pas sa taille. Elle est mince, parfois trop, tout dépend des périodes et des gens. Histoire de passer encore moins inaperçu, Theo change souvent de couleur de cheveux, passant du rose chewing-gum au blond platine, du noir corbeau au bleu électrique, et se maquille parfois d'une façon qui ferait s'évanouir ta grand-mère. Elle n'a aucun piercing au visage mais ses oreilles sont de vrais gruyères. Elle en a également un autre quelque part sur son corps, que peu d'entre vous auront l'occasion de voir — quoique, Theo est aussi exhibitionniste à ses heures. Theo a quand même un joli visage, parce que le métissage eurasiatique ça marche presque à tous les coups — sauf quand les deux parents sont moches. Elle a d'assez grands yeux en amande, couleur noisette, des traits fins, un nez peut-être un peu trop pointu, une bouche peut-être pas assez fine ou assez bien dessinée, mais l'ensemble est assez harmonieux pour que Theo n'ait pas à se sentir complexée par quoique ce soit. Elle l'a été, à une époque, par son poids, parce qu'on l'appelait Skeleton, mais les gens mûrissent — elle, en tout cas, a assez mûri pour ne plus s'en soucier. Parce qu'on ne peut pas sortir tout nu dans la rue, on va s'attaquer à un autre sujet : les vêtements. Quand elle avait dans les quatorze ans, Theo étudiait assez son look, quelque part entre un punk et un gothique revisité, en fonction des périodes — à cet âge, les goûts changent vite. Il lui reste quelques fringues, quelques accessoires de cette époque, même si elle a jeté la plupart de ses jupes à froufrous et ses serre-têtes avec des oreilles de chat — ouuuuh la menteuse, tu parles, elle a gardé un bonnet qui en a, des oreilles de chat, et elle raconte qu'elle a la flemme d'en acheter un autre et que celui-là tient juste chaud mais en fait elle le trouve classe, c'est tout. Sinon, en général, elle ne se prend pas particulièrement la tête. Elle ne ressent plus le besoin d'étudier son style pour paraître originale. Elle aime particulièrement les pulls trop grands, les vestes type Perfecto, les jeans abîmés, les baskets de skate, tout ça étant confortable dans la vie de tous les jours et pas trop extravagant. Elle porte aussi assez souvent des robes et jupes courtes, froufrouteuses ou pas, colorées ou pas, avec de classiques Doc Martens ou des bottes plateformes — mais pas trop hautes non plus, Theo ne sait pas marcher avec des parpaings sous les pieds.

Histoire

7 novembre 1993, Brighton. Une petite chose aux cheveux bleus... Non, évidemment, ils ne sont pas naturellement bleus, ses cheveux. Une petite bête aux cheveux blonds est née. « C'est une très jolie petite fille, Madame Skelton. Comment allez-vous l'ap- ? — Une fille ? » Surpriiise. Eh oui, dès sa naissance, Theo a posé problème à ses parents. Ils s'attendaient à avoir un garçon, c'est ce que semblait dire l'échographie. Ils avaient tout préparé : la chambre, les jouets, les vêtements, les faire-parts et, bien sûr, le prénom. Le petit garçon devait s'appeler Maxwell — inutile de préciser que Theo aurait détesté ce prénom également. Les parents de Theo, William et Miyako, font partie de ces gens qui n'apprécient pas beaucoup les surprises et détestent les imprévus. Ils ont donc été pris au dépourvu et William a décidé que leur fille porterait le nom de sa défunte mère, Theophine. Après un court débat, Theophine est devenu Theodorah, et la petite blonde s'est vue affubler d'un prénom qu'elle détesterait toute sa vie — mais qu'elle préfère quand même à Maxwell ou Theophine, Kurt merci. 7 novembre 2000, Oxford. Et ça chante « Joyeux anniversaire » partout autour de Theo, qui refuse d'ailleurs de répondre lorsqu'on ne l'appelle pas ainsi. Alors les quelques imbéciles qui lui souhaitent un « Joyeux anniversaire, Theodorah » reçoivent un regard noir en guise de remerciement. Theo n'est pas une peste, elle a juste du caractère, comme dit sa maman. De la part de ses parents, elle reçoit un beau piano blanc, tout beau, tout d'occasion, mais super classe. Elle a commencé les cours de piano au début de l'année scolaire. Elle vit maintenant à Oxford, parce que papa a un travail qui le fait bouger partout. D'ailleurs, ils vivaient à Bristol jusqu'à ce dernier déménagement. Inutile de préciser que Theo a du mal à se faire des amis, et quand elle s'en fait, elle doit souvent trop vite les quitter. Dans sa robe rose à froufrous et au motif de fraises, robe qu'elle déteste mais que sa grand-mère maternelle lui a offert, elle s'installe à son piano et joue maladroitement le morceau qu'elle maîtrise le mieux. Elle aime beaucoup jouer du classique, mais elle préfère écouter du rock. La gamine que sa mère déguise en poupée est déjà fan de Nirvana, et écoute par-ci par-là quelques autres groupes de rock, que ses parents qualifient, pour faire dans l'originalité, de musique de sauvage. A sept ans. Oui. Déjà. 7 novembre 2005, Tokyo. Depuis environ six mois, Theo vit au Japon avec sa mère, chez sa grand-mère, parce ses parents ne s'entendent plus. Theo aurait voulu rester en Angleterre, mais son père travaille trop pour s'occuper d'elle sans l'aide de personne. Elle a dit qu'elle était assez autonome, mais personne ne la croit. A douze ans, on est encore un enfant. Pourtant, on lui dit souvent qu'elle est très mûre, pour son âge. Des paroles en l'air, encore. Ah, les adultes... Au Japon, elle a découvert un style musical, et vestimentaire avec ça : le visual kei. Sa mère et sa grand-mère commencent à s'effrayer sérieusement des goûts de Theo, qui a déclaré vouloir s'habiller de la même façon qu'eux et qui écoute cette « musique de dégénérés » en plus de l'habituel rock déjà bien trop bruyant à longueur de journées. Pour son anniversaire, sa mère a pourtant accepté de l'emmener voir un concert réunissant plusieurs groupes de punk-rock amateurs, et elle en est ressorti en faisant promettre à Theo de ne plus l'emmener là-dedans. Son père, par correspondance, lui a offert une magnifique guitare et des livrets d'apprentissages, ignorant si sa mère la laisserait prendre des cours. Theo est plus que ravie, et décidée à forcer sa mère à lui faire prendre des cours de guitare à la place de ceux de piano. Theo apprend le Japonais depuis toute petite, grâce à sa mère, mais elle ne le parle absolument pas couramment. Les efforts qu'elle doit faire pour comprendre et se faire comprendre la fatigue, elle aimerait retourner en Angleterre. 7 novembre 2008, Londres. Theo a quinze ans, aujourd'hui. Depuis 2005, elle est souvent retournée en Angleterre voir son père, ratant parfois des cours qu'elle rattrapait vaguement. Elle parle le Japonais, maintenant, même si son niveau n'est pas excellent. Quant à la guitare, elle ne l'a apprise qu'en autodidacte, en reprenant évidemment tous les morceaux de Nirvana pour commencer. Ses parents ont décidé qu'elle pouvait choisir, à partir de cette année, où elle voulait vivre. Elle a préféré rentrer en Angleterre, laissant derrière elle les quelques amis qu'elle s'était fait au Japon. Son père, sans doute ravi d'avoir été choisi par sa fille adorée, lui affirme qu'il la laissera prendre des cours de guitare même si elle veut arrêter le piano, qu'elle pourra s'habiller comme elle veut — même si c'était déjà plus ou moins le cas — et qu'il fera tout son possible pour être présent. 7 novembre 2009, Londres. En fait, il n'est pas très présent, papa. Et il grimace parfois devant ses jeans lacérés et ses grosses bottes de motard. Mais il fait avec, et elle aussi. Ou plutôt, elle fait sans. Depuis trois semaines, son père est en Suède pour le travail, et Theo toute seule à la maison, même pour son anniversaire. « Ne fais pas de bêtise », a dit papa avant de s'envoler. Mais il savait probablement qu'à seize ans, surtout le jour de son anniversaire, Theo n'allait pas se contenter d'une maison vide. Son meilleur ami, Shane, est venu s'installer temporairement avec elle dès le départ de son père. Il ne vont évidemment pas en cours tous les jours, font la fête un peu trop souvent, ne mangent pas correctement et ne font pas le ménage. Bref, c'est la liberté. La belle vie. Ce soir, ils organisent une très grosse fête, avec toutes leurs connaissances, Shane en ayant un très grand nombre. 8 novembre 2009, Londres. La police est passée deux fois hier, et a fini par forcer tout le monde à rentrer chez soi. Theo a dû donner le numéro de portable de son père, il doit rentrer en urgence pour assurer aux policiers que, non, il n'a jamais procuré de drogue à qui que ce soit, et pour engueuler Theo, qui boude dans sa chambre, avec une gueule de bois encore plutôt violente. Elle croise les doigts pour ne pas être renvoyée chez sa mère, pour ne pas être obligée de quitter Shane. Mais... 7 novembre 2010, Nagoya. Theo a quand même été renvoyée au Japon. Sa mère vit avec un nouvel homme et s'est installée à Nagoya avec lui. Ce mec, Theo l'adore. Il a les mêmes goûts qu'elle en musique et en manga, et ça exaspère sa mère. Pour son anniversaire, c'est lui qui l'emmène voir un concert, cette année. Depuis le printemps dernier, Theo est élève au lycée Shimizu en tant qu'interne, bien que la maison de sa mère et de son beau-père ne soit pas trop loin du lycée. C'est simplement un moyen de la canaliser, de la forcer à rester sage et à travailler. Ils ont beaucoup d'espoir, hein ? Mais Theo fait un minimum d'effort, quand même, et a assuré à tout le monde que, non, elle n'avait pas pour ambition de devenir une rock star junkie — mais qu'elle aimerait bien être enterrée à côté de Kurt.