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 Chambre 34, Bonjour[LIBRE]

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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Nov - 18:35

« La face sombre ? Et encore, là tu n’as rien vu ! »

Déclara joyeusement Mizuki. Comme si le fait de se montrer désagréable et agressive lui plaisait, l’amusait. Oui, exactement. Cela l’amusait profondément. Non pas qu’elle était foncièrement méchante, parce qu’elle n’aimait pas tellement la méchanceté gratuite, mais plutôt qu’elle avait un sale caractère et une impulsivité… surdimensionnée. Un peu comme son égo. Quoi ? Oui oui, une fille aussi peut avoir un incroyable ego, cela n’est pas uniquement valable que pour les hommes. La jeune fille n’allait pas non plus jusqu’au narcissisme accru, ni jusqu’à devenir imbue d’elle-même, elle avait simplement une fierté à toute épreuve. Une très, très grande fierté d’elle-même. C’était le genre de fille qui veut toujours avoir raison, qui ne supporte pas qu’on la ridiculise, qu’on se moque d’elle ou qu’on lui mente. En définitive, c’était le genre de fille qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds. Et cela pouvait avoir ses avantages, comme ses inconvénients. Elle avait apprit à faire avec.

Lorsqu’ils commencèrent à marcher en direction de la cafétéria, le jeune homme lâcha le bras de Mizuki, pour mettre le sien sur ses épaules. Mizuki ne broncha pas. Elle n’allait pas de plaindre en plus ! Et puis, elle avait rapidement pris goûts à ces…contacts. Sans qu’elle ne puisse plus s’en passer non plus ! Ça aurait été risible si ça avait été le cas. Bref. Rien que de les voir comme ça, les autres auraient pu penser qu’il s’agissait là de deux amis d’enfance, qu’ils auraient pu être les meilleurs amis du monde, complices au possible. Ce qu’ils ignoraient, c’était que les deux adolescents ne se connaissaient que depuis environ une demi-heure, et que l’un pour l’autre, ils n’étaient encore presque que des inconnus, qui s’entendaient plutôt bien certes… Pour l’instant.

Si elle avait été vraiment peu réfléchie, la réponse de Gabriel aurait certainement piquée au vif Mizuki. Mais heureusement pour elle, elle n’était pas si stupide et avait tout de même saisit la subtilité de sa réponse, enfin, elle espérait l’avoir correctement comprise. Parce qu’elle, même si elle ne le connaissait que très peu, elle avait envie de le connaître davantage. A vrai dire, il… l’intriguait. Le mystère émanait tellement de lui que cela la poussait à chercher à en apprendre plus sur lui. Cela aurait été idiot qu’ils ne se revoient plus.
Un léger sourire se dessina sur son visage, un visage tellement pâle qu’on aurait dit de la porcelaine. Elle répondit, presque à mi-voix :


« Je prends ça pour un oui alors… »

Ils arrivèrent ensuite aux abords de la cafétéria, et là… L’horreur. Des gens. Une foule de gens qui attendaient, bruyamment et dans l’agitation, de pouvoir se servir. Ce n’était pas jouable. Non, et définitivement non. La première raison était tout d’abord la peur de Mizuki envers la foule, la seconde était sa très grande impatience. Elle ne supportait pas de devoir attendre pour quoi que ce soit, et encore moins au milieu d’une foule de personnes, au milieu de laquelle elle se sentirait horriblement oppressée, et risquerait de péter sérieusement les plombs et par conséquent, de passer pour une dégénérée. Ce qu’elle n’était pas vraiment. Enfin…
Le jeune homme lui demanda alors si elle avait une arme sur elle. Une arme ? Pour quoi faire ? Trucider tous les élèves devant eux pour pouvoir manger plus vite ? Un peu de sérieux voyons ! Le ton sérieux de Gabriel laissait un peu à désirer, mais elle se doutait bien qu’il devait plaisanter…ou pas. Après tout peut-être que c’était une sorte de malade mental fou furieux, échappé d’un asile, ou encore un psychopathe très dangereux. Mizuki leva les yeux vers lui. Non il n’avait vraiment pas l’air de quelqu’un d’aussi dérangé, c’était impossible qu’il soit comme cela.


« Non je n’ai rien, malheureusement… De toute manière cela n’aurait servit à rien. On ne va pas tous les égorger sous prétexte qu'on veut passer plus vite. Et puis... Il y a trop de monde, je n’aime pas ça. Tu ne préfères pas plutôt qu’on aille manger dehors ? »

L’instant précédent, on avait pu discerner dans la voix du jeune homme, comme une nuance d’angoisse, finalement, peut être que Mizuki n’était pas la seule à détester la foule. Bref. Dans la voix de la jeune fille, on pouvait en revanche discerner une légère nuance suppliante. Légère hein ! La jeune fille n’aimait pas se rabaisser jusqu’à supplier les gens de faire quelque chose, ou de la laisser en faire une autre, c’était…blessant. Oui très blessant pour elle. Mais là, elle avait une réelle appréhension quant au fait de se mêler aux autres. Devant le bureau encore, ça passait, mais là, les élèves étaient vraiment beaucoup trop nombreux.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Nov - 20:39

Les élèves, dans la cafeteria, n’étaient pas nombreux. Non…Comme a toutes les heures de la journée, ce qui avait le don d’étonner Gabriel au plus au point, mais spécialement a l’abord des heures normales de repas, comme par exemple…Maintenant…Une énorme foule compacte se déversait dans la cafeteria, qui ne pouvait pas lutter. D’un air parfaitement détaché, Gabriel fit remarquer :

« Oh, non, pas pour manger plus vite. Que tu es naïve ! Non, c’est simplement que…parfois... Tu comprends l’odeur de la nourriture, tout ca, cela les rend dingues…Ils redeviennent des bêtes….Non, non, l’arme c’était juste pour…Se défendre, les contenir, tu comprends ? »

Fit-il remarquer comme s’il s’était agi d’une évidence. La quatrième personne qui le bouscula en l’envoyant valsé, et donc Mizuki également par même occasion, contre le mur, cette personne là eut le droit à un regard noir. Gabriel était joli garçon. Gabriel était beau, soyons honnêtes. Mais il suffisait de peu, qu’un peu de colère, de rancœur, une simple humeur se greffe dans ses yeux sombres pour qu’il ait instantanément l’air d’un psychopathe prêt a abattre tout ce qui bouge. Oh, bien sur, c’était pensé, tout cela, il s’était étudié dans le miroir, de façon à décourager d’éventuels gêneurs. Bien sur. Mais enfin, toujours est il qu’a le voir si doué dans ce domaine, une question venait très vite a l’esprit : peut on vraiment si bien imité la folie lorsqu’on est totalement sain d’esprit. Mais oui, mais oui voyons. Et puis, tant que le ciel nocturne n’était pas éclairé par une lune pleine, tout irait bien…Les jours de pleine lune évidemment…Les poils, le regard rouge-sang, tout ca ce n’était pas beau à voir. Car oui, Gabriel était un loup-garou, mordu des son plus jeune âge….Quel drame !

Enfin passons, sa double nature ne regardait que lui (ou pas). Son interlocutrice semblait peu rassurée face à la foule.

« Agoraphobe ? »

Demanda t il sans y prêter attention. Les évanouissements de sa meilleure amie lors de diverses concerts l’avait rendu particulièrement perspicace a ce sujet. Dans son cas, c’était plus gênant : être noctambule et agoraphobe, croyez moi, c’est vraiment un problème. Enfin. Inutile de la soumettre à une telle torture, il n’avait d’ailleurs pas non plus follement envie de déjeuner dans cette espèce de lieu qu’il jugeait proprement infâme.

Elle lui demanda s’il ne préférait pas plutôt déjeuner dehors. Immédiatement et dans un reflexe, je vous l’accorde, assez étrange, l’image du plan de Nagoya s’inscrivit dans sa tête, ainsi que les derniers lieux qu’il avait visité. Oui, le jeune brun avait le guide Michelin dans la tête…Chacun son don, j’ai envie de dire, il n’avait pas le sens de l’orientation mais, par contre, il pouvait se rappeler du nom et de l’adresse exacte d’un restaurant qu’il avait visité une fois…Et même sans trop s’y accrocher. Enfin bref. L’ordinateur tourna un moment, puis le jeune homme sembla prêt et en état de répondre

« Oui, bien sur, si tu veux. Oh, certes, j’avais profondément envie de déjeuner avec tous mes amis qui se collent les uns aux autres là bas, mais puisque tu y tiens…Je suis obligé, je suis quelqu’un de poli, moi, mademoiselle. »

Il soupira légèrement. Oh, oui, tous ses amis là bas ! Coucou les copains ! Mon Dieu, que c’en était affligeant…Un tel manque de crédibilité. La simple idée de côtoyer plus de cinq minutes les élèves criards qui se bousculaient aux mêmes heures tous les jours dans ce lieu infect le dégoutait. L’idée d’ami le repoussait. Ajouter les deux, secouer…Oh, de la mousse ! Bref.

Il sourit légèrement à la jeune fille.

« Il est probable qu’on se perde, mais ca te mettras en appétit. De quoi tu as envie. »

Oui, Nagoya était une grande ville avec des restaurants internationaux. Oui, oui…Non, il est utile de préciser parce que Gabriel en avait douté un moment…Mais il avait bien été obligé de se rendre à l’évidence : non, il ne vivait pas « dans la campagne japonaise » comme il l’avait laissé échapper…Non…Mon Dieu, ce qu’on peut être bête, quand on est européens. Pire, londoniens. Ce qu’on peut être bête quand on se prend pour le centre du monde….

Son bras toujours sur les épaules de Mizuki, Gabriel attendait sa réponse, sans prendre garde aux élèves affamés qui semblaient fortement offensés de devoir s’écarter et faire dévier leur sacro-saint chemin vers la nourriture a cause de ces deux…Censurons la suite, pour le bien de tous. Bref. Le jour où Gabriel prendrait garde à ce genre de choses…Il arrêterait sans doute de se transformer en loup-garou sous l’éclat de la lune.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Nov - 22:47

Naïve ? Elle ? Il faisait fausse route s’il avançait quelque chose de pareil. Depuis très jeune déjà, Mizuki avait perdu toute la naïveté dont elle avait pu faire preuve dans son enfance. Elle n’avait jamais cru au Père Noël ni à la Petite Souris par exemple. Non. Elle n’était pas du tout le genre de fille à croire toutes les bêtises qu’on pouvait bien lui raconter, ni à s’imaginer des choses qui s’avéraient en réalité fausse. C’était juste que là, la première idée qui lui était venue à l’idée à l’évocation d’une arme, c’était tuer. Oui oui. Mizuki était une fille assez spéciale, aux pensées et aux idées un peu…étranges on va dire. Non pas qu’elle soit non plus une psychopathe ni quelque chose du genre. Et puis, elle se doutait bien que Gabriel n’avait pas l’intention d’égorger les autres élèves, elle avait juste répondu par une plaisanterie, déguisée certes.

« Je me doutais bien que c’était ça. Ou alors que ça aurait pu servir de moyen de pression, tu vois ? Mais si j’ai tout d’abord pensé à les égorger, c’est à cause de mon côté sadique. »

A peine eut-elle terminé sa phrase qu’elle fut propulsée…non le mot est un peu trop fort…disons plutôt, envoyée contre le mur avec son camarade qui venait de se faire bousculer par une espèce de bête affamée, qui était d’ailleurs censé être un élève. Gabriel avait raison ! Ils redevenaient des bêtes. Pire que des lions en cage à qui on balancerait un morceau de
viande rouge. Une véritable tuerie. Il fallait partir avant qu’il ne soit trop tard. Elle leva les yeux vers le jeune homme, ayant le temps d’apercevoir le regard qu’il lançait à celui qui les avaient bousculés. Si Mizuki ne connaissait pas du tout Gabriel, elle serait sans doute partie en courant, effrayée. Cette lueur dans ses yeux suffisait à lui donner des frissons. Le jeune homme était quelqu’un qu’il ne fallait pas provoquer, au risque de s’attirer ses foudres.
L’élève déguerpit à la vue de Gabriel, et même si Mizuki était plutôt effarée de voir Gabriel ainsi, elle ne put réprimer un léger sourire moqueur à l’attention du déserteur. Son expression changea radicalement lorsque le jeune homme lui demanda si elle était agoraphobe. De toute évidence, il avait remarqué qu’elle était très peu rassurée. Elle acquiesça d’un signe de tête.


« Oui, depuis mon enfance. Une longue et ennuyeuse histoire. »

En effet, c’était une longue histoire. Quant à l’adjectif ‘ennuyeuse’ ce n’était pas qu’elle l’était, mais plutôt qu’elle était assez douloureuse, et que Mizuki n’avait pas l’intention de la raconter, car cela l’obligerait à faire surgir des souvenirs dont elle ne voulait pas se rappeler. En aucune façon. Elle qualifiait cette histoire d’ennuyeuse pour éviter que Gabriel ne s’y intéresse, donc pour qu’elle n’ait pas à la raconter. De toute manière, pourquoi s’y intéresserait-il ? Bref. Elle ne voulait pas en parler, et elle ne voulait même pas y penser. C’était une fille forte, elle ne devait en aucun cas craquer.

Le jeune homme enchaîna alors, acceptant sa proposition d’aller manger à l’extérieur. Mizuki lui sourit, presque soulagée, avant de se mettre aussi à rire doucement. Elle prit un air et un ton faussement sérieux, voire même très éxagéré.


« Mais si vous voulez jeune homme, je peux vous laisser seul, ici, au milieu de toutes ces bêtes sauvages pendant que moi je déjeunerais dans le calme et la sérénité… »

Elle se stoppa un instant avant de reprendre, toujours de ce même ton sérieux :

« Seriez-vous en train d’insinuer que je ne serais pas polie jeune homme ? »

Elle laissa échapper un nouveau rire, oui encore un. Elle jeta un coup d’œil vers les tables où étaient presque entassés les élèves qui avaient été servis. Elle s’imagina sans difficulté la scène : Gabriel au milieu de ces espèces de bêtes sauvages, perchés sur une table, tentant de se débattre à l’aide d’une fourchette de d’une petite cuillère en hurlant des ‘Arrière ! Monstres !’ Mizuki se retint de rire, elle passerait vraiment pour une imbécile si elle se mettait à rire comme ça, sans aucune raison apparente. Oui, apparente. Mais cette pensée qui lui avait traversé l’esprit était vraiment à mourir de rire. Pour elle. Elle n’était pas sûre que le jeune homme soit de son avis.Bref. Il reprit la parole.

« Oui effectivement, c’est le risque à courir. Mais cela devait bien arriver, on avait imaginé le pire tout à l’heure, maintenant cela nous retombe dessus. Et puis, c’est mieux de se perdre à deux que de se perdre tout seul, non ? »

Elle lui adressa un nouveau sourire. De quoi avait-elle envie ? Elle n’en avait aucune idée. Enfin, si une petite. Elle se ferait bien un japonais… Oh …! Pas dans ce sens là voyons ! Nous n’avons pas encore atteint un tel degré de perversité ! Sérieusement, elle ne savait pas. De plus, elle ne connaissait pas la ville, tout ce qu’elle avait put en voir, c’était rapidement quelques rues, quelques maisons, qu’elle avait aperçut à travers les vitres du taxi dans lequel elle était ce matin. Alors c’était inutile de lui demander, elle n’en savait rien.

« Honnêtement, je n’en ai pas la moindre idée. Je ne connais pas la ville, ni ses restaurants, alors je te laisse choisir ! »
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeSam 22 Nov - 17:26

« L’égorgement, c’est bien trop brutal pour moi…Trop de sang sur les murs. »

Le geste lassé de sa main lorsqu’elle se leva pour souligner ses propos semblait déjà vouloir essuyer ce fameux sang dans l’air. Quoi ? Il fallait bien rester dans le même thème pour répondre à son interlocutrice, non ? Et en l’occurrence, il s’agissait du gore…Et puis, oh, restons calmes, il n’avait jamais égorgé personne. Ceci dit, il y avait bien un fond de vrai : Gabriel n’était pas un violent. Oh, bien sur, il lui arrivait d’avoir des accès de…D’humeur. Mais il n’avait pas la carrure pour être violent, d’abord. Et puis ca ne l’intéressait pas. Tant qu’on ne l’y obligeait pas bien sur. Lorsqu’on se débrouille seul, qu’on s’élève seul, il y a certaines choses qu’on apprend, même lorsqu’on grandit très, très loin des quartiers chauds.

Enfin passons. Mizuki répondait à sa question quant à l’agoraphobie en répondait qu’il s’agissait d’une vieille, longue et ennuyeuse histoire. Oh, chacun son moyen d’éviter de raconter sa vie. Mais elle n’avait pas vraiment à se faire de soucis de ce coté là : le jeune brun ne faisait pas tout a fait partie de ces personnes avides de renseignements sur la vie des autres. Non. Il s’en moquait, premièrement. Deuxièmement, et plus simplement, il ne tenait lui-même pas vraiment à dévoiler sa vie privée. Alors il n’allait tout de même pas pousser l’absurdité jusqu'à demander aux autres une chose à laquelle il répugnait lui-même. Enfin, la jeune fille avait déjà changé de sujet. Bon, alors ils iraient déjeuner dehors ?

« Oui, mais, très chère, tu n’aurait pas alors le plaisir de déjeuner en tête à tête avec…Moi ! »

Fit-il remarquer comme au terme d’une réflexion. Qui donc aurait supporté de renoncer à un déjeuner avec lui, voyons ? Oh, bien sur, il y avait une part d’exagération dans les propos de Gabriel. Simplement…Il aurait été difficile de reconnaitre dans ses propos, comme cela arrivait fréquemment, d’ailleurs, ce qu’il pensait de ce qu’il jouait. Jusqu’où allait sa part d’orgueil ? La feignait-il presqu’entièrement ? C’était là quelque chose qu’il était pratiquement impossible de deviner. Et pour cause ! L’égocentrisme était une partie, peut être la plus importante, du personnage qu’il s’était crée. Révéler le vrai du feint, ca aurait été comme révéler tous les secrets d’un magicien : son personnage aurait perdu tout son intérêt. Et puis, soyons sérieux, quel genre de personne a véritablement envie de connaitre les secrets du magicien ? Tout son charme est là. On les découvre, avec la joie de la victoire…Mais on a perdu tout le plaisir qu’il y avait dans le fait de ne pas comprendre. Gabriel fonctionnait comme un magicien, à cette différence près qu’il ne sortait pas de lapin de son chapeau…Mais que de son être impassible, il pouvait sortir à la suite toutes les émotions de la terre, sans n’en ressentir aucune. La lisière entre ce qu’il ressentait et ce qu’il faisait, c’était là l’épicentre du secret.

« Jamais je n’oserais mettre en cause la politesse d’une jeune fille. Même de celles qui insinuent qu’il serait plaisant de se perdre dans un coin sombre en compagnie de ma petite personne. Ce qui, il est vrai, dépasse pourtant légèrement les règles de la bienséance. »

Le détachement de professeur dont il faisait preuve aurait presque fait passer son excès de confiance en lui, et la lourdeur de ses sous-entendus. Apres tout, une même plaisanterie salace n’aurait pas sonné de la même façon sortie de la moue féminine de ce visage fin et pale que des grosses lèvres d’un camionneur. Bien sur, tout dépend de celui qui dit, tout dépend de l’apparence. Etait-il si compliqué de comprendre pourquoi il s’attachait tellement à son image ? La jeune fille lui fit remarquer qu’elle ne connaissait pas la ville. Ah, oui, lui, bien sur, il la connaissait. Mais comme sa poche, voyons, messieurs-dames !

Et puis à vrai dire, il détestait choisir. Oui, cela pouvait paraitre étrange, évidemment, mais il s’agissait pratiquement chez lui d’un handicap. Choisir le restaurant, le bar, le club, la fille ou le garçon. Choisir ses vêtements le matin, dans la boutique. Choisir ce qu’il lirait, ce qu’il boirait, ce qu’il avalerait. Peut être était ce pour cela qu’il visitait d’ordinaire un endroit différent chaque soir, que sa penderie était un vrai magasin, que ses étagères étaient remplies de toutes sortes de livres. Qu’il changeait fréquemment d’amants, aussi. Et bien quoi ? Quand on ne sait pas choisir, on a toujours l’impression d’avoir manqué quelque chose…Un léger regret, qui relève plutôt de l’insatisfaction permanente de l’enfant gâté... Enfin, il n’était pas prêt à révéler cette petite faiblesse à son interlocutrice.

« Et bien, je suppose qu’il faut que je m’habitue à la cuisine locale, tu ne crois pas ? »

Fit-il remarquer sans y réfléchir. Oui, là, la décision était facile, puisqu’il ne s’agissait pas de ce qu’il voulait vraiment, de ce dont il avait envie, mais simplement de quelque chose de logique, de cadré. Or, contrairement à ce que laissait penser ses gestes étudiés, Gabriel s’attardait le plus souvent à savoir ce dont il avait envie plus que ce qui était bien, bon, logique, raisonnable. D’où les difficultés qu’il rencontrait. L’envie était pratiquement son seul critère de repère. Un peu comme une ligne blanc/noir, Bien/Mal, qui aurait un peu évolué.

Enfin, passons, la décision était prise, tout allait bien, ils déjeuneraient japonais. Le guide Michelin fut de retour. Pages 35 à 57, la cuisine locale. L’inclination de sa tête l’aidait peut être à remettre les neurones du programme en ordre…Toujours est-il qu’il sembla se rappeler de quelque chose, d’un petit…Placard. Quoi ? Tout était atrocement petit ici, non ? Enfin, passons, d’un restaurant, donc. Le souvenir sembla être particulièrement frappant, puisqu’il s’empressa d’entrainer Mizuki. Non sans, au passage et par totale inadvertance, bien sur, bousculer une horde d’élèves. Oh, une petite vengeance innocente, ca n’a jamais fait de mal a personne !

« Tu vas voir, il n’y a rien de mieux que de se perdre dans une ville pour la découvrir. »

En soit, c’était parfaitement vrai. Seulement, l’idée de se perdre dans une ville pour la « découvrir » alors qu’on a faim, évidemment, ce n’était pas forcément une image digne de contenter tout le monde…Mais enfin, il valait mieux la prévenir, non ? Il était encore temps, ils n’avaient pas passé la porte. Apres, ce serait trop tard…Mais dedans, si elle s’échappait, il ne réussirait sans doute pas à la rattraper…C’était sa dernière chance, elle ne semblait pas vouloir la saisir…Pauvre âme innocente. Niark.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Nov - 18:26

Effectivement. Mizuki s’imagina la scène : de pauvres adolescents tous égorgés, se tenant désespérément le cou, agonisants, s’effondrant, les uns après les autres. Et les murs, tapissés d’une couleur rouge vif. En effet ce n’était pas ce qu’il y avait de plus ‘clean’. Autant tous les empoisonner avec du Sianure ou quelque chose du genre, une mort rapide et efficace, une mort propre, sans bavure. Mais pourquoi se mettait-elle à penser à des trucs pareils ? Elle avait parfois de drôles d’idées, espérons qu’elle n’en fasse pas une habitude.

Par chance, ou peut-être par désintéressement de la part du jeune homme, Gabriel ne lui posa pas de questions concernant la raison de son agoraphobie. Peut-être avait-il simplement compris qu’il ne devait pas lui poser de questions là-dessus au risque de réveiller de douloureux souvenirs. Ou alors peut-être qu’il s’en moquait éperdument, et ce n’était pas si mal si c’était effectivement le cas. Non, vraiment. Elle ne voulait pas en parler, surtout pas. Elle pourrait parler de n’importe quoi, révéler les secrets les plus inattendus sur elle, mais pas ça, c’était au dessus de ses moyens. Bref. Le jeune homme enchaîna alors, affirmant une fois de plus sa prétention, factice ou bien réelle. La jeune fille prit tout d’abord un air faussement stupéfait.


« Oh ! Comment tu te jettes des fleurs ! »

Elle se mit à rire de nouveau. C’était comme si chacune des réflexions du jeune homme avait le don de l’amuser et de la faire sourire. Elle se sentait à l’aise, étrangement. Non pas que d’habitude elle était plutôt timide, mais elle avait plutôt du mal à se montrer tout de suite totalement extravertie. Et puis, le jeune homme lui ressemblait assez, du moins elle le pensait. Car elle ne savait pas s’il était réellement ce qu’il montrait de lui ou alors si ce n’était qu’une façade. Elle espérait le savoir un jour.
Oui, donc. Elle souriait en hochant légèrement la tête, amusée. Même s’il cachait bien son jeu, elle sentait la part d’exagération dans la voix de Gabriel. Sérieusement, qui aurait été si narcissique jusqu’à pousser le jeu de la prétention aussi loin ? Quoi que… Des gens si imbus d’eux même, Mizuki en avait déjà rencontré, elle aurait préféré que cela n’arrive jamais d’ailleurs. Même si elle montrait un grand intérêt pour elle-même, elle n’allait pas jusqu’à atteindre un degré extrême d’égocentrisme qui la pousserait jusqu’à l’égoïsme suprême. Même si elle ne le montrait que très rarement, elle se souciait bel et bien des autres, essayant au moins de porter un minimum d’attention à ses proches, contrairement à ses parents qui eux ne s’étaient jamais souciés d’elle. Peu importait de toute manière. Elle ne les avait jamais réellement aimés. Comment pourrait-on aimer des personnes qui font passer leur travail et leur argent avant leur propre fille ? C’était impossible. Jamais elle n’avait reçu la moindre affection, seulement des cadeaux qui pleuvaient littéralement sur elle, comme si son père et sa mère tentaient tout de même égoïstement et faussement de lui montrer qu’ils tenaient à elle. C’était raté. Bref. Aujourd’hui, elle était loin d’eux, elle avait fait sa propre vie, pourquoi ressasserait-elle encore ce passé si lointain ?


« Je n’ai jamais insinué qu’il serait plaisant de me retrouver seule dans un coin sombre en compagnie de votre petite personne Monsieur Gabriel. Seriez-vous en train de vous imaginer des choses pas très innocentes ? »

Dit-elle avec une légère moue, l’air outrée. Un faux air de plus, qui faisait seulement partie de cette plaisanterie mutuelle. Comme si cela aurait pu la choquer. La blague. Elle avait grandit seule, fréquenté tous les genres de personnes que l’on pouvait imaginer… Alors des plaisanteries salaces comme celle-ci… Il en faudrait plus, bien plus pour la choquer. Et encore, cela s’annonçait plutôt difficile. Très difficile. Elle releva alors son visage un peu plus vers le jeune homme, arborant une expression plus que provocante.

« A moins que vous ne vouliez en effet vous retrouver seul dans un de ces coins sombres avec moi… »

Si elle n’avait pas sourit de façon enfantine la seconde suivante, on aurait bien pu croire qu’elle parlait sérieusement. Pourtant elle était loin d’être une dévergondée de ce genre. Vraiment. Même si parfois elle se faisait passer pour telle dans le but d’obtenir ce qu’elle voulait obtenir, sans aller jusqu’au bout. Elle jouait ni plus ni moins la comédie. Une autre de ces facultés. Elle était très bonne actrice. Que voulez vous, lorsque l’on fréquente de la racaille jusqu’au gratin de la bourgeoisie, il fallait bien savoir tenir plusieurs rôles.

« Sans doute… »

Répondit-elle à la question du jeune homme. Sans doute, même si dans cette ville il ne devait pas y avoir que des restaurants japonais, c’était impossible. Avec le développement des fast food, tout ça, c’était évident qu’il devait il y avoir autre chose que des restaurants typiquement japonais. Mais au moins, dans l’immédiat, la question du lieu où ils déjeuneraient était réglée. Ils mangeraient local. Et ça lui convenait tout à fait.
Un instant, Gabriel, tête penchée, semblait réfléchir. Une demi-seconde plus tard, sans que Mizuki ait eu le temps de dire ou de faire quoi que ce soit, il l’entraîna vers la sortie, en prenant soin de bien bousculer quelques élèves au passage, une douce et agréable vengeance. Il n’allait pas s’en priver, si ? Bref. Selon ses mots exacts, il n’y avait rien de mieux que de se perdre dans une ville pour la découvrir. Il n’avait pas tout avait faux. Et puis ils avaient du temps devant eux, beaucoup de temps. Il n’y avait pas de cours cette après midi, alors pourquoi se priver d’une petite virée en ville ? Elle se laissa entraîner joyeusement, peu importait s’ils se perdaient, ce serait sûrement amusant.
Ils quittèrent donc la cafétéria, sous le regard hargneux des élèves qu’ils avaient bousculés, ils s’étaient peut-être déjà fait des ennemis. Tant pis. Et puis cela finit par être lassant d’être toujours aimé de tout le monde, il faut bien de temps en temps quelques conflits qui animent votre vie non ? Et puis, ils l’avaient mérité quoi ! S’ils s’étaient tenus un peu à carreaux eux aussi ce ne serait pas arrivé. Comme dit l’expression ‘tu cherches, tu trouves’. Certes, c’était quelque peu immature de raisonner ainsi, mais ce n’était pas comme s’ils allaient en faire une habitude. Elle verrait bien
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Nov - 2:00

L’air horrifié que prit Gabriel lorsqu’elle lui fit remarquer qu’il se jetait des fleurs aurait presque pu être crédible…presque. Sans le sourire innocent qui l’accompagnait, peut être. Le même air innocent qui resta inscrit sur son visage lorsqu’elle l’accusa de vouloir lui-même se trouver seul et dans le noir avec elle. Lui ? Avoir de telles idées impures, mais jamais voyons…Il n’était tout de même pas une espèce de…Débauché ! D’accord, pas de rire, derrière, s’il vous plait, un minimum de crédulité !

Bon. D’accord, peut être que le jeune brun n’était pas tout à fait un modèle de vertu. Sa pudeur…N’existait pas. Et son idée des relations entre les êtres était effectivement, parfois assez proche de la simplification extrême : les autres sont des êtres dont on peut se servir. Bon. Mais il n’était pas non plus une espèce de dingue qui coince les filles dans des ruelles sombres, la nuit, pour profiter de leur candeur ! Oh, non…Son monde à lui c’était plutôt…Comment dire ? La lumière ? Oui, la pleine lumière, la séduction raffinée. Se mettre en lumière vous connaissez ? Sa peau si pale semblait être resté trop longtemps sous les lumières blafardes et trompeuses des clubs…Peut être même qu’il y avait une part de vérité la dedans…

« Mademoiselle, puis je vous faire remarquer que je suis un jeune homme pur qui ne saurais comprendre vos insinuations pour le moins…Choquantes. »

Il s’interrompit un instant, et son regard éclatant se tourna vers son interlocutrice. Cette vision sembla lui donner une illumination.

« Ceci dit, il y a beaucoup de coins sombres dans cette ville…Enfin je dis ca…Innocemment. »

Il était assez impressionnant de voir le visage d’enfant qu’il était capable d’adopter. Un enfant qui n’aurait même pas su comprendre le sens du mot « vulgaire ». Gabriel était l’exemple même de celui qui a assimilé toutes les différentes manières qu’il peut y avoir d’exprimer quelque chose, et n’en a retenu que celle qui peut le dédouaner totalement de son propos. C’était cet incroyable détachement qui empêchait de prendre toute prise sur lui. Qui faisait que tout, irrémédiablement, glissait sur lui. C’était tellement plus facile de se distancier de ses propos, pour qu’ainsi, même lorsqu’ils reflètent la réalité pure, ils ne paraissent encore n’être qu’un joli mirage.

Déjà, il semblait s’être désintéressé de la question, et son joli minois se retournant vers les élèves bousculés dont les lèvres formaient des insultes sourdes, qui venaient mourir en silence. Ils poussaient déjà la porte qui menait vers l’extérieur. La lumière puissante du soleil éblouit le jeune homme un instant, et il inspira une bouffée d’air, comme chaque fois qu’il passait de l’intérieur a l’extérieur. Comme pour s’assurer que le monde lui était encore favorable. A vrai dire il n’avait pas faim. Il n’avait pas envie de s’enfermer dans un restaurant. Mais il n’aurait pas la bassesse de perdre volontairement sa jeune interlocutrice. Non ! Certes Gabriel n’était pas un modèle de conscience, mais il était poli. Et contrairement a ce qu’on aurait pu penser au premier abord, la politesse rattrapait, particulièrement chez lui qui avait peu d’autres règles, beaucoup de ses défauts.

Certes, le chemin qu’il prenait était aléatoire…Mais ce n’était pas voulu. Par contre, le fait qu’il marche à reculons, c’était légèrement plus étrange…Surement un début d’une de ses fameuses crises d’hystero-hyperactivité. Oui, oui, parfois, même les meilleurs d’entre nous on besoin de relâcher la pression, de retomber en enfance, de voir combien de temps ils peuvent marcher dans la rue à l’ envers sans tomber…Pourquoi pas, après tout.

« Alors ? Tu vois des ruelles glauques ? »

Demanda t il avec un sourire alors que les passants pestaient contre cet imbécile qui les obligeait à s’écarter sous peine de se heurter a son dos. Allons, voyons, qui n’a pas rêver de se heurter au dos de Gabriel ? Il s’égarait, n’est ce pas ? C’est elle qui avait commencé ! Bon. Passons. Il lui fallu plusieurs minutes…Longues minutes, surement, si Mizuki avait un problème de confiance face aux inconnus, elle qui devait se coltiner une espèce de dégénéré incapable de marcher correctement en société. Mais enfin, il accepta de reprendre une attitude à peu près normale. Certes, il avait une démarche un peu sautillante. Certes, il affichait son sourire un peu énigmatique, synonyme chez lui de « j’ai envie de faire une bêtise », comme la même expression l’était chez les petits enfants. Sauf que dans son cas, cela impliquait involontairement(ou pas), l’idée de « quelqu’un va devoir le subir. ». Bien sur. Mais comme ce regard n’était pas tourné vers la jeune fille qui l’accompagnait, elle avait déjà un souci de moins…La pauvre. Tenir Gabriel dans une rue bondée de gens insignifiants, c’était déjà beaucoup. Surtout lorsqu’il décida qu’il avait l’impression de reconnaitre cette rue, et qu’il fendit la foule pour opérer un virage a 90degrés. Oui, certes, les manières de Gabriel étaient celles, par excellence, d’un gamin qui peut tout se permettre, et qui en a parfaitement conscience. Mais enfin, c’était cela, aussi, qui faisait son charme. Comment, non ?
[Heu...Pardon?]
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeVen 28 Nov - 18:22

« Des insinuations choquantes ?! Je rêve ! C’est toi qui as commencé ! »

Déclara-t-elle, l’air de nouveau outrée, enfin, juste une façade, comment aurait-elle pu être véritablement outrée, pour si peu ? Elle avait prit le ton d’une gamine à qui on vient de reprocher une faute qu’elle aurait effectivement commise mais dont elle voudrait se décharger à tout prix, du genre « Non c’est pas moi c’est lui ! ». Elle se mit à rire légèrement. Ce n’était pas ça du tout ça. Non pas du tout. Ce faux air de gamine prébubère ne lui allait pas, mais alors vraiment pas. C’était l’exact contraire de ce qu’elle était réellement, même si ils lui arrivait fréquemment de se faire passer pour une parfaite écervelée innocente et naïve. Lorsqu’elle commettait des erreurs elle les assumait toujours, et acceptait les conséquences qui allaient évidemment avec. Et parfois, les conséquences de ses erreurs étaient vraiment très peu enviables. Si ce n’est pour dire pas du tout.

Et puis, lui ? Un jeune homme pur ? La blague ! Mizuki n’en savait rien, c’était vrai, mais comment un garçon de son âge, aussi séduisant qui plus est, soit aussi pur qu’il le prétendait ? Peut-être qu’il avait un visage d’ange et portait de plus le nom d’un ange, mais il devait être loin d’en être un… Enfin, elle n’insinuait pas non plus qu’il s’agissait d’un espèce de pervers dégénéré qui profitait des jeunes filles dans les ruelles sombres dès qu’il en avait l’occasion, loin de là… Il avait juste un esprit un peu déplacé… Tout comme elle d’ailleurs, qui l’assumait pleinement, sans pour autant s’en vanter. Jamais. Assumer quelque chose et s’en vanter, ce n’est définitivement pas la même chose. Elle baissa les yeux un instant. Lorsqu’elle les releva, le regard éclatant du jeune homme s’était posé sur elle. Il la regardait comme s’il avait vu la Vierge, ou comme si elle-même était la Vierge en personne. Enfin, il ne faut pas exagérer non plus. Il prit la parole, lui déclarant d’une façon tout à fait naturelle qu’il y avait beaucoup de coins sombres dans cette ville. La jeune fille n’en savait rien, elle venait à peine d’arriver !… Non mais… C’était quoi ces insinuations douteuses ??


« Innocemment ? Elle toussota légèrement, innocemment tu dis ? Laisse-moi rire ! Toi ? Innocent ? C’est dans quelques mois le premier Avril tu sais… »

Dit-elle, pour plaisanter en lui tirant légèrement la langue, une simple taquinerie. Gabriel, lui, avait adopté une expression tout à fait enfantine. C’était affolant de voir le charisme dont il pouvait faire part, changer d’expression à sa guise. Il devait être quelqu’un d’assez difficile à cerner, même si la jeune fille arrivait tout de même à saisir quelques subtilités dans ses paroles ou son ton.

Bref, ne nous attardons pas sur le sujet. Lorsqu’ils arrivèrent dans la cour, Mizuki fut éblouie par la lumière du Soleil. Elle ne se rappelait pas qu’il faisait si beau ce matin, lorsqu’elle était arrivée. Tant pis, ce n’était pas important. Elle ferma les yeux un instant, puis les rouvrit doucement, s’habituant peu à peu à cette clarté inhabituelle. Ils marchèrent en direction des grilles, avant de finir par les dépasser. Liberté. La blague… Comme si dépasser les simples grilles de leur lycée était synonyme de liberté. Mais la jeune fille, elle, comptait bien agir comme il lui plaisait. Elle n’avait jamais eu de règles à respecter, aucun comportement à avoir ne lui avait été imposé. Jamais. Et ce n’était pas demain la veille que cela changerai.

Gabriel avait à présent lâché son bras, et marchait… A reculons ! Mizuki s’arrêta un instant, interdite, surprise. Ce n’était pas tout les jours qu’elle voyait quelqu’un se promener ainsi, c’était assez étrange, et, il fallait l’avouer, assez amusant. Le plus drôle était encore de voir la tête des passants, intrigués, ou encore en colère lorsque le jeune homme leur rentrait accidentellement, ou pas, dedans. La jeune fille, elle, dut se retenir d’éclater de rire à plusieurs reprises. Mais elle savait se tenir tout de même.


« Des ruelles glauques ? Il y en a un peu de tous les côtés. Nous sommes dans une rue principale, alors la plupart des rues qui sont perpendiculaires sont des petites ruelles glauques… Ou pas. »

Après un court instant, Gabriel se remit à marcher normalement, mais adopta cette fois une démarche un peu sautillante. On aurait dit un vrai gamin. C’était chou. Il ne semblait même pas se soucier du regard des autres qui pesait sur lui chaque fois qu’ils croisaient d’autres personnes. Lorsqu'il se tourna de nouveau vers Mizuki, ill affichait un sourire quelque peu énigmatique, comme un gosse prêt à faire une bêtise dès que ses parents auraient eu le dos tourné. Même pas une minute après, il tourna à l’angle d’une rue, en fendant une foule de personne en deux. Au sens figuré évidemment... Mizuki accéléra le pas pour le suivre, bousculant quelques personnes aux passages, elles n'avait qu'à pas se mettre en travers de son chemin ! Quand elle fût de nouveau à sa hauteur, elle lui demanda avec un sourire provocateur, alors qu’il affichait encore ce mystérieux sourire.

« Qu’est ce que tu as derrière la tête ? Tu veux que je t’emmène dans une ruelle sombre c’est ça ? »


[ Oui ?
Vraiment désolée pour le retard au fait… ]
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Nov - 23:22

Gabriel se mordit la lèvre. Il était allé un peu loin avec elle, et l’avait visiblement blessée, bien qu’un peu involontairement. Il avait surtout été pris de cours, à vrai dire…Enfin, passons. Il sourit légèrement et retourna s’assoir sur son propre lit, en ramenant ses jambes dont il se servait fréquemment d’ailes…Comme maintenant…On va tous faire le papillon ensemble, ca détend l’atmosphère ! Bon, bref.

Ah bon ? Il n’était pas innocent ? Le regard enfantin de Gabriel se tourna vers la jeune fille qui faisait de telles affirmations. Si. Si, il était innocent, innocent comme un gamin presque majeur qui joue à se faire peur, qui joue à voir ce qu’on peut faire comme un enfant qui brûle les pattes d’une araignée ou d’une fourmi. Il n’avait jamais fait cela, ni dénicher les oisillons, ni tuer de souris en les secouant par la queue. Non. Par contre, il avait joué à voir quel âge il pouvait prétendre avoir pour boire de l’alcool. Il avait joué à savoir combien il pourrait obtenir de ses parents s’il se prétendait prêt à vendre de la coke pour vivre. Chacun ses jeux, Gabriel n’avait pas été un enfant comme un autre. Mais c’était sans doute pour cela que son visage avait gardé la pâleur étonnée de l’enfance : parce que, tout simplement, il était resté, resterait peut être toujours, un gamin qui veut faire joujou avec les fourmis.

Lorsqu’elle lui demanda s’il voulait qu’elle l’emmène dans un coin sombre, il éclata de rire si brusquement qu’il faillit s’en étouffer

« Mais à quoi penses tu ? C’est moi le mâle. »

L’accent qu’il mit sur son dernier mot, qui correspondait parfaitement à l’accent aristocratique et très anglais qui lui faisait rouler toutes les lettres entre ses lèvres avant qu’elles n’osent sortir, tout cela ne faisait qu’accentuer l’improbabilité d’un mot tel que « mâle » dans la bouche de Gabriel.

Il était assez difficile, à vrai dire, d’assimiler le jeune brun à un « mâle ». Dans la finesse de ses traits, on pouvait voir que sa mère avait été une très belle femme. Et qu’elle était presque plus belle encore en homme. Dans ce qu’il disait, dans sa façon de se comporter, on pouvait constater…Qu’il était une très belle femme fatale. Même quantité de vêtements dans les placards, même étude de ses jolis jolis gestes, même façon de passer ses bras derrière le cou de ses amants, même façon de se toucher le cou et la nuque. Même mépris pour les femmes, aussi, sans doute. Gabriel avait sans conteste voulut se créer en petit être fort à l’apparence fragile. Quoi de plus fragile qu’une jolie fille ?

« Mais moi je croyais que tu avais juste faim…En fait tu veux m’utiliser comme objet sexuel comme toutes les autres, c’est ca ? »

Il baissa la tète, boudeur. Il avait l’air parfaitement sincère…C’était un comble ! De telles affirmations, venant de sa part ? Et bien, décidemment, il y en a qui n’ont peur de rien ! Peur de rien ? Un groupe de jeunes gens très propres sur eux passa. Regards dans le vide, têtes relevées dans un port hautain, oh, oui, ceux là étaient de bons clients ! Envie de faire une bêtise ? Solution 1 : Prendre une douche froide. Solution 2 : Prendre un curly. Solution 3 : Tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Solution 4 : Faire des haltères. Solution 5 : S’en prendre à des inconnus dans la rue. Puisque Gabriel n’aimait pas prendre sa douche tout seul, d’abord, pas plus que tourner sa langue…Enfin bon, vous avez compris…Que, de plus, il n’avait pas de curly sous la main et qu’il avait laissé ses haltères a la maison…Quel dommage ! Il choisit de s’en prendre au malheureux groupe qui pensait encore être en sureté, enfermés qu’ils étaient dans leur fierté de jeunes éphèbes. Trois garçons, deux filles, des milliers de possibilité !

Non, ce n’était pas au sens sexuel qu’il l’entendait ! Mais non, puisqu’on vous dit qu’il avait envie de faire une bêtise ! Mais pas CE genre de bêtise, voyons, pas en plein jour et en pleine rue…D’accord, il en fallait plus pour l’arrêter. Mais bon…Il n’avait pas envie, et ce dont il n’avait pas envie, comme vous l’aurez remarqué, et bien, il ne le faisait pas ! Bref. Son regard-radar s’était désintéressé de Mizuki, il scannait le groupe. Oh, oui, le petit jeune a manteau-sac poubelle ! Parfait ! Il avait même les lunettes de soleil, mon dieu, la proie parfaite ! Il s’approcha du groupe, beaucoup plus calme, sembla-t-il, et avec un tel air de joli garçon qu’il fit s’arrêter les cinq personnes sans aucun problème. Après tout, il avait l’air de quelqu’un qui va demander l’heure. Ou, plus certainement, avec son air d’européen paumé, d’un touriste qui demande son chemin.

« Excusez moi….Vous pourriez m’aider ? »

Air interrogateur d’une part, air de parfaite innocence de garçon facile de l’autre. Gabriel adorait se mettre en scène. Non, plus que ca…Et puis, la jeune fille l’avait un peu cherché non. Il la désigna d’un geste lent de la main.

« Pourriez-vous lui expliquer à quel point il est difficile pour moi de n’être considéré que comme un sex-symbol ? Je ne suis pas qu’un corps ! »

L’air suppliant-hystérique qu’il prit en prononçant la deuxième partie de sa phrase avait quelque chose de la farce. Ce n’était pas ce qu’avait l’air de penser le pauvre minet dont il avait attrapé le bras et ses quatre acolytes, qui semblaient totalement abasourdis. Et bien quoi ? Ils n’avaient pas l’habitude que les jolis garçons les abordent avec une certaine étrangeté ? Gabriel haussa les épaules et les laissa à leurs interrogations métaphysiques

« J’ai pourtant essayé de te l’expliquer mille fois, ma petite caille ! »

Fit-il remarquer en prenant l’air suppliant de l’amoureux transit lorsqu’il se retrouva face à Mizuki. Non, ce n’était pas un effet du traducteur automatique : l’appellation qu’il venait de donner a la jeune fille était bien aussi étrange dans sa langue natale à lui, aucun soucis. Presqu’aussitôt, il ajouta avec distraction

« Au fait, c’est là. »

Il désignait, même si ce n’était pas totalement évident, le restaurant de l’autre coté de la rue. Oui, oui celui d’où les gens qui sortaient les regardaient avec étonnement. Tout comme ceux qui déjeunaient à l’intérieur, à coté de la vitre. Tous comme les passants, dans la rue, qui s’étaient écartés pour laisser un grand espace autour d’eux et du groupe de proprets. Ah bon, Gabriel avait parlé à (très) haute et intelligible voix ? Oh, il ne s’était pas rendu compte…Le spectacle de ce jeune homme à l’accent étranger qui ne voulait plus que sa petite amie, puisque c’était sans doute ce que la majeure partie des personnes présentes avaient compris, ne le considère comme un simple bout de viande…Oui, cela semblait intéresser globalement…pas mal de monde. My God, ce que les gens ordinaires peuvent avoir une vie sans intérêt ! Heureusement qu’il était là pour relever le niveau. Lui et son humour irrésistible. Lui et sa séduction sublime. Lui et son corps attrayant. Lui et sa chevelure de rêve. Lui et ses yeux…Ah, pardon, on s’emporte, peut être ? Bon…et bien bref.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeMer 3 Déc - 0:13

Juste après avoir prononcé cette dernière phrase, Mizuki se mordit la lèvre, prenant conscience de l’éventualité que Gabriel aurait put prendre sa phrase au premier degré. Et si jamais c’était effectivement le cas, il la prendrait sûrement pour une perverse finie. Non pas qu’elle n’était pas perverse… Mais… Mais moins que lui voyons ! Depuis une dizaine de minutes il glissait des sous-entendus pervers dans presque chacune de ses phrases, et à présent, il la regardait avec un air tout à fait innocent, comme il le faisait depuis qu’il avait commencé ses insinuations douteuses d’ailleurs, tel un jeune garçon naïf et totalement pur dont l’idée de la perversité n’effleurerait même pas son esprit chaste. Toujours ce même air enfantin qui aurait pu attendrir même les pires brutes, et Mizuki ne faisait pas exception à la règle. On aurait dit qu’il s’était entraîné des dizaines de fois à faire ce regard de gosse, pour voir l’effet que cela produirait. Et il savait pertinemment quel effet il produirait. Oh oui, il le savait. Une autre de ses multiples facettes, de ce personnage étonnant qu’il devait s’être constitué.

Lorsqu’il éclata de rire, jusqu’à frôler l’étouffement d’ailleurs, Mizuki fut tentée de se sentir vexée. Ah bon, maintenant il se moquait d’elle ? Non, quand même pas. Cela devait juste être le sommet, le point culminant de la plaisanterie… Ou pas. Gabriel prit un air supérieur, pas prétentieux, non, juste dominateur, comme un cerf dans une meute de biches. Le mâle dominant. Justement, il se revendiqua comme tel. Comme le mâle, en sous-entendant que si l’un devait emmener l’autre dans un coin sombre, ce serait lui qui emmènerait la jeune fille. Le mâle… Mizuki le regarda de la tête aux pieds. Jamais l’idée de le qualifier de mâle ne lui aurait effleuré l’esprit. Il avait des traits si fins, un corps si mince, si frêle… C’était un garçon, oui, encore cela restait à vérifier, mais un « mâle », non, pas jusque là.


« Oh pardon monsieur le mâle, répliqua Mizuki en insistant bien sur le mot ‘mâle’, alors si l’envie vous prends de m’emmener dans un coin sombre, je me soumettrai à votre volonté suprême. »

Elle préférait jouer le jeu plutôt que de casser le jeune homme dans son délire, ce qu’elle n’aurait jamais fait, voyons ! Elle s’amusait, rien de plus. Pour une fois qu’elle trouvait quelqu’un d’ouvert, que rien ne pouvait choquer, enfin pour l’instant... Elle en avait assez des gosses coincés, choqués, horrifiés, à la moindre référence au sexe, même s’il ne s’agissait que d’une simple plaisanterie ! Non, vraiment. Ce genre de personne, c’était ce qu’il y avait de plus pitoyable, et presque insupportable pour notre jeune japonaise.

Bref. Le jeune homme enchaîna, avec la plus parfaite sincérité, la naïveté dans la voix. Tout. Innocemment, il déclara qu’il croyait que Mizuki avait juste faim, mais qu’en fait, elle se servait de lui, dans l’unique but de l’utiliser comme objet sexuel. Avec un air théâtral, il rajouta ‘comme toutes les autres’. La parfaite caricature du garçon adulé, ne pouvant plus supporter d’être un objet d’adoration et de pulsions charnelles. Il baissa la tête, la mine boudeuse. Pour continuer sur sa lancée, Mizuki saisit doucement le menton du jeune homme et le releva lentement, de façon à ce que leurs deux visages se retrouvent face à face. Elle lui susurra alors d’une voix plus que provocante :


« Tu as tout compris chéri, mais je n’ai pas menti. J’ai faim… Très faim… »

Elle s’approcha dangereusement du jeune homme, le regard plus pervers que jamais. Puis elle se stoppa et leva un sourcil avec un sourire, l’air de dire « tu y as cru hein ? ». Elle se mit à rire, amusée, ce n’était rien de plus qu’un jeu, encore et encore. Comme un enfant qui essaye de voir quelles limites il peut atteindre avant de voir la sanction tomber, une façon de voir jusqu’où elle pouvait aller comme ça.
Bref. Cela s’arrêta là, un groupe de jeunes passa près d’eux, attirant fortement l’attention de Gabriel qui les regardait avec comme une étincelle de malice dans le regard, prêt à faire une bêtise d’une seconde à l’autre. En effet, la seconde suivante, il se dirigeait vers eux, calme et déterminé, un sourire éclatant illuminant son visage. Le groupe s’arrêta facilement. Les deux filles du groupe se lancèrent un regard, s’adressèrent un sourire qui voulait tout dire. Les jeunes de nos jours… Ce n’était qu’un garçon parmi tant d’autres enfin ! Bon d’accord, un très, très joli garçon. Mais ce n’était pas non plus la peine de s’extasier devant lui à la fin ! Bref… Gabriel commença par leur demander de l’aide. Qu’avait-il exactement derrière la tête ? Mizuki n’allait sûrement pas tarder à le savoir… Il la désigna d’un geste de la main, le cœur de la jeune fille fit un bond, sous le coup de la surprise. Mais à quoi jouait-il ? Il leur demanda alors d’expliquer à notre jeune japonaise à quel point il était difficile pour lui de n’être considéré que comme un sex-symbol, qu’il n’était pas qu’un corps. C’était la meilleure ! Maintenant elle passait pour une parfaite obsédé, limite pour une nymphomane ! Les cinq adolescents se regardèrent, abasourdis, presque choqués. Mizuki dût se retenir fortement d’éclater de rire, la situation était plus que comique, il fallait l’avouer. D’une part en raison de l’expression horrifiée de chacun des adolescents et d’autre part en raison de la façon dont Gabriel se comportait avec Mizuki. On aurait dit un vieux couple…oh pitié, qu’on nous épargne ça.

Puis, l’air tout à fait détaché, il désigna le restaurant japonais qui se trouvait de l’autre côté de la rue. Mizuki se retourna, prenant ainsi conscience de la façon dont ils s’étaient donnés en spectacle tout les deux. Certaines personnes s’étaient arrêtées pour les regarder, se retournaient, et d’autres étaient littéralement scotchés contre les vitres du restaurant et des magasins pour les observer. Grande gueule, comme toujours, Mizuki lança d’une voix forte :


« Il n’y à rien à voir ! Vous n’avez que ça à faire ? Circulez ! »

Elle s’approcha lentement du jeune homme pour lui glisser à l’oreille, entre ses dents, en affichant en même temps un sourire vicieux :

« Je me vengerai, sois en sûr mon petit Gaby ! »
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeSam 6 Déc - 15:11

Lorsque sa tête pudiquement baissée fut relevée par les doigts fins de son interlocutrice, il ne put s’empêcher de montrer une légère once de surprise. A vrai dire il ne s’était pas attendu à ce qu’elle réagisse autrement que par…La surprise, l’étonnement. Oh, oui, pitié, qu’elle soit mal à l’aise ! Non. Elle avait faim. Au point de s’approcher si près de lui, si près qu’il pouvait sentir son souffle contre sa peau. Lorsqu’il la vit lui adresser un sourire victorieux qui sous entendait qu’il n’aurait pas si facilement ce qu’il pensait, il comprit.

Oh, bien sur, ce genre de choses….Il y avait certaines armes qu’il était possible de retourner contre Gabriel. Bien sur, il était possible de le mettre mal à l’aise, et c’était presqu’uniquement en employant ses propres moyens. Ou l’opposé même. Mais Mizuki ne semblait pas apte à utiliser la parfaite innocence, elle avait donc choisi de jouer sur son terrain. Mais les rapprochements physiques… C’était tellement, tellement une habitude chez lui de mettre ainsi à l’épreuve les pauvres êtres qui semblait être attirés par lui. Tellement, d’ailleurs, qu’il n’eut à aucun moment la faiblesse de se reculer, même légèrement. Encore moins celle d’avancer son visage pour remplir la faible distance qui les séparait. Oh, que non ! Il se contenta d’entrouvrir légèrement les lèvres avec un air parfaitement assuré. Comme s’il avait voulu la prévenir qu’à trop s’approcher de lui, elle pourrait se prendre dans ce piège même qu’elle prétendait tendre a quelqu’un qui avait tant l’habitude de ce genre de séduction vaguement dangereuse, prédatrice. Le soleil, les ailes qui brulent, Icare, vous connaissez ?

Mais ce n’était pas à cela qu’il pensait. Il ne réfléchissait pas à savoir s’il aurait eu envie d’avancer ses lèvres, non. Il comprenait soudain qu’elle lui plaisait. Non pas physiquement, elle ne l’attirait pas. Cela ne voulait pas dire qu’elle n’aurait jamais pu l’attirer, mais c’était autre chose qui le frappait. Elle lui plaisait comme peu de gens savait le faire, en entrant sur son terrain sans devenir une faible caricature de lui-même. En un mot, elle l’intéressait. Ce mot parait bien faible, pour le commun des mortels, mais pour Gabriel, c’était différent. Les êtres qui l’intéressaient, l’avaient intéressé pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Cette petite japonaise pouvait prétendre à pouvoir éventuellement entrer dans cette catégorie. Ce n’était pas le genre de personnes qu’il mettait dans son lit, malgré ses nombreuses insinuations. Oh, bien sur, ce n’était pas contradictoire, mais c’était plutôt le genre de personne avec qui il discutait. Le genre de personne dont il gardait les messages dans son téléphone. Gabriel était une bête sociale. Son carnet d’adresses aurait suffit à lancer toute une école de jeunes premiers de toutes sortes. Mais si l’on avait ouvert les fichiers confidentiels de ce qu’il gardait dans son téléphone, dans ses mails, il y avait bien peu de noms. Mais qui revenaient souvent.

Sans doute était-ce cette constatation un peu étrange qui fit naitre ce rire cristallin qui s’apercevait encore au coin de ses lèvres lorsqu’il s’approcha du groupe de jeunes .Ce même rire qui résonna encore lorsqu’il se tourna pour voir Mizuki envoyer bouler les passants, d’une voix forte. Tout ce qu’il n’aurait pas fait. Il haussait rarement la voix. Oh, bien sur, il lui arrivait d’être en colère…Assez souvent. Mais lorsque c’était contre quelqu’un, il préférait le détruire sans abimer ses jolies cordes vocales. Lorsque c’était contre lui, il abimait ses mains contre les objets qu’il faisait voler, pas sa voix. Elle résonnait rarement. C’était exactement ce qui semblait être le lien, le pont, entre son apparence glaciale et son tempérament pour le moins….Sulfureux, dans tous les sens du terme.

Il lui attrapait déjà le bras lorsqu’elle se rapprocha pour lui glisser à l’oreille une promesse de vengeance. Il sourit.

« Ce sera avec grand plaisir, ma chère, que j’observerais cette vengeance. Je n’aime pas ce qui est tiède. »

Lui répondit-il du même ton sourd et étouffé, tout aussi proche. Mais déjà son bras s’était insinué sous celui de la jeune fille et l’entrainait vers le restaurant. Les exhortations de Mizuki avaient semble-t-il fonctionné, car aucun passant ne continuait à s’attarder pour les regarder. Ou alors très discrètement, en détournant le regard lorsqu’il se heurtait au regard bronze de Gabriel.

« J’oubliais. Gabriel. Mon prénom est Gabriel, je n’apprécie guère les surnoms, j’espère que tu m’en excuseras. »

Il poussa la porte du dos, et y resta appuyé, en parfait gentleman, qu’il était par ailleurs, pour assurer le passage de la demoiselle à ses cotés. La politesse n’avait pas chez lui cet air d’exagération presque stupide, dépassée, qu’elle prenait parfois chez certains. Gabriel était Anglais, il venait d’une famille aristocratique, il était né avec la bienséance. De celle-ci, comme le reste de sa famille, d’ailleurs, il n’avait gardé que la politesse. La rigueur d’âme, les scènes violentes et passionnées reléguées à l’intimité du logis…cela ne faisait pas partie de sa conception de la vie. Mais il était poli. Poli comme un garçon à peine homme capable de séduire une femme dans la force de l’âge. Poli comme un garçon intemporel, un être façonné par la société, et qui la vomit par tous les pores de sa peau, mais avec un air des plus agréables.

Lorsque Mizuki fut entré, il la suivit rapidement et s’approcha de son oreille en appuyant une de ses mains sur son épaule.

« Moi aussi, je suis affamé. J’ai toujours été très…Gourmand ».

Il l’était. Pas spécialement pour la nourriture, non, bien sur, mais il était ce qu’on appelle un « esthète », pas un goinfre. Il était friand de beauté, de saveur, de volupté dans tous les objets qui pouvaient les lui apportés. Et puis, oui, il avait faim. Dans quel sens l’entendait-il ? Oh, un magicien qui révèle ses tours n’est pas drôle. Personne n’aime connaitre l’avenir, voyons.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeSam 6 Déc - 23:26

Lorsque Mizuki releva la tête de Gabriel, elle s’aperçut de la surprise du jeune homme. Apparemment, il ne pensait pas qu’elle agirait de cette façon, qu’elle pousserait le jeu encore un peu plus loin, qu’elle le provoquerait encore un peu plus. Pourtant si. Elle était comme ça, à pousser les limites le plus loin possible, même si, malgré tout, elle savait parfaitement bien à quel moment elle devait s’arrêter. De toute évidence, il avait pensé qu’elle serait mal à l’aise ou qu’elle se sentirait coupable de l’avoir vexé. Mais comment aurait-elle pu vraiment le vexer ? Ce n’était qu’un jeu, qu’une ‘blague’ et tout les deux le savaient pertinemment.

Il ne bougea pas. Elle non plus. Comme si chacun d’eux cherchait à savoir qui perdrait la face en premier, comme s’ils cherchaient à se mettre à l’épreuve mutuellement. Le jeune homme entrouvrit les lèvres. Etait-ce un avertissement ? Ou une simple provocation, une de plus ? Non. Mizuki pencha plutôt pour un avertissement. Ses yeux, son visage, son sourire, tout cela semblait la prévenir que si elle s’approchait trop de lui, elle risquait d’avoir des surprises. Après tout, ce ne serait pas une surprise si désagréable, si ? Bon d’accord, on se tait.

Ils ne bougèrent toujours pas. Mizuki le fixait droit dans les yeux, bien décidée à ne pas baisser le regard si facilement. Le silence pesait entre les deux lycéens, pas un silence oppressant, loin de là. Il finit par s’éloigner, en riant, pour commettre son ultime crime : faire passer Mizuki pour une parfaite obsédée auprès d’un groupe d’adolescents innocents. Innocents ? C’était bien pire que cela, on aurait pu aisément les qualifier de petites natures… C’est vrai quoi, être choqués pour si peu… Vraiment.

Elle se rapprocha de lui lorsque le groupe s’éloigna, horrifié. Gabriel lui saisit le bras alors qu’elle lui promettait de se venger. Il l’observerait avec grand plaisir ? Et bien d’accord, il serait servit. Même si la jeune fille ignorait totalement la façon dont elle s’y prendrait. Elle refusait catégoriquement de lui faire subir une vengeance stupide, une vengeance bête et méchante, destinée uniquement à le faire payer. Non, cela devait être bien plus subtil que ça. Elle devait trouver quelque chose de plus intelligent, de plus réfléchit. Elle avait le temps. Et rien ne valait l’effet de surprise. Répliquer lorsqu’il s’y attendrait le moins serait encore plus drôle. Enfin... Pour elle.

Bref. Il lui fit remarquer qu’il ne souhaitait pas qu’elle lui donne de surnom. Ah bon ? Elle n’en avait pas l’intention. L’appellation qu’elle lui avait donné faisait pleinement partie du jeu, et était aussi en réponse au propre surnom qu’il lui avait donné. Ma petite caille... Quand même. C’était... Frustrant, rabaissant, pour la jeune fille. C’était le genre de surnom que des grands parents donnaient à leurs petits enfants. La honte. Enfin...


« C’était juste une taquinerie. Si j’avais réellement voulu te donner un surnom, j’aurais trouvé quelque chose de plus élaboré que ça enfin ! Pour qui me prends-tu ? »

Elle lui adressa un sourire, de nouveau. Non mais c’est vrai quoi ! Gaby... Il y a bien mieux que ça comme surnom débile et rabaissant. Enfin, c’était juste pour rire un peu...
Ils se dirigèrent vers le restaurant. Depuis que Mizuki avait gueulé sur les passants, rares étaient ceux qui se hasardaient à les regarder. Et les petits curieux qui persistaient encore les observaient à la dérobée, détournant très rapidement le regard lorsqu’ils croisaient le regard noir de Mizuki. Gabriel passa devant elle, pour ouvrir la porte en la poussant avec son dos. Il la retint pour laisser passer la jeune fille Un vrai gentleman. En même temps, il était d’origine anglaise, alors ce n’était vraiment pas étonnant. Du tout. Et puis, ce n’était pas pour déplaire à la jeune fille, un peu d’attention, de politesse, de bienséance, ça ne fait jamais de mal.

A peine eut-elle passé la porte qu’il s’approcha de nouveau d’elle. La porte claqua doucement derrière eux. Gabriel posa une main sur une des épaules de Mizuki, avant de lui glisser à l’oreille qu’il était affamé, et qu’il avait toujours été très... Gourmand. Dans quel sens ? Avait-il décidé de faire durer le jeu qu’ils avaient involontairement lancé ? Oui parlait-il proprement de nourriture ? Non. La façon dont il l’avait dit, il était peu probable qu’il parle réellement de nourriture, ce fut ce que la jeune fille pensa instinctivement. Mais après tout peut-être qu’elle se trompait... Ou pas.


« Et bien tachons de vite assouvir ta...gourmandise. »

Déclara Mizuki, un sourire aux lèvres, un léger éclat malicieux dans les yeux. Elle saisit doucement le bras du jeune homme et l’entraîna vers une table libre, au fond de la salle. Dans un coin sombre ? D’accord, d’accord... On sort. Elle lâcha le bras de Gabriel, puis s’installa sur une chaise. Lorsque son camarade fut lui aussi assit, en face d’elle, elle lui demanda avec un nouveau sourire :

« Alors... Qu’est ce que tu veux manger ? »
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeMer 10 Déc - 19:57

Gabriel ondula entre les sièges, entre les tables, en suivant Mizuki. La remarque de la jeune fille sur sa gourmandise le fit sourire un instant. Assouvir sa gourmandise ? Si elle avait su ce qu’il lui aurait fallu pour assouvir sa gourmandise…Enfin, passons. Il s’assit en face d’elle, bien qu’il lui faille un moment pour déloger la chaise légèrement coincée entre la table et le mur. On aurait dit un gosse qui cherche la solution d’un Rubiskub. Enfin, passons, le jeune homme finit par s’assoir, et s’appuya du coude sur la table. Oh, ca va, il n’y a que quand on mange qu’on ne peut pas le faire, et il fallait bien que sa tête s’appuie quelque part, non ? Elle était bien trop lourde pour lui. Toutes ces connaissances, toute cette intelligence…God ! C’est un poids de chaque instant, vous savez ! Bref. Elle lui demanda ce qu’il voulait manger. Lui ? Choisir ? Non. Aussi étrange que cela puisse paraitre, Gabriel détestait choisir, d’où le geste las de la main qu’il adressa à son interlocutrice

« Oh, c’est toi la Japonaise, non ? Tu pourrais me conseiller, je t’ai déjà assez servi de guide, non ? »

Lui fit-il remarquer en feignant une extrême fatigue. Ce n’était pas très compliqué pour lui. Feindre d’être las, las d’une fille, d’un garçon, d’un endroit, d’une soirée, d’une conversation....Il maniait avec une adresse rare l’art de rejeter ce qui l’entourait en jouant les femmes fragiles du XIXème siècle. Oh, oui, il était très doué pour jouer les migraineuses…Mais enfin, il ne poussa pas le vice jusque là et se contenta d’adresser un sourire plus ou moins amusé à son interlocutrice. Il allait lui rétorquer qu’elle n’avait décidemment pas l’intention de lui faciliter la tache, ou quelque chose du genre, lorsque son téléphone émit la sonnerie jazzy vaguement métallique dont il avait l’habitude.

Sans un mot d’excuse, bien sur, il ouvrit son portable pour lire le message qu’il venait de recevoir. Un sourire véritablement amusé s’inscrivit sur ses lèvres fines. Troisième message de la journée. Cette fois, Lena trouvait que son voisin dans le métro ressemblait à Frankenstein. La première fois, elle n’arrivait pas à mettre ses chaussettes. La deuxième, elle s’était brûlée avec ses nouilles. Le fait qu’il garde exactement la même proximité avec elle que s’il avait encore été à Londres avait quelque chose d’à la fois rassurant et profondément étonnant. Le jeune brun n’était pas le genre de personnes qui laissent des messages composés essentiellement de « tu me manques » et de « je t’aime ». Il n’était donc pas difficile de comprendre pourquoi cette fille était l’une de ses seules amies. Ce qui l’était plus, c’est de s’apercevoir que des gens comme lui, comme cette fille très blonde, très riche, très belle, qui envoyait des sms d’Angleterres à son copain de beuverie….Comment ces gens là pouvaient parler de chaussettes, de brulures…God ! Ils prenaient le métro ? Alors qu’il lui répondait quelque chose du style de « tu les attires » ou plutôt « je croyais que tu aimais les garçons originaux », il voulut relever les yeux vers Mizuki pour éviter de passer pour un parfait goujat. Seulement, alors qu’il tentait de lui adresser de vagues excuses, les sons rapides et entrechoqués qui sortirent de sa gorge à vitesse grand V étaient parfaitement étrangers au japonais. Il sourit légèrement.

« Haem…Désolé. Enfin, je veux dire, pour le…J’ai des amis très collants. »

Il n’avait pas d’ami très collant... Il envoyait lui aussi sa dose quotidienne de messages à celle qui avait joué, alternativement, parfois en même temps, les rôles d’entremetteuse, d’amante, d’amie, de sœur, d’infirmière, voir de pompiers, de guide touristique, de cuisinier…Gabriel ne savait pas faire grand-chose tout seul. Il ne voulait pas. Et puis il adorait qu’on s’occupe de lui, et il n’y avait guère que cette fille là pour avoir le droit de rester chez lui, de fouiller dans ses placards pour trouver hypothétiquement de la farine et pour porter ses chemises…Avec son autorisation.

Non, son regard éclatant ne s’embua pas de larmes à cette pensée. Aussi fortement qu’il puisse profondément aimer quelqu’un, il n’était pas du genre sentimental. Il n’était pas du genre à pleurer une absence. Pas du genre à faire des scènes de jalousie. Il n’était pas du genre à se mettre en état de faiblesse éventuelle. Ses yeux se reposèrent sur la jeune fille qui lui faisait face. Non, elle n’aurait pas droit aux grandes effusions. Lena était ce qu’elle avait toujours été pour lui. Enterrée dans un coin profond de sa tête, dans sa poche, qui en sort comme un diable de sa boite quand on s’y attend le moins. Ce n’était pas le genre de filles à qui l’on dit qu’elles comptent pour vous. Il n’était pas le genre de garçon à dire cela. A le penser non plus. Voilà tout.

« Alors ? Qu’est ce qu’on mange ? »

Il y avait beaucoup de bruit dans le restaurant fort peuplé à cette heure, et il se dit que la jeune fille avait eu raison de chercher une table dans le fond, un peu isolée. Oh, oui, isolée dans un coin sombre, à l’ écart, là où personne ne voit. Non ? Pardon. Reprenons…Le repas, le repas…


Dernière édition par Gabriel Lin le Mer 10 Déc - 20:03, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeSam 13 Déc - 13:29

Notre jeune japonaise regarda Gabriel dans le blanc des yeux. Sans ciller. Sans bouger. Histoire de le tester encore un peu, de voir jusqu’au ce petit jeu de la provocation les mènerait, sans trop savoir comment elle agirait ensuite d’ailleurs. Mais elle aimait ça, les imprévus. Enfin, cela dépendait desquels. Elle préférait largement finir dans un lit par une suite d’évènements qu’elle n’aurait put empêcher. C’était ce genre d’imprévus qui lui plaisait. Parce que, les retards, les gens qui se décommandent à la dernière minute, elle avait horreur de cela. Bref. Ses lèvres étaient entrouvertes et plissées en un léger sourire, les sourcils un peu froncés, son regard était brillant, un peu pervers aussi. Avec une pointe de sadisme peut-être ? Pas encore les enfants, chaque chose en son temps.

Elle appuya sa tête sur une de ses mains. Certes, ce n’était pas des manières à avoir à table, mais ainsi, elle se retrouvait directement face à Gabriel, près de son visage, qu’il retenait également en l’appuyant dans sa main d’ailleurs. Et puis, ce n’était pas comme si Mizuki avait une attitude proprement désinvolte non plus. N’exagérons rien. Elle appuyait juste sa tête dans une de ses mains, elle n’était pas couchée ni affalée sur la table ! Et puis, après tout, une fille avec un comportement désinvolte jusqu’à la parfaite fainéantise, cela ne plaisait pas, il fallait un minimum de tenue pour espérer attirer quelqu’un. Et même si la jeune japonaise s’était déjà souvent laissé aller, elle faisait bonne figure le reste du temps, elle n’était pas une espèce de débauchée non plus enfin ! Du moins, elle essayait de faire bonne figure, auprès des gens auprès desquels elle jugeait utile de faire bonne figure. Son impulsivité prenait, il était vrai, souvent le dessus, et ce n’était pas souvent bien vu, ni apprécié d’ailleurs. Mais elle s’en moquait éperdument. Elle n’était pas conforme à ce que la société attendait d’elle ? Tant pis pour les autres, et tant mieux pour elle. Si Mizuki avait bien horreur de quelque chose, c’était qu’on tente de la formater selon l’idéal féminin japonais de l’époque. Jamais elle ne deviendrait une espèce de sainte nitouche de bonne famille, ni un pantin constamment manipulé. Jamais. Non. Ce n’était vraiment, mais alors, vraiment pas envisageable. Qu’ils aillent tous au diable avec leurs attentes stupides. Bref, ne nous égarons pas.

Le jeune homme ne voulait pas choisir ? Grand bien lui en fasse. Mizuki souhaitait seulement que ce ne soit pas là l’un de ces élans de galanterie. Oui, parce que trop de courtoisie tue la courtoisie. Le ton de la voix de Gabriel avait été néanmoins cassant, à moins que ce ne soit plutôt le fond et la forme de sa phrase qui l’avaient été. Il lui avait déjà assez servi de guide selon lui… La jeune fille aurait pu se sentir vexée si jamais il ne lui avait pas adressé de sourire après lui avoir répondu. Cet espèce de sourire qui pouvait sûrement dissuader n’importe qui de s’énerver ou de faire quoi que ce soit d’autre que de sourire aussi à son tour. C’était…Rageant à la fin ! Rien qu’en souriant ainsi, il devait pouvoir obtenir tout ce qu’il voulait en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire. Mizuki avait de quoi se sentir quelque peu inquiète… Ou pas.


« Bon, et bien, je suppose que c’est à moi de choisir à ta place ! Je ne ferai pas dans l’originalité, ça n’a jamais été vraiment mon truc… Alors j’espère que tu n’as rien contre les sushis ! Après tout, il va bien falloir que tu en manges un jour ou l’autre, c’est la cuisine locale. »

La jeune fille appela une serveuse et lui fit part de la commande. Des sushis donc. Gabriel avait plutôt intérêt à être déjà plus ou moins habitué à manger autre chose que ce qu’il mangeait en Angleterre, car la cuisine japonaise n’avait strictement rien à voir avec la cuisine anglaise, mais alors rien du tout.

Pendant qu’elle commandait, le téléphone du jeune homme sonna, il le prit et l’ouvrit pour lire le message qu’il venait de recevoir, sans s’excuser, ni rien. Et à vrai dire, Mizuki s’en moquait, les excuses, ça n’avait jamais été son truc non plus. Elle aurait sûrement agi de la même façon que Gabriel si jamais elle été dans la même situation que lui. Mais malheureusement, les personnes qui lui envoyaient des messages ou qui l’appelaient étaient très rares, vraiment très rares. Bref. Après avoir répondu au message qu’il avait reçu, Gabriel voulu s’excuser. Ah.


« Ce n’est rien je t’assure. Si tes amis ne t’envoyaient pas de messages, tu aurais franchement de quoi t’inquiéter. »

Et Mizuki, elle, avait vraiment de quoi s’inquiéter. Des messages, elle n’en recevait pas. Ou très rarement. Passons sur ce sujet là, elle n’avait franchement pas envie d’y penser, et encore moins d’en parler. Non vraiment, qui aurait envie de parler de personnes qui se prétendent vos amis alors qu’elles ne vous donnent jamais de nouvelles et qu’elles doivent vous avoir déjà oublié ? Mizuki n’en avait pas envie, cela s’arrêtait là. Et puis, au final, elle s'en moquait. Elle n'avait besoin de personne, si elle n'avait vraiment pas pu se passer de toutes ces personnes qui avaient fait partie de son passé, elle ne serait jamais venue ici. Des amis, elle s'en ferait sûrement d'autres, et ils seraient sans doute bien mieux que ces espèces d'hypocrites qui s'étaient servis d'elle et de son argent.

Le jeune homme releva les yeux, croisant de nouveau le regard de notre jeune japonaise. Il lui demanda ce qu’ils mangeaient. Et en plus, il lui faisait répéter ? C’est bon, il n’y avait pas mort d’homme non plus. Il n’avait simplement pas fait attention, ni écouté quand la jeune fille avait commandé. Il n’y avait rien de grave. Comme si de rien n’était, Mizu lui adressa un sourire, quelque peu amusé certes, puis finit par répondre à sa question.


« Des sushis darling, des sushis. »
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeMer 17 Déc - 20:47

Son regard profondément brun prit un éclat particulier. Niark.

« Des amis ? J’ai dit amis. »

Son rire cristallin éclata comme une bulle. Il y avait quelque chose détrangement peu rassurant dans la fausseté de son rire de petite princesse. Enfin, rien de bien méchant. Juste quelque chose qui disait clairement « Je nai rien à voir avec le reste du monde ». Quelque chose qui criait légoïsme mal placé, un peu, certes.

« Fans. Je voulais dire fans. Ils sont exaspérants, tu comprends, ils me harcèlent, mais enfin, je suis obligé de leur répondre. »

Oui. Oui, oui, il est possible de pousser la fierté jusque là, et aujourdhui devant vos yeux ébahis, une preuve ! Tadam ! Non, plus sérieusement, il est vrai que le jeune homme recevait beaucoup dappels de gens plus ou moins bien attentionnés. Quoi de plus normal ? Il était richeNon, il était ultra riche, il avait ses entrées à peu près partout et puis, surtout, sa famille et lui passaient pour ne pas avoir franchement peur de jeter leur argent dans des tentatives plus ou moins aventureuses. Plus ou moins légales, aussi, ce qui laisse imaginer le genre dappel que pouvait recevoir le dernier né de la petite famille. Enfin bon, il nétait pas non plus totalement harcelé par son fan club. Oui, il en faisait des tonnes. Plus de trois et demi, à vrai dire (comprendras qui pourra). Mais enfin, ca faisait partie du jeu, il fallait avoir lu les petits caractères, là, en bas de la septième page de contrat : Humour particulier à prendre en compte. Cétait clair, noir sur blanc. Bref.

Mizuki lui parlait de sushis, ce qui fit vaguement un écho dans sa petite tête. Elle avait surement dû déjà le dire. Ce nétait pas forcement de la mauvaise volonté : les problèmes de concentration de Gabriel nétaient pas uniquement feints. Il avait un réel problème pour garder son attention fixée sur quelque chose, surtout sur quelque chose de statique. Un tête à tête, pour lui, cétait réellement un exercice psychologique intense.

Enfin passons, sa tête était revenue se poser au creux de sa main. Un instant, il se demanda si la jeune fille avait fait exprès de prendre la même position que lui, si elle essayait de se rapprocher où sils étaient tellement en osmose quils jouaient au miroir. Non, la dernière question, il ne se la posa pas, il lui restait tout de même un semblant dintelligence. Par contre, il finit par se dire quil devrait arrêter parfois le flot de pensées parfaitement incohérentes qui couraient joyeusement dans sa tête. Pause. Sushis ?

Oh, oui, cétait le moment où il devait jouer les ingénus ! Oui, non, Gabriel navait jamais été pour la séparation sexuelle des rôles et le rôle de lingénu, cétait tellement drôle. Instantanément, une surprise, un étonnement magistral vint se peindre sur son visage.

« Comment tu dis ? Sushis ? Tu m’expliques ? »

Non, non, il nessayait même pas de ridiculiser son interlocutrice, ou de se moquer delle. Il aimait juste se faire rire lui-même, et il nétait pas rare quil semporte dans des délires quil était le seul à comprendre, et qui, dailleurs, bien souvent, nintéressaient que lui. Bref. Parce que, oui, Londres était une grande capitale européenne et il doutait quaucun des habitants dune grande ville occidentale nignore le sens du mot « sushi ». Bon, dire quil avait une sainte horreur de la cuisine japonaise naurait pas été totalement totalement faux maisIl faudrait bien quil shabitue. Et puis, quil aime ou non, de toutes façons, il picorait souvent à table pour se gaver de choses en tous genres, tres sucrées ou tres salées le plus souvent, entre ses clopes, dans la journée. Gabriel avait un comportement alimentaire plutôt puéril qui venait rappeler que malgré la dose de nicotineEt dalcool qui circulait dans son sang pratiquement chaque jour de la sainte année, il était encore un petit gosse qui préfère les chamallows à la gelée de truffeOu aux sushis.

Alors oui, il connaissait la cuisine japonaise. Certes peut être pas autant que son interlocutrice, cétait même probable. Mais tout autant que la cuisine chinoise, française, mexicaine, ouzbek Il avait vécu toute sa vie dans une grande capitale, avait par ailleurs voyagé déjà, et fréquentait un milieuGlobalisé, voyons ! Bref. Pendant quil restait dans son petit délire solitaire de passer pour un inculte, et qui ne devait pas forcement être aussi drôle pour son interlocutrice, sa main tapotait sur la table.

A vrai dire, il était probable que même sil avait expliqué pourquoi il souriait légèrement, Mizuki naurait pas compris. Ni personne dailleursNon, sérieusement, qui est ce que cela aurait fait rire ? Non, non, pas la fille du téléphone non plus. Pourquoi est ce que Gabriel nessayait que rarement de faire de lhumour ? Oh, bien sur, il en faisaitContre les autres. Mais du simple humourEt bien il avait dans ce domaine un sens très particulier de ce qui est drôle. Il jouait plutôt dans la catégorie de labsurde. Doù son étude particulière des onomatopées, dailleurs

Oui, Gabriel se passionnait aussi pour certaines choses parfaitement insignifiantes. Enfin, bref, passons
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeLun 22 Déc - 13:55

« Oui Gabriel, tu as bel et bien dit amis. »

Déclara Mizuki avec un léger sourire. Le jeune homme répliqua alors, pour se corriger. Des fans ? Bah voyons. Et puis, pourquoi pas une bande de groupies décérébrés aussi, tant qu’on y est ? Gabriel était-il vraiment aussi imbu de lui-même jusqu’à pousser sa prétention aussi loin, ou étais-ce encore un jeu, une façade ? La jeune fille ne posa pas la question, épargnons nous les conflits. Elle préféra prendre tout ceci comme une plaisanterie, comme tout le reste depuis le début. C’est pourquoi elle laissa échapper un léger rire cristallin avant de répondre au jeune homme, l’air légèrement moqueuse, juste pour rire.

« Faites attention Monsieur Lin, vos chevilles risquent d’enfler et de gâcher votre physique parfait… ! »

Sans en faire trop, elle avait imité l’air de la fan transie qui se serait plus soucié du jeune homme que d’elle-même. Bien sûr, ici encore, ce n’était qu’une taquinerie. Gabriel semblait se prêter au jeu, et ça n’avait pas l’air de lui déplaire. On s’amuse avec ce qu’on peut les enfants. Non, mais vraiment, un jeune homme comme lui, aussi riche et beau qu’il puisse l’être, ne pourrait pas être si vaniteux que cela, si ? Mais elle n’avait pas son mot à dire. Après tout, elle était comme lui, même si face à lui, elle ne se montrait pas aussi prétentieuse qu’elle pouvait le faire d’habitude. Pourquoi ? Allez savoir.

L’instant suivant, le jeune homme prit un air totalement étonné. Des Sushis ? Oui des Sushis ! Il n’allait quand même pas prétendre qu’il ne savait pas ce que c’était ? Il était ici depuis un bon bout de temps, alors… Et bien si. Il osait, et demanda à Mizuki de lui expliquer. La jeune fille ne cru pas un seul instant à sa prétendue ignorance. C’était évident, il était écrit en gros sur son visage quelque chose du genre « je me paye ta tête ». Elle fit glisser légèrement son coude sur la table, s’approchant ainsi du jeune homme, avant de s’arrêter à quelques centimètres de son visage. Elle lui lança alors à mi-voix, presque dans un souffle, le regard malsain, oui, elle aimait beaucoup jouer les vilaines filles.


« Ne me prenez pas trop pour une imbécile Monsieur Lin… »

A cette phrase, il n’aurait pas été étonnant que le jeune homme, comme n’importe qui d’autre d’ailleurs, réponde par « sinon quoi ? ». Avant même que son interlocuteur ne puisse formuler l’ombre d’une réponse, ou même d’une question, elle esquissa un sourire, puis finit par éclater de rire. Les menaces, ce n’était vraiment pas son truc. Enfin, d’habitude, elle n’avait pas de mal à en proférer, dans le cas de vraies menaces. Parce que dans le cas où elle se trouvait actuellement, elle perdait toute crédibilité. Prendre un air des plus sérieux, un regard faussement noir, puis finir par éclater de rire, sans pouvoir aller jusqu’au bout. C’était rageant, vraiment rageant. La vue du jeune homme lui donnait étrangement envie de rire, avec son air innocent et faussement niais et étonné. C’était vraiment risible.

Il s’était, par la suite, mis à tapoter sur la table. Simple tic ? Ou signe d’impatience ? Oh et puis après tout, quelle importance ? Mizuki ne se recula pas, malgré les regards médisants de certains clients. Au Japon, agir d’une telle façon, jugée de provocante, ce n’était pas bien vu du tout. Surtout pour une fille… Non. Seulement pour la gent féminine. Notre jeune nippone n’en avait, à vrai dire, rien à… faire, pour ne pas sombrer dans la vulgarité et dire des choses acerbes… Elle se moquait de passer pour une traînée ou autre, parce que c’était bien ainsi qu’elle devait être considérée par la majorité des personnes de la salle. Et alors ? On ne peut même plus s’amuser à la fin ! Elle avait toujours vécu sans contraintes, ce n’était pas quelques pauvres vieux choqués qui allaient lui pourrir la vie.

Bref. Son regard revint se poser sur Gabriel. Ce rebelle au prénom d’ange. Une magnifique opposition. Oui, notre jeune japonaise était plutôt douée dans les matières linguistiques. Au sens propre, comme au sens figuré. Mais ça, c’est une autre histoire.


« Tu sais que t’es pas crédible quand tu feints d’être inculte ? »

Elle esquissa un sourire satisfait, puis resta silencieuse. L’instant suivant, la serveuse revint leur apporter leurs sushis. La rapidité, c’était bien là le seul avantage de la restauration à la chaine. Mais on ne pouvait pas dire que cela compensait la qualité moyenne de la nourriture. Evidemment, quand on été élevée dans le luxe, un simple bar à sushis paraît tout de suite moins glorieux que les plats somptueux préparés par un cuisinier personnel. Enfin, passons.

« Tu vois mon chou, c’est ça, des sushis. »

Elle insista fortement sur le "ça", un énième sourire accroché à ses lèvres, les yeux rieurs, pour taquiner encore un peu le jeune homme. Mais cela ne s'arrêterai pas là. Elle saisit ses deux baguettes et enfourna un sushi dans sa bouche. Une fois avalé, parce qu’elle ne parlait pas la bouche pleine voyons, elle déclara à Gabriel d’une voix mêlée d’amusement et de fausse moquerie :

« Oh, j’oubliais… ! Puisque tu ne connais pas les sushis, je suppose que tu ne t’es jamais servi de baguettes… Tu veux que je t’aide à manger ? »
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Déc - 17:32

« Aucun risque »

Fit-il remarquer lorsqu’elle lui dit qu’il risquait ainsi de déformer sa jolie apparence physique. Si ses chevilles avaient dû grossir chaque fois qu’il faisait preuve d’un égocentrisme plus ou moins feint, il aurait sans doute été monstrueux, à présent. Peut être que sa prétention n’était pas assez réelle pour cela. A vrai dire, il aurait été compliqué de constater quoi que ce soit à ce propos. Il était toujours particulièrement difficile de savoir quand Gabriel était sérieux et lorsqu’il ne faisait que plaisanter. Il aurait été facile de déduire qu’il n’était qu’un gosse de riche insupportablement imbu de lui-même. Un peu plus compliqué de se dire qu’il cachait une fragilité, profondément enfouie, certes, mais qui ne le désignait que comme un pauvre gosse abandonné qui n’a que trop besoin qu’on s’intéresse a lui. Mais à vrai dire, ce n’était pas plus vrai. Il aurait été bien naïf de prendre le jeune brun pour un ange innocent. Sans doute était-il un mélange de ces deux choses, du gosse capricieux et de l’enfant fragile. Une chose était cependant certaine : il avait décidé, il y a longtemps déjà, de ne montrer jamais qu’une seule facette de ce qu’il était. Peut être était il devenu ce masque. En tout cas personne n’aurait jamais à voir que cela.

Il s’aperçut que son interlocutrice se rapprochait de lui. Encore…Si près qu’il pouvait sentir son souffle sur son visage. Son regard avait légèrement changé, il avait pris une lueur de défi, presque, aurait-on dit, une lueur sadique. Un sourire s’inscrivit sur le visage du jeune homme. Qu’il ne la prenne pas pour une imbécile ? Il se mordit la lèvre alors qu’elle éclatait de rire.

« Ce n’est pas à vous d’en décider, mademoiselle »

Souffla-t-il. Elle riait si fort qu’il doutât qu’elle puisse l’entendre. Le voulait-il vraiment ? Il semblait plutôt, à vrai dire, se parler à lui-même, se rappeler qu’il était le seul qui décidait de qui lui paraitrait intéressant, de qui passerait pour stupide à ses yeux. C’était peut être une relique de l’éducation vaguement religieuse qu’il avait reçu étant petit. Il se prenait pour Pierre, jugeait les bons et les méchants à l’entrée de son monde. N’était-ce pas un peu comme le Paradis ?

Mizuki ne reculait pas. Elle était toujours aussi proche de lui, mais son regard était tourné vers la salle. Il le suivit. Beaucoup des clients attablés les regardaient. Un rictus méprisant s’inscrivit sur les lèvres fines du jeune anglais. Il avait l’habitude de choquer le peuple, à vrai dire, mais il trouvait cela plutôt drôle et paradoxal qu’il choque ici…Pour si peu. A vrai dire, il semblait que ce soit surtout la jeune fille qui soit le sujet de la réprobation generale.Elle était trop près, n’est ce pas ? C’était tout à fait le genre de regard qu’on avait posé sur lui parce que les filles se collaient aux garçons, lorsqu’ils sortaient. Parce qu’elles étaient habillées trop courts, parce qu’ils buvaient tous trop et pas que…Parce que les garçons embrassaient des garçons, parce qu’ils entraient dans les premiers cafés ouverts peu après l’aube, en habits de soirées et visiblement très joyeux. Parce qu’ils cassaient leurs verres, parce qu’ils brisaient les bouteilles, parce qu’ils se battaient, parce qu’ils étaient indécents. Il y avait beaucoup de raison qui expliquaient que les regards des gens bien se soient posés sur Gabriel et ses amis depuis qu’il avait cessé d’être un enfant. C’était après tout un peu ce qu’ils voulaient, sans doute. La jeunesse dorée se veut toujours d’avant-garde, et l’avant-garde se doit de choquer.

Mais ici…Quoi, un garçon ne déjeune pas seul avec une fille ? Y avait-il une distance de sécurité ? Combien de mètres ? Sa main féline se posa sur celle de son interlocutrice. Ce n’était pas bien compliqué, à vrai dire, tant elle était proche. Il mêla ses doigts aux siens avec l’habileté de quelqu’un qui a l’habitude de ne pas demander pour obtenir ce qu’il veut. Mais ce n’était pas la question à présent. Il leva leurs deux mains.

« Dis bonjour à nos nouveaux amis, ils ont l’air tellement….Captivés, c’est la moindre des politesses."

Sa main ondulait en un vague signe de salut. Dire qu’une autre idée ne lui était pas passée par la tête aurait été mentir. Bien sur, qu’il aurait tout aussi bien pu jouer plus profondément dans la provocation, et que son premier éclair de défi avait été l’idée d’avancer juste un peu plus son visage. Oh, God, un garçon et une fille qui s’embrassent en public ! Sans alliance ! Gabriel avait tendance à oublier lorsqu’il agissait qu’il engageait d’autres personnes que lui. Pas cette fois. Sans en avoir l’air, il fallait déjà qu’il ait bien du respect pour Mizuki pour éviter de vouloir défier le monde entier à ses dépens.

Le mépris, voir la haine que vouait le jeune homme à l’opinion publique, aux garants des bonnes mœurs étaient profondément ancré en lui. Pas seulement parce qu’il s’en était toujours éloigné et en avait été réciproquement rejeté. Non. C’était simplement que….Il ne pouvait pas ne pas se demander si dans ses regards, il ne reconnaitrait pas quelque chose de familier un jour. Parce que son frère avait déclaré s’éloigner d’eux parce qu’ils étaient « malades », il ne pouvait que se demander s’il n’était pas des leurs, finalement. Si un jour, sur son air toujours absent, son apparence débraillée, toujours vaguement planant, toujours excessif, trop séducteur, trop affreusement anti-conventionnel, ne se poseraient pas les yeux châtaignes d’un visage si semblable au sien, aussi androgyne, aussi beau, bien moins méprisant. De son frère il se souvenait comme d’un adolescent. Juste un tout petit peu plus vieux que lui. Même pas. Qu’aurait-il pensé de l’air dédaigneux qu’il posait sur les clients de ce bar ? De son allure inutile, si proche encore d’une fille ? Du mal, bien sur, que du mal. Comment aurait-on pu attendre de Gabriel qu’il aime ? Qu’il s’attache ? Qu’il gratte sur sa guitare des mélodies d’amour, des paroles mélancoliques ?

Ses yeux intenses ne cillèrent pas. Il y avait bien longtemps qu’il ne se rendait même plus compte qu’il cherchait ce regard dans les foules hostiles. La protection qu’il s’était érigée n’avait absolument aucune faille. Son regard se posa sur le plateau qu’apportait la serveuse, et que lui désignait la jeune fille. Il ne crut plus nécessaire de prendre un air étonné, et se préparait à enfin déjeuner, lorsqu’il entendit une proposition peu commune émaner de son interlocutrice. S’il voulait qu’elle l’aide à manger ? Imperceptiblement, les baguettes qu’il avait prises par reflexe retombèrent sur la table. Le diner du jeudi. Lorsqu’ils étaient petits, c’était celui-là qui était invariablement chinois. Leur père l’ordonnait à la cuisinière. Oh, oui, comme il aimait la Chine ! Sa nourriture, sa culture, son histoire, ses femmes. Ce repas hebdomadaire avait toujours laissé une impression étrange sur le petit garçon qu’il était alors. Comme si son père avait pris un malin plaisir à lui rappeler d’où il venait. Pourquoi faire ? Lui rappeler que maman était une jolie chinoise, si jolie, et qu’elle était en Chine maintenant ? A vrai dire, ce n’était là que des angoisses d’enfants, une paranoïa naissante qui devait le suivre toujours. Il était en effet peu probable que sa mère, élevée dans la campagne chinoise mais devenue danseuse, ne soit revenue en Chine. Sans doute avait-elle épousé un autre occidental tres riche. Et puis, était-il vraiment nécessaire de manier des baguettes pour lui rappeler d’où il venait ? Son père était blond et avait les yeux verts. Aucun besoin d’être excessivement fin pour remarquer que Gabriel avait les traits un peu plus…Orientaux.

Bref. Ses baguettes retombèrent légèrement. Ses mâchoires s’entrechoquèrent dans un geste carnassier qui, à vrai dire, allait tres bien à quelqu’un comme lui.

« Tu ferais ca ? »

Demanda t il avec un adorable air d’enfant perdu qui voudrait atteindre le haut du sapin pour y mettre l’étoile, mais ne peut y parvenir seul.

"I’ve told you, darling, ma mère était chinoise, je sais manier des baguettes. »

Se décida-t-il finalement à faire remarquer dans un joyeux mélange de sa langue natale avec le japonais. Il était difficile pour lui de garder une langue qui n’était pas la sienne. Il la connaissait, bien sûr, parfaitement. Mais il fallait se rendre a l’évidence, ses reflexes étaient en anglais dans le texte et d’ailleurs, il répugnait un peu à laisser ainsi sur le bas coté une langue qu’il avait tellement manié et dont il avait appris à se servir avec une telle perfection.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Déc - 23:19

Avec une assurance tout à fait naturelle, Gabriel fit remarquer à Mizuki qu’il n’y avait aucun risque pour que ses chevilles enflent. Encore heureux, pensa la jeune fille, car si ses fichues chevilles avaient du enfler chaque fois qu’il se montrait prétentieux, il se serait retrouvé avec deux membres énormes et difformes. Et puis, après tout, ce n’était qu’une expression, pourquoi des chevilles enfleraient elles parce que l’on dit des choses sous-entendant un quelconque égocentrisme ? Cela aurait été d’un ridicule… Mais il aurait été également à mourir de rire de voir le jeune homme pleurer ses belles chevilles devenues monstrueuses… Ah sadisme quand tu nous tiens… Bref, ne nous égarons pas. Notre jeune japonaise ne pensait pas ça sérieusement, sinon il y aurait franchement de quoi s’inquiéter. Certes la vanité de Gabriel devait en agacer plus d’un, mais pas la jeune bridée. Elle était comme lui, il fallait le reconnaître. Une salle gosse pourrie gâtée, prétentieuse, et pour sa part, doté d’un égoïsme sans pareille. Oh oui, il lui arrivait de se montrer généreuse, mais cette générosité n’était que très rarement sincère. Généralement, elle se montrait gentille, serviable et compatissante lorsqu’elle voulait quelque chose. Et lorsqu’elle voulait quelque chose, elle faisait tout, vraiment tout pour l’avoir. Ce n’était qu’une gamine capricieuse qui ne supportait pas qu’on lui dise non. Mais sous cette carapace de vraie petite peste se cachait, tout au fond, une jeune fille sensible. Pourtant, elle ne montrait jamais cette sensibilité qu’elle s’évertuait à refouler continuellement depuis des années. Elle avait trop souffert. Ce passé, toutes ces larmes, toute cette douleur… Plus jamais. Non, plus jamais.

Alors qu’elle s’approchait de Gabriel, celui-ci esquissa un sourire, puis se mordit la lèvre. Impossible d’en déduire la raison, était-il vexé par le fait que la jeune fille se mette à rire ? Impossible une fois de plus. Elle ne se moquait pas de lui, mais plutôt d’elle-même. Comment pourrait-il s’en sentir vexé ? Séduit peut-être ? Non, non. Il devait en falloir bien plus pour le séduire, ou même le tenter. Mizuki cessa de rire, reprenant doucement contenance. Ce n’était pas à elle d’en décider ? C’est ce qu’on verrait.


« Ah bon ? Pourtant si vous continuez monsieur Lin, je risquerai de me sentir vexée… Et ce n’est pas ce que vous voulez n’est ce pas ?»

Tout en formulant sa phrase, qu’elle avait dite presque dans un souffle, elle parcourut la table de ses doigts, en direction du jeune homme, avant d’effleurer son nez du bout de son index, un sourire au coin des lèvres. Une provocation ? Non plutôt une taquinerie, malgré ce sourire intriguant qu’elle affichait encore, les lèvres légèrement entrouvertes.

Elle tourna la tête et le regard pour observer la salle et les nombreux curieux qui les observaient. D’accord, elle avait peut-être un comportement un peu déplacé pour eux, mais ce n’était pas la peine de la fixer et de fixer aussi Gabriel ainsi ! Elle était dans un restaurant, donc elle n’avait pas l’intention de faire une scène en envoyant dans les roses tout ces gens, aussi chiants soient ils. Oui, chiants, c’était le mot. Elle ne rentrait peut-être pas dans les rangs, dans les cases, mais c’était tout de même sa vie à la fin ! Elle se retourna de nouveau vers Gabriel pour chercher son regard, et sans que la jeune fille ne puisse s’attendre à quoi que ce soit, il posa sa main sur la sienne. Mizuki le laissa mêler ses doigts aux siens, silencieuse, observatrice. Le jeune homme leva leurs deux mains pour les secouer en un vague salut, notre jeune japonaise se retourna vers le public et esquissa un sourire mauvais. La plupart baissèrent la tête, ne pouvant soutenir le regard pénétrant de la jeune fille, d’autres se montrèrent encore plus choqués. Il leur en fallait vraiment peu. Les anciens étaient tellement vieux jeu… Elle soutint le regard des derniers aventureux qui osaient les regarder comme s’ils étaient des moins que rien. Son regard n’était pas agressif, mais simplement assez explicite pour dissuader n’importe qui de continuer de chercher le conflit.

Lorsqu’elle sentit qu’on ne les dérangerait plus, elle reporta son regard sur le jeune homme alors que la serveuse arrivait et leur déposait leurs plats sur la table. Elle se recula un peu et lâcha la main de son interlocuteur pour rapprocher son plateau d’elle. Puis, après avoir formulé cette proposition saugrenue d’aider Gabriel à manger, celui-ci laissa tomber les baguettes qu’il avait saisies une seconde plus tôt. La jeune fille l’avait-elle choqué ? Ce n’était que pour rire… Avec une voix enfantine, il lu demanda si elle était prête à le faire. Bien sûr que non enfin ! Elle avait vraiment la tête d’une espèce de gardienne d’enfant prête à donner la béquée ? Elle n’eut pas le temps de répondre que Gabriel enchaîna déjà, lui rappelant que sa mère était chinoise et qu’il savait manier les baguettes. Evidemment qu’il le savait. Et puis il était inutile de lui rappeler tout cela, elle n’avait pas oublié.


« Je sais mon chou, je me moquais juste un peu de toi…gentiment… »

Elle remarqua qu’il avait mêlé quelque peu d’anglais à la langue nippone, Mizuki n’eut pas de mal à comprendre ce qu’il voulait dire, elle parlait anglais. Certainement pas aussi bien que le jeune homme assis en face d’elle, mais elle se débrouillait plutôt pas mal. Son père et sa mère l’avaient toujours destinée à une carrière grandiose dans les relations internationales, comme eux même. Ils lui avaient donc payés des tas de professeurs particuliers qui lui avaient appris l’anglais, ainsi que d’autres langues parmi lesquelles le français, l’espagnol, l’allemand, le chinois et d’autres encore que la jeune fille s’était empressée d’oublier. Personne ne lui tracerai son avenir, c’était une des raisons qui l’avait poussée à partir loin de son foyer, pour se retrouver ici, à Nagoya, puis ici, assise à table avec ce charmant garçon.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeVen 2 Jan - 16:11

L’index de son interlocutrice lui effleura le nez, et il se demanda à quoi pourrait mener ce jeu étrange de rapprochement auquel ils se livraient tout deux. Il ne voulait pas qu’elle se sente vexée ? Un sourire mystérieux s’inscrivit sur ses lèvres. Il ne voulait rien du tout. Qu’elle se sente vexée, ou non…Quelle importance ? Gabriel n’était il pas parfaitement égoïste ? Non, peut-être pas. Et puis, il n’aimait pas déjeuner seul. Ceci dit, ce n’était pas tout à fait le genre de remarques qu’il convenait de faire en sa compagnie. Il ne pouvait que répondre en étant piquant, voyons, quoi d’autre ? Alors à quoi bon ?

Son visage resta posé sur sa main et il se contenta d’arborer un moment encore ce petit sourire amusé, sans ajouter un mot. Après un moment de silence, sa main passa dans ses cheveux, lentement, comme toujours. Il avait toujours les gestes lents et las, presque toujours du moins.

« Moi aussi j’ai le gout de la menace, ma jolie. »

Fit-il remarquer sans ajouter de plus amples explications. Ce qu’elle risquait d’être, de ressentir, de faire…Et bien quoi ? Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Gabriel ne pensait pas son comportement en fonction de ce qu’il pouvait provoquer chez les autres mais seulement et uniquement par rapport à ce que cela pourrait lui apporter, ou à ce qu’il dégagerait en agissant de telle ou telle façon. Et cela ne l’empêchait même pas d’avoir une vie sociale digne de ce nom ! C’est dire s’il devait être riche….Enfin, passons.

Les autres clients, du moins les plus téméraires d’entre eux, les regardaient à présent comme de véritables fous. Son regard se désintéressa d’eux assez vite pour revenir sur la jeune fille. Oh, mais quel regard de tueuse ! Elle aurait presque fait peur ! Non, soyons sérieux, elle n’avait pas l’air du genre à se laisser faire, n’est ce pas ? Cela le fit sourire légèrement : même le hasard ne lui amenait que des violents, des lunatiques et des fiers. Sans doute était-il voué à ne jamais être accompagné de jolis bêtes. Quel dommage !

"C’est bien la première fois qu’on me dévisage ainsi parce que je tiens la main d’une fille…. »

Laissa-t-il échapper sans bien se rendre compte qu’il avait parlé à voix haute. Le sous-entendu de sa phrase, à savoir qu’il devait tenir aussi d’autres mains, et un peu plus que cela, si affinités, ne le fit même pas ciller. Il avait l’habitude de côtoyer des filles parfaitement conscientes qu’il séduisait ce qu’il avait sous la main, sans aucune distinction. Il n’y avait qu’à le regarder pour s’en douter…N’était-il pas lui-même un peu fille et un peu garçon ? C’était ce qu’il voulait faire croire, du moins.

Les relations qu’il entretenait avec les filles et les garçons n’étaient pas les mêmes. D’abord parce que les filles de son entourage étaient presque toutes, à un moment ou à un autre, prêtes à lui céder, ce qui n’était pas forcément le cas des garçons. C’était sans doute de cette plus grande facilité qu’était née la plus grande légèreté qu’il mettait invariablement dans ces relations. D’autres choses, sans doute aussi, et un psy n’aurait pas été long à lier ses multiples aventures à son passé enfantin. Peut-être était-ce pour cela qu’il détestait tout ce qui avait trait à la psychologie. Enfin, peu importe, il ne se soucia pas de savoir s’il risquait de choquer qui que ce soit en soulignant la banalité d’être attablé avec une fille.

De toute façon, Mizuki lui faisait déjà remarquer qu’elle se souvenait bien de ses origines et qu’elle ne faisait que le taquiner. Elle s’en souvenait, vraiment ? Oh, mais elle l’écoutait alors ? Oui, même si cela n’était pas franchement étonnant puisque de toute façon, ils n’avaient respectivement qu’à écouter l’autre pour s’occuper, c’était toujours une sorte de fierté. Un vieux reste d’orgueil bien viril, sans doute. Ou la volonté de récupérer n’importe quelle manière de se rappeler qu’on est au centre de l’attention.

« Il parait que je ne suis pas doué pour l’autodérision. »

Fit-il alors remarquer d’un ton un peu tranché, un air de parfait sérieux ancré à ses traits. Il reprit ses baguettes aussitôt et attrapa un sushi. C’était faux. Totalement. Certes, Gabriel aimait se moquer des autres, il était cynique, piquant, parfois brûlant et fortement toxique. Ses réflexions étaient souvent violentes, méchantes, et il était un ennemi plus que redoutable. Alors, bien sur, les personnes qui appréciaient son sens de l’autodérision étaient rares. Mais elles existaient, indubitablement.

D’abord parce qu’il suffisait de sortir un certain nombre de fois en sa compagnie, et de le laisser boire quelques verres, ou pas, d’ailleurs, ce n’était pas forcément nécessaire, pour s’apercevoir qu’il n’avait pas peur de l’absurde. Du tout. Ni du ridicule, d’ailleurs, cela va sans dire. Et c’était sans doute justement parce qu’il essayait sans cesse de séduire, parfois sans succès aucun, mais qu’il acceptait la chose avec le plus grand calme et qu’il recevait de la même façon un oui qu’un non qu’il avait tant de succès justement. Qui ne voudrait pas d’un joli garçon qui continue de vous offrir à boire même lorsque vous venez de lui expliquer plus ou moins brutalement qu’il n’a aucune chance de toucher autre chose que le verre, justement ? Et bien, après expérience et travaux pratiques, la réponse est simple : personne.

Et puis il faisait aussi de très bonnes caricatures de lui-même, mais concernant cela, c’était un sujet plus sensible. Les témoins étaient condamnés au silence ou a la mort. Il fallait payer le prix de son humour, voyons ! En bref, il était rare qu’il pousse l’autodérision jusque là, sauf face à un public très averti. De toute façon, la question ne se posait actuellement pas, puisqu’il garda son air sérieux et un peu pincé alors qu’il s’attaquait à ses sushis, tête baissée. Pour faire réagir son interlocutrice ? Peut-être…Faire avancer l’action, ne pas tomber dans la monotonie d’un petit jeu-guerre semblable aux affrontements d’enfants. Après tout, ils avaient du public, il fallait lui offrir du spectacle !

Et puis d’ailleurs, il était également tout à fait possible que son comportement n’ait absolument aucune raison d’être. Dire que Gabriel était lunatique était un euphémisme. Il aurait été difficile de savoir si c’était les mouvements de la lune, du soleil ou des scoubidous qui provoquaient ses changements d’humeur, mais une chose était sur : le jeune homme était…instable. Physiquement frêle et toujours plus ou moins proche du malaise, mentalement franchement dérangé, le calme qu’il gardait d’ordinaire était un chef-d’œuvre de travail sur lui-même.

Gabriel était le genre de personnes qui a toujours une petite musique qui lui résonne dont la tête. Le genre de personnes qui balance la tête de droite à gauche, sans raison, qui peut se mettre à danser sur les tables, à frapper quelqu’un, à jeter les bouteilles contre les murs. Sans doute était-il comme cela parce que, justement, il avait généralement un comportement parfaitement contrôlé dans les moindres détails, et qu’il était humainement impossible de tenir un tel contrôle en permane. Peut être aussi parce qu’il prenait des petites pilules toutes la journée et que, même quand elles sortaient droit d’une véritable pharmacie conventionnée, il ne prenait pas vraiment la peine de lire la notice. Méchant garçon, c’est écrit pourtant ! Oui, sans doute était-il si instable parce que sa vie était totalement loin d’être saine et que sa santé mentale en prenait un coup. Mais il était sans doute naturellement porté au déséquilibre. Il avait choisi de vivre sur la corde raide. Alors changer de ton, cela n’était vraiment, mais alors vraiment rien, pas de quoi surprendre, bien sûr, si la jeune fille l’avait connu.

Il aurait tout aussi bien pu l’embrasser, elle ou la voisine, là, derrière, oui, la femme d’affaire. Piétiner ce chien, avaler le tabac de ses cigarettes, aller se faire tatouer, boire une bouteille de bourbon, prier, se faire martyr, sortir les moutons, manger du mouton, être un mouton…Moutonner.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Jan - 1:54

Dès lors que l’index de Mizuki effleura le nez de Gabriel, ce dernier esquissa un sourire plutôt mystérieux. Son visage, toujours impassible, empêchait encore de deviner ce à quoi il pensait exactement. C’était le genre de personne qui intriguait Mizuki. Qui l’intriguait…beaucoup. Et il était franchement rare qu’une personne arrive à attirer son attention, encore moins à l’intriguer. Le jeune homme n’était-il pas un gosse de riche totalement banal ? Non. S’il intéressait autant la jeune fille, c’est qu’il ne devait pas l’être. Riche, si, évidemment, il sentait l’argent et le luxe à plein nez. Mais banal, ça, non, il ne devait pas l’être. Il n’était pas seulement un gamin pourri gâté arrogant et hautain, non, il était subtil et mystérieux. Et c’était ce qui plaisait à notre jeune japonaise, ce qui lui donnait envie d’en savoir plus sur lui.

Gabriel garda ce sourire encore un instant, avant de passer sa main dans ses cheveux, lentement, d’une façon presque féline. Il déclara ensuite à Mizuki qu’il avait, lui aussi, le goût de la menace. Mais l’avait-elle réellement menacé ? Non, bien sûr que non. Elle ne faisait que plaisanter, mais à force, ce petit jeu qu’ils menaient depuis un petit moment déjà, devenait lassant. Mizu réclamait de l’action, les choses monotones et répétitives ne lui plaisaient que très peu. Cela dépendait desquelles.

‘Ma jolie’… C’était l’appellation qu’il avait donné à la jeune fille. D’habitude, lorsqu’on l’appelait ainsi, ce n’était pas dans ce genre de contexte. C’était plutôt ces espèces de vieux porcs qui la sifflaient dans la rue qui la nommaient ainsi. Mais elle ne fit aucun rapprochement avec Gabriel, elle n’en fut même pas gênée cette fois. Il était vrai que le jeune homme n’avait pas une espèce de voix de camionneur en rut, sa voix à lui était suave, envoûtante… Même si son ton se voulait sûrement cassant cette fois.


« Mais je ne te menaçais pas Gabriel. »

D’une voix tout à fait neutre, ce fut tout ce qu’elle déclara en guise de réponse. Mizuki n’était pas le genre de personne qui sourit tout le temps et qui se montre toujours gentille et courtoise, il lui arrivait, même très souvent, d’être totalement indifférente, mesquine et détestable. Elle était, aux yeux des gens, ce qu’elle voulait bien montrer d’elle car elle montrait uniquement ce qu’elle souhaitait que l’on voie. Et elle tirait presque à chaque fois un quelconque profit des situations. Et il était vrai que c’était bien plus simple lorsque les gens voyaient en elle une fille gentille et sage. Ce dont elle était le parfait contraire. Mais ça bien sûr, il n’y avait qu’elle qui le savait.

Son regard, une fois de plus, se tourna vers la salle, c’était à vrai dire une habitude. Lorsqu’elle sortait, elle aimait voir le regard des gens sur elle. Elle aimait se montrer, elle aimait provoquer. Mais là, ces regards choqués, ces regards d’ahuris, c’était vraiment agaçant. A croire qu’ils n’avaient pas compris le message que la jeune fille leur transmettait avec son propre regard. Même quelqu’un de peu malin aurait compris qu’il ne fallait pas trop la titiller et que lorsqu’elle lançait un regard pareil, il valait mieux repartir chez soi, la queue entre les jambes, comme un chien apeuré. Car tous étaient des chiens. Ou presque. Ces gens, tout ces gens, la dégoutaient profondément. Pourquoi ? C’était sa vie après tout. Chacun à ses petits secrets.

Elle reporta son attention sur le jeune homme lorsque la voix de celui-ci la tira de ses pensées meurtrières. C’était la première fois qu’on le dévisageait ainsi parce qu’il tenait la main d’une fille ? Cela sous entendait beaucoup de choses, mais il faisait ce qu’il voulait. Ce n’était pas Mizuki qui allait l’en empêcher. Il ne manquerait plus que ça. Mais, peut-être que finalement, ce n’était pas le fait de tenir la main d’une fille qui dérangeait ces pauvres gens, ce qui était plus dérangeant, c’était le fait qu’il lui tienne la main à elle, ou simplement qu’il se montre en sa compagnie. Avec l’allure provocatrice de la jeune fille, ce n’était pas tellement étonnant. Bref, passons.


« J’imagine avec peine quels genres de regards ils nous lanceraient si nous faisions plus que nous tenir la main… »

Oh que oui qu’elle imaginait. Des visages outrés, des regards affolés, des cris d’indignation, des hurlements choqués, des pucelles effarouchées s’enfuyant en courant… Enfin… Ne nous emportons pas. Mais il était vrai que les gens ici étaient vraiment vieux jeu. On était au 21ème siècle à la fin ! Fini les dictatures et le totalitarisme. Les femmes étaient censées être libres maintenant ! Mais de toute évidence, les bons vieux principes n’avaient jamais été remis en cause. Par peur ? Une révolte des femmes… Ce serait amusant. La gente féminine au pouvoir et les hommes réduits à assouvir leurs instincts les plus sauvages… Mais une fois de plus, nous nous égarons.

Gabriel se mit à parler d’autodérision, mais Mizuki ne l’écoutait qu’à moitié. Son regard s’était fixé sur un trentenaire, assis près d’une fenêtre à l’autre bout de la salle. Le genre de type boudiné, cheveux gras, chemise à demi rentrée dans le pantalon et bouton défait. Mais ce n’était pas là son allure qui choquait le plus. Non, ce qui sautait immédiatement aux yeux, du moins à ceux de la jeune fille, c’était sa façon, pour le moins répugnante, de manger son repas. A l’horreur de la scène se mêlait l’horreur du bruit des nouilles aspirées d’un trait, d’un «Slurp» magistral. Et le musicien aux nouilles ne semblait même pas prendre conscience de l’atrocité du spectacle qu’il donnait. D’un léger « Psst », Mizu’ attira l’attention de Gabriel et lui désigna le gros.


« Et dire que les gens nous regardent de travers seulement parce qu’on s’est tenu la main … »

C’était totalement absurde. Des gens, à priori humains, préfèrent critiquer deux personnes se tenant la main plutôt qu’un espèce de vieux débraillé qui mange comme un porc ? Mais où est ce qu’on va ? Par tous les dieux… C’était vraiment insoutenable. La jeune fille fût prise de nausées et dû détourner le regard, ne pouvant plus garder une seconde de plus ses yeux rivés sur ce spectacle atrocement dégoutant.

Oui, elle aussi pouvait bien être qualifiée de petite nature dans cette situation là, mais voyez vous, lorsqu’on a grandi dans le luxe, entourée de personnes bien élevées et lorsqu’on vous a toujours inciter à respecter les bonnes manière, cela laisse des traces. Même s’il était vrai que, de ses bonnes manières, il ne restait plus grand choses. Mais voir quelqu’un manger comme un goret, cela était vraiment insupportable. Il y avait un minimum de tenue à avoir. Certes, elle, se conduisait comme une vraie dévergondée, mais elle savait au moins se tenir à table. Personne n’est parfait. Mais certaines personnes sont vraiment très imparfaites.

Avec un air légèrement supérieur, Mizuki attrapa un sushi entre ses baguettes et le porta à sa bouche avant de le mâcher doucement et de l’avaler, en se forçant quelque peu, il fallait le dire. Le spectacle de monsieur nouille l’avait légèrement dégoutée. Mais elle n’allait pas se priver et s’arrêter de manger non plus. Lorsqu’elle eut terminé son plateau, elle appela la serveuse pour lui commander un saké. Eh oui… On ne se refait pas.


« Vous êtes majeure ? » Demanda la jeune femme, suspicieuse.

« Oui oui. »

Répondit Mizuki d’un air à la fois convaincant et empreint de supériorité. Elle se tourna alors vers Gabriel et lui demanda d’une voix presque masculine :

« T’en veux un ? »
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeJeu 22 Jan - 22:36

Sa langue passa sur ses lèvres. Oh, elle ne l’avait pas menacé ? Pardon…Un léger haussement d’épaule vint balayer le sujet comme le faisait d’habitude sa jolie petite main de jeune fille. Entre ses mains, les baguettes s’entrechoquaient. Il fallait toujours qu’il tripote quelque chose. Face à son café, il déchirait le papier du sucre, réduisait en minuscule miettes tout morceau de pain. Sans parler des nappes en papier, des serviettes de la même matière. Lorsqu’il n’y avait rien de facilement prêt à être détruit, il tripotait sa chaine, son cou, ses cheveux. N’importe quoi. Ses mains ne s’arrêtaient absolument jamais, tout comme il était rare qu’il garde vraiment longtemps le silence. Non, parle, bouge, fais quelque chose, voyons, il n’y a pas une minute à perdre…Pour quoi faire ? Oui, non, pas le temps d’y réfléchir. Monsieur Absurdité. Enfin, passons.

Ses baguettes finirent par saisir un sushi, qu’il avala. Arg. Non, décidemment, il n’aimait pas ca, pas du tout. Surtout pas la nourriture grossière d’un restaurant pour cadres dynamiques. Son nez se fronça dans une de ses mimiques qui le rendaient tellement détestable. Les rares expressions qui s’inscrivaient sur son visage d’ordinaire neutre ne faisaient qu’accroitre son image de petit minet facilement dégouté. Un vrai parasite. Mais enfin, il n’était pas assez gras ni assez bruyant pour qu’on ait l’idée de lui accoler ce qualificatif. Les gens sont si naïfs, parfois…

Ses baguettes se reposèrent sur la table. Non, il ne pouvait pas. Et puis la faim, ca se contrôle…Après trois cigarettes et un paquet de chocolats suisses, il n’y paraitrait plus. Quoi ? Il faut se sustenter correctement, les copains. Bon. Et puis après tout, pour lui, les notions de politesse qui voulaient qu’on termine son assiette lorsqu’on est bien élevé….Pitié. Chez lui, terminer son assiette, c’était un peu comme dire « J’ai faim » à la face de l’assemblée réunie. Et un riche n’a pas faim. Un riche déguste. Un riche recrache avec des moues dégoutées…Oui, il ne fallait pas exagérer non plus, vu leur façon de s’enrichir, les membres de sa joyeuse famille n’étaient pas aussi raffinés que le visage du jeune anglais aurait pu le laisser croire. Oh, oui, ils connaissaient tous les musées du monde…Ca ne les empêchaient pas de lancer des plaisanteries vaseuses à table et de finir à moitié ivres en chantant des chansons paillardes sous la table…Bon, Gabriel n’était pas tout à fait de ce genre de personnes, mais toujours est-il qu’il n’avait aucun cas de conscience à laisser un plat presque rempli.

S’ils faisaient…Plus que se tenir la main, c’est bien ce qu’elle était en train de dire ? Un sourire apparu sur les lèvres du jeune homme alors qu’il se mordait légèrement la lèvre, qui prit une couleur un peu plus rouge immédiatement. Peut être que c’était même l’effet recherché, mais enfin, cela n’avait pas vraiment beaucoup d’importance, n’est-ce pas ? Puis un rire franc sorti de ces mêmes lèvres. Combien de petits bourgeois auraient mille fois préféré le voir tenir la main d’une jeune fille que sortir au petit matin en embrassant toute sa joyeuse troupe d’acolytes avant d’aller dormir sur un joli banc. Non, mais soyons pudiques, dans un parc.

« Est-ce que tu essayes de me faire comprendre quelque chose ? »

Demanda-t-il sans cesser de rire. Qu’y avait-il à répondre à cela ? « Oh, oui, déshabille-toi, là, sur la table ». Drou….Il divaguait, non ? Et bien quoi, une fois les assiettes enlevées, cette hideuse nappe à fleurs également…Elle était grande, cette table. Bords point trop coupants. Hauteur confortable. Voyons, là, il y avait un miroir sur le mur, qui rendait un reflet qui promettait d’être intéressant…Pause. Il n’était jamais totalement bon pour une personne normale de tenter de capter les pensées du jeune brun. Voilà ce que cela donnait, et encore, dans les bonnes minutes. Car il pouvait ainsi continuer un moment, se faire un joli petit roman, qu’il allait parfois jusqu'à mettre en pratique, mais enfin, ce n’était pas le sujet ici, voyons.

Son regard se posa sur son interlocutrice alors que sa main vagabondait dans son cou. C’était une jolie fille, peut-être jugée un peu provocante pour les mœurs guindées de ce pays étrange. Pour lui, elle n’avait rien de particulièrement incendiaire. Oui, elle était jolie, mais comme l’est une fille de bonne famille, pas une danseuse de cabaret. Peut-être ses propres perceptions étaient-elles un peu transformées par ce qu’il avait vu. Enfin, il fut sorti de ses pensées, qui n’avaient rien de particulièrement poli pour la jeune fille, par celle-ci même. Qu’est-ce que…

Oh. God. Oh, my God. S’il y avait quelque chose qui répugnait Gabriel au plus au point, c’était les gros. Les gros et Gabriel, c’était toute une histoire. Généralement, lorsqu’il en voyait un, ou une, il commençait par lui lancer un regard de dégout intense, éclatait souvent de rire, s’empressait de fuir cette vision d’horreur. Le jeune anglais était fin, très fin, frêle aurait été le mot le plus approprié. Cela ne veut pas dire qu’il était répugné par tout ce qui n’était pas comme lui, non…Juste que s’il était si maigre, c’était parce qu’il n’y avait rien au monde qui le dégoutait plus que la graisse. Enfin, si, il y avait la médiocrité, mais cela allait souvent de paire. Non, sans vouloir être mal-pensant, il fallait tout de même constater que l’allure graisseuse, cheveux, peau, bedaine, vêtements, était souvent accompagnée d’un air des plus…Comment dire…Et bien à vrai dire, il n’y avait pas besoin de le dire, il suffisait de…Regarder.

Boutons ouverts, bruit atroce que faisaient les nouilles en pénétrant dans la bouche, cheveux gras retombant mollement sur le visage tout aussi gras… Et ce bruit…Le son affreux du liquide se heurtant a un autre liquide, celui de la salive. L’effort sans cesse renouveler pour faire passer les nouilles gluantes du bol a la bouche qui ne se trouvait qu’a quelques centimètres de lui. L’air de satisfaction était surtout ce qui heurtait le joli petit esprit propret du jeune homme.

Un rire irrépressible sortit de ses lèvres. Quelques clients se retournèrent. Aucune importance…Non. Il pouvait supporter les regards stupides, les visages sans saveurs de ces japonais. Il pouvait supporter l’air de stupidité totale qu’ils lui adressaient lorsqu’ils l’entendaient parler avec son accent qu’il forçait juste pour la cause. Mais pas ca. Oh, oui, il y avait des porcs partout. Mais ce qui n’existait pas partout, c’était des porcs mangeurs de nouilles. Les spaghettis, me direz-vous, sont tout aussi répugnants ? Oh, que non ! Grave erreur ! Un porc qui mange des nouilles, c’est un spectacle insoutenable, terrible, comparable à la cassette que l’on passe aux classes de lycée. Mais si, vous connaissez cette cassette. C’est celle de l’accouchement. Non, pas le cycle de la vie, l’accouchement, le film terrible de cette femme, elle aussi grosse à la base, d’ailleurs, qui expulse son morveux criant de toutes ses forces. Rien n’est ôté, rien n’est flouté, rien n’est écarté, tout est montré à des centaines de classes d’adolescents chaque année. A cela, une seule raison particulièrement vicieuse si on y pense : les obliger à revoir ces images apocalyptiques à chaque fois qu’ils envisageront d’avoir une relation sexuelle. Terrible. Toute une génération sacrifiée sur l’autel de la restriction des naissances. Enfin, passons, il n’y avait que notre jeune anglais pour penser a ce genre de chose en présence d’un parfait porc.

Son rire eut du mal à se taire. Ce fut le moment précis que choisit son interlocutrice pour lui demander avec une voix de camionneur, si par hasard, il ne voulait pas un…Saké. Son rire hystérique reprit de plus belle, tant qu’il finit par poser son joli front pale contre la table fraiche. Ses épaules tressautaient par à coups, encore longtemps après que les résonnements de son hilarité se furent tus contre le bois. Le saké. Cet alcool répugnant qui vous arrache la gorge et vous laisse un gout immonde au fond de la langue. Il y avait peu d’alcools capables d’arracher quoi que ce soit dans les entrailles immunisées de Gabriel. Mais le saké…Sans aucun doute.

Il finit par relever un visage qui avait légèrement rosi vers la jeune fille. Deux larmes perlaient même à ses yeux.

« Je tiens à mes entrailles, merci. »

La serveuse qui venait d’assister, témoin impuissant, à la scène, se tourna vers lui avec un air indigné. Gabriel dû se mordre très fort la lèvre pour résister au fou rire et un léger gémissement plaintif s’échappa de ses lèvres.

« Mais enfin, soyons sérieux, c’est immonde…Bon, ca ne vous dérange pas si je… »

Il ne finit pas, sortit une flasque en argent gravé de sa poche…Oui, comme les alcooliques, oui, on sait. La serveuse esquissa un geste qui voulait clairement dire que si, ca la dérangeait, que les règles étaient strictes, que…Avec un sourire, le jeune homme avait déjà versé un peu du liquide dans un verre vide qui s’était trouvé là parce que…Ah oui, parce qu’ils avaient aussi bu de l’eau, peut-être. La substance dorée, un peu orangée, glissait lentement dans le verre qui n’était pas assez fin pour contenir un tel liquide, mais l’acceptait tout de même, comme la serveuse qui l’avait apporté plus tôt. Oui, il aurait fallu un verre en cristal, une assemblée repue se réjouissant dans la perspective d’un digestif. Rien de tout cela, dans la petite flasque de Gabriel, qu’il remit dans sa poche, avec un sourire. Il s’était calmé.

« Pas une mauvaise idée, j’en ai besoin, je crois… »

Remarqua-t-il avec un sourire avant de plonger ses lèvres dans l’or. Nyah. Ca, c’était bon. Vraiment bon. Il n’était pas de mœurs japonaises, il fallait se rendre à l’évidence. Un sourire voluptueux s’inscrivit sur ses lèvres. Buvons pour la paix dans le monde.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeSam 24 Jan - 3:48

Non, elle ne l’avait absolument pas menacé, mais plutôt prévenu, un peu comme un chat qui se met à cracher pour dire que si on l’embête un peu trop, il va finir par griffer. Sauf que là, ce n’était pas de griffer qu’il s’agissait, mais de se vexer. Elle n’allait pas vraiment se vexer d’ailleurs, surtout pas pour une futilité de ce genre. D’ailleurs, elle ne s’en rappelait même pas l’origine, alors pourquoi s’attarder ? Le sujet était clos. Elle haussa un sourcil, voyant Gabriel s’amuser à entrechoquer ses deux baguettes… Gardez vos pensées perverses pour vous s’il vous plaît. Oui, tel un gosse en train de s’ennuyer complètement, il faisait mumuse avec ses baguettes. Oh que c’est drôle mon dieu… Mais après tout, chacun fait ce qu’il veut, et c’était peut-être comme une sorte de tic, un automatisme. Peut-être avait-il toujours besoin d’occuper ses mains, soit en jouant avec des choses telles que des baguettes, en passant sa main dans ses cheveux, ou même en allant jusqu’à monopoliser la main de quelqu’un d’autre ! Quel drame ! Oui, au final peut-être ressentait-il constamment besoin d’occuper ses jolies petites mimines. Sans arrière pensées bien sûr…

Trêve de plaisanteries. Il finit par saisir un sushi entre ses baguettes, et la légère grimace qui s’inscrivit sur son visage laissa facilement penser qu’il n’aimait pas ça du tout. Il finit par poser ses baguettes sur la table. Il abandonnait déjà ? Petit joueur… A cet instant là, Mizuki fut fortement, très fortement, tentée de lui dire « c’est moi qui régale chéri, alors t’as plutôt intérêt de finir ce que tu as dans ton assiette », mais elle ne poussait pas son sadisme aussi loin. Elle savait parfaitement que de son côté à elle, la cuisine anglaise était quelque chose qu’elle avait l’habitude de détester. Avec leur jambon et leurs œufs servis dès le matin… Non. Cette simple image suffisait à lui donner la nausée. Elle savait se montrer compréhensive, mais n’allait pas continuer de jouer la petite fille gentille très longtemps. Avec une pointe d’ironie, elle déclara alors :


« J’imagine bien qu’un simple bar à sushis n’est pas assez bien pour quelqu’un comme toi. Alors, si tu as toujours faim lorsqu’on quittera cet endroit, je te propose de te payer une glace...! »

Un léger sourire s’inscrivit sur le visage de la jeune fille. Une sorte de sourire enfantin qui pouvait dissuader n’importe qui de s’énerver contre elle. Un sourire attendrissant, qui cachait pourtant de choses. Mizuki était loin d’être un ange, loin, très loin, d’être une petite fille bien sage. Cette petite peste cachait bien son jeu, même si elle ne se comportait pas en garce avec tout le monde, bien entendu. Elle avait ses amis. Du moins, elle les avait, avant. Passons. Elle trouvait toujours des gens intéressants à apprécier, les autres, lorsqu’elle ne les aimait pas, elle leur faisait parfaitement savoir. Il suffisait que la tête de quelqu’un ne lui plaise pas pour jeter son dévolu sur lui, où sur elle. Car généralement, c’était bien avec des jeunes filles de son âge qu’elle se disputait. Cela partant de la volonté d’être et de rester la plus intéressante, la plus intrigante, la plus…Bref. Et elle ne ratait jamais une occasion de se mesurer à l’égo de quelqu’un d’autre, de voir lequel aurait le plus de répartie. Parce que, oui, Mizuzu et sa répartie, c’était une grande histoire. Enfin, passons.

Mizuki esquissa un sourire à son tour en réponse au sourire de Gabriel qui se mordait à présent la lèvre. La sous entendu, si cela en était vraiment un, qu’elle avait glissé avait donc fait réagir le jeune homme… Ou pas. Il laissa échapper un rire franc. Moquerie, gêne ou amusement ? Cette fois il était impossible de le déduire précisément. Et puis, cela n’avait, après tout, pas grande importance. Son sourire se transforma en un sourire plus mystérieux, les sourcils légèrement froncés, elle fixa intensément le jeune homme, avec un air qui voulait dire « j’ai envie de faire une bêtise ». Pousser le jeu un peu plus loin, en arriver à la provocation. Le jeune homme se demandait si elle essayait de lui faire comprendre quelque chose. Pour l’instant, en apparence, rien. Elle souhaitait seulement s’amuser. Oui, là maintenant, tout de suite. Cela la prenait-elle souvent ? Plus que vous ne le pensez… Elle se passa la langue sur les lèvres d’un air totalement détaché, reproduction parfaite du naturel, de l’habituel. Et généralement, cela ne laissait pas indifférent. Il n’était pas difficile de faire de l’effet aux hommes rien qu’en faisant ça. Mais Gabriel n’était sûrement pas les autres, et ce serait cela qui rendrait cette partie plus palpitante que les autres. Il ne s’agissait pas de séduire pour le plaisir de séduire. Loin de là. Très loin. Non, c’était beaucoup plus subtil que ça. Elle prit une voix presque féline pour lui répondre. Grrr.


« Moi ? Mais pour qui me prenez-vous Monsieur Lin ? Remettriez-vous ma vertu en cause ? »

Elle jouait à présent la carte de la parfaite innocence, cela serait bien plus amusant que de toujours faire tout pareil. Elle ne supportait pas de sombrer dans la banalité, car elle était loin d’être une fille banale. Conservant toujours son sourire énigmatique et son air détaché, elle étira l’une de ses jambes pour venir frôler doucement une de celles de Gabriel. Elle resta silencieuse, comme si ce n’avait jamais été elle la responsable. Du genre, non ce n’est pas moi qui ai fait ça, c’est Casper. L’innocence et son attitude enfantine se mêlaient merveilleusement bien à ce début de provocation. Oui, ce n’était qu’un début, car elle pouvait faire pire, bien pire. Mais elle n’allait pas révéler toute l’étendue de ces talents maintenant, ce serait trop facile.

Elle s’apprêtait à tenter une nouvelle approche lorsqu’elle fut interrompue par un bruit immonde de nouilles aspirées grossièrement. Elle tourna la tête vers l’origine du bruit, et fut prise d’un haut le cœur. Mon dieu. Non. Non. Non ! Quel spectacle insoutenable que ce gros en train de bouffer ses nouilles comme le plus fini des porcs. D’accord, au Japon, les hommes faisaient ce qu’ils voulaient contrairement aux femmes, mais il y avait quand même un minimum de bienséance à respecter, non ? Mais apparemment, ce trentenaire à la peau aussi grasse que ses cheveux n’avaient jamais reçu d’éducation digne de ce nom. Quelle horreur. Et le pire dans cette histoire, c’était qu’il ne semblait même pas se rendre compte de l’abomination de la chose. Si elle n’avait pas eu un minimum de dignité, Mizuki aurait imploré le Ciel pour que cet homme cesse de manger sur le champ. Car cela devenait insupportable. Elle tenta de se détacher de cette image qui lui donnait une sérieuse envie de vomir et se tourna vers Gabriel qui semblait aussi dégouté qu’elle. Ce qui, dans un sens, la rassurait. Il se mit d’ailleurs à rire, et quelques clients, encore une fois, se retournèrent, mais elle n’y prêta pas attention cette fois. Pas plus que Gabriel. La jeune fille avait tout de même besoin d’un remontant, elle commanda alors un saké, et en proposa un au jeune homme, qui éclata totalement de rire. Avait-elle dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Apparemment le problème concernait le saké. Il n’aimait pas ça ? Chacun ses goûts après tout. Elle se contenta alors d’en commander un seul, avant même d’obtenir une quelconque réponse de la part du jeune homme, qui se tordait de rire, la tête contre la table, avant de se calmer enfin. Il releva la tête. Sous l’effet du rire, ses joues avaient prit une teinte légèrement rose, et ses yeux étaient humides de larmes. Saké ? Etait-ce tellement drôle au point de se mettre à pleurer de rire ? Non, de toute évidence, il n’aimait pas ça. Il le confirma lui-même : c’était immonde.

Il sortit alors une flasque argentée de sa poche, c’était fou de voir à quel point c’était quelqu’un de précieux, pendant que la serveuse tentait désespérément de lui faire comprendre que s’il voulait boire quelque chose, il fallait qu’il commande. Mais il l’ignora, et la serveuse battit en retraite. Dans un verre, il versa un liquide doré. Du Whisky ? Sûrement. En tout cas, cela en avait tout l’air. Le jeune homme but une gorgée avec un air de satisfaction intense. Pendant ce temps, la serveuse revient, et déposa sur la table le saké de Mizuki, sans ajouter un mot. La jeune fille se saisit de son verre et le but d’un trait. Rien de plus qu’une vilaine habitude.


Elle n’avait plus faim, vraiment plus faim. Elle demanda l’addition, régla ce qu’il fallait régler, et voilà. Elle resta assise un moment, avant de se décider à demander à Gabriel.

« Qu’est ce que tu veux faire maintenant, beau brun ? »
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeMar 27 Jan - 16:14

« Me payer une glace ? »

Gabriel avait dormi la nuit précédente. Enfin presque. Et donc, me direz-vous ? Et donc, il était en forme. Très en forme. Le jeune anglais était effectivement quelqu’un de très raffiné, et de parfaitement habitué à une vie en société des plus…Raffinée. Cela ne l’empêchait nullement d’avoir l’esprit très, très mal placé. Certes, il était bien trop éduqué pour poursuivre et exprimer concrètement ce à quoi il pensait. Mais ca ne l’empêchait pas d’y penser, justement. Le léger sourire qui s’était posé sur ses lèvres se heurta, si l’on peut dire, à la remarque de son interlocutrice. Oh, sa vertu … Il existait donc des êtres qui pouvaient encore parler de vertu ? C’était original, après tout.

« Pour une fille, dear, je vous prends pour une fille. »

Il n’était pas totalement certain que le mot japonais de « fille » puisse prendre la même coloration que dans la plupart des langues européennes. Du moins, dans la forme précieuse de ces langues…Une fille, c’était ce qui s’opposait à une dame. C’était le mot qu’employait sa grande mère paternelle lorsqu’elle voulait parler des jeunes personnes qu’il fréquentait. Le jeune anglais ne l’avait pas vu souvent, cette aïeule, il n’était définitivement pas très famille…Il se rappelait d’elle, pourtant, alors qu’il était encore jeune. Oui, il devait être encore presqu’un enfant, parce qu’il se rappelait qu’elle avait aussi parlé à son frère. Toutes ces filles… A l’époque, cela l’avait presqu’effrayé, comme l’avait terrorisé cette vieille femme qui se prenait pour une grande duchesse. Ce qu’elle n’était pas, cela va sans dire. La famille paternelle de Gabriel avait assez d’argent pour faire croire au monde entier qu’ils étaient immensément nobles et leur sang immensément pur. C’était l’une des plus grandes absurdités que livrait la société actuelle, c’était du moins ce que le jeune homme avait très vite pensé. Il suffisait d’avoir approché la famille d’un peu près pour s’être rendu compte qu’elle n’était faite que de filles, justement, et de mauvais garçons. D’escrocs, en somme, de parfaits escrocs. Tellement sûr d’eux qu’ils arrivaient à passer pour honnêtes. Il aurait pu la rassurer, aujourd’hui, la vieille. Oui, bon, il la rassurerait dans sa tombe...On ne peut pas tout avoir. Non, mamie, il ne trainait plus avec des filles. Pas que. Les garçons, c’est bien aussi, non ? Bon, peut être qu’il valait mieux qu’elle soit déjà morte, après tout. Enfin, passons, ce n’était pas le moment de se perdre dans de telles considérations.

En effet, la jeune fille semblait avoir décidé de pimenter un peu le repas. Le jeune homme sentit contre sa cheville le contact délicat et un peu maladroit d’une jambe qui se détend. Il en pouvait se passer des choses, sous une table. Ses propres jambes, comme toujours croisées l’une sur l’autre, continuèrent le délicat balancement qui les agitait toujours, comme en reflet de ses mains agitées. Il n’esquissa pas le moindre geste. Son interlocutrice gardait son air de vertu parfaite. Un véritable ange. Un ange…Mais c’était lui, ca, non ? Lui, le petit ange chaste qui, seul au monde, pouvait prétendre réellement croire que son interlocutrice avait eu une crampe, qu’elle avait eu besoin de tendre la jambe et que, par le plus grand des hasards, celle-ci avait touché la sienne. Oups ! Ne vous a-t-on pas déjà parlé de l’ingénu ? Enfin, de toute façon, c’est à ce moment précis que l’incident-nouille se produisit. Il calma donc son fou rire dans son Armagnac.

C’est bon l’armagnac. Un alcool de riches. Typiquement européen. Bien meilleur, par exemple, au hasard, que cet abominable whisky que buvaient tous les malheureux de son pays. Un whisky…Un whisky, ca sent mauvais, ca fait vomir rien que pour le gout. Un whisky, ce n’est pas bon…Oh, non, bien sûr que cela ne voulait pas dire qu’il n’en buvait pas…Apres tout, il faut bien se contenter de ce qu’on a, l’alcool est indispensable à la vie…Comment ca non ?

Sa flasque disparut dans sa poche à nouveau. Pour un observateur attentif, il aurait été étonnant de voir que ce qui était gravé dessus n’était pas, comme on aurait pu le penser d’abord, ses initiales. Ni même son nom et encore moins celui de sa famille paternelle, celui qu’il aurait dû porter. Seul Sherlock Holmes aurait été assez perspicace pour se rendre compte que les volutes gravées à la main dans l’argent de cette flasque qui pesait le poids d’un âne mort avaient quelque chose en commun avec les traits qui s’étalaient sur sa jolie petite nuque. Les enfants, lorsqu’on a trouvé un symbole personnel qui est totalement incompréhensible par les autres, et qui donc a un pouvoir d’attraction et de mystère fulgurant, on le garde, on le choie, on le reproduit partout…And so, and so.

Bien sur, c’était un détail, mais qui en disait long sur la personnalité paradoxale du jeune homme, qui aurait largement préféré avaler toute une bouteille de whisky en une gorgée plutôt que de révéler ce que signifiait ce signe, mais qui l’exposait partout avec une sorte de délectation sourde.

Bref. Son interlocutrice vida son verre d’une traite, en opposition parfaite avec sa propre façon de se délecter de sa moitié de verre. En même temps, elle avalait du saké, la pauvre fille. C’est dur, d’être japonais…Et…Qu’est ce qu’il voulait faire, lui, le…Beau brun ? Il se contint de rire, avec un succès parfait. Aucun son, pas même un couinement, ne s’échappa de ses lèvres fermées à double tour. Non, ce n’était pas le moment de rire, même si Mizuki semblait d’un coup transformée en camionneur qui boit beaucoup et interpelle les minettes dans la rue en claquant sa langue contre son palais avec un bruit répugnant…Bref…C’était infamant, voyons, de poser une telle image sur le joli petit minois de son vis-à-vis.

« Ce que je veux faire ? Ce n’est pas le genre de question qu’il faut me poser. »

Non, il ne savait jamais ce qu’il voulait, ni d’ailleurs ce qu’il allait faire dans les cinq prochaines minutes. Ca faisait partie du jeu…Quoi que, si, pour la minute à venir, il savait.

« Oh, God, je viens de me faire inviter à déjeuner par une fille… »

S’exclama-t-il d’une voix sonore avant de se laisser tomber à terre. Le but, bien qu’il ne soit pas forcement immédiatement évident, était de se mettre à genoux.

« Tu as brisé mon honneur de mâle, je n’ai plus qu’à mourir »

Se mit-il à déclamer…Fort…Devant les clients totalement médusés, mais qui semblaient comprendre. Du moins c’est ce qu’ils croyaient. Mais oui, voyons, le comportement outrageant de ces deux jeunes gens avait une explication : ils étaient fous. C’est triste…Si jeunes…Mais enfin, si Dieu l’a décidé…Bref.

D’un geste des plus naturels, et seulement une demi-minute après son nouveau coup d’éclat, il lança un regard de défi à son interlocutrice, se leva, épousseta lentement son pantalon et sa veste, non sans s’ouvrir d’un commentaire déplacé sur la propreté douteuse du lieu, puis tendit son bras à la jeune fille.

« Commençons par sortir, c’est plus prudent »

Oui, c’était la simple question de savoir ce qu’ils étaient sensés faire qui avait provoqué cela. Imaginez le jour où une fille le demandera en mariage…Bref…Dehors, dehors les enfants.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeJeu 5 Fév - 17:01

Oui, lui payer une glace. Bien sûr, dit de cette façon, cela avait l’air vraiment ridicule. On paye une glace à un enfant qui pleure, on lui paye une glace pour consoler quelqu’un, on paye une glace pour se faire pardonner de quelque chose, mais on ne payait pas de glace à Gabriel Lin enfin ! C’était un véritable outrage à sa virilité ! Hum… Enfin bref passons, nous ne ferons aucun commentaire. Mais quand même… A première vue, il n’avait rien de viril… Mais d’un autre côté, Mizuki préférait largement le genre de garçon que Gabriel était plutôt que ces espèces de brutes pleines de poil qui ne jurent que par…Enfin vous avez compris. Les délicats et subtils androgynes lui plaisaient bien mieux que ces espèces de porcs sans aucun tact. Pourtant la jeune fille était loin d’être une innocente pucelle effarouchée… Bien au contraire. Mais elle n’était pas non plus la pire des dévergondées. C’était simplement une fille qui attirait pas mal. Enfin, beaucoup à vrai dire. Et il fallait dire aussi qu’elle ne se privait pas des petits plaisirs de la vie. Après tout, on en à qu’une, alors autant en profiter.

Mais… Une seconde… Omg. Ce sourire que le jeune homme esquissait… Non. Mizuki n’en doutait pas une seconde ! C’était bel et bien un sourire des plus pervers. Etant elle-même une fervente adepte des pensées malsaines, la jeune japonaises compris tout de suite ce qui avait dû traverser les pensées de Gabriel. Et là, une seule origine possible : la glace. Lui payer une glace surtout. Et ce « payer » avait dû être interprété d’une façon totalement déplacée, tout comme pour la glace. Apparemment les grands esprits se rencontraient. Mais clôturons ce sujet, nous risquerions de choquer.

Sa vertu… Elle se demandait vraiment pourquoi elle parlait de ça au final. Mais de toute façon, elle pouvait bien raconter tout ce qu’elle voulait à Gabriel, se faire passer pour une fille pure et innocente, chaste et naïve, il ne la connaissait pas réellement. Bien que, selon la jeune fille, le jeune homme ne croirait jamais à sa théorie de la petite fille vertueuse.

Oh ! Mais c’est qu’il avait l’œil ! Il avait vu juste, Mizuki était effectivement une fille ! Quelle découverte incroyable ! Quelle… Stop. Ne poussons pas non plus le délire trop loin.


« Vous avez l’œil monsieur Lin. Je vous félicite. Je suis une fille, en effet. Enfin… Jusqu’à preuve du contraire… »

Elle esquissa un sourire en coin. Le sous-entendu glissé dans sa phrase était tout de même bien facile à comprendre. Trop facile. Et puis, de toute façon, ce n’était qu’un jeu. Pour l’instant. Comme vous l’aurez compris, Mizuki aimait bien titiller les gens de cette façon. Surtout la gent masculine à vrai dire. C’est vrai, elle ne faisait pas qu’apprécier cela. Elle adorait. Ce genre de provocation était un de ses passes temps favoris. Oui, elle adorait tester les gens, voir jusqu’où cet espèce de jeu les mènerait, quelles seraient leurs réactions. Il faut bien s’occuper non ? Oh, bien sûr elle avait d’autres centres d’intérêts, d’autres passe temps, mais là, tout de suite, peu importait si elle tricotait durant son temps libre où non.

Mais aujourd’hui, à cet instant précis, elle avait décidé de s’amuser. Et même pire. On ne peut pas vraiment parler d’amusement lorsque l’on provoque quelqu’un. Mais pour elle, c’était plutôt divertissant. Cet endroit et ces gens étaient ennuyeux à en mourir. Il n’y avait que des gens choqués, outrés, indifférents, calmes et monotones. C’était une des raisons pour lesquelles elle préférait sortir la nuit et non le jour. Les gens de la nuit étaient bien plus intéressants. Si elle passait la soirée dans un bar rempli de gens saouls, elle était sûre de beaucoup plus s’amuser qu’ici avec ces gens coincés. Ce n’était pas ici qu’une bagarre éclaterai entre deux filles ivres mortes se battant pour un garçon, ou entre deux hommes qui se mettant des droites parce que l’un d’entre eux aurait malencontreusement avalé une frite appartenant à l’autre. Mais ce ne sont que des exemples.

Passons. Gabriel ne semblait pas réagir. Ah bon ? C’était comme ça ? Personne, vous entendez, personne ne pouvait résister au pouvoir d’attraction de mademoiselle Matsuo. Personne. Elle ne prononça pas un mot, se contenta de penser. Tu n’es pas drôle Gaby. Tu n’es pas drôle du tout. La jeune fille devrait donc user d’une technique plus rapprochée. Mais pas ici voyons mes chers enfants. Epargnons la syncope à toutes ces malheureuses âmes sensibles étant présentes. Mizuki ne cautionnerait en aucun cas la perte d’innocents. Et puis quoi encore ? Elle n’était pas responsable de ces pauvres imbéciles étroits d’esprit. Ce n’était plus le Moyen-âge enfin. Nous étions au vingt et unième siècle. Bon, bien sûr, la société japonaise était restée plutôt stricte. Trop stricte. Mais rien ne pouvait arrêter l’impétueuse Mizuki.

Alors qu’elle vidait son verre de saké d’un seul trait, Gabriel, lui, savourait encore son… Enfin bref, ce qu’il avait dans son verre. Les anglais sont parfois si précieux… Bon. Oui. Mizuki aussi était précieuse, peut être même trop parfois, mais on ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait grandit dans le luxe, dans le raffinement et l’argent. On ne peut pas tout avoir vous savez…
Elle lui demanda ce qu’il voulait faire, il répondit que ce n’était pas le genre de question qu’il fallait lui poser. S’en suivit alors une réplique évidente :


« Pourquoi ? »

Ah oui. Aurait-on oublié de vous préciser que Mizuki était une chieuse à toute épreuve. Elle agaçait autant par ses questions que par cet air de parfaite ignorance qui se lisait sur son visage. Elle faisait souvent exprès de passer pour une abrutie finie, voulant voir comment on se sent lorsqu’on se met au niveau mental du peuple. Et elle avait bien des raisons de se sentir extrêmement supérieure lorsqu’elle cessait de jouer ainsi la comédie. La bêtise n’était pas son fort. Bref.
Le jeune homme sembla sortir de sa léthargie et se rendit enfin compte qu’en effet, il venait de se faire inviter par une fille. Mizuki n’eut pas le temps de répondre, que déjà, Gabriel s’était laissé tombé à terre et mis à genou. D’une voix forte, faisant se retourner tous les clients, il déclara, l’air désespéré, que la jeune japonaise avait brisé son honneur de mâle. Quel honneur ? S’il souhaitait conserver le peu de dignité qu’il prétendait lui rester, il n’avait qu’à se relever. Mais la situation amusait fortement la jeune fille qui se prêta volontiers au jeu. Elle ne prononça aucun mot, mais prit un air faussement embarrassé. Après tout, c’était comme ça qu’elle était censée se comporter, non ? Quelques secondes plus tard, le jeune homme se releva, en lançant un regard de défi à Mizuki, un regard qui voulait sûrement dire « essaye de faire mieux que ça ! ». Si c’était le cas, elle relevait le défi avec plaisir, elle pouvait faire mieux, bien mieux que cela. Elle attrapa le bras que Gabriel lui tendait et suivit son conseil. Ils sortirent. Elle ne put réprimer un léger rire en pensant à tout ce que ces pauvres gens pourraient bien dire sur eux maintenant qu’ils avaient quitté le bar.


« Je vois que tu aimes faire sensation chéri. »

Mizuki esquissa un léger sourire. Faire sensation était une expression encore un peu faible pour décrire leur véritable scène de ménage. Et pourtant, elle avait l’impression de ne pas être au bout de ses surprises. La journée promettait d’être divertissante.
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeMer 18 Fév - 12:21

Le regard sombre du jeune homme parcouru le visage de son interlocutrice avec attention. Oui, ce qu’il était en train de faire, c’était bel et bien essayer de déterminer s’il s’agissait d’une fille ou d’un jeune homme particulièrement androgyne. D’accord, cela pouvait paraitre curieux, car la prétendue jeune fille n’avait vraiment, vraiment rien du mâle. Mais enfin, aujourd’hui, vous savez…Savez quoi ?

« La chirurgie fait des merveilles »

Oui. Il le prononça a voix haute, avec toujours ancré sur ses jolis petits traits impassibles cet air d’innocence. C’était typiquement le genre de chose que le jeune anglais pouvait dire, et qui passait pour plus qu’impoli. Non, honnêtement, peut-on faire véritablement pire qu’insinuer face à une jeune et charmante fille que son corps est le fruit de la science ? Oh, oui, à vrai dire, on peut, surtout lorsqu’on s’appelle Gabriel Lin et que le mot « barrière » est rangé avec le mot « censure » dans une jolie case.Non, plutôt une boite. « Inutile », c’est le nom de ladite boite, qui est rouge, par ailleurs, et en osier. Quoi ? Vous n’avez pas de boites en osier dans la tête ? Quel manque d’originalité !

« Et bien il faudra vérifier cela… »

Parfois, il aurait sans doute été bénéfique pour la race humaine qu’une grande main, la main de la Providence, par exemple, apparaisse et gifle le jeune homme. Oui, c’aurait sans doute été mieux pour tout le monde. Mais malheureusement, puisque Dieu n’existe pas –oui, lançons nous, une fois qu’on creuse, il faut s’enterrer pour ne pas avoir l’air ridicule-puisque donc, il n’y a pas de puissance supérieure, Gabriel restait impuni. Et donc toujours aussi profondément ingérable. Insortable. Intenable. Ne mets donc pas tes coudes sur la table, jeune homme !

Bref. Alors qu’il tombait à genoux sans prendre la peine de répondre à la question de Mizuki, d’ailleurs forte inutile, un simple « pourquoi » indigne de lui, donc….Alors qu’il se ridiculisait devant un public fort réceptif à ce genre de spectacle, donc, la jeune fille sembla jouer parfaitement son rôle. Elle prit un air des plus gênés, joua même, jugea-t-il, à la perfection le rôle de la vierge effarouchée.

Lorsqu’elle lui prit finalement le bras pour sortir, il lança un de ces regards dédaigneux dont il avait le secret, d’abord à la serveuse, ensuite à l’assemblée, prouvant s’il était besoin qu’il était loin d’être aussi fou qu’ils semblaient le penser.

« Faire sensation ? »

Répéta-t-il alors qu’il tenait délicatement la porte et s’effaçait pour laisser le passage à son interlocutrice, comme il l’avait fait en entrant. On ne se refait pas : on peut jouer les illuminés et rester galant, voyons ! Il sembla réfléchir un moment, puis reposa des yeux amusés sur Mizuki, alors qu’il sortait à son tour.

« Scandale. Je préfère l’idée de faire scandale, il me semble qu’il y entre quelque chose de plus noble, je ne sais pas…Comme un je ne sais quoi de délicat, d’exubérant à la fois. Ca me plait beaucoup. »

Finit-il donc par rectifier en ondulant légèrement de la main, comme il le faisait toujours lorsqu’il s’amusait à avoir l’air intelligent. Oui, aussi étrange que cela puisse paraitre, cela faisait effectivement partie de ses activités favorites : singer les gens intelligents était beaucoup plus drôle, même, que prétendre être stupide. Si, si, je vous assure ! Alors le jeune anglais prenait son air docte, mettait même parfois ses lunettes, qu’il ne mettait que pour lire, et encore assez rarement, parce qu’il préférait son visage sans. Son chapeau, quel qu’il soit, et il en changeait quasi-quotidiennement, retombait alors légèrement sur son œil. Oui, c’était cela, il ne lui aurait manqué que la canne tourbillonnant autour du poignet pour correspondre à l’image du dandy qu’il se faisait, et qui était sans doute l’une de ses plus essentielles sources d’inspiration dans la création de son joli personnage.

Avec un sourire délicat, il s’alluma une cigarette une fois sorti.

« Je pourrais te retourner le compliment, d’ailleurs. Tu fais une très bonne et très jolie actrice »

Sa voix un peu rauque distillait les compliments avec un ton étrange, comme s’ils avaient eu du mal à passer ses lèvres bien qu’ils aient été murement retournés dans le miel de ses mots avant d’oser montrer leur jolie couleur. Oui, le discours de Gabriel était une jolie cuisine, si l’on voulait simplifier. Pleine de couleurs. De fleurs. De basilic et d’estragon. Et de couteaux, aussi. Clac.

Sans réfléchir, il s’assit sur une des marches d’un perron, comme il avait généralement l’habitude de le faire lorsqu’il était dans la rue, surtout lorsqu’il sortait d’un lieu quelconque. Cela permettait de réfléchir à l’endroit où on irait, tout en gardant une certaine contenance. Bon, certes, là, tout de suite…Oui, s’asseoir sur un perron dans une allée tapissée de bancs peut éventuellement paraitre vicieux. Mais seulement aux esprits obtus, cela va sans dire…Oui, bon, passons.

Il sembla réfléchir un instant : il fallait qu’il touche quelque chose, qu’il bouge…Nyah. Irrécupérable, le gamin. Bon. Tiens, une main ! Non, pas la sienne…Non, pas celle du pigeon qui passait par hasard par là, concentrons nous un peu ! Et puis, ca a des mains, les pigeons ? Oh, God, on se perd ! Oui, voilà, c’est mieux, celle de la jeune fille qui avait accepté de le subir depuis déjà plusieurs heures…Alors un peu plus, un peu moins. Oui, il est vrai, cette phrase aurait pu devenir plus généralement la philosophe de Gabriel dans la vie. Bon, alors, qu’avons-nous là ?

Cinq doigts. Non, vraiment ? Une paume. Oui, aujourd’hui, allons de découverte en découverte avec le bus magique…Comment ca, où est le bus ? Toi, petit, tu n’as pas tout compris dans la vie. Bref. Cinq doigts, donc, qui se retrouvèrent pris dans le jeu des cinq doigts parallèles du jeune anglais, qui les tapotèrent, les emmêlèrent, les démêlèrent, les chatouillèrent, les gratouillèrent, les caressèrent…Jusqu'à ce que mort s’en suive. Ah bah bon, oui, les divertissements de Gabriel sont d’ordinaire…Oui, voila, c’est ca : longs. Il faut l’arrêter, le petit. Si on n’ose pas ? Balot …
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MessageSujet: Re: Chambre 34, Bonjour[LIBRE]   Chambre 34, Bonjour[LIBRE] - Page 2 Icon_minitimeJeu 19 Fév - 16:07

Alors qu’ils étaient encore assis, à table, quoi de plus logique, Gabriel se mit à regarder, ou plutôt à observer le visage de Mizuki, avec attention. Trop d’attention peut être. Comme s’il tentait de voir rien qu’aux traits de son visage si la jeune fille en était véritablement une. Il avait l’air parfaitement concentré, bien que ce ne serait pas de cette façon là qu’il pourrait pleinement vérifier si elle était bel et bien une fille. Oups. Bref. Il enchaîna en déclarant que la chirurgie pouvait faire des merveilles, qu’insinuait-il par là ? Tsss. Aucun tact.

« Eh ! Je ne te permets pas ! »

Il parlait encore avec un air de parfaite innocence, comme un gosse. Et son visage d’ange ne faisait rien pour arranger les choses… Mais, hum, ne nous égarons pas. L’innocence, l’air enfantin, c’était Mizuki ça ! Non mais ! C’est vrai. Il n’allait pas s’y mettre lui aussi. Non, plus sérieusement, c’était plutôt vexant pour une fille qu’on insinue d’elle qu’elle soit un homme. Mais la jeune japonaise n’était pas n’importe quelle fille enfin ! Et elle passait aisément au dessus de cela. De plus, elle savait bien, qu’au fond, Gabriel ne faisait que plaisanter. Ou pas. Il finit par dire naturellement qu’il faudrait vérifier. Oh. Enfin une remarque pertinente. Elle se contenta d’esquisser un sourire plutôt malicieux, un sourire en coin, avant de déclarer avec un air légèrement lassé.

« Tu lis dans mes pensées mon chou. »

Oui, elle avait effectivement pensé la même chose. Comme vous avez pu le remarquer, Mademoiselle Mizuki Matsuo était une jeune fille aux idées des plus déplacées et des plus malsaines, alors dire quelque chose de pareil n’avait rien d’étonnant. Et puis, Gabriel lui-même n’était-il pas aussi un peu comme elle ? En tout cas, s’il s’avérait qu’il le niait, personne, et encore moins Mizuki, ne le croirait… Après tout, c’était bien lui qui avait émit cette idée, et Mizu n’était que la pauvre victime pure et innocente… Snif.

Il ne prit même pas la peine de répondre au « pourquoi ? » de la jeune fille. Mais après tout, elle n’attendait pas réellement de réponse. Etant une emmerdeuse professionnelle, elle avait juste voulu l’embêter un peu. Encore. Il se jeta à terre, jouant à merveille la comédie, tout comme Mizuki. Elle était bonne actrice, les clients du bar n’y avaient vu que du feu. Ils avaient voulu du spectacle, ils avaient été servis. Ils sortirent, non sans que Gabriel trouve amusant de lancer quelques regards hautains.

Elle lui fit remarquer qu’apparemment, il aimait faire sensation. Mais il la rectifia, utilisant plutôt le terme de scandale. Et il avait raison. Au Japon, les gens étaient étroits d’esprit, très étroits d’esprit, et le moindre agissement quelque peu…déplacé, suffisait à les choquer. Petites natures. Le pire, c’est que faire de telles scènes plaisait au jeune homme. On s’amuse avec ce qu’on peut les enfants.

Une fois sortis, Gabriel en profita pour s’allumer une cigarette. On ne se refait pas. Il arrivait à la jeune fille de s’en griller une de temps en temps, en soirée, juste comme ça, mais là, non. Venant d’une jeune fille d’un milieu aussi aisé qu’elle, elle trouvait cela plutôt vulgaire. Même si, certes, son apparence et ses vêtements laissaient parfois à désirer. Mais que voulez vous, elle adorait la provocation. A ses risques et périls… Ou pas. En plus d’avoir parfois l’allure d’une allumeuse, elle savait parfaitement se défendre. Lorsque l’on vit seule, qu’on grandit seule, il faut bien apprendre à se protéger. Surtout lorsque l’on est Mizuki Matsuo, une jolie gosse de riche, respirant l’argent à plein nez et passant souvent pour une fille facile. Ce qu’elle n’était pas. Loin de là.

Une très « bonne » actrice ? Hum. Pardon. C’était trop tentant.


« Merci du compliment, tu n’étais pas mal non plus. »

Elle lui adressa un léger sourire alors qu’il s’installait sur les marches d’un perron. Elle, elle préféra rester debout, pour l’instant. Et puis, elle ne souhaitait pas se salir en s’asseyant n’importe où enfin ! Ce qu’elle était précieuse… Bref. De toute manière, elle n’était pas fatiguée, elle venait de passer près d’une demi-heure assise sans bouger. Elle regarda aux alentours, quelques clients du bar qu’ils venaient de quitter les observaient encore par la fenêtre. Mizuki leur adressa une grimace dédaigneuse, en l’accompagnant d’un regard des plus noirs, et ils détournèrent le regard. Elle sentit alors quelque chose, ou plutôt quelqu’un, saisir sa main. Elle fut tout d’abord quelque peu surprise, mais elle avait maintenant l’habitude que Gabriel la lui prenne. Il mêla ses doigts à ceux de la jeune fille, les tapota, les emmêla, les démêla, les chatouilla, les gratouilla, les caressa… La jeune japonaise vu saisie d’une légère vague de frissons. Mais qu’est ce qui t’arrive Mizu ??

« Tu t’amuses bien ? »

Demanda-t-elle avec un sourire masquant sa gêne. Non. Elle n’était pas gênée, mais, mais, rahh ! Ce n’était pas son genre de réagir ainsi ! Ce n’était qu’un mec ! Ressaisis toi Mizu !


[ HS : Dézo' Gaby-Chou, post un peu naze, j'ai apas d'inspi' T-T ]
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