Suite d'une journée mouvementée... [PV Naka'] || /!\ Yaoi || || FINI

Quelque part dans la chambre, la montre de Naka' sonna un coup ; il devait être 9:00pm. Mais cela n'avait pas d'importance.
Quelque part à l'extérieur, le klaxon d'une camionnette retentit. Mais cela n'avait pas d'importance.
Nakatsu était trop occupé à écouter les halètements de son vis-à-vis alors qu'il continuait ses incessants va-et-vient de sa main droite. Son regard de braise était hypnotisé par le visage de Keiro ; s'il ne se mordait pas la lèvre pour reculer ses désirs refoulés, il embrassait vivement l'américain.
Le jeu était devenu une réalité bien plus exquise que ce qu'ils avaient envisagé plus tôt. Bien sûr, l'écossais faisait tout son possible pour ne pas perdre pied et aller plus loin encore. C'était tentant, mais il s'était promis de se tenir à carreaux à ce niveau-là.

Cependant, Keiro semblait désirer bien plus... C'était d'ailleurs étonnant et Naka' eut un léger blanc lorsque l'américain lui retira vivement la main droite de sa virilité. Frustré, l'écossais en avait même grogné. Et si ce n'était que ça ! Keiro l'embrasse avec une fougue nouvelle en venant lui chopper les fesses pour le coller à lui. Nakatsu ne put retenir un gémissement mi-réprobateur mi-douloureux. Parce que, soyons-en sûr désormais, l'entrejambe de l'écossais était bel et bien réveillé. Aucun doute là-dessus, vu la puissance de son désir.
Et l'américain lui donna un coup de reins en lui mordillant les lèvres.

Naka' inspira une longue bouffée d'air avant se jeter littéralement sa bouche contre celle de son vis-à-vis, le mordillant et l'embrassant comme jamais. Et en sentant l'une des mains de Keiro passer sous son caleçon pour se coller directement contre la peau de ses fesses, l'écossais donna un coup de reins à son tour. Que pouvait-il faire d'autre ?
Il posa un coude contre le matelas et évita d'écraser Keiro en soutenant son poids de son avant-bras. Son autre main, quant à elle, vint caresser la taille de l'américain avec envie, ses doigts remontèrent vers le téton de celui-ci et il le tortura...
Ses lèvres ne quittèrent pas celles de Keiro, quitte à ce qu'ils s'étouffent tous les deux, alors qu'il donna plusieurs coups de reins suggestifs à la suite....

Nakatsu grogna et gémit lorsque Keiro se décida à se montrer un peu plus présent, ce qui ne déplut pas à ce dernier. Finalement, il perdait bel et bien son calme. C'était à la fois satisfaisant et légèrement inquiétant, à vrai dire. Car malgré le plaisir intense et l'envie que cela ne cesse jamais, Keiro ne se sentait toujours pas prêt à aller jusqu'au bout. si même l'écossais perdant son sang froid, parviendraient-ils à s'arrêter à temps ?

Nakatsu réagit en l'embrassant plus intensément encore. Y avait-il des limites à la passion qui s'était emparée des deux adolescents ? Leurs souffles désordonnés se mêlaient délicieusement, leurs langues jouaient sans se lasser, tantôt brutalement, tantôt plus doucement, et il arrivait que leurs dents interviennent pour mordiller avec envie les lèvres qui s'offraient à elles. Nakatsu donna à son tour un coup de reins à Keiro, qui gémit de plaisir. Il avait de plus en plus de difficultés à employer la Technique Drew, complètement obnubilé par leur folle étreinte.

Keiro peinait de plus en plus à reprendre son souffle, son cœur battait à lui en faire mal. C'était à la fois légèrement angoissant et terriblement agréable. Il n'en pouvait plus, mais en même temps il aurait voulu que cela dure éternellement. Il aurait voulu que sa peau et celle se Naka' s'entremêlent, fusionnent, que leurs corps brûlants ne fassent plus qu'un. Qu'ils disparaissent du reste du monde, ou que le monde autour d'eux disparaisse, et qu'ils vivent ainsi pour toujours.

Nakatsu lui donna d'autres démoniaques coups de reins qui firent gémir Keiro malgré lui. Leurs lèvres ne se quittaient plus. L'américain serrait son partenaire contre lui, sa main toujours glissée sous son caleçon tandis que l'écossais lui caressait les tétons avec un étourdissant talent. Complètement emporté, Keiro lui mordit sauvagement la lèvre et poussa Nakatsu pour inverser à nouveau les rôles...

... Sauf qu'il avait oublié qu'ils étaient dans un lit relativement étroit, et ils tombèrent tous deux sur le sol. Keiro se cogna les coudes, ce qui lui arracha un petit cri de douleur et de surprise.

- D... Désolé, souffla-t-il en ouvrant les yeux et en reculant légèrement son visage de celui de Nakatsu.

*Quel con, mais quel con !*

[Mouhahaha le truc qui casse tout, encore plus puissant que l'éternuement :p]

La respiration folle de Nakatsu se mêlait à celle de Keiro ; l'écossais se perdait dans ces limbes de plaisir qu'il essayait de transmettre à son vis-à-vis sans pour autant se laisser emporter par la vague démoniaque qui lui disait d'aller jusqu'au bout des choses. Il donnait des coups de reins dans un rythme régulier, entrechoquant pour ainsi dire leur virilité l'une contre l'autre.
Naka' perdrait son souffle. Une goutte de sueur perla le long de sa colonne vertébrale, une autre dévala sa tempe pour se réfugier dans son cou. Quelle douce et étrange sensation que de vouloir tout partager avec quelqu'un ; il voulait ne faire qu'un avec Keiro, qu'importait de quelle manière. Si aujourd'hui ils n'allaient pas plus loin, l'écossais tisserait cette fusion autrement : dans le plaisir commun.

Lorsque Keiro lui mordit brutalement la lèvre, Nakatsu grogna de plus belle. Combien de fois déjà l'américain l'avait mordu à cet endroit-ci ? Cette fois, le jeune écossais sentit le goût amer du sang dans sa bouche. Cela ne le dérangea pas plus que ça et il s'apprêta à attaquer Keiro de la même façon lorsque celui-ci essaya d'inverser une nouvelle fois les rôles...

BOUM !
Les voilà tous deux sur le sol. Keiro émit un petit cri de douleur et de surprise. Nakatsu, lui, n'attendit pas trois secondes pour se montrer attentif : il vint poser une main délicate sur la joue de l'américain et le fixa dans les yeux avec une certaine inquiétude -mêlée à ce désir qui ne le quittait pas.

_ Ca va ?

Une fois le choc passé, c'est là que Nakatsu se rendit compte d'une chose assez importante pour lui : il avait atterrit sur son genou droit, qui avait encaissé plutôt bien la chute avant de lui renvoyer une onde douloureuse jusqu'à la hanche.
Une pointe de douleur se diffusa dans son regard, une grimace se peignit sur son visage, et il roula sur le côté pour s'asseoir et prendre son genou entre ses mains et la malaxer aussi profondément que possible.
Est-ce que c'était la fin de leur étreinte passionnée d'avant ? Nakatsu ne semblait plus si sûr de lui, tout à coup. Comme s'il se réveillait d'un doux rêve. Il jeta un coup d’œil à Keiro, ne sachant pas s'il devait à nouveau lui sauter dessus ou simplement tout stopper...

Mais l'écossais, malgré son genou traversé de décharges douloureuses, se rallongea à côté de Keiro et lui passa un bras autour de la taille en poussant un soupir mêlé de frustration, d'apaisement et d'un certain bonheur ; être avec l'américain, c'est tout ce qui importait réellement.

Keiro s'était rarement senti aussi con. Il s'en voulait à mort d'avoir ainsi brisé la bulle dans laquelle ils étaient si bien quelques secondes plus tôt. Nakatsu s'empressa de s'inquiéter pour son compagnon, une fois encore.

- Ca va ? fit-il en posant une main sur sa joue.

Keiro déglutit, retrouvant peu à peu son souffle. Il hocha la tête. Ce fut à son tour d'avoir l'air inquiet lorsque Nakatsu grimaça avant de s'écarter de lui pour s'asseoir et se masser le genou. Keiro s'en voulut encore plus.

- Merde, pardon... Je suis désolé... balbutia-t-il, catastrophé.

Il se gifla intérieurement, ne sachant comment réagir. Finalement, Naka' se rallongea à même le sol et passa un bras possessif autour de la taille de Keiro en poussant un indéchiffrable soupir. L'américain ne savait pas vraiment s'il devait reprendre où ils s'étaient arrêtés avant l'incident, mais en même temps ça lui aurait paru étrange, l'euphorie était un peu retombée... Et d'un autre côté il n'arrivait pas vraiment à se calmer. Un petit sentiment de soulagement s'installa en lui, à vrai dire. Étrange alors qu'un instant plus tôt il aurait voulu ne jamais se séparer de Nakatsu.
Keiro se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise. Dire qu'à la base ils voulaient tous les deux attendre, et finalement ils avaient dérapé plus que de raison... L'américain songea durant un instant que ce n'était peut-être pas prudent de dormir dans le même lit, puis il se ravisa : ils étaient suffisamment grands et matures pour contrôler leurs hormones, tout de même ! La simple idée de passer la nuit dans un autre lit que celui où se trouverait Nakatsu le révulsait.

- J... Je reviens, marmonna-t-il soudain avant d'aller s'enfermer dans la salle de bain.

Keiro soupira en se laissant glisser le long de la porte. Il avait bien cru qu'il allait refaire une crise, pendant une seconde. La pièce était fraiche et calme, cela l'aida à se calmer - et à calmer son corps. L'américain se releva au bout d'une minute et se passa de l'eau fraiche sur le visage. Il s'essuya ensuite dans sa serviette, en essayant de ne pas penser au fait que Nakatsu s'en était également servi, puis inspira un grand coup avant de sortir de la pièce, parfaitement - à peu près - zen.

- Désolé, fit-il encore, sans vraiment savoir de quoi il s'excusait cette fois-ci.

Nakatsu ne tenait absolument pas à affoler Keiro suite à leur chute. Au moins, cela remettait les idées en place. L'écossais était allé plus loin qu'il ne l'avait voulu, même s'il ne le regrettait guère. Et là, allongé à nouveau à côté de Keiro, à même le sol, il s'apprêta à serrer l'américain contre lui lorsque celui-ci se leva soudain, rejoignant la salle de bain rapidement.
Interloqué, Naka' se rassit et fixa la porte close de la salle de bain d'un air absent. Que se passait-il dans la tête de l'américain ? Regrettait-il tout ce qui s'était passé auparavant ?

Profitant de l'absence de son vis-à-vis, Nakatsu émit un son étouffé de douleur. Il se massa à nouveau le genou et extériorisait très légèrement sa douleur tant que Keiro ne le voyait pas ; l'écossais n'aimait pas être dans ce lamentable état, lui rappelant sans cesse que c'était cette blessure qui l'avait éloigné malgré lui du basket-ball. Et que l'accident précédent cette blessure avait été créé par sa faute -son indifférence avait tué sa mère.
Il serra les dents pour éviter de gémir, caressant son genou dans l'espoir d'en détendre les nerfs. Malgré toutes ses séances de kiné', rien n'avait pu être fait. Normalement, une opération serait envisageable mais là, il était encore moins sûr de pouvoir à nouveau marcher normalement un jour.

Lorsque Keiro revint, Naka' repoussa subitement son genou et étendit la jambe par terre, refoulant sa douleur et espérant la cacher.

- Désolé.

Décidément, l'américain ne cessait de s'excuser !
Nakatsu pencha la tête sur le côté et esquissa un léger sourire entendu.

_ Arrêtes de t'excuser, ce n'est pas de ta faute.

Il tendit une main vers son vis-à-vis dans l'espoir que ce dernier revienne se poser près de lui. D'accord, le sol n'était pas très confortable mais, pour le moment, Naka' ne pouvait pas se lever ; il savait que s'il faisait un pas, sa jambe se déroberait sous lui. Et il n'avait aucunement envie de se montrer aussi faible face à Keiro. Cela faisait des années qu'il vivait avec cette blessure et personne ne l'avait vu s'en plaindre une seule fois. Ce n'était pas maintenant que ça allait commencer.

_ Viens me faire un petit câlin.

Nakatsu esquissa une petite moue enfantine, gardant la main tendue vers Keiro. Il voulait le serrer dans ses bras, là, maintenant !

Visiblement, Nakatsu avait toujours mal au genou, malgré ses efforts pour faire comme si de rien n'était. Il adressa un petit sourire à Keiro tout en disant que ce n'était pas de sa faute... Mais si, c'était de sa faute s'il souffrait. S'il ne l'avait pas emmerdé jusqu'à ce qu'il réagisse, s'il n'avait pas laissé la situation déraper autant et s'il n'avait pas eu la brillante idée d'inverser les rôles sans se soucier de la taille du lit, Keiro n'aurait pas fait tomber Nakatsu, et celui-ci n'aurait pas mal. Keiro se décomposa encore plus en voyant que son compagnon saignait de la lèvre. Il l'avait mordu si fort que ça ? Lui-même sentait que sa bouche était légèrement à vif, après les multiples attaques de l'écossais. Keiro songea qu'ils étaient vraiment partis en vrille.
Sans quitter sa place sur le sol, Nakatsu tendit la main vers l'américain.

- Viens me faire un petit câlin.

La petite moue puérile qu'il esquissa confirma à Keiro que lorsqu'il parlait de "câlin", c'était au sens innocent du terme. Tant mieux. Le californien s'agenouilla près de son compagnon et l'entoura de ses bras, se serrant fort contre lui. Il déposa un petit baiser dans son cou, à l'endroit même où il avait laissé un suçon taquin et possessif tout à l'heure, lorsqu'il avait commencé son plan de vengeance. Ils restèrent comme ça quelques instants, dans un silence reposant. Puis Keiro recula la tête pour pouvoir regarder Nakatsu dans les yeux et demanda doucement, un air inquiet et coupable sur le visage :

- Ton genou... ça va mieux ?

Il était déterminé à faire n'importe quoi pour soulager l'écossais, même s'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il aurait pu faire, n'osant pas prendre d'initiative de peur d'aggraver la situation. Keiro se mit en colère contre lui-même : lorsqu'il avait eu un début de crise près du billard, Nakatsu avait immédiatement su quoi faire pour qu'il se calme. Et maintenant que la situation était inversée, il se retrouvait complètement impuissant, pouvant seulement serrer son compagnon dans ses bras... Il l'embrassa sur la joue, enfouissant à nouveau son visage dans le cou de l'écossais

- Je t'...

Oh là, minute. Depuis quand son cœur prenait la parole sans passer par la case cerveau ? Vite, une sortie de secours... N'importe quoi... *Réfléchis, putain !*

- ...te demande pardon.

Ouf. Pourvu que Nakatsu n'y ait vu que du feu - même s'il y avait peu d'espoir... D'autant plus qu'il lui avait demandé d'arrêter de s'excuser. Eh merde.

Une fois Keiro dans ses bras, Nakatsu soupira de contentement et ferma les yeux. Ses mains se joignirent dans le dos de l'américain et il le serra doucement contre sa peau. Ses battements de cœur reprenaient un rythme normal. Puis Keiro vint le fixer dans les yeux.

- Ton genou... ça va mieux ?

Il y eut un moment de silence ; l'écossais cligna des yeux. En fait, la fatigue revenait progressivement et ses yeux étaient les premiers à en pâtir. Ils piquaient, là, avec la lumière presque trop vive de la chambre. Finalement, la lumière n'avait pas été éteinte et Naka' s'en rendait compte maintenant.
Puis son cerveau reprit le court du temps.
Son genou ? Il approcha sa main droite de son genou et effleura légèrement la trace rouge -ressemblant à une brûlure. Il souffrait, en fait. Mais c'était passager, il le savait. Combien de temps resterait-il au sol ? Qui sait... Il esquissa un petit sourire, essayant tant bien que mal de rassurer Keiro.

_ Ca va, ne t'en fais pas. J'ai l'habitude.

Mon œil.
Même au saut en hauteur, il prenait bien soin de bien masser avant de faire quoique ce soit. Et, surtout, il évitait de cogner ce genou-là n'importe où ! Mais bon. Pour lui, ce n'était pas la faute de Keiro. Ni même sa faute à lui. Ils avaient tout deux dévier de la raison pour prendre une trajectoire plus sensuelle et voilà où ils en étaient. Il n'y avait rien de méchant là-dedans.
Nakatsu grimaça tout de même lorsqu'il toucha du bout de l'index une partie de son genou. Il tâta doucement et finit par déclarer :

_ Je vais juste devoir mettre un peu de la pommade qu'on m'a prescrit. Rien de grave. De toute façon, cette blessure ne guérira jamais.

Car il était hors de question qu'il passe par la case opération.
Bref. Il lorgna vers son sac de sport. Dedans se trouvait le tube en question qui, il le savait, puait dès les premières secondes. La pommade avait une odeur forte, acide, mais elle avait le don de calmer la douleur...
Keiro lui embrassa la joue et enfouit sa tête dans le cou du jeune écossais.

- Je t'...

Nakatsu perçut une hésitation. Il fronça légèrement les sourcils, attendant la suite alors que son cœur rata un battement et qu'il bloqua sa respiration sans le vouloir.

- ...te demande pardon.

Etait-ce réellement ce que voulait dire Keiro ? Naka' avait des doutes. Mais peut-être qu'au fond, il n'y avait pas besoin de mot pour exprimer leur lien. Aussi, il se remit à respirer et esquissa un doux sourire, refermant les paupières et serrant Keiro entre ses bras. Il vint lui murmurer à l'oreille :

_ Arrêtes de t'excuser...

Puis il lui embrassa la tempe, l'oreille, la joue. D'une main, il lui prit le menton et l'embrassa sur les lèvres. Le sang dans sa bouche avait séché mais le goût âcre demeurait toujours.

- Je vais juste devoir mettre un peu de la pommade qu'on m'a prescrit. Rien de grave. De toute façon, cette blessure ne guérira jamais.

Cette réplique avait un côté fataliste qui fit mal au cœur de Keiro. Il ne savait même pas vraiment ce qui était arrivé à Nakatsu pour qu'il se blesse ainsi, pourtant il n'osa pas lui demander, de peur de raviver un douloureux souvenir.

Bref, vint ensuite la bourde de Keiro.
Nakatsu le serra un peu plus contre lui tandis que l'américain s'injuriait intérieurement.

- Arrêtes de t'excuser...

Il dut retenir un soupir de soulagement. Soit Naka' n'y avait vu que du feu, soit il avait préféré passer outre, au lieu de le taquiner comme il en avait l'habitude... Dans tous les cas, Keiro était soulagé. Il était trop tôt pour avouer et ne serait-ce qu'avoir des sentiments envers l'écossais. Et lui, savait-il ce qu'il ressentait envers Keiro ? Difficile de savoir. Nakatsu se mit à lui embrasser la tempe, l'oreille et la joue, puis lui prit le menton afin de pouvoir embrasser ses lèvres. Keiro répondit à son baiser, frémissant légèrement en se rendant compte que la bouche de Naka' avait un goût de sang - à cause de lui...! Il avait encore envie de s'excuser, mais se retint. L'américain fit l'immense effort de se séparer de son compagnon avant d'avoir trop envie de l'allonger par terre et de reprendre là où ils s'étaient arrêtés.

- Bouge pas, je vais te chercher ta crème, murmura-t-il tout près de sa bouche.

Il se rendit compte que c'était con d'avoir dit "bouge pas", vu que Nakatsu ne semblait pas vraiment apte à bouger... Bref, il se leva et s'approcha du sac de son vis-à-vis sans attendre sa réponse.

- C'est ce truc-là ? fit-il en sortant un tube de pommade qui se trouvait justement vers l'ouverture du sac.

Il observa un instant ledit tube, puis revint s'asseoir en tailleur à côté de son compagnon. Il hésita, ne sachant pas vraiment que faire, craignant de faire mal à Nakatsu s'il lui mettait lui-même la crème.

- Je peux ? fit-il timidement en posant sa main sur le bouchon du tube.

L'atmosphère s'était fait plus léger, plus frais. Finalement, la nuit avait raison de l'esprit de Naka' puisque ce dernier bailla silencieusement en se mettant une main devant la bouche. Pourtant, il n'oubliait pas leurs ébats précédents et devait bien avoué que cela le frustrait de ne pas être allé jusqu'à ce que Keiro craque. Après tout, les préliminaires servaient souvent à cela, non ?
Les bras de Nakatsu,autour de l'américain, se tendirent. Il se fit violence pour garder enfouies ces envies qui le taraudaient.

- Bouge pas, je vais te chercher ta crème.

L'écossais souffla un rire ; il avait l'impression que Keiro donnait un ordre à un gosse. En même temps, Naka' ne pouvait pas se lever... Même si son fessier souffrait à force de rester contre le sol, rien que de tendre la jambe était un obstacle insurmontable. Il ramena son genou vers lui et cela lui arracha un gémissement plaintif. Non, il n'était définitivement pas prêt à se relever.

- C'est ce truc-là ?

Nakatsu regarda en directement de Keiro avec un regard remplit de douleur contenue. Il se sentait si faible que cela l'énervait légèrement. Finalement, ce n'était pas si grave s'il partageait cela avec l'américain... du moment que ce dernier soit le seul à le voir dans cet état !
Il reconnut le tube noir et jaune, déjà plié au bout pour faire remonter la pommade plus facilement à la sortir. Il hocha donc la tête ; c'était bien cette pommade. En même temps, il n'en avait pas d'autres dans le sac donc il n'y avait aucun doute à avoir -bizarre le fait de se demander si c'est bien la nôtre alors qu'on le sait déjà.

Il suivit Keiro du regard, ce dernier s'installant à ses côtés. Un instant, Nakatsu se crispa pour tendre la main vers le tube en question mais se ravisa en un quart de seconde en bougeant un peu la jambe droite ; cette dernière était raide, son genou lui envoya une nouvelle onde de choc le long de sa cuisse. Il grimaça.

- Je peux ?

L'idée que quelqu'un d'autre lui masse le genou à sa place affolait quelque peu Naka', en fait. Mais il devait bien avouer qu'il n'avait pas le choix. Il essayait de cacher sa douleur mais cela devenait flagrant.
Alors il esquissa un léger sourire, assez peu confiant quant à la douleur que pouvait lui infliger Keiro sans le vouloir, et hocha la tête en disant d'un ton aussi rassurant pour lui que pour son vis-à-vis :

_ Vas-y. En mouvement circulaire de chaque côté de l'os, et à l'arrière du genou. Juste... N'appuie pas trop dessus.

La lumière lui fit à nouveau mal aux yeux et il ferma les paupières. Peut-être que s'il ne regardait pas, ça passerait mieux. En même temps, il voulait ajouter une chose :

_ Je ne suis pas une chochotte.

Son léger sourire se crispa malgré lui. De toute façon, qu'importe comment, il devait passer cette foutue crème.
Il tendit légèrement son genou vers Keiro, grimaçant sous la douleur. Finalement, cette chute était plus violente qu'il n'y paraissait. Cela mériterait une petite vengeance...
Alors, avant que l'américain ne fasse un seul geste, Nakatsu lui attrapa l'arrière du crâne et l'attira à lui pour l'embrasser fiévreusement ; il avait peur que Keiro lui fasse mal, mais il avait aussi peur que l'américain continue à s'en vouloir pour cette chute accidentelle.

Keiro remarqua que malgré ses efforts, Nakatsu avait de plus en plus de mal à cacher sa douleur. Peut-être était-il un peu inquiet à l'idée que l'américain le masse à sa place - d'autant que l'américain susmentionné était lui-même un peu inquiet à cette idée. Keiro écouta attentivement les consignes de son compagnon tout en fixant son genou, visualisant la manière dont il allait s'y prendre. Il hocha la tête et adressa un sourire qui se voulait rassurant à Nakatsu. Ce dernier ferma les yeux ajouta :

- Je ne suis pas une chochotte.

La remarque fit sourire Keiro, qui aurait même émit un petit rire narquois en d'autres circonstances ; cependant il était trop concentré et se sentait bien trop coupable pour ça. Il était sur le point d'ouvrir le tube de pommade lorsque Nakatsu l'attrapa par l'arrière du crâne et l'attira à lui afin de l'embrasser avec fougue. Keiro manqua de lui tomber dessus, se rééquilibra de justesse sur une main - main qui d'ailleurs était toujours endolorie après la chute qu'il avait fait au terrain de course ce matin même -, ce qui lui arracha un grognement. Il ne put s'empêcher de répondre au baiser de l'écossais durant un instant, et crut d'ailleurs que la situation allait déraper à nouveau. Néanmoins, il était encore suffisamment calme et la douleur que pouvait ressentir Naka' ne quittait plus son esprit, si bien qu'il mit rapidement fin au baiser. Il caressa doucement la joue de son compagnon, puis inspira un grand coup pour montrer se motiver et ouvrit le tube de pommade.
Keiro ne put retenir une grimace de dégoût face à l'odeur forte du produit, qui se diffusa immédiatement dans l'air lorsqu'il en déposa une noix sur ses doigts.

- Ça a intérêt à être efficace, grommela-t-il.

*Courage Kei', tu vas y arriver ! Du moment qu'il ne se met pas à hurler de douleur, c'est bon...*
Keiro, face au regard inquiet de son patient improvisé, lui donna un petit baiser sur le coin des lèvres et lui sourit. Puis, d'un geste très léger et lent, il posa ses doigts sur le genou blessé de Nakatsu et se mit à masser le plus doucement du monde, en respectant à la lettre ce que lui avait dit l'écossais. Il continua ainsi durant un petit moment, laissant la pommade se diffuser de manière homogène sur la peau du jeune homme. Il jetait régulièrement un coup d’œil à son visage pour guetter le moindre signe de souffrance. Keiro avait rarement été aussi inquiet et ne s'était jamais senti aussi responsable de toute sa vie.
Sentant que Nakatsu se détendait peu à peu, sans cesser de masser son genou, Keiro approcha son visage du sien et l'embrassa tendrement. Pas de morsure, aussi appétissantes soient ses lèvres. Elles avaient déjà assez souffert pour aujourd'hui.

- Ça va ? murmura-t-il sans vraiment chercher à cacher son regard protecteur et attentionné.

Certes, il n'aimait pas lorsque Nakatsu le traitait ainsi. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de le faire, c'était plus fort que lui. Il tenait trop à lui pour avoir l'air désinvolte.

Nakatsu se crispa de plus en plus à l'approche de la main de Keiro vers son genou. La pommade était froide, odorante... Naka' se détendit légèrement et poussa un profond soupir ; il avait tellement eut peur que Keiro lui fasse mal malgré lui que ce fut un soulagement lorsque l'américain s'appliqua à y aller doucement.
Ce n'était pas si mal de se faire soigner par quelqu'un d'autre. Avouons que l'écossais en profitait un peu, même si cela ne l'enchantait pas totalement. Il était trop habitué à être seul dans sa bulle et à ne rien partager avec personne.
Pas même le côté sombre de son existence.

Le jeune homme porta son regard sur le visage concentré de Keiro ; ce dernier ne lui avait rien demandé sur cette blessure. Naka' savait que s'il en parlait, cela risquait d'énerver l'américain. En effet, cette blessure avait été faite dans l'accident qui avait tué sa mère. Hors, l'écossais ne ressentait aucun scrupule à avoir vu sa mère morte à côté de lui.
Plus tôt dans la journée, ce matin-même, Keiro l'avait cogné pour avoir avoué le meurtre indirect de sa mère sans une seule pointe de regrets.

Naka' soupira et ferma les paupières une nouvelle fois. Il était plus détendu. Keiro vint l'embrasser avant de lui demander si ça allait. Et bien, l'écossais rouvrit les yeux et le regarda tendrement, esquissant un léger sourire :

_ Je vais t'engager comme infirmier personnel.

Petite dose d'humour dans son esprit en ce moment grisâtre.
L'écossais était bien trop franc pour cacher quoique ce soit -sauf ses émotions, par fierté. Il reprit donc un air sérieux et pencha la tête sur le côté avec une certaine appréhension.

_ Tu ne me demandes pas comment j'ai eu cette blessure ?

D'un côté, Naka' soupçonnait Keiro d'avoir à peu près deviné comment cela était arrivé...

- Je vais t'engager comme infirmier personnel.

Keiro rendit son sourire à l'écossais, soulagé de constater qu'il s'en sortait bien. Pour la peine, il ne résista pas à l'envie de lui donner un énième baiser. Être "l'infirmier personnel" de Nakatsu McKhan, il y avait pire dans la vie.
Alors que Keiro reportait son attention sur le genou de son compagnon, celui-ci reprit un air sérieux.

- Tu ne me demandes pas comment j'ai eu cette blessure ?

L'américain leva les yeux vers lui. Naka' semblait inquiet de ce qu'il pouvait répondre. Le regard de Keiro se rembrunit alors qu'il repensait à leur discussion matinale. En effet, il ne lui avait pas demandé comment il s'était fait ça, parce qu'il avait sa petite idée. Et la manière dont l'écossais venait de l'interroger le confortait dans cette idée.
Keiro repensa à sa mère, et à celle de son vis-à-vis. C'était une des choses qui les différenciait l'un de l'autre : le rapport qu'ils avaient eu avec leur génitrice. Keiro avait toujours été très proche de la sienne, alors que Nakatsu n'éprouvait que de
la haine pour sa mère, et affirmait sans honte être responsable de sa
mort. Keiro l'avait même frappé pour ça, sur le moment.
Sauf qu'il n'avait pas cherché à comprendre. Il n'avait pas essayé de se mettre à la place de Nakatsu, savoir pourquoi il haïssait sa génitrice. Il s'était contenté de laisser ses émotions personnelles l'envahir et se transformer en colère.
A présent, beaucoup de choses avaient changé entre Nakatsu et lui. Il savait que l'écossais n'était pas le monstre qu'il avait vu en lui lorsqu'il lui avait dit froidement "je l'ai tuée".

Keiro avait cessé ses mouvements sur le genou blessé de Nakatsu et le regardait dans les yeux.

- Je voudrais savoir... J'aimerais comprendre ce qui a pu te pousser à détester autant tes parents, murmura-t-il.

On ne déteste pas ses parents sans raison, ou par pur caprice. Keiro savait qu'il y avait eu quelque chose de grave, ou du moins grave pour lui, qui l'avait changé profondément. Ce matin, il avait dit que ses parents avaient brisé son enfance. Qu'avaient-ils fait ?
Keiro songea à son père, qui n'avait été qu'une longue absence dans son enfance. Ce même père qui n'avait pas pris ses responsabilités à la mort de Mitsu. Qui n'avait pas voulu partager son chagrin avec son fils. Qui avait fini par plus ou moins le jeter dehors, au bout d'un an de rapports compliqués. Pourtant, Keiro ne pouvait se résoudre à le haïr autant. Il ne l'aimait pas, c'était un fait. A vrai dire... il n'éprouvait absolument rien pour Drew.

Keiro cessa ses massages sur le genou de Nakatsu ; malgré lui, l'écossais soupira de contentement. Finalement, la douleur était partie. Pas sûr qu'elle ne revienne pas s'il se levait dans la seconde mais, de toute façon, une pommade ne pouvait réparer ce qui avait été détruit.
Son appréhension vis-à-vis de Keiro augmenta au fur et à mesure que le silence s'installait. Peut-être aurait-il mieux fait de fermer sa grand grande plutôt que de laisser ses pensées franchirent sa bouche. Pourtant, il faut bien l'admettre, Nakatsu avait peur que, dans un futur plus ou moins proche, les deux jeunes gens se querellent pour des raisons parentales. Après tout, Keiro l'avait déjà cogné à ce sujet et peut-être qu'il recommencerait sous le coup de l'incompréhension.
Peut-être.
Peut-être.
Trop de peut-être tournait dans la tête de l'écossais.

- Je voudrais savoir... J'aimerais comprendre ce qui a pu te pousser à détester autant tes parents.

Ainsi donc, Keiro n'était pas dupe, il avait bien deviné que cette blessure était liée à l'un ou l'autre de ses parents. Bof, en même temps ce n'était pas difficile à comprendre.
Nakatsu esquissa un sourire peu fier, comme s'il venait de se faire engueuler...

_ Tu m'en voudrais certainement toute ta vie, si tu savais.

Après tout, ce n'était qu'une broutille. Même s'il n'avait jamais été proche de ses parents, le fait qu'il puisse ressentir haine et indifférence envers eux n'était pas franchement une raison valable. Seulement voilà, Naka' s'était construit là-dessus.
Et il s'en voulait d'avoir mis le sujet sur le tapis au risque de perdre Keiro malgré leur rapprochement.
Aussi, l'écossais passa un bras possessif autour de la taille de son vis-à-vis pour le coller à lui et lui souffler à l'oreille :

_ Laisses tomber. Je n'ai pas envie que tu me détestes et j'aurais mieux fait de ne pas commencer à en parler.

Sur ces mots, il relâcha doucement Keiro, lui embrassa la tempe et s'aida du lit pour se redresser. Il posa son pied droit à plat, appuya dessus et sentit une longue ligne douloureuse lui transpercer le genou. Prenant appui sur la jambe gauche, il sautilla un instant pour ensuite poser une main sur la courte échelle qui menait à son propre lit. Puis il regarda son vis-à-vis, pas très sûr de lui -ça changeait de son éternel confiance !

_ Est-ce que... je dors quand même avec toi ?

Malgré les ébats passés et ce sujet si tabou des parents ? Non, vraiment, Nakatsu ne savait plus où se mettre. Il se sentait mal à l'aise. Et la fatigue empirait cette impression morbide.
On aurait presque dit un lion en cage...

- Tu m'en voudrais certainement toute ta vie, si tu savais.

Le ventre de Keiro se tordit sous l'effet des paroles de Nakatsu. Déçu était le terme. Il était déçu que l'écossais ne lui fasse pas confiance. Il voulait vraiment comprendre, et était déterminé à ne pas juger son compagnon sans avoir cherché à saisir son point de vue. Keiro avait le sentiment que cette histoire allait dresser une barrière entre eux, et qu'en refusant de s'ouvrir, Nakatsu n'allait faire que solidifier cette barrière. C'était lui-même qui avait engagé le sujet, et maintenant il refusait d'aller au bout ! Pourquoi ?
Nakatsu l'attira contre lui, sans que Keiro émette la moindre réaction. Il était trop perplexe pour ça.

- Laisses tomber. Je n'ai pas envie que tu me détestes et j'aurais mieux fait de ne pas commencer à en parler.

Keiro était presque choqué des paroles de son compagnon. Le détester ? Il en aurait été incapable. Quoi que Nakatsu puisse lui dire, jamais il ne le détesterait. Keiro en resta sans voix, scotché. Il lança un regard chargé d'incompréhension à son vis-à-vis, qui se relevait et s'appuyait contre l'échelle du lit du dessus.

- Est-ce que... je dors quand même avec toi ?

Keiro cligna des yeux, se forçant à sortir de son mutisme. Il se releva à son tour et s'approcha de Nakatsu, posant sa main sur celle qui tenait l'échelle.

- Je vois pas pourquoi tu demandes, grogna-t-il.

Il passa sa main libre autour de la taille de l'écossais et ajouta d'un ton sérieux, presque menaçant :

- Écoute-moi bien, imbécile. Mets-toi en tête que je te lâcherai pas, quoi que tu ais pu faire dans ton passé. Je t'ai déjà dit que je voulais pas qu'on se cache des choses. Si je te demande, c'est que je suis prêt à encaisser la réponse. Si tu n'as pas envie d'en parler pour le moment, je comprends. Je ne te détesterai pas, Nakatsu.

Il colla son front contre celui de Nakatsu et lui prit sa main qui était toujours sur l'échelle, qu'il amena à sa bouche pour y laisser un baiser possessif.

- Et je t'interdis de monter dans ce lit.

Ça avait le mérite d'être clair...

L'atmosphère avait changé. D'abord, le froid avait remplacé les chauds ébats des deux jeunes hommes. Mais ce froid devenait glacial, trop au goût de Nakatsu. Ce dernier frissonna, tremblota de la mâchoire un instant. Ses doigts se crispèrent sur l'échelle grimpant à son matelas.

- Je vois pas pourquoi tu demandes.

Bon, et bien au moins, Keiro ne le jetait pas hors du lit. Ainsi, le matelas du dessous serait leur lit à tous les deux... Pour combien de temps ? Naka' ne put s'empêcher de se poser cette question avec une appréhension certaine et une crainte de l'avenir. Maintenant qu'il avait indirectement affirmé que la blessure à son genou était liée à ses parents, il craignait le courroux de son vis-à-vis.
Et ce dernier passa un bras possessif autour de la taille de l'écossais.

- Écoute-moi bien, imbécile. Mets-toi en tête que je te lâcherai pas, quoi que tu ais pu faire dans ton passé. Je t'ai déjà dit que je voulais pas qu'on se cache des choses. Si je te demande, c'est que je suis prêt à encaisser la réponse. Si tu n'as pas envie d'en parler pour le moment, je comprends. Je ne te détesterai pas, Nakatsu.

Naka' n'avait pas pour habitude d'avoir peur de quoique ce soit ; cette fois, il avait peur de perdre le seul lien qui lui rendait son humanité. Pendant toutes ces années, il ne s'était lié qu'avec les animaux, n'éprouvant rien d'autre qu'une sportivité combattante avec ses équipiers du saut en hauteur. La rencontre avec Keiro avait été telle qu'il se croyait capable de beaucoup puis abandonnait sa lutte l'instant d'après.
L'américain lui changeait sa vision des choses concernant les êtres humains. Keiro lui prouvait indirectement que les humains n'étaient pas tous mauvais et qu'il pouvait réellement tomber am...
QUOI ?!

Keiro colla son front au sien -c'était une manie- et lui prit la main pour y déposer un baiser possessif. Là, Naka' se sentait impuissant, fragile... Il n'était pas vraiment ça mais il savait intérieurement que l'américain de lui voulait pas de mal et ne le jugerait pas.

- Et je t'interdis de monter dans ce lit.

Le jeune écossais esquissa un léger sourire, proche du remerciement. Il poussa un léger soupir, ferma les paupières en gardant son front collé contre celui de son vis-à-vis. Peut-être qu'avouer sérieusement la raison de sa blessure au genou les lierait davantage.
Nakatsu rouvrit les yeux, sautilla une fois sur place. Sa jambe gauche commençait à fatiguer à force qu'il s'appuie dessus. Il attira Keiro à lui puis se laissa tomber sur le matelas pour s'y asseoir, l'américain entre ses jambes. Il prit une profonde inspiration et avoua d'une voix amère et mélancolique :

_ Mes parents m'ont forcé à tout quitter en Écosse quand j'étais petit, pour venir au Japon voir ma grand-mère maternelle mourir. Ca parait stupide mais je leur en voulais... Je suis issu d'une famille plutôt riche mais je n'ai jamais fait de caprice. J'ai juste... perdu tout lien -s'il en existait- avec mes parents à ce moment-là.

Il fit une pause, essayant de remonter dans ses souvenirs. Ce n'était pas franchement facile, lui qui avait tout garder en lui depuis le départ et qui avait enfoui la plupart des choses au plus profond de son être.

_ C'est ici, dans ce pays, que mon père et ma mère m'ont réellement vu grandir. J'étais devenu indifférent envers tout, sauf les animaux. Mon père m'a un jour emmené pêcher... et j'ai lâché la canne dans l'eau. Ils ne m'ont jamais compris, n'ont jamais essayé de comprendre. Et, un soir, ma mère m'a cherché à l'entraînement de basket...

Difficile de replonger à ce moment-là. Il ne ressentait aucune émotion envers sa défunte mère et appréhendait le moment où Keiro l'apprendrait à nouveau.

_ J'étais bien, avec mes coéquipiers. Je me défoulais au sport, j'étais juste quelqu'un de normal. Quand ma mère ait apparu, j'ai à nouveau ressenti cette indifférence que je n'obtenais qu'en la présence de mes parents. Son but principal, ce soir-là, était de me parler, d'essayer de me comprendre. Pour moi, c'était trop tard. Aucun morceau ne pouvait être collé, parce qu'il n'y avait pas de morceau. Elle s'est concentrée sur mon impassibilité pendant tout le trajet du retour... et on s'est prit un camion...

Nakatsu ferma les yeux, revit ce moment de son existence comme s'il se passait à nouveau. L'image de sa mère était imprimée dans sa mémoire.

_ Quand j'ai repris mes esprits, ma mère était morte à côté de moi. Moi, ma jambe était coincée entre mon siège et la boite à gants. Les pompiers étaient déjà présents et...

Il haussa les épaules, inspira.

_ Je me suis réveillé dans une chambre d'hôpital. Mon père essayait de ne pas me regarder avec reproches mais je le sentais. C'était entièrement terminé. Mon entraîneur de basket m'a foutu dehors, mon père a essayé de ne pas m'en vouloir s'en jamais y parvenir... Le saut en hauteur, et les dauphins, ce sont les seules choses qui m'ont gardé en vie jusqu'à présent. Qu'importe que je sois blessé, qu'importe les risques...

Maintenant, il se mit à trembler de froid et de peur. Keiro allait-il le cogner ? Le juger ? L'engueuler et lui dire de s'en aller ? Est-ce que tout sera terminé avant que la journée ne soit finie et que le lendemain n'arrive ?
La voix cassée par l'émotion, Nakatsu n'hésita pas à rajouter :

_ Plus tôt, quand je me suis réveillé sous un cauchemar, je t'ai vu à la place de ma mère dans la voiture... Tu es le premier... Le premier à qui je tiens et que je n'ai pas envie de perdre...

Ses yeux océans se mirent à briller.
Non, il n'allait pas pleurer ! Jamais il n'avait pleuré de sa vie, ça n'allait pas commencer maintenant ! Pas face à Kei' !

Keiro ne lâcha pas Nakatsu des yeux, l'écoutant parler en silence. Il ne se mit pas en colère comme il avait pu le faire ce matin-là. Il se contentait d'écouter, la voix de l'écossais imprégnant en lui alors qu'il visualisait, étrangement bien d'ailleurs, la scène. Con cœur se serra à l'évocation du camion, tant il était plongé dans le monologue de Nakatsu. Keiro était surpris, presque choqué, du ton neutre qu'il employa en décrivant le moment où il s'était retrouvé coincé dans le véhicule, le corps de sa mère à côté de lui. Il parlait comme s'il lisait un article dans le journal, comme s'il n'était pas concerné, comme s'il n'était pas ce garçon piégé dans la voiture renversée.
Keiro était ému pour eux deux, en fait. Il eut presque envie de pleurer lorsque Nakatsu raconta la suite, les reproches de son père, la fin de sa carrière de basketteur. Keiro se mettait à sa place, et à vrai dire il admirait le courage qu'avait eu Nakatsu, d'affronter tout ça. A sa place, il n'en aurait pas fait autant. Il n'aurait pas pu se relever.
L'écossais se mit à trembler. Keiro aurait voulu le prendre dans ses bras, mais il était trop bouleversé. Il avait la gorge serrée et était complètement figé. L'émotion fit enfin son apparition dans la voix de Nakatsu lorsque celui-ci avoua :

- Plus tôt, quand je me suis réveillé sous un cauchemar, je t'ai vu à la place de ma mère dans la voiture... Tu es le premier... Le premier à qui je tiens et que je n'ai pas envie de perdre...

Le cœur de Keiro rata un battement face à cette déclaration. On ne lui avait jamais rien dit d'aussi important. Il avait les larmes aux yeux, et constata qu'il n'était pas le seul. Voir Nakatsu dans cet état ne fit qu'accroître ce besoin de pleurer. Il serra cependant les mâchoires, tentant de refouler ses larmes. Il avait déjà pleuré devant lui au stade, il n'allait quand même pas recommencer !
Sous l'effet de l'émotion et de l'impulsion, Keiro embrassa son compagnon avec fougue et tendresse. Il glissa ses bras dans son dos, se serrant contre lui.

Les émotions se mêlaient dans son esprit embrouillé. Il pensait à sa rapidité de son rapprochement avec Nakatsu, à tout ce qu'ils s'étaient dit, à sa propre famille, au meurtre de sa mère, au coup de poing qu'il avait mis à l'écossais tout à l'heure avant de l'embrasser pour la première fois... Les désirs, les émotions, les joies, les tristesses et les souvenirs s'entrechoquaient dans le chaos de son esprit sans logique aucune.
Une pensée, une émotion s'imposa lentement, se fit une place parmi les autres. Keiro avait peur de la laisser s'exprimer, lui qui était si renfermé d'habitude. Aujourd'hui il s'était dévoilé plus que jamais et en était troublé. Nakatsu s'était lui aussi livré, bien plus encore, et peut-être même qu'il n'avait jamais raconté cela à qui que ce fut. Ils se comportaient l'un envers l'autre comme s'ils se connaissaient depuis toujours. C'était ça, le coup de foudre ?
Keiro murmura tout près des lèvres de son compagnon, entre deux baisers :

- Moi non plus j'veux pas te perdre.

Et puis fuck. Fuck les craintes, fuck les indécisions, fuck les principes, fuck la durée. Au point où ils en étaient, Keiro n'avait plus envie de brider ses émotions. il était sincère, même si ça pouvait paraître con parce qu'ils se connaissaient à peine. Inutile de tourner plus longtemps autour du pot. Les mots jaillirent timidement de sa bouche, venant naturellement en anglais :

- J't'aime.

Puis il embrassa à nouveau Nakatsu, le cœur battant comme jamais.

Nakatsu faisait un effort surhumain pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus ; il avait gardé tout cela pour lui, jusqu'à aujourd'hui. Il avait vécu dans son impassibilité, ignorant jusqu'aux gens qui lui adressaient la parole. Il s'était amusé avec des personnes pour des relations d'un soir, c'était tout ce qu'il avait vécu avec les humains. Au fond, il se sentait si différent... Et là, face à Keiro, il se sentait si... humain.
Il répondait inlassablement aux baisers de son compagnon, gardant cette foutue appréhension que ce dernier ne change d'avis et lui hurle au visage.

- Moi non plus j'veux pas te perdre.

Un poids s'écroula des épaules de l'écossais ; il émit un petit gémissement étouffé, un son plaintif, puis tourna violemment la tête sur le côté. Ses yeux brillaient un peu plus, une larme dévala sa joue cachée à la vue de Keiro. Il la retira d'un geste rapide avec la paume de sa main, ne voulant absolument pas être vu ainsi.
Il fallait qu'il se retienne.
Et c'est ce moment-là que l'américain choisit pour lui faire une déclaration murmurée digne de ce nom...
Naka' mit à nouveau son visage face à celui de Keiro et n'eut pas le temps de dire quoique ce soit que ce dernier l'embrassa à nouveau.

Avait-il rêvé ?
Non. Il sentait le cœur de son compagnon battre rapidement contre son torse. A moins que ce ne soit son propre cœur ? Les battements fous cognaient jusqu'à ses oreilles et il ne sut réellement si c'était vraiment son organe de vie qui parlait ou celui de Keiro.
Qu'importait, de toute façon.
Son ouïe ne pouvait pas l'avoir trompé.

Il mit fin à leur baiser pour nicher son minois dans le cou de Keiro, le serrant fort contre lui, entre ses bras finement musclés. Le froid persistait sur sa peau et il pensa un instant à se draper de la première couverture venue. Mais rien dans son esprit n'avait plus d'importance que ce que l'américain avait murmuré. Rien d'autre ne comptait plus que la présence de Keiro à ses côtés.
Il embrassa le cou de Keiro, respira fortement son odeur, laissa s'échapper le bruit suspect d'un sanglot retenu. Et dans un souffle, à peine perceptible, il murmura à son tour :

_ Moi aussi...

Il n'osait réellement dire les mots que Keiro avait employé mais il ne pouvait pas mentir au fait qu'il les ressentait lui aussi ; la journée était passée si vite et, pourtant, Naka' pensait que plusieurs années s'étaient écoulées. Aussi semblables et différents que pouvaient être les deux jeunes hommes, un lien s'était forgé entre eux et semblait se durcir à chaque seconde passée ensemble.
Ils étaient vivants...

Et la fatigue reprit le dessus. Les émotions étaient trop fortes pour Naka', qui n'y était absolument pas habitué. Pourtant, malgré son petit bâillement retenu, il ne voulait pas s'endormir ; Keiro allait-il s'enfuir ou resterait-il à jamais à ses côtés ? Ce lit lui paraissait si grand alors qu'il était si petit.
Son étreinte se resserra un peu plus autour de Keiro.
Et il trembla de froid.
Il vint coller son front contre celui de Keiro, paupières closes. Son souffle était rapide, il renifla un instant pour lutter contre ses émotions et son soulagement.

_ ...'love you...

Il devait utiliser leur langue natale en commun. C'était un symbole, bien plus que ne l'était devenu ce geste de coller leur front l'un contre l'autre.
Et, finalement, il osa dire ces mots si profonds.

Après quelques temps de silence, il attira Keiro avec lui pour s'allonger sur le lit. Trop d'émotions tuent l'émotion ! Il était temps de dormir, non ?

Nakatsu enfouit son visage dans le cou d'un Keiro mort de honte, qui attendait avec appréhension sa réaction de son compagnon. Celui-ci émit un bruit qui ressemblait fort à un sanglot étouffé, ce qui donna encore plus de peine à l'américain, qui avait déjà bien du mal à lui-même s'empêcher de pleurer. Il n'aurait jamais pensé déclarer sa flamme à Nakatsu aussi tôt, ni dans des circonstances aussi dramatiques. Mais bon, c'était arrivé à ce moment là, et ce n'était pas plus mal qu'un autre, au final.

Lorsque l'écossais répondit "moi aussi", le cœur de Keiro rata un battement avant de se calmer légèrement, soulagé, puis de reprendre ses battements frénétiques de plus belle. Il avait dit "moi aussi", pas "je t'aime". Parlait-il pour ne pas vexer Keiro, ou bien était-ce sincère mais il avait trop de mal à le dire ?
Le californien se rendit compte que Naka' était frigorifié. Il le serra un peu plus contre lui, tandis que l'écossais collait une fois de plus son front contre le sien, les yeux fermés, le souffle chargé d'émotion.
Contre toute attente, Nakatsu dit enfin les mots manquants. Keiro avait l'impression de fondre complètement, il avait envie de se jeter sur lui tellement il le trouvait craquant. Il se retint, de peur de repartir en vrille... Ils restèrent ainsi quelques instants, puis Nakatsu finit par s'allonger, entrainant Keiro avec lui.
C'est vrai qu'à la base, ils étaient fatigués...
Keiro gigota un instant afin de saisir la couverture et de la ramener sur eux, puis se blottit contre Nakatsu. La couverture était trop petite pour deux, et le lit était étroit, mais il s'en fichait. Plus ils étaient proches l'un de l'autre, mieux il se portait. L'américain ne put résister plus longtemps à l'envie de l'embrasser, cette fois-ci. Il se laissa même un peu emporter et approfondit le baiser...
*Kei', tu n'es qu'un obsédé incapable de tenir ses hormones en laisse.*

Il était si bien, là, sur ce lit si étroit qu'il partageait avec Keiro. D'un côté, il se disait qu'il empiétait l'espace de l'américain mais, d'un autre côté, il s'en foutait complètement. C'était devenu trop important de garder Kei' près de lui. Dire qu'il y a à peine vingt quatre heures, ils ne se connaissaient même pas. Qui aurait cru qu'un jour, ces deux âmes meurtris se rencontreraient pour ne former qu'un ?
Quoiqu'en fait, ils ne formaient pas totalement un, encore. Leurs sentiments étaient désormais liés mais pas leur corps. Et Naka' ne trouva pas cela si important. C'était tout aussi bien qu'ils prennent leur temps à ce niveau-là.

Mais c'était sans compter Keiro ; ce dernier, après avoir remonter la couverture sur leur corps, s'attaqua à nouveau aux lèvres de l'écossais. Naka' ne put empêcher un râle de fatigue s'extérioriser de sa gorge alors qu'il répondit avidement à ce baiser qui scellait leur déclaration faite quelques instants auparavant.
Ses bras entouraient toujours l'américain, qu'il collait littéralement contre lui en lui caressant le dos. L'une de ses mains, plus folle que l'autre, se positionna sur la fesse de Keiro pour rester là et élire domicile.

Il mit fin au baiser puis ouvrit les yeux.
Il les referma aussitôt.
La lumière paraissait de plus en plus aveugle à mesure que la nuit avançait. Quelle heure était-il ? Il commençait certainement à se faire tard... Ou tôt, peut-être. Bof, peu importe. Mais Naka' ne put s'empêcher de grogner et esquissa un geste pour se lever... avant de se relaisser tomber mollement sur le côté. Pas moyen qu'il se lève éteindre cette foutue lumière. Il avait trop la flemme, cette fois. Surtout s'il devait boitiller jusqu'à l'interrupteur.
Cet internat n'avait pas un enclenchement et un déclenchement automatique de ce genre de chose, bordel ? Et certainement que la lumière finirait par attirer un quelconque surveillant de garde.

C'était trop injuste.
Frustré et pourtant si heureux en ce moment-même, Nakatsu reposa ses lèvres sur celles de son vis-à-vis. Puis il le mordilla légèrement, sans appuyer -ils s'étaient assez écorchés pour la journée, non ?

Malgré son grognement, Nakatsu répondit avec une certaine avidité au baiser de Keiro. Celui-ci ne se lassait pas des caresses et des baisers de l'écossais, et frémit lorsqu'il laissa une main venir se loger sur sa fesse. Décidément, il avait le don de l'électrifier complètement. Kei' aurait bien repoussé le moment de dormir à plus tard, mais Nakatsu tombait de fatigue. Ce denier mit d'ailleurs fin au baiser et fit une tentative (très vite avortée) pour se lever. Merde, la lumière. Keiro tenta de se motiver, en vain. S'il n'était pas excessivement fatigué en cet instant, il avait néanmoins la flemme de s'éloigner ne serait-ce qu'une seconde de l'écossais.

Celui-ci l'embrassa à nouveau, d'ailleurs, et lui mordilla très légèrement la lèvres. Keiro était sur le point de lui rendre la pareille, puis il se souvint que Naka' avait la bouche écorchée et il se retint donc, émettant un petit grognement frustré. Il n'arriverait jamais à se lever pour éteindre cette foutue lampe, ni même à se lever pour aller en cours demain matin, si ça continuait comme ça.

Keiro prit sur lui et se fit violence pour s'écarter de son compagnon et se lever jusqu'à l'interrupteur - qui se trouvait près de la porte, cette saloperie ! - puis il revint rapidement se blottir contre Nakatsu. La chambre n'était pas plongée dans le noir complet, éclairée par la lune et quelques réverbères dans la cour. Il y avait bien un rideau, mais Keiro avait la flemme de le fermer, et la lumière du soleil ne le dérangeait pas.
Il embrassa une énième fois Nakatsu, glissant un bras autour de sa taille. Il ne savait pas s'il serait capable de s'endormir...

Nakatsu frissonna quand Keiro se leva. Avec un effort surhumain, il rouvrit les yeux en mode 16/9 pour le suivre du regard. Et la lumière s'éteignit. Il poussa un gémissement suggestif de son remerciement et reprit l'américain dans ses bras lorsque ce dernier revint. Il profita d'ailleurs de cet instant pour passer l'une de ses jambes entre celles de Keiro, pour le sentir d'autant plus près de lui. Sa main perdue reprit position sur la fesse de son vis-à-vis.

Ah, cette chaleur. Elle avait le don de l'apaiser totalement. L'odeur de Keiro le grisait.
Heureusement que la fatigue était de plus en plus forte. Il pouvait aisément lutter contre ses envies les plus primaires. Quoique...
Luttons, luttons.
Naka' vint embrasser le front de Keiro sous en frissonnant contre le corps de celui-ci. La fatigue lui donnait froid, c'était un fait. Et le corps chaud contre lui l'appelait sans cesse. Mais le soucis restait son instinct de prédateur, toujours éveillé et prêt à bondir.

_ Uhr...

Mouais, un semblant de grognement, quoi. Nakatsu se dressa sur un coude et nicha son nez froid dans le cou de Keiro. Il en profita pour y mordiller délicieusement la peau et y poser quelques petits baisers papillons.

*Tu ferais bien de dormir, ouais !*

Son bras ne résista pas longtemps et il s'effondra une nouvelle fois, la tête sur la moitié de l'oreiller. Il poussa un long soupir, resserra sa prise contre Keiro. Pourvu que ce dernier ne s'échappe pas pendant la nuit !
Malgré la fatigue, le cerveau de Nakatsu carburait à cent à l'heure. Il n'arrivait pas à s'endormir... Sans compter qu'il avait peur de refaire le cauchemar où il voyait Keiro mort du côté conducteur de la voiture...

_ Mon cerveau ne veut pas se mettre en pause...

Murmura-t-il doucement, comme si cela était un secret et qu'il ne savait pas si Keiro s'était endormi entre temps.
Bizarrement, la main de Naka', posé sur la fesse de Keiro, tâta légèrement le tissu du caleçon de celui-ci avant de s'immobiliser à nouveau.
Mouarf...
Sera-t-il capable de dormir un jour ?!
Et là, la question la plus pourrie de l'existence de l'homme, murmurée :

_ Tu dors ?

Keiro frémit lorsque Nakatsu glissa sa jambe entre les siennes et remit sa main où elle était avant qu'il aille éteindre la lumière. Être au plus près de lui, entrelacé comme si rien ne pouvait les séparer, était grisant. Nakatsu semblait frigorifié, malgré la couverture et le corps chaud de l'américain. Celui-ci dut faire un immense effort pour s'empêcher de l'embrasser fougueusement, lorsqu'il vint titiller son cou avant de retomber sur le lit, poussant un soupir vaincu.

- Mon cerveau ne veut pas se mettre en pause...

Forcément, s'il continuait à le provoquer comme ça ! Lui non plus ne risquait pas de se mettre en pause. Keiro sourit dans la pénombre, amusé de l'attitude enfantine de son vis-à-vis, semblable à tous ces gamins complètement éreintés qui refusent pourtant d'aller se coucher. Lui-même commençait à faiblir, d'ailleurs. Il ferma les yeux, oubliant de répondre à Nakatsu. Il sentait son souffle tout proche de son visage, c'était apaisant.

- Tu dors ?

Keiro eut un petit temps de réaction, légèrement surpris. Il éclata de rire, puis répliqua :

- Oui, je suis en plein rêve, je te rappelle pendant la pub. [Gad !]

Il déposa plusieurs petits bisous un peu partout sur le visage de Nakatsu, puis s'attaqua malgré lui à ses lèvres, qu'il embrassa doucement d'abord, puis avec une certaine avidité. Il se força à arrêter, soupirant.

- Comment veux-tu que je dorme, tu me perturbes trop, chuchota-t-il tout près de ses lèvres avant d'un déposer un nouveau baiser.

Il glissa lui aussi une de ses mains sur la fesse de Nakatsu, se serrant un tout petit peu plus contre lui - comme si c'était encore possible... -

- Oui, je suis en plein rêve, je te rappelle pendant la pub.

La fatigue usa d'un temps de réaction à cette réplique de sketch que Nakatsu connaissait. Une fois qu'il se remémora la phrase, le jeune homme émit un petit rire et répondit aux baisers de Keiro en lui embrasser le visage et les lèvres en même temps. La pénombre de la pièce lui donnait de nouvelles forces, ou quoi ?! Naka' était increvable, c'était pas possible !

- Comment veux-tu que je dorme, tu me perturbes trop.

Au moins, ils étaient deux à être perturbés. Nakatsu sourit doucement et frémit lorsque Keiro lui posa une main sur la fesse.
Cette proximité avait quelque chose de dangereux et de symbolique à la fois. Dans l'ombre, l'écossais colla son front à celui de l'américain et, les yeux ouverts, essaya de capter son attention. Il était peut-être trop fatigué pour bouger mais ses pensées, elles, n'en démordaient pas : il avait envie de Keiro.
Depuis le début, mais chut !
Trop d'émotions pour aujourd'hui. Il était temps de dormir.
Naka' vint embrasser les lèvres de son vis-à-vis et murmura :

_ On est deux à être perturbés, alors.

Et Hop, il l'embrassa encore. En fait, s'il le pouvait, il l'embrasserait toute la nuit. Malgré ses lèvres meurtries, il en redemandait. En fait, pour bien faire, faudrait cogner Nakatsu avec une pelle pour qu'il s'évanouisse et se repose enfin.
La jambe qu'il avait placé entre celles de Keiro se releva légèrement, glissant dangereusement vers l'entrejambe de son vis-à-vis. Manque de bol, il s'agissait de son genou droit... Il grimaça sous la douleur.
Il soupira d'exaspération, de frustration et de fatigue.

_ Par pitié, assommes-moi !

Bizarrement, cette demande sonnait autrement que s'il lui demandait réellement de le faire avec un objet... C'était un double sens évocateur de son état d'esprit.

Nakatsu colla son front contre celui de Keiro, qui ouvrit les yeux. Leurs regards se rencontrèrent dans la pénombre, donnant une énième fois très envie à l'américain d'embrasser son compagnon. Il se retint néanmoins, se disant qu'il ne pourrait jamais dormir s'il cédait à tous ses caprices. Il se demanda comment ils avaient réussi à s'assoupir, tout à l'heure.
Nakatsu ne se posait pas autant de questions, puisqu'il n'hésita pas à venir embrasser une nouvelle fois Keiro.

- On est deux à être perturbés, alors.

Le fait de ne pas être le seul à avoir du mal à se contrôler rassura et inquiéta Keiro en même temps. Le rassura, parce qu'au moins il n'était pas le seul à avoir du mal à maîtriser ses désirs, et l'inquiéta parce que jusqu'à maintenant il comptait un peu sur le plus expérimenté des deux - Naka', pour ne pas le nommer - pour garder le contrôle de la situation. Or, ils avaient tous deux les nerfs à fleur de peau et semblaient prêts à se jeter l'un sur l'autre d'un instant à l'autre.
Et dire qu'à la base, ils voulaient tous les deux attendre...
Nouvelle provocation de la part de l'écossais, qui commença à relever légèrement la jambe... Avant de se stopper. Keiro remarqua qu'il s'agissait de sa jambe droite, ce qui expliquait qu'il se soit arrêté avant d'atteindre son but. Tant mieux, dans un sens.

- Par pitié, assommes-moi !

Keiro sourit, amusé. Il embrassa pour la énième fois Nakatsu, incapable de se lasser de la saveur de ses lèvres. Rien que de les effleurer, il avait envie d'approfondir le baiser... Trop dur de résister. Le bout de sa langue vint caresser la lèvre meurtrie de l'écossais, tandis que la main de Keiro remontait un peu afin de caresser le creux de ses reins...
*Tu ferais mieux de dormir, au lieu de le provoquer...*
Se lasser ? Il n'en serait jamais capable.

- Si je t'assomme, comment tu feras pour m'empêcher de te bouffer ? répliqua-t-il dans un murmure avant de mordre la joue de Nakatsu.

Ils n'en finiraient jamais. Etaient-ils voués à ne plus jamais dormir ? On pourrait se poser la question. Et Keiro, plutôt que de fléchir, n'hésitait finalement pas à profiter de la situation. Il lécha la lèvre de Naka', ce dernier effleura la langue de Keiro avec le bout de la sienne.

- Si je t'assomme, comment tu feras pour m'empêcher de te bouffer ?

_ Mhfr...

Ce fut la seule chose qui sortit de la bouche de Nakatsu alors que son vis-à-vis vint lui mordre la joue.
L'écossais se concentra sur la main de Keiro dans le creux de ses reins ; heureusement qu'il était patient et que, jusque là, il ne s'était pas jeté à corps perdu sur l'américain ! A part les préliminaires -même pas terminés !- de tout à l'heure, il n'avait finalement pas fait grand chose.
S'il n'avait pas de Self Control, il aurait déjà violé son compagnon, consentant ou non.

Il ne bougea plus sa jambe droite. Par contre, la main à la fesse de Keiro s'engouffra sous le caleçon de celui-ci pour sentir sa peau contre la sienne ; il ne pouvait pas s'en passer. L'américain devenait une drogue dure. Collant pratiquement son nez contre celui de son vis-à-vis, Naka' grogna d'une voix rauque :

_ Vas-y, oses me bouffer.

Le Killer Whale donnait à nouveau l'occasion à Keiro de se venger. Mais on avait bien vu ce que ça avait donné tout à l'heure, non ?
Il passa le bout de sa langue sur les lèvres de l'américain, attendant sa réaction. Tant pis pour la fatigue... Quoiqu'il n'était pas sûr de tenir le coup, en fait.