Suite d'une journée mouvementée... [PV Naka'] || /!\ Yaoi || || FINI

Keiro et Nakatsu, après une matinée et une partie de l’après-midi (riches en émotions) passés au complexe sportif, se rendent à l’internat (après avoir fait un détour par le couloir pour récupérer le sac de Nakatsu), dans la chambre qu’ils ont décidé de partager ensemble, dans le but entre autres de se changer puisque leurs habits sont trempés (à cause d’un orage et d’une douche particulière…).

Keiro ouvrit la porte de sa chambre. Ou plutôt, leur chambre. Ils n’étaient pas encore passés à l’accueil pour rendre la colocation officielle, désireux d’aller mettre des habits secs au plus vite.

- Voilà… marmonna-t-il en invitant Nakatsu à entrer.

La pièce n’était pas très grande, sans pour autant être petite. Elle était composée de quatre lits, superposés deux par deux, de deux petits bureaux placés près de la fenêtre et de deux armoires, ainsi que deux grands tiroirs de rangement placés sous les lits du bas. Une petite porte au fond de la chambre donnait accès à une salle de bain-wc. Keiro s’approcha d’une des armoires, dans laquelle il avait posé sa valise sans même prendre le temps de la défaire, et en sortit un jeans et un T-shirt. Il se tourna vers Nakatsu, qui n’avait que son sac de sport à la main.

- T’as pas de valise ?

Le garçon était aussi trempé que lui, sans compter le fait qu’il avait un début de rhume… Keiro repensa non sans un petit frémissement dans l’échine à la douche qu’ils avaient pris… Leur premier échange aussi intense, et bien qu’il y en eut d’autres par la suite – et avec encore moins de vêtements – Keiro l’avait placé au sommet du classement des scènes torrides entre Nakatsu et lui. *T’es tordu, Kei’, quand même…* Il se sentait différent, depuis qu’il avait rencontré l’Ecossais… Cela lui faisait plaisir et peur à la fois.

- Je peux te prêter des affaires, si tu veux, ajouta-t-il.

Après tout, ils avaient à peu près le même gabarit. Keiro esquissa un léger sourire en imaginant Nakatsu porter ses fringues. Les siennes.

Nakatsu, son sac de sport jeté sur l'épaule, suivit Keiro jusqu'à leur chambre. Ses vêtements trempés lui frottaient la peau et il retenait des grimaces de malaise à chaque pas.

- Voilà…

Ils étaient arrivés devant une porte que l'américain ouvrit avant d'inviter Naka' à entrer. Il ne se fit pas prier, posant ensuite son lourd sac en plein milieu de la chambre. De ses prunelles bleu océan, il observa la pièce qui allait l'abriter pour le reste de sa scolarité au Japon.
Il poussa un léger sifflement approbateur.

_ Je pensais que ce serait plus petit.

Bon, c'est sûr que cela n'avait rien à voir avec les grands espaces de l'Ecosse. Mais cela lui allait ; il penserait moins à ses origines en étant confiné.
Il se demanda quel lit Keiro avait choisi.

- T’as pas de valise ?

Nakatsu donna un léger coup de pied à son sac de sport. Enfin, il retrouvait son porte-feuille et, surtout, son livre sur les dauphins -qu'il cachait toujours, d'ailleurs.

- Je peux te prêter des affaires, si tu veux.

Avec un sourire, l'écossais lui répondit :

_ J'ai pris quelques affaires dans mon sac. Je comptais faire le plein de fringues en ville un de ces quatre.

Il s'accroupit, ouvrit la fermeture éclair de son sac de sport et farfouilla à l'intérieur. Son livre dépassa légèrement et il le retint tant bien que mal pour ne pas qu'il sorte. Il mit la main sur un caleçon propre, un jean blanc et un débardeur bleu clair taché de blanc, comme si on y avait jeté de l'eau de Javel.
Il se redressa.
Un instant, il se demanda ce que ça donnerait qu'il soit accompagner de Keiro pour faire des courses aux vêtements. Est-ce que ce dernier donnerait son avis sur les trucs qu'achèteraient Nakatsu ? Ou, au contraire, s'en ficherait-il ? Peut-être même que Keiro s'amuserait à essayer quelques fringues au passage.
Mouais, ce n'était pas une fille non plus.

Sans savoir quel lit prendre, Nakatsu n'osa approcher d'aucun. Il retira ses vêtements trempés en plein milieu de la pièce, sans aucune pudeur. C'est donc en tenue d'Adam qu'il en profita pour s'étirer à nouveau les bras par-dessus sa tête -il aimait bien faire le chat- avant d'enfiler le caleçon propre qu'il avait choisi.
Manque de bol, ce caleçon noir dévoilait, et il s'en rendit compte trop tard !, l'image plutôt mignonne d'une petite Orque brodée sur le coin gauche de sa cuisse.

- J'ai pris quelques affaires dans mon sac. Je comptais faire le plein de fringues en ville un de ces quatre.

Le regard de Keiro s’illumina. Il avait dû abandonner une partie de sa garde-robe en Californie, à son grand regret. Il avait hâte de se faire une journée-shopping, et d’autant plus si Nakatsu venait avec lui… En voyant le look assez simple de son compagnon, il avait craint que celui-ci ne soit pas un adepte de la mode et ne s’achète des fringues que par nécessité.
L’Ecossais s’accroupit pour ouvrir son sac, et Keiro aperçut la couverture de son livre… Que son propriétaire chercha à dissimuler. Il sortit quelques habits, Keiro se rendit alors compte qu’il avait oublié de prendre un caleçon et s’approcha à nouveau de l’armoire, après avoir posé son T-shirt et son jeans propres sur son lit, un de ceux du bas.

- On pourrait y aller ensemble… si tu veux, fit-il en retenant de trop laisser la joie déformer son ton tout en fouillant dans sa valise.

Bah ouais, ce n’est pas parce que Nakatsu venait de dire qu’il envisageait d’acheter des vêtements qu’il était pour autant un accro du shopping. Il allait prendre Keiro pour une nana, si celui-ci sautait de joie à l’idée de faire les magasins…
Il mit la main sur un caleçon noir – y a que ça de vrai ! – et se retourna… pour voir un Nakatsu de dos, entièrement nu, s’étirant avec désinvolture et sans pudeur aucune. Les joues de l’Américain virèrent au rouge et il en oublia même de respirer. Pour la énième fois, Keiro se sentit partagé entre deux sentiments : le désir et la gêne. C’était la première fois qu’il voyait un mec à poil – enfin, un vrai mec quoi, parce qu’il ne considérait pas des petits gamins qui jouaient dans la mer comme des mecs – et cela lui fit un drôle d’effet. Quoique, en fait c’était la deuxième fois qu’il voyait Nakatsu entièrement nu, puisqu’il l’avait aperçut tout à l’heure lorsqu’il avait remit son caleçon après sa douche… Enfin bref, c’était troublant.
Heureusement pour le cœur de Keiro, Naka’ enfila un caleçon et l’Américain se remit à respirer.

- Va falloir arrêter de me provoquer comme ça, imbécile, grommela-t-il en retirant son T-shirt trempé, la gorge un peu serrée.

Il se dirigea vers la salle de bain pour se changer, donnant au passage un petit baiser sur la joue à Nakatsu. Il remarqua l’orque sur son caleçon et sourit.

- C’est une idée où tu cherches à cacher ton goût pour les dauphins ? lança-t-il depuis la salle de bain alors qu’il retirait rapidement ses vêtements et enfilait un caleçon sec.

Il ressortit aussitôt, ayant laissé le restes de ses habits sur son lit – de plus, il tenait à voir la réaction de Nakatsu.

Keiro était prêt à l'accompagner faire les magasins. L'écossais n'était pas un adepte du shopping, loin de là. Sauf s'il s'agissait, bien sûr, de livres sur les dauphins. Il crut sentir une certaine excitation chez son compagnon au sujet de ces achats de fringues mais préféra ne pas penser que Keiro puisse être fan de ce genre de sorties -c'était effrayant de voir déjà les femmes se précipiter dans les magasins au premier jour des soldes !
En même temps, faire les courses avec Keiro... Les cabines d'essayage laissaient beaucoup de possibilités...
...
...
Nakatsu secoua la tête.
Ca y est, il avait enfilé son caleçon.

- Va falloir arrêter de me provoquer comme ça, imbécile.
La bonne humeur retrouvée, l'écossais tourna la tête vers Keiro et esquissa un magnifique sourire faussement innocent. Cela lui creusa une petite fossette au coin des lèvres. Il se passa une main dans les cheveux, faisant jouer les muscles de son torse avec un certain amusement.
Puis Keiro lui embrassa la joue avant de partir dans la salle de bain. Dis donc, l'américain était plus pudique que lui...

- C’est une idée ou tu cherches à cacher ton goût pour les dauphins ?

Nakatsu écarquilla les yeux. Retint sa respiration. Il se plaqua la main sur le visage, cachant de sa paume son nez rougissant. C'était tellement évident ? Ou Keiro avait-il deviné depuis le début ?
L'écossais esquissa une grimace sous ses doigts et jeta son regard de côté. Voilà qu'il devenait totalement humain, ressentant une certaine honte, comme s'il avait été pris en faute.

_ Ce n'est..., commença-t-il.

Mais que pouvait-il dire ? Nier ne servirait à rien ! L'orque sur son caleçon était une preuve bien trop évidente. Il était démasqué...
Il poussa un soupir retenu derrière sa main qui couvrait toujours une partie de son visage. Ses yeux se posèrent sur Keiro...

Nakatsu lui adressa un immense sourire, sans doute le plus large depuis leur rencontre. Rah, ce mec était vraiment magnifique… c’était révoltant. Et sa petite fossette…
Bref, Keiro alla se changer.

- C’est une idée ou tu cherches à cacher ton goût pour les dauphins ?

Le Californien sortit de la salle de bain juste à temps pour voir Nakatsu écarquiller les yeux et… rougir ? A ce point là ? Keiro se retint de sourire – le souvenir de ce qui lui était arrivé la dernière fois qu’il avait osé rire de Nakatsu lui en coupa d’ailleurs l’envie. L’Ecossais cacha une partie de son visage d’une main, détourna les yeux… Wow, Keiro n’aurait jamais cru que le sujet serait aussi sensible. D’ailleurs, pourquoi avait-il honte ?

- Ce n'est...

Il se tut, renonçant à tenter de se justifier – ou de nier. De toute manière, la queue de dauphin que Keiro avait cru apercevoir sur le livre de Nakatsu, son tatouage, et maintenant le caleçon… nier aurait été complètement inutile. Il soupira, gardant une main sur son visage.
Keiro s’approcha de lui, lui prit délicatement la main pour qu’il découvre son visage aux joues adorablement roses… Kei’ aurait pu le manger sur place.

- Pourquoi tu te caches, Naka’ ?

Sa question était à double sens : il parlait à la fois du fait de cacher son visage et de cacher sa passion. Keiro embrassa doucement son compagnon et ne put résister à l’envie de caresser du bout des doigts le petit orque brodé sur le caleçon de celui-ci. Il recula légèrement, pour laisser à Nakatsu l’occasion de répondre. A moins que celui-ci soit un fanatique pervers et zoophile – rien que d’imaginer un truc pareil était compliqué – Keiro ne voyait pas vraiment ce qui poussait l’Ecossais à vouloir se cacher. Or, les probabilités pour qu’il soit un fanatique pervers et zoophile étaient faibles. Pervers, il l’était sûrement un peu vu comment il se comportait, mais le reste…
D’ailleurs, Keiro remarqua qu’une fois de plus, ils étaient tous deux en caleçon. Déjà qu’ils avaient passé la moitié de la journée dans cette tenue, ça devenait une manie chez eux… Pourtant, cette fois-ci ils n’avaient pas d’excuse, ils avaient tous deux leurs vêtements – propres et secs – à portée de main. En même temps, Keiro n’avait pas envie de s’habiller tout de suite, finalement… et Nakatsu non plus, vraisemblablement.

Comment expliquer ? Comment se faire comprendre ? Depuis le temps que Nakatsu gardait cette passion folle en lui, il était difficile de concevoir qu'il puisse la partager. D'accord, on l'avait surnommé le Killer Whale, à une époque. Mais ça remontait à si loin... Ou presque. Ses coéquipiers d'Ecosse lui manquèrent, tout à coup. Mais ce fut surtout le sentiment d'abandon du basket qui prima ; depuis que son entraineur avait refusé de le reprendre dans l'équipe suite à l'accident de voiture, le jeune homme avait du mal à digérer les défaites et à partager à nouveau son secret, d'après lui, le plus puissant : les dauphins.
Les joues rosies par une pointe honteuse, le regard collé à Keiro, Nakatsu ne savait que dire. La main qu'il avait posé sur son visage fut retirée par celle de l'américain.

- Pourquoi tu te caches, Naka’ ?

Pourquoi cachait-il sa figure ? Ou pourquoi cachait-il un tel amour pour les cétacés ? Cette question à double sens le fit grommeler et il jeta à nouveau ses yeux sur le côté -littéralement parlant, bien entendu. Qu'il regrettait d'avoir ramené ce caleçon avec lui ! C'était si évident qu'il avait une passion pour les dauphins, et surtout pour les orques ! S'il avait pu fuir le sujet, il l'aurait fait.
Mais Keiro n'était pas dupe. Et n'était pas stupide non plus.

_ Je ne...

Mouais. Dire qu'il n'était pas fan des dauphins serait un mensonge éhonté. Il se devait d'être franc sur ce sujet. N'était-il pas sincère avec tous les autres sujets, après tout ?
Il haussa les épaules, résolu. Le rose de ses joues s'effaça et il reprit un minimum de contenance. Sa voix, profonde et mélancolique, confessa alors :

_ C'est difficile pour moi, là. Cette passion, je n'ai pas pour habitude de la partager. Et puis... ça fait petite fille.

PAF ! Un léger rougissement sur son nez. Quelle honte ! Quelle honte pour lui de devoir faire face à cette passion qui le gardait en vie depuis si longtemps ! Aimer les dauphins... S'il avait eu une passion pour les requins, il aurait été fier d'en discuter car cela faisait plus viril !
Pitié, qu'on le sorte de là. Nakatsu avait juste envie de creuser sa propre tombe et de s'y fourrer sans autre forme de procès. Disparaitre. Pour de bon.
N'importe quoi ! Le jeune écossais fronça légèrement les sourcils à cette pensée.
Bon, autant être franc jusqu'au bout, cette fois. Il s'accroupit donc à son sac pour farfouiller dedans et en sortit son Saint Graal : le livre sur les dauphins et baleines du monde. Il présenta la couverture présentant le saut d'un Grand Dauphin (l'espèce de Flipper) à Keiro.

_ Voilà. Ce livre m'a maintenu en vie depuis que je suis gosse.

Après une hésitation, Nakatsu finit par avouer, ses joues reprenant leur couleur habituelle.

- C'est difficile pour moi, là. Cette passion, je n'ai pas pour habitude de la partager. Et puis... ça fait petite fille.

Keiro sourit, se mordit aussitôt la lèvre pour tenter de réprimer ce sourire – des fois que Nakatsu pense qu’il se moquait. Petite fille ? N’importe quoi. L’Ecossais n’avait absolument rien d’une petite fille. Il rougit à nouveau, semblant plus mal à l’aise que jamais. Keiro regretta un peu d’avoir laissé sa curiosité l’emporter.

- S’il existait des petites filles comme toi, je deviendrais probablement hétéro et pédophile, commenta Keiro avec un sourire amusé.

Nakatsu s’éloigna de lui afin de s’approcher de son sac, dont il sortit le fameux livre – ce qui confirma à l’Américain que c’était bel et bien un dauphin qu’il avait aperçut sur la couverture.

- Voilà. Ce livre m'a maintenu en vie depuis que je suis gosse.

Keiro observa la couverture, pensif. Elle était un peu abimée, témoignant des années qu’elle avait traversées. Il repensa à la haine que son compagnon avait envers ses parents. Ce livre était probablement son refuge, sa bouée de sauvetage dans les moments les plus sombres de son enfance. Il caressa la couverture du bout des doigts, n’osant pas trop prendre le livre dans ses mains, n’étant pas certain de la réaction que Nakatsu pourrait avoir. Il réalisa le côté paradoxal de la situation : l’Ecossais n’avait pas hésité à lui dire qu’il était responsable de la mort de sa mère, et pourtant il était réticent à évoquer sa passion pour les dauphins…

- Tu pourrais être un fan des Super Nanas, rêver de faire de la licorne ou je ne sais quoi, ça ne changerait rien de ce que je pense de toi. Aimer les dauphins ça ne fait pas « petite fille ». Tu fais ce que tu veux. Et je n’ai pas envie que l’on se cache des choses…

Keiro affichait une mine sérieuse. Ses paroles étaient sincères. Depuis que les deux garçons se connaissaient, ils avaient toujours fait preuve de franchise, et il ne voulait pas que ça change.

- S’il existait des petites filles comme toi, je deviendrais probablement hétéro et pédophile.

A imaginer Keiro ainsi, Nakatsu eut envie de rire. Mais son esprit était ailleurs, vivement accaparé par le sujet des dauphins et de sa passion. Lorsque l'américain toucha du bout des doigts son livre, l'écossais n'émit aucun mouvement de recul. Son regard lui-même ne trahissait pas une quelconque méfiance. Maintenant qu'il s'était livré, il n'avait plus rien à cacher.
Quoique...

- Tu pourrais être un fan des Super Nanas, rêver de faire de la licorne ou je ne sais quoi, ça ne changerait rien de ce que je pense de toi. Aimer les dauphins ça ne fait pas « petite fille ». Tu fais ce que tu veux. Et je n’ai pas envie que l’on se cache des choses…

Licorne...
Licorne...
Licorne...
Cet animal imaginaire tournait dans la tête de Nakatsu ; il savait que cette légende venait en fait de la découverte des cornes de Narval -qui étaient en fait des dents-, ce dauphin des eaux froides. Et pourtant, la seul évocation d'un animal légendaire fit briller les yeux de l'écossais. Il n'avait pas fini de faire découvrir de nouvelles facettes de lui. Et puisqu'il était là, à avouer sa passion pour les dauphins et que Keiro lui disait ne pas avoir envie qu'ils se cachent des choses, Nakatsu ouvrit la bouche pour conclure que quelques révélations de plus :

_ Je suis aussi un fervent admirateur des légendes et, par exemple, je crois à l'existence d'un Animal dans le Loch Ness.

Jamais il ne dirait Monstre du Loch Ness. Pour lui, aucun animal n'était un monstre, à part l'être humain.
En tout cas, Keiro pouvait rire, cette fois. Rares étaient les gens à aimer aborder des sujets aussi bancals sans rire. Seuls les passionnés, dans leur coin pour éviter les représailles, gardaient à l'esprit que toute légende pouvait partir d'une simple et étonnante rencontre.
Les dragons, par exemple ; des ossements ont été découverts, parmi ceux des dinosaures. Ces êtres pourvus d'ailes n'auraient en fait jamais été capables de voler car leurs ailes ne pouvaient pas supporter leur propre poids. Lorsque Nakatsu avait lu cela, il trouvait alors la théorie des dinosaures évolués en oiseaux plus probable encore. Après tout, les dinosaures étaient des êtres à sang chaud. Et les Deinonychus auraient étaient pourvus de plumes -cela avait été découvert sur des ossements fossilisés.
Bref, ne nous égarons pas.
Il était là, tenant son livre d'une main, attendant simplement la réaction de Keiro. Même si ce dernier rirait, Nakatsu ne s'énerverait pas ; il savait que ce genre de distraction n'était pas donné à tout le monde et qu'il était rare de rencontrer quelqu'un aimant ce genre de sujets.

Il plissa le nez... et éternua.

- Je suis aussi un fervent admirateur des légendes et, par exemple, je crois à l'existence d'un Animal dans le Loch Ness.

Le regard de Nakatsu s’était illuminé, et il fallut quelques secondes à Keiro pour se souvenir de ce qu’était le Loch Ness. Un lac d’Ecosse. Il s’imagina Naka’ en train de sonder l’eau du lac, des étoiles plein les yeux. En même temps, cette histoire de bestiole cachée dans le lac était plausible, bien que les scientifiques n’aient jamais repéré l’animal… Keiro ne s’était jamais vraiment demandé s’il y croyait ou pas. Il décida d’y croire, histoire de rêver un moment…

- T’imagine ? Ce serait trop bien !

Il fit un grand sourire. Nakatsu éternua, son début de rhume le rappelant à la réalité.

- Bon, trêve d’exhibitionnisme, t’as pas besoin d’empirer ton cas.

Keiro lui jeta ses habits à la figure en souriant, puis enfila ses propres fringues. C’est un peu à regret qu’il vit le corps de Nakatsu se dissimuler derrière le textile, mais bon, ils ne pouvaient pas passer leur vie en caleçon… Et il aurait probablement d’autres occasions d’admirer sa superbe plastique, dans un futur plus ou moins proche. Keiro s’assit sur son lit, les jambes encore douloureuses de leur effort matinal.
Lui qui s’était levé avec la motivation d’aller en cours aujourd’hui, Nakatsu avait fait disparaitre toute trace d’assiduité scolaire de son cerveau. L’Américain jeta un coup d’œil à son téléphone portable, qu’il avait oublié aux pieds du lit. Il n’affichait aucun message ni appel en absence… Une certaine amertume traversa son regard. Son père n’avait même pas cherché à le contacter pour savoir s’il était bien arrivé. Pour la peine, il avait bien envie de lui envoyer un message du genre « J’ai passé une super journée, j’ai séché les cours et pris une douche avec mon nouveau colocataire. Et toi, ça va ? ». A cette simple pensée, la bonne humeur de Keiro revint au galop. Il emmerdait son père, voilà. Puisque son géniteur avait envie de l’oublier, il allait l’oublier lui aussi. Il reporta son attention sur ledit nouveau colocataire…

- T’imagine ? Ce serait trop bien !

Nakatsu ne s'était absolument pas attendu à cette réaction ; lui qui croyait que ses oreilles allaient capter un rire moqueur, il s'était trompé sur toute la ligne. Son esprit voyagea en Écosse, vers ce lac qui faisait la réputation de son propre pays. L'étendue d'eau était si énorme qu'il était impossible de réellement savoir ce qu'il s'y cachait, et les poissons étaient abondants. S'il retournait un jour dans son pays, il avait en tête une idée pour essayer d'attirer une plausible bête.

- Bon, trêve d’exhibitionnisme, t’as pas besoin d’empirer ton cas.

Keiro lui jeta ses fringues à la figure et l'écossais les attrapa au vol. Oui, il devait s'habiller. Penser aux grandes plaines verdoyantes de chez lui lui donnait un peu froid. Il passa son jean blanc puis son tee-shirt délavé avant de reposer ses yeux océan sur son vis-à-vis. Celui-ci s'installa sur l'un des lits.
Un instant, Nakatsu se demanda s'il devait prendre le matelas du dessus ou choisir le lit opposé. Mais cette question disparut assez vite, foudroyée par l'animation de ses pensées ; retourner en Écosse semblait une idée plus facile à avaler qu'auparavant. Surmonter sa hargne contre son père et reprendre en main tout ce qu'il avait abandonné pour venir affronter les records de sauts en hauteur au Japon. Keiro avait semblé enthousiaste à l'idée d'une quelconque présence légendaire dans le Loch Ness. Et Nakatsu ne put s'empêcher de l'imaginer retourner avec lui là-bas...
Folle idée.
Impossible, certainement.
C'était loin. Et il ne connaissait Keiro que depuis ce matin. Que penserait-il si l'écossais osait lui faire une telle demande ?

Nakatsu se racla la gorge et désigna du menton le lit superposé où s'était installé son vis-à-vis.

_ C'est libre, là haut ?

Oublions l’Écosse et le Loch Ness un moment. Il fallait déjà qu'il s'installe dans sa nouvelle demeure et qu'il se familiarise avec son environnement. Du coup, il approcha d'une armoire vide et y fourra le peu d'affaires qu'il avait en stock dans son sac. Il fit attention à son short de sport, accompagné d'un tee-shirt et de baskets à crampons.
Mais il ne put se résigner à garder ses précédentes pensées pour lui. Il était trop franc ! Et trop direct ! Advienne que pourra.

_ Un jour, tu pourrais peut-être venir avec moi observer le lac de près.

Il avait prononcé ces mots en rangeant ses affaires, tournant le dos à son interlocuteur. Mais une fois la phrase terminée, il se retourna pour faire face à Keiro, attendant sa réaction, mortifié d'avoir osé se lancer.

- C'est libre, là haut ?

Keiro approuva d’un signe de tête.

- C’est libre partout, en fait…

Il observa Nakatsu ranger ses affaires dans une des armoires et hésita à ajouter « Et j’espère que ça le restera ». Il n’avait pas envie que d’autres personnes viennent peupler la chambre. Juste lui et Naka’, c’était parfait… L’Ecossais se mit à parler, tout en tournant le dos à Keiro :

- Un jour, tu pourrais peut-être venir avec moi observer le lac de près.

La phrase, ou plutôt la proposition, mit un certain temps à monter au cerveau de Keiro. Nakatsu se tourna vers lui, guettant sa réaction.
Sauf qu’il ne savait pas comment réagir. Ils se connaissaient seulement depuis quelques heures, et se comportaient comme s’ils se connaissaient depuis des mois… Une fois encore, tout allait très vite. Nakatsu lui proposait de partir en voyage avec lui, un de ces jours… A cette pensée, Keiro était à la fois angoissé et heureux. *Tu ne sais jamais ce que tu veux, décidément…* A ce train là, c’était limite s’il n’allait pas le demander en mariage d’ici deux jours. Il tenta de les imaginer tous deux en train de marcher au bord du Loch Ness, main dans la main, comme un vieux couple…
Non. Nakatsu et lui ne seraient jamais un vieux couple. Ils avaient aussi bien l’un que l’autre un trop fort caractère pour ça, trop dynamiques et impulsifs pour connaitre un jour la routine. Quitte à passer la moitié du temps à se disputer et l’autre moitié à se bouffer avec passion. D’ailleurs, Keiro ne savait même pas s’ils étaient en couple…

- J’adorerais, répondit-il finalement, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

Il humecta ses lèvres, songeur. Depuis l’épisode de la crise près du billard, Nakatsu n’avait plus osé se jeter sur lui…

Donc, cette chambre leur appartenait à tous les deux pour l'instant. Nakatsu avait le choix du lit mais son côté égoïste lui dictait d'aller au plus près de Keiro. Lui ? Possessif ? Il n'en savait rien, en fait. Puisqu'il n'a jamais aimé personne. D'ailleurs, ce qu'il ressentait pour l'américain, qu'était-ce donc ?

- J’adorerais.

Après la proposition, certes rapide, de Nakatsu, Keiro affirmait avec un petit sourire qu'il adorerait. L'écossais mit un temps à imprimer l'information avant d'esquisser un large sourire, les yeux lumineux ; il n'était donc pas le seul à sentir ce lien qui s'était tissé entre eux. Et n'était pas le seul à vouloir partager quelques moments privilégiés à deux. Etre avec Keiro, juste lui.
Ensemble.
Pour longtemps.
Formaient-ils un couple officiel ? Là, c'était moins sûr. Faire une déclaration -pour la première fois de la vie de Nakatsu !- le même jour que leur rencontre serait totalement déplacée et dépourvue de sincérité. C'était beaucoup trop rapide. Cependant, le jeune homme était confiant ; même s'ils se prendraient la tête sur certains sujets, ils n'abandonneraient pas aussi facilement. Ils avaient un tempérament de feu tous les deux et pouvaient en cela se correspondre.

Nakatsu s'approcha de l'américain, s'accroupit face à lui en lui posant les mains sur les cuisses pour garder l'équilibre. Un franc sourire étirait ses lèvres, sa fossette était légèrement apparente.

_ Je ne suis pas prêt à te lâcher alors... je te souhaite bon courage.

Bon, ça sonnait presque comme une petite déclaration mais là n'était pas franchement l'intention de Nakatsu. Il voulait surtout faire comprendre à Keiro qu'il tiendrait son engagement sur la proposition d'aller en Écosse à deux. Il essayerait juste d'éviter son père...
Il se releva, adressa un petit bisou à la tempe de l'américain. Il faisait exprès de se retenir, même s'il mourrait d'envie d'allonger Keiro sur le lit pour l'embrasser fiévreusement. Ca ferait trop en une seule journée !

_ Bon, s'exclama-t-il en étirant ses bras par-dessus sa tête -son haut se souleva pour découvrir son nombril. Je prends le lit au-dessus du tien.

Le superbe sourire de Nakatsu était communicatif. Keiro songea qu’il n’avait jamais souri autant en une seule journée depuis l’assassinat de sa mère.

- Je ne suis pas prêt à te lâcher alors... je te souhaite bon courage.

Cela avait tout l’air d’une petite déclaration… Le cœur de Keiro s’emballa légèrement. Nakatsu se pencha vers lui… la situation était propice à un baiser fougueux… Pourtant l’Ecossais n’en fit rien, lui donnant juste un petit baiser sur la tempe. Que lui arrivait-il ? Lui qui s’était montré si séducteur et passionné, il en devenait presque chaste ! Ou alors c’était Keiro qui avait trop pris goût à leurs étreintes et ne voyait plus les choses sous le même angle…

- Bon. Je prends le lit au-dessus du tien.

Son T-shirt se souleva légèrement alors qu’il étirait ses bras, laissant entrevoir son nombril. Pour le coup, Keiro aurait bien voulu se jeter sur lui et lécher chaque parcelle de son ventre parfait… *Non mais t’as craqué ou quoi, espèce de malade ?? T’as faim au point de fantasmer sur son ventre ?* L’Américain secoua la tête, se mordit la lèvre. Il ne se reconnaissait plus. Il ignorait ce que Nakatsu lui avait fait exactement, mais il l’avait génétiquement modifié, il n’y avait pas d’autre explication.
Grr… La tentation était trop forte. Keiro saisit son vis-à-vis par le col de son T-shirt, l’attira contre lui et le renversa sur le lit, se plaçant au dessus de lui. Il approcha son visage du sien, sans l’embrasser – il essayait avec toute la volonté dont il était capable de reproduire ce que Nakatsu lui avait fait subir en le jetant dans la douche. Ses bras étaient de part et d’autre de sa tête, son bassin frôlait le sien…

- Désolé, tu me provoques vraiment trop… murmura-t-il.

Il s’abstint de préciser que de se tenir ainsi contre lui sans joindre leurs lèvres était une véritable torture : sadique et joueur comme il était, Nakatsu aurait pu s’en servir contre lui…

D'un seul coup, Nakatsu se retrouva allongé sur le matelas, Keiro au-dessus de lui. Cette position, le jeune écossais n'en avait pas l'habitude. Avouons qu'à chaque relation eu, monsieur était quand même le dominant et prenait toujours la place du dessus. Il laissa donc échapper malgré lui un grognement rauque de désapprobation.
Puis ses prunelles océan se fixèrent à celles de l'américain. Ce dernier, collé à lui, ne l'embrassa pas.

- Désolé, tu me provoques vraiment trop…

Un seul murmure qui ne laissa pas Nakatsu dupe : Keiro ne voulait pas attaquer le premier. Il se retenait certainement, d'ailleurs. Ce qui c'était tentant de jouer là-dessus ! Surtout que l'américain lui laissait pas mal de portes ouvertes pour se venger de se retrouver dominé sur le lit.
L'écossais esquissa un léger sourire en coin. Son regard s'approfondit. Ses sens se mirent en marche. D'un très petit rapprochement de visage, il effleura les lèvres de Keiro de sa langue. Juste ça.
L'une de ses mains glissa à la taille de son vis-à-vis, sous son haut pour qu'il puisse y toucher sa peau. Ses doigts glissèrent vers le creux de ses reins, effleurèrent avec douceur et sadisme toute la longueur de sa colonne vertébrale.
Son autre main, quant à elle, toucha à peine la joue de Keiro qu'elle partit rapidement se positionner sur la fesse droite de l'américain.

_ Je croyais que tu voulais attendre...

Bah oui, après tout Keiro lui avait avoué que c'était une première fois pour lui toutes ces choses. Donc Nakatsu ne voulait pas non plus aller plus vite que la musique... même s'il en crevait d'envie !
Soulevant la fesse droite de son vis-à-vis, Nakatsu releva assez son buste pour que son intimité cogne contre celle de Keiro.
Sadisme, quand tu nous tiens !
Nakatsu se retenait de jeter Keiro sur le côté pour pouvoir le dominer et l'embrasser avec toute cette ferveur qu'il contenait. Il ne craquerait pas le premier !

Même en étant dominé physiquement, Nakatsu parvenait à rester l’unique maître de la situation… c’était rageant. Keiro frémit lorsque le garçon lui effleura la lèvre du bout de la langue, et il dut se faire violence pour ne pas l’embrasser à pleine bouche. Ses sens se mirent en effervescence comme jamais lorsque Nakatsu glissa sa main sous son T-shirt et lui caressa le dos, le creux des reins… et posa son autre main sur sa fesse droite.

- Je croyais que tu voulais attendre...

Keiro ne put retenir un soupir légèrement tremblant. Il se sentit très con, tout d’un coup. *Ca t’apprendra à ne jamais savoir ce que tu veux…* A la base, il voulait juste profiter d’une petite étreinte fiévreuse sur son lit, et voilà que Nakatsu devenait un peu plus entreprenant…
Il ne put retenir un petit gémissement lorsque, alors qu’il ne s’y attendait pas, Naka’ pressa son intimité contre la sienne, provoquant un puissant et inédit frisson dans son bas-ventre. Keiro trouva que c’était d’une cruauté absolue. L’Américain était complètement désemparé, ne sachant plus du tout s’il voulait continuer, fuir au plus vite, et dans ce cas comment y parvenir maintenant qu’ils en étaient là. Une fois de plus, tout allait trop vite. En même temps, il ne supporterait pas un nouvel élan de pitié de Nakatsu… *Fait chier…*
Il se rendit compte qu’il n’avait aucune chance de faire craquer l’Ecossais en premier. Ce dernier était bien trop expérimenté et sûr de lui pour flancher aussi facilement.

- Je te hais, grogna Keiro en lui mordant sauvagement la lèvre inférieure et en lui attrapant les poignets pour les bloquer au dessus de sa tête.

Pas question de se laisser dominer trop facilement. S’il laissait Nakatsu inverser la situation, il n’aurait plus aucun contrôle sur la situation. Et il devait avouer que ça l’effrayait…
Il recula légèrement son visage de celui de son partenaire. Mordre n’est pas embrasser, qu’on soit bien d’accord…

Nakatsu devait bien avouer qu'en fait, dans cette position, il pouvait observer à loisir son vis-à-vis. Aussi, son sourire en coin s'agrandit un peu plus et il émit un léger rire de gorge. Non, ce n'était pas moqueur. Disons juste qu'il provoquait Keiro à sa manière.

- Je te hais.

Keiro lui mordit sauvagement la lèvre inférieure et lui bloqua les poignets au-dessus de la tête. Bon, d'accord, il n'avait désormais plus l'avantage. Mais Nakatsu ne chercha même pas à se libérer, patient et confiant. C'était si divertissant de faire rager Keiro !
L'écossais bougea un peu la tête pour bien la caler dans l'oreiller. Il prenait ses aises, en plus ! Et comme s'il essayait de trouver une meilleure position, il donna un violent coup de bassin à son vis-à-vis.

_ Finalement, prononça-t-il d'une voix rauque et ténébreuse, un lit reste plus confortable qu'une douche.

Ah, l'épisode de la douche ! Quoi de mieux pour se rafraichir la mémoire que de mentionner ce sujet dans un moment pareil ?
Il ajouta avec une lueur amusée dans les yeux :

_ Tu me hais tellement que tu ne peux plus te passer de moi, n'est-ce pas ?

Provocation, encore. Cela ne voulait pas pour autant dire que Nakatsu irait jusqu'au bout avec Keiro aujourd'hui, même si ce dernier lui en faisait la demande. Il avait spécifié à son vis-à-vis qu'il était différent de toutes ses relations sans lendemain. Keiro était important et loin de lui l'idée de le perdre juste parce qu'il se le serait taper sans remords. Non, il n'était pas sans cœur. Même qu'il avait le cœur qui battait follement.
D'un murmure, il approcha son visage de celui de Keiro :

_ Je te désires...

Toujours ce sourire en coin, cette confiance en lui. Et une légère intonation de déclaration dans ce chuchotement.

Putain, le salaud prenait ses aises, en plus ! Il était si décontracté que ça ? C’était absolument révoltant. Keiro dut se faire violence pour retenir un nouveau gémissement lorsque Nakatsu lui donna un coup de bassin. Son jeans devint un peu trop serré, c’était presque douloureux. *Comment il fait pour rester aussi zen, ce con ?!*

- Finalement, un lit reste plus confortable qu'une douche.
Sa voix rauque fit frémir Keiro. C’était véridique, mais ne jouait pas en son avantage…

- Tu me hais tellement que tu ne peux plus te passer de moi, n'est-ce pas ?

Keiro grogna de rage. Il n’en pouvait plus. Nakatsu le poussait à bout. Sans doute dans le but de le provoquer une énième fois, le jeune homme rapprocha son visage du sien et chuchota tout bas, d’une voix incroyablement séduisante et sans se défaire de son petit sourire en coin :

- Je te désire…

C’était la goutte d’eau. Le cœur de Keiro s’emballa plus que jamais, ses joues rougirent encore plus qu’elles ne l’étaient déjà. Son regard brûlait à la fois d’envie et d’appréhension. Il avait la trouille, en fait. Il n’était absolument pas certain que c’était le bon moment. D’autant plus qu’ils se connaissaient à peine… Pragmatique, Keiro songea aux risques d’IST – après tout, Nakatsu avait laissé sous-entendre qu’il avait eu de nombreuses aventures, peut-être en avait-il eue à risques… – *Mais putain, Kei’, c’est pas le moment de penser à des trucs comme ça !*
Faisant taire sa crainte, Keiro ne put résister plus longtemps à l’envie de poser ses lèvres brûlantes sur celles de Nakatsu. Il laissa ses mains glisser le long des poignets de son partenaire pour venir parcourir son torse, se glisser sous son T-shirt, savourer la chaleur et la douceur de sa peau…

La proximité de leur peau manquait à l'écossais. Il s'était habitué à sentir Keiro contre lui et là, les vêtements l'en empêchaient. C'était difficile à supporter ! Mais il se devait de rester calme. C'était son rôle, après tout : énerver l'américain en restant sûr de lui.
Nakatsu ne quittait pas des yeux son vis-à-vis. Ce dernier brûlait d'une fièvre qui le consumait de l'intérieur et le retenait prisonnier des chaînes de l'angoisse. N'allons pas lui jeter la pierre, puisque c'était une première pour Keiro. Et l'écossais se jura intérieurement de ne pas aller jusqu'au bout de ces avances.

Keiro l'embrassa enfin et plaça ses mains contre la peau du torse de Nakatsu. Le Killer Whale était libre ! Aussi, il porta ses propres mains à la taille de son vis-à-vis pour directement lui relever son haut et toucher sa peau à son tour. Cette sensation était si agréable ! Jamais Nakatsu n'avait été accroc à la peau de quelqu'un jusqu'à maintenant.
Il dévora langoureusement les lèvres de Keiro, effleura à maintes reprises la langue de ce dernier avec la sienne. Finalement, il jouait encore.
Il avait fermé les paupières un instant et, en les rouvrant, découvrit ses prunelles brillantes d'envie.
Il se redressa sur le lit pour s'asseoir un instant, usa de gestes experts pour retirer son haut et celui de Keiro, puis passa ses bras autour de celui-ci avant de s'allonger à nouveau. Cette fois, il le serra contre son torse, ravi de retrouver enfin le contact de leur peau.

Il vint mordiller l'oreille de Keiro.

_ Tu me tue, lui souffla-t-il doucement, en anglais.

Qu'il aurait voulu lui reprendre reprendre ses lèvres, là, maintenant !
Mais son nez se plissa et il tourna d'un coup la tête sur le côté pour pousser un éternuement à moitié contenu. Il renifla, maudit sa santé merdique.
Ses mains ne quittèrent pas le dos de Keiro.

C’était de loin l’étreinte la plus intense qu’ils aient jamais eue, et l’épisode de la douche dut passer second du classement des scènes torrides…
Nakatsu répondit à son baiser, sa langue effleurant parfois la sienne sans jamais vraiment approfondir la chose. Les nerfs à fleur de peau comme à chaque fois qu’il embrassait l’Ecossais, Keiro ressentait jusqu’au plus profond de son être chaque caresse du garçon sur sa peau. Il ferma les yeux, savourant encore plus les sensations qui l’envahissaient. Son cœur battait à tout rompre. Tant de premières fois concentrées en une seule journée, c’en était trop pour le malheureux organe. Répondant à un instinct fiévreux, Keiro embrassa encore plus fougueusement son partenaire. Celui-ci se redressa et retira d’un geste habile et expert son T-shirt et celui de Keiro, retrouvant ainsi le contact charnel auquel ils s’étaient habitués.
Nakatsu lui mordilla l’oreille, zone si sensible chez Keiro… Un frisson lui traversa toute la colonne vertébrale. Il avait le souffle court, chamboulé par le baiser qu’ils venaient d’échanger.

- Tu me tue, souffla l’Ecossais près de son oreille.

L’entendre parler anglais fit fondre Keiro. Il adorait son petit accent si différent du sien, d’autant qu’ils ne s’étaient pas parlés dans la langue de Shakespeare depuis leur rencontre le matin-même… L’intonation était différente du japonais, donnant un côté spécial à la langue que Keiro avait parlée toute sa vie. Il avait envie de l’embrasser encore, comme s’il ne pouvait plus se passer de la saveur des lèvres de Nakatsu, complètement enivré. Chaque fois qu’ils s’embrassaient, son esprit se vidait, il se sentait hors de tout, comme dans une bulle hermétique dans laquelle ils étaient tous deux enfermés, déconnectés du monde. Il en oubliait même la crainte de l’inconnu qu’il avait eue au départ. Keiro ne pensait plus à rien à part à leur étreinte, en savourant les moindres détails pour les graver dans sa mémoire.
Soudain, Nakatsu plissa le nez, tourna brusquement la tête, se crispa et… éternua. Saleté. L’acte, inévitable rappel à l’ordre de la part du rhume dont l’Ecossais souffrait, déstabilisa légèrement Keiro. Durant un instant, il hésita entre mettre fin à leurs caresses et forcer Nakatsu à se mettre au chaud sous une couette, et continuer à l’embrasser.
La deuxième option était nettement plus alléchante. D’autant qu’ils se tenaient chaud là, non ?

- A tes souhaits, murmura Keiro, en anglais lui aussi.

Il ne pouvait résister, s’exprimer dans cette langue était plus fort que lui. Il n’était pas encore habitué à parler sans arrêt en japonais… Bref, peu importe.
Il embrassa d’abord Nakatsu dans le cou, au cas où celui-ci aurait à nouveau envie d’éternuer. Se laissant guider par son instinct, Keiro laissa courir ses lèvres tout le long du cou de son partenaire, le long de ses trapèzes, vers ses épaules, retournant ensuite vers le cou, qu’il lécha du bout de la langue, jusqu’au lobe de l’oreille. Puis il cessa de résister et revint embrasser les lèvres chaudes et humides de Nakatsu, savourant chaque fois un peu plus l’acte.

- Tu me rends fou, chuchota-t-il tout près de sa bouche, en anglais toujours, avant de lui mordiller la lèvre.

- A tes souhaits, murmura Keiro, en anglais.

C'était perturbant d'éternuer à un moment pareil mais, d'après ce que Nakatsu constatait, cela n'empêchait pas Keiro de le tourmenter. Lorsque l'américain s'attaqua à son cou, il lui permit une meilleure prise en soulevant le menton. Pas qu'il aimait être dominé de la sorte mais... c'était plaisant quand même. Et puis, il redoutait un énième éternuement dans la seconde, ce qui aurait des effets désastreux s'il visait son compagnon en pleine figure !
Puis Keiro se résout à revenir l'embrasser sur les lèvres.

- Tu me rends fou, chuchota-t-il tout près de sa bouche, en anglais toujours.

Et il lui mordilla la lèvre.
Les mains de Nakatsu ne quittaient pas le dos de Keiro. Il appréciait la texture de sa peau et son contact contre la sienne. Peut-être était-ce même devenu leur besoin vital. Bizarre d'être autant obnubilé par de l'épiderme...
L'une des mains de l'écossais descendit au creux des reins de Keiro pour ensuite titiller la ceinture de son pantalon du bout des doigts. C'était tentant de le lui retirer ! Mais il ne resta pas longtemps aussi inactif. En effet, en une seule seconde, ses deux mains se retrouvèrent accrochées au fessier de l'américain et Nakatsu se souleva sur un coude pour ensuite faire tomber Keiro sur le dos.
Ça y est, les rôles étaient échangés !
Le regard de Nakatsu brûlait d'intensité, son souffle était retenu -il essayait de vaguement garder ses moyens. Il posa ses mains à plat de chaque côté de la tête de Keiro et s'amusa cette fois à un nouveau jeu...
Dans une position de pompes, monsieur actionna ses bras pour descendre et venir embrasser doucement les lèvres de l'américain. Puis il remonta.
Puis il redescendit effectuer la même manœuvre.
Et remonta.
Ce n'était franchement pas le moment de faire du sport, bordel !
Gardant toujours les mains à plat sur l'oreiller où gisait la tête de Keiro, Nakatsu ne cessait d'arborer son sourire en coin.

_ Comptes-tu te calmer ou je dois continuer jusqu'à ce que tu n'en puisses plus ?

Ce fut un murmure, en anglais. Il se stopperait en temps voulu -il se l'était juré ! Il testait Keiro à sa façon, usant d'un possible sarcasme, sans pour autant être aussi moqueur qu'il ne le laissait croire.
C'est d'ailleurs pourquoi ses reins donnèrent un coup contre l'américain !
Il vont ensuite coller son torse contre celui de Keiro, utilisa l'une de ses mains pour venir lui caresser la hanche. Il ne quitta pas son vis-à-vis des yeux alors qu'il vint langoureusement l'embrasser.

Keiro savoura la caresse des mains chaudes de Nakatsu dans son dos… Ses doigts étaient doux et experts, sachant exactement où se poser pour le faire frémir de tout son être. Soudain, alors que Keiro pensait que l’Ecossais avait abandonné l’idée d’occuper la place du dessus, il se débrouilla pour inverser les rôles et se placer au dessus de lui. Keiro ouvrit les yeux, haletant, pour rencontrer le regard brûlant de désir de Nakatsu.
Puis il se mit à faire quelque-chose d’étrange qui aurait presque fait rire l’Américain en d’autres circonstances. Il se mit à faire des sortes de pompes au dessus de lui, venant l’embrasser à chaque fois qu’il redescendait.

- Comptes-tu te calmer ou je dois continuer jusqu'à ce que tu n'en puisses plus ?

*Ah parce que c’est moi qui dois me calmer ??* Keiro prit la « question » de Nakatsu comme une provocation. Il était trop sûr de lui, c’était rageant. L’Ecossais vint lui donner un coup de rein qui le fit grogner à la fois d’excitation et d’agacement. Il l’embrassa à nouveau, collant son torse contre le sien, caressant savamment sa hanche… Keiro ne pouvait que subir, ce qui était à la fois frustrant et terriblement agréable. Qu’à cela ne tienne, il profita du fait que Nakatsu était au dessus pour venir glisser ses mains dans les poches arrière du jeans de celui-ci. S’il tentait encore une fois de se servir de lui pour faire des pompes, il lui mordrait la lèvre si fort qu’il s’en souviendrait toute sa vie. *Excellente décision, Kei’…*
Keiro ferma les yeux, sa langue livrant une douce et passionnelle bataille contre cette de Nakatsu. Il laissa sa main gauche glisser hors de la poche de son partenaire, explorer un instant le haut de sa cuisse, remonter sur sa fesse, puis sa hanche, le creux de ses reins, sa colonne vertébrale… Il était complètement obnubilé par le contact de sa peau contre celle de Nakatsu. Jamais il n’aurait pensé ressentir de telles choses.
Et son jeans qui se faisait de plus en plus inconfortable…

Se retrouver au-dessus était plaisant. Cette fois, Nakatsu se sentait moins frustré et avait de nouvelles possibilités de gestes. Lorsque les mains de Keiro pénétrèrent les poches arrières de son jean, l'écossais sentit un long et délicieux frisson lui parcourir l'échine. En mettant fin au baiser avec son vis-à-vis, il se passa la langue sur les lèvres, comme affamé.
Et l'une des mains de Keiro reprit une certaine exploration. Nakatsu, bien qu’enfiévré, gardait toujours un calme Olympien. Peut-être même était trop trop calme... Toujours soutenu d'une seule main, il glissa l'autre de la hanche de Keiro à sa taille. Le bout de ses doigts galopèrent le long de la ceinture de l'américain et, toujours avec des mouvements d'habitué, il en déboutonna la fermeture.
Cela commençait à aller loin. Nakatsu devait se rappeler toutes les cinq secondes qu'il s'était juré ne pas aller jusqu'au bout avec son vis-à-vis.

L'écossais vint à nouveau partager un long baiser avec Keiro, inspirant de plus en plus mal l'air autour d'eux, perdant peu à peu sa contenance. Puis il picora la peau de l'américain de petits baisers papillons, entrecoupés par quelques léchouilles, le long de sa mâchoire, dans son cou puis jusqu'à son oreille. Oreille qu'il mordilla, bien entendu.

Il pensa d'un coup qu'au lieu de dormir sur le lit du dessus, il dormirait sur ce matelas étroit avec Keiro dans les bras. Qu'importe si ce dernier n'était pas d'accord... Nakatsu ne voulait plus le lâcher ! Trop accroc à sa peau, à sa personne et... à son être tout entier.

De plus en plus haletant, Nakatsu lécha du bout de la langue l'oreille de Keiro puis lui murmura d'une voix légèrement tremblotante d'émotion, en anglais :

_ Je te veux.

Bon, d'accord, il en avait déjà fait mention. Mais le répéter lui permettait de se rappeler encore une fois qu'il ne devait pas aller jusqu'au bout.

Il faisait chaud, dans cette chambre ! L'écossais sentit une goutte de sueur descendre le long de son dos. Sa peau commençait à devenir moite, insatiable.
Perdant un centimètre de contenance, Nakatsu revint embrasser encore plus sauvagement Keiro.

Nakatsu cessa de l’embrasser, se pourléchant délicieusement la lèvre… Keiro dut se faire violence pour ne pas recommencer immédiatement à l’embrasser. Il avait le souffle court, les yeux perdus dans l’infini océan de ceux de Nakatsu. La situation prit une intensité différente encore lorsque ce dernier déboutonna la fermeture du jeans du Californien avant de l’embrasser une nouvelle fois, plus fiévreusement, leurs souffles irréguliers se mêlant avec délice. Nakatsu se mit à torturer la peau de sa mâchoire, de son cou et de son oreille, lui arrachant un gémissement à demi retenu. L’Ecossais cherchait vraiment à le pousser à bout… Sauf que lui aussi commençait à perdre son calme et son souffle.
Le jeune homme, entre deux mordillements d’oreille, souffla d’une voix légèrement chevrotante :

- Je te veux.

La déclaration fit frémir Keiro, son cœur martyrisé rata un battement. Même si Nakatsu le lui avait déjà dit un peu plus tôt, cela sonnait différemment : plus direct, plus pressant, plus ultime. Keiro se mordit la lèvre. Il fut soudain saisit d’une terrible hésitation qui lui tordit le ventre. *Vas-y, au point où on en est…* Sauf qu’il avait peur. Il avait une foutue trouille, en fait. Peur de souffrir, peur de choper une maladie, peur qu’après ça sa relation avec Nakatsu change. La simple idée d’aller plus loin le pétrifiait.
Il força ses angoisses à se taire. Il était trop accro au gout des lèvres de Nakatsu sur les siennes, à la sensation de leurs corps pressés l’un contre l’autre, à la douceur et la chaleur de la peau de son partenaire…
Il répondit au baiser fougueux de Nakatsu, se laissant quelque peu emporter. Keiro avait conscience que son vis-à-vis commençait à perdre sa maîtrise de lui-même, et il trouvait cela aussi effrayant qu’excitant. *Pourquoi t’es pas capable d’avoir un seul avis à la fois, sérieusement ?*
Keiro laissa ses mains parcourir le corps moite de l’Ecossais, s’agrippant parfois à sa hanche. Il mourait de chaud, d’une chaleur qui émanait de leurs corps en effervescence, qu’ils se transmettaient avec délice, perdant chaque seconde un peu plus prise sur ce qui se passait. Malgré ses craintes, tapies dans un coin de son esprit, Keiro ne put résister à l’envie de déboutonner le pantalon de Nakatsu…

La fièvre doublait à chaque seconde. Nakatsu commençait à perdre pied mais il essayait tant bien que mal de se maîtriser. Il ne pouvait pas passer outre sa promesse faite intérieurement de ne pas aller jusqu'au bout, non ! Ce n'était pas envisageable et cela était un manque de respect total.
Quoiqu'en même temps, il n'avait pas formulé cette promesse à haute voix non plus...
MAIS il avait bien dit se retenir envers Keiro parce qu'il était différent de toutes ses conquêtes, non ? Arg ! Difficile de tenir ses engagements alors que l'américain commença à déboutonner son pantalon. Vite, vite, une sortie de secours ! Sinon Nakatsu allait...
Trop tard.
Le caleçon de l'écossais se fit bien étroit, ses profonds désirs réveillés.

Il se mordit la lèvre, essayant d'échapper à toutes ces sensations en se faisait du mal. Il devait s'échapper des bras de son compagnon avant de se jeter dans la gueule du loup et de le regretter par la suite. Ayons encore un peu de bon sens dans ce monde de bais... DE BRUTES, DE BRUTES !
Nakatsu dévora littéralement les lèvres de Keiro, le souffle court. Son cœur battait à tout rompre, son esprit se détachait lentement de son corps. Il dut finalement se faire violence pour stopper tout ça avant que cela n'aille trop loin ; il se décolla assez de l'américain pour pouvoir s'allonger sur le côté, respirant difficilement, frémissant d'envie, le regard luisant de désir. Essoufflé, il garda l'une de ses mains sur le ventre de son vis-à-vis et ferma les paupières en essayant de reprendre son souffle.

_ Je me suis promis d'être sage. Je commence à ne plus me contrôler, là.

Il fixa Keiro, toujours partagé entre l'envie de reprendre où ils en étaient ou de tout arrêter. Mais il n'avait pas le droit de faire subir cela pour la première fois de Keiro. C'était inhumain de sa part. D'accord, il était peut-être sans cœur avec les autres, mais l'américain était différent. Et il méritait que Nakatsu retienne ses hormones mâles !
Une fois assez calmé, mais la respiration toujours courte, l'écossais se dressa sur un coude et vint embrasser doucement le torse de l'américain. Comment résister, bordel ?!
Il se retint de justesse d'aller chercher son porte-feuille pour y sortir fièrement un préservatif. STOP !

Durant quelques instants, ils s’embrassèrent plus fougueusement que jamais. La tension était à son comble, le désir à son paroxysme. Il semblait que plus rien ne puisse désormais mettre fin à leur fiévreuse étreinte.
… Sauf que Nakatsu se sépara soudain de lui, s’allongeant sur le côté. Ils se regardèrent un instant, se dévorant du regard, leurs souffles saccadés se mêlant avec délice. Nakatsu ferma les yeux, une main toujours posée sur le ventre plat et finement musclé de l’Américain.

- Je me suis promis d'être sage. Je commence à ne plus me contrôler, là.

Keiro se passa les mains sur le visage, fermant lui aussi les yeux un instant. Il était soulagé, à vrai dire. La situation dérapait vraiment trop, et il ne savait pas s’il aurait été capable d’avoir la présence d’esprit d’y mettre fin tant qu’il était encore temps.

- Moi non plus, souffla le Californien lorsqu’il eut retrouvé l’usage de la parole.

Ils restèrent immobiles un petit moment, le temps de retrouver leur respiration et de laisser la température redescendre de quelques degrés. Keiro rageait de ne pas être capable de se contrôler. En même temps, Nakatsu était tellement…
… Provocateur. Ou alors il ne parvenait pas à récupérer le contrôle, lui non plus. Il lui embrassait doucement le torse, tandis que Keiro devait se faire violence pour ne pas le dévorer. Pourtant, malgré le désir, la crainte était toujours présente, toute proche… Et Keiro était à présent persuadé qu’il n’était pas prêt à aller plus loin.
Il serra son partenaire dans ses bras, savourant une fois encore l’extrême proximité de leur peau. C’était comme une évidence, une habitude. Il aimait particulièrement la sensation de sa peau contre celle de l’Ecossais.
Rah, s’ils continuaient ainsi, il ne se calmerait jamais…

- Naka’... murmura-t-il d’une voix qu’il trouva lui-même plutôt séduisante, même si ce n’était pas le but.

Ils échangèrent un regard intense qui fit frémir Keiro. *Et voilà, une fois de plus tu ne sais pas ce que tu veux. T’es chiant, en fait.* Il déglutit. Non, ils devaient s’arrêter. Cela valait mieux, aussi bien pour l’un que pour l’autre. Aller jusqu’au bout aujourd’hui risquait de gâcher cette relation si spéciale qu’ils avaient et que Keiro adorait.
En même temps, la simple idée de voir Nakatsu se séparer de lui, se rhabiller et aller dans son lit à lui révulsait l’Américain. *Possessif ? Non… Pas du tout… … …*