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 Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D

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MessageSujet: Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D   Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D Icon_minitimeJeu 24 Déc - 19:34

Kitten F. Marlowe
« Le chat

Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.


Charles Baudelaire. »



    « Moi, vous savez, je n’suis rien, je n’sers à rien. J’m’appelle Christopher – Kitten, Kit, Kitty – Faust Marlowe par un coup du sort désastreux. C’genre comme quand vous zappez d’chaines et qu’vous tombez sur un programme que v’vouliez pas voir, ‘comprenez ? J’crois qu’en fait ma vie est juste une succession d’hasards, ‘comprenez. D’jà, genre, si j’suis prof de théâtre dans c’bahut, ben c’du pur hasard, faut pas croire, moi, j’tais comme vous. Genre jamais en cours et tout pi’ j’crois qu’en fait la réussite, t’ça, ça me plaisait pas comme conception d’monde. Ben pourtant v’voyez, avec ma moitié d’crâne à l’air, ben j’suis prof de théâtre ici. Alors z’avez intérêt à vous t’nir à carreau les morveux parce qu’avec mes vingt-six ans, là, ben v’voyez j’ai pas vraiment peur de vous en collez une. Et shut the fuck up, toi, là bas, au fond ! C’pas parc’que j’ai la même dégaine que toi qu’on va être pote, crois-moi. »


Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D 2h4gnsl

« Dirty teenagers don’t sleep in their beds. »

    >> Mais la fille qui pose sur le mur, pourquoi elle est moins grosse que moi ?, chantonna Kit en empochant d’un geste nonchalant le téléphone tout déglingué. Pourtant, en manière de maigreur, Kitten était plutôt bon dans son genre. Grande branche aux allures décharnées, on le savait bien nourri que lorsqu’on le voyait s’envoyer un repas pour deux avec l’air de manger une feuille de salade. Sérieusement. Il avait beau manger, ce type ne prenait pas un gramme. ‘Parait que c’est génétique. Kit vous dira juste en toute bonne foi qu’il ne mange pas tant que ça. Ben voyons. De toute façon, Kit c’est un personnage. C’est le genre de type, vous le voyez, vous vous dites que c’est pas humainement possible d’être comme lui. Pas parce qu’il est exceptionnellement beau ou une autre connerie comme ça, non. Kitty, à oilpé, il est comme les autres. Non, c’est juste que si vous chopez Kitten du coin de l’œil, vous verrez juste un amoncellement de trucs anarchiquement balancés les uns sur les autres. Quinze bracelets à un poignet, six colliers, ou tout autre truc du genre. De plus, Kit adore les barrettes (et le chiffre trois et ses multiples). Mais bon. Ca ne vous en dit pas plus sur son physique, certes. Ca ne vous dira rien des hanches étroites, du port de tête altier et de la gorge offerte à tous les vents. Kit n’est pas beau. Kit est étrange. Mais pas beau. Rien d’une statue grecque intouchable. Juste une figure sensuelle d’un homme androgyne et souillable à loisir.

    L’homme s’ébouriffa les cheveux d’un geste las. Des cheveux un peu platine, un peu abimés. Des cheveux qu’on a souvent teints. Rose, bleu, vert, arc-en-ciel de couleurs. Ces cheveux-là, on les dirait coupés en dépit du bon sens. Rasés, longs, ou courts, tout se mélange sur le crâne pâle de cet être venu d’ailleurs. Il faut dire qu’il affectionne tenir les ciseaux entre ses doigts. Il affectionne la sensation de ces longues mèches caressant sa nuque et son cou avant de choir au sol. La peau est de pèche. Pas parfaite, pas sans imperfections. De légères marques, résidus d’adolescence, perdurent sur son front, vestige de boutons trop grattés. Ses membres sont longs, vifs mais fragiles. Tout le long de son poignet droit, de fines marques pâles, cicatrices parallèles. Ses doigts fins et osseux ont l’agilité des musiciens et des voleurs. Il est les deux. Mais ça n’a pas d’importance. C’est pour le style, pour le fun, c’est pour l’arrach’ et l’éclate. Toujours.

    Dans la poche de son jean trop grand et troué, réside une paire de lunettes roses vif. Elles sont sans verres, juste provocantes et son sourire un peu de travers éveille des moues dégoûtées chez les gens qu’il croise. Et il s’en fout, remonte ses lunettes d’un geste ample de la main et poursuit son chemin en dévoilant un quart de peau pâle. « Made in sex » clame un tatouage. Made in sex. Comme d’autres viennent de Taïwan. Et c’est peut-être lui qui détient la vérité suprême. Au nombre des autres signes distinctifs de l’homme, comptons ses nombreux piercing, la plupart fait lui-même, - mise à part l’arcade sourcilière, trop dangereux – remontant le long de son oreille et la nimbant d’un halo argenté. Regard vert qui s’hausse. Sourire malicieux. Le mp3 qui se coupe alors qu’il colle un énorme coup de pied dans la porte de la salle de cours.


« Allez, bande de cons, on est parti. And shut the fuck up, toi ! »

PSYCHO.COMA – do you feel how it’s terrible ?

    >> [COMME.UN.RETOUR.DE.FLAMME] Je te brûle, incandescence indécente. Ce n’est qu’un juste retour. Qu’est-ce qu’est Christopher ? Ce n’est pas la question. Que n’est-il pas ? Tout et rien. Il est le tout et le néant, le sourire dément sur un visage et le cutter qui luit devant un œil bleu. Kitten est avant tout un acteur. Multitude de masques, toujours complet ou à moitié portés. Il joue, surjoue, aime et déteste comme dans les tragédies grecques. Il parle fort, s’exhibe et se cache. Il vit en perpétuel décalage, entre le noir corbeau et le blanc le plus pur. Parce que Kit n’est ni l’un ni l’autre. Il navigue en plein niveau de gris. Et personne ne le sauvera jamais de la décadence qui imprime ses gestes, son corps et son cœur. Sans doute est-ce un de ces êtres perdus qui ne dépasseront jamais la quarantaine, qui brûle la vie par les deux bouts en riant aux éclats. Et pourquoi pas après tout ? C’est un fou, c’est un ange. C’est un diable. Faust aux doigts blancs et au sourire délirant. Et Kitten n’a pas besoin de drogues. Et Kitten n’a pas besoin d’alcool. Et Kitten est peut-être un déviant, peut-être pas. Un jour oui, l’autre non. C’est un changement profond et éternel. Comme le mouvement perpétuel, ce mouvement qui n’existe pas. Et bien Kit en est un peu la représentation formelle. Il change. Sans arrêt. A la même allure, plus vite, moins rapidement, sans jamais s’essouffler. Et de lui vous ne verrez jamais qu’un sourire suffisant alors que, à cheval sur vos hanches, il pointe vers vous son cutter. « Hey, bastard, t’pensais quand même pas qu’j’allais t’sucer, si ? »

    [TOUS.SES.CAPRICES] Il n’est pas difficile de deviner qu’en tant qu’être de mauvaise vie, Kit accumule les vices. Ce n’est même pas une question de substances illicites qui coulerait dans ses veines mais plutôt bel et bien de sexe ou autre joyeuseté. Exigeant et passionné, il cherche sans se lasser qui parviendra à l’attacher assez fort pour que jamais il ne s’envole. C’est dur et l’homme a une certaine tendance à finir par fuir, volage et insatiable de nature. Capricieux et possessif, il veut tout, tout de suite, pour lui. Il y a ceux qui trouvent ça mignon et ceux que ça exaspère. Beaucoup ont foutu le camp. Oui, il a un foutu caractère. Oui. Au fond, sans doute attend-t-il juste qu’on l’asservisse. Qu’on le fasse sien, qu’on le capture et que plus jamais on ne lui laisse le loisir de se faire capricieux. Mais en attendant il se délecte, teste, joue et s’amuse. Avec un ou deux partenaires, à l’endroit, à l’envers. Aucune importance après tout.

    [TOUTES.LES.NUITS.TERRORISTES] Kitten cauchemarde. Kitten déteste dormir. Kitten s’hante. C’est un peu sa peine et son fardeau. Insomniaque plus qu’autre chose, il craint le sommeil plus qu’il ne le refuse. C’est même une terreur, une phobie. C’est sans doute comme ça que la fête a pris place dans ses nuits. Noctambule, s’il ne baise pas, il marche. Loin, le plus loin possible. Et s’il pleut, c’est encore mieux. L’homme souffre donc régulièrement de manque de sommeil, accentuant au passage son irritation et sa vulgarité naturelle. Les insultes ne sont que mots de liaison dans sa bouche et sans doute devriez-vous vous sentir plus insulté qu’il vous vouvoie. Il parle juste une autre langue, ce n’est pas un drame. De tempérament violent, il n’hésite pas à provoquer une bagarre s’il trouve sa vie trop terne. Et si l’adversaire est plus baraqué que lui ? Tant mieux ! C’est le gout du risque qu’il a dans la peau. Un amour trop fort et trop désuet à la fois pour qu’il puisse passer à la trappe. Il aime le danger, le provoque, l’attire. C’est une valse sans fin. C’est le plaisir de la lame que l’on sent presser sur sa gorge et le regard qui crie : « Vas-y, tue-moi. ». Pour que crame mon âme.


Dernière édition par Kitten F. Marlowe le Mar 19 Jan - 22:02, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D   Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D Icon_minitimeJeu 24 Déc - 19:58


    Rape me. Abuse me. Follow me. Torture me. Hate me. Love ya.

    ***

    Lyle esquissa un sourire entendu alors qu’il refermait ses bras sur le corps encore partiellement ensommeillé de son meilleur ami. Il déposa un baiser sur le crâne rasé et lança un regard à la ronde. Le cimetière Saint-Louis de la Nouvelle-Orléans, leur ville natale, accueillait à bras ouverts en son sein ces jeunes enfants aux yeux cernés de noir. Leurs corps fins et leurs côtes saillantes, leurs bouches bariolées de couleurs vives mettait le cimetière en joie. Et dans ce lieu de mot naissait la vie. Derrière les caveaux, à l’ombre du lierre, des couples dont les corps s’emboitaient l’un dans l’autre, valse millénaire. Ils revenaient du vieux carré, le centre historique, le lieu de passage et de trafique. Ils y avaient dansé toute la nuit, peau contre peau, lèvres contre lèvres. Ils paraient qu’ils faisaient la fête. Ce genre de fête qu’on ne comprend pas parce que l’on est triste. Ce genre de fête qui ne servent qu’à oublier le lendemain malheureux, lorsque l’aube frappera le marbre des caveaux et que les enfants du noir se traineront dans leur lit, des buvards de LSD plein les poches. Le visage de Lyle se blottit dans la chevelure rose de Kit. Lui, lorsque la lumière se lèvera, ira cuver son trop plein de drogue et d’alcool dans le siège luxueux de la première classe d’un avion de ligne. Direction le Japon. Direction Nagoya. Les lèvres de Kit se faufilèrent dans son cou et un rictus désabusé se fit une place sur les lèvres de Lyle. Vanité. Tout. Autour d’eux les hommes. Autour d’eux les femmes. Et eux. Ses yeux se fermèrent, les mains de Kitten glissèrent sous son pull alors que ses dents, un peu pointues, taillées en pointes il y a plus dix ans, croquaient son oreille avec ce genre de sensualité empâtée de danger qui lui allait si bien. Et puis les corps s’emmêlèrent, se griffèrent, s’abimèrent dans une débauche de sens. Et puis tout qui tombe, qui tremble. Bad trip, comme ils appellent ça. L’un jouit dans la main de l’autre, les deux s’effondrent sur le marbre froid. Kitten ondule des hanches doucement, pendu au cou de Lyle, l’air exténué.

    « Qu’est-ce qu’on fête, déjà… ?
    - Ton départ.
    - C’con.
    - Je trouve aussi.
    - J’pars où ?
    - Japon.
    - C’va être chiant.
    - Ouais.
    - T’m’accompagnes ? »

    J'y peux rien tu m'allumes
    Rien qu'à me regarder
    Ça m'excite ça me défonce juste à te voir danser à mes genoux
    Comme un ange en danger.

    ***

    Rien n’avait prédestiné Kitten Faust Marlowe à devenir professeur de théâtre au Japon. Rien ne l’avait prédestiné – même ! – à devenir professeur de quoique ce soit. Enfant de riches avocats « de la haute », comme marmonnait Lyle derrière un sourire, Christopher était destiné à prendre la relève de son père dans son cabinet. Il était, aussi, destiné à être un riche bourgeois un peu imbu de sa personne, profitant des autres sans profiter de sa vie. De même, on l’aurait bien vu enfant modèle tant il était angélique lors de son enfance. Et un sourire à vous décrocher le cœur. Mais, évidemment, comme dans toute histoire qui se respecte, il y avait eu un grain de sable dans la machine soigneusement rôdée de Mister Marlowe père. Et pas un petit : Christopher était devenu adolescent. Christopher s’était mis à s’intéresser au net. Christopher avait eu la brillante idée de se mettre au piratage informatique. A partir de là, rien n’avait plus été. Quel âge avait-il, à l’époque ? Treize ans. Tout juste.

    Et son père le reniera définitivement peu de temps après. Ce n’est pas « convenable » d’avoir un fils arnaquant un théâtre de plusieurs million de dollar. Pas convenable du tout. Et ce qui était moins convenable, encore, c’est qu’on ne le condamne qu’à des travaux d’intérêts généraux dans le dit théâtre. Six ans. Tout rond. Pour rembourser, pour expier. Pour se faire une idée. Et Mister Marlowe père aurait préféré qu’on le foute en prison. Et Mister Marlowe père aurait préféré ne plus jamais avoir à voir la mine triomphante du gamin le matin. Parce que c’était crispant. Parce que son propre fils semblait gagner une assurance qui le rendait incontrôlable. Et parce qu’il savait pertinemment que la punition lui semblerait bientôt une incroyable chance. Parce que Christopher Faust Marlowe avait toujours su s’adapter à tout avec une facilité déconcertante. Comme un instinct de survie animal qui ressortait avec vivacité dans cet esprit volatil. Et ça le faisait rager, le père Marlowe. Tant et si bien qu’il finit par ignorer son fils. Il n’existait plus. Il vivait sous leur toit, mangeait à leur table, réclamait de l’argent de poche. Mais ce n’était plus son fils. D’ailleurs il le lui dit. Christopher ne le regarda qu’avec un sourire méprisant.

    « Mais ça je le sais depuis longtemps, papa. Maman me l’a dit »

    Quatorze ans et l’air diabolique. Sa mère ne lui avait rien dit et le sous entendu était à la fois moqueur et malveillant. Il savait que ça allait mettre le bordel. Il le savait pertinemment. Et pourtant il s’en moquait bien. Ce n’était plus ses parents de toute façon, si ? Marlowe père ne retint pas la gifle qui vola, regardant d’un air narquois le fœtus de paille qu’était son fils s’écraser par terre. Sa femme ne le trompait pas. Impossible. Et pourtant… Et pourtant rien n’est plus puissant que le doute. Cet affreux doute qui s’insinue dans tout ton être, te faisant frissonner, te collant sur les dents, te torturant nuit et jour.

    Deux mois plus tard, les parents de Christopher décidaient de divorcer.
    Echec et mat, Mister Marlowe.

    Tu me le fais ça me le fais
    De te savoir pareil
    Écorché déchiré jusqu'à n'en plus savoir
    A n'avoir jamais su
    Qui je suis ou je vais…

    ***

    Lorsque l’on a treize ans, il est potentiellement envisageable que l’on puisse haïr le théâtre. En tant que « cyber »jeune, Christopher n’échappait pas à la règle : Le théâtre, il trouvait ça barbant. Plus que tout, d’ailleurs. Et récurer le sol avec une brosse à dent bleue sous le regard amusé du directeur ne l’enchantait pas plus que ça. Même si le directeur était très gentil, au fond, et qu’il pouvait discuter avec lui plusieurs heures sans s’ennuyer. Même s’il mourrait d’envie de monter sur scène tant l’attraction lui semblait forte. Même. Qu’on ne l’y reprenne pas. Le théâtre, c’est barbant. Point à la ligne. Pourtant… Pourtant…

    « Hey, toi, tu fais quoi, là ? »

    La petite voix flûtée fit sursauter Christopher qui manqua de chuter en avant, son seau à la main. Oh. Il cligna des yeux. Un garçon. Un joli garçon. Un peu plus grand que lui et l’air visiblement en colère contre lui. Pourtant il n’avait rien fait, pour le coup. Ou du moins rien dont il ne se souvienne, ce qui était un détail non négligeable. Le garçon cala une mèche d’un brun sale derrière son oreille en fronçant les sourcils d’un air contrarié devant son mutisme.

    « Putain, vieux, ramène-toi quoi, on est en retard !
    - En retard ?
    - Mais oui ! Pour la répétition !
    - Mais quelle répétition ? »

    L’enfant sembla d’un coup fort las de la stupidité de son jeune interlocuteur. Aussi envoya-t-il bouler le seau qui répandit son eau sale sur le carrelage avant de l’attraper par la main et de pointer d’un doigt inquisiteur l’écriteau juste au-dessus de leur tête. « Antigone ». Soit. Les sourcils de Christopher se froncèrent doucement, se demandant ce que pouvait bien lui vouloir le gamin.

    « Mais qu’est-ce que tu me veux, putain… ? »

    L’enfant cligna des yeux tout en continuant à le tirer vers la grande salle de spectacle. Il n’eut pas l’air plus déstabilisé que ça alors que Christopher continuait à l’interroger sur ses motivations, plus que perturbé par l’aplomb et la fougue de son interlocuteur. Et séduit aussi. Charmé. Réellement. Tant et si bien qu’il se retrouva sur scène avant même d’avoir dit ouf, un script entre les mains alors que son kidnappeur s’écriait, ravi :

    « Et maintenant, joue ! Christopher Marlowe, arnaqueur en herbe ! »

    Et Christopher joua. Avec ses tripes, avec tout ce qu’il pouvait mettre d’émotion. Et la vengeance de l’enfant, ce plan pour ridiculiser celui qui avait failli faire sombrer le théâtre de son père tourna court. Ce jour là, il tomba profondément amoureux des yeux fous et habités de Christopher Marlowe lorsqu’il jouait.

    Je sais plus si c'est toi qui suce ou si c'est moi
    Qui te pousse et qui rentre à l'intérieur de toi.
    A m'en imploser le cœur, à m'en exploser le cœur.
    Écorché déchiré écartelé…

    ***

    « Lyle, écris-moi une pièce. Une rien que pour moi. De toi à moi.
    - Je le ferai.
    - Promis ?
    - Juré. »

    L’enfant vengeur et l’enfant puni avait bien grandi. Seize ans, le temps des grandes espérances et des sourires moqueurs. Seize ans, les années du lycée, la découverte d’un tout nouveau monde et le théâtre comme unique amour, toujours. La joue appuyée contre l’épaule de son meilleur ami, de son seul amant, Christopher somnolait. A dire vrai, quelque chose le préoccupait, depuis quelques jours, et Lyle s’en était aperçu très voir trop rapidement. Il effleura avec un sourire les cheveux courts de son compagnon avant de le redresser sur ses genoux, effleurant son cou de ses lèvres avec douceur.

    « Il s’est passé quelque chose ?
    - Mes parents se remettent ensemble. »

    Lyle fit doucement la grimace. Il n’ignorait rien de la vie de Christopher et le contraire était vrai aussi. Plus que vrai d’ailleurs. Il aurait pu répondre à n’importe quelle question à son propos et il esquissa un sourire amusé en tirant sur une mèche de cheveux plus longue. Et rose vif. Et Lyle éclata doucement de rire contre son cou. Christopher avait vraiment des idées bizarres, parfois. Comme se couper les cheveux lui-même, pas partout, de façon inégale. Ou alors se faire tatouer un truc bizarre. Et les piercings un peu partout. Et Lyle trouvait ça fondamentalement attirant, aussi. Comme un truc où y aurait marqué « Fragile, ne pas toucher » et qu’on ne peut s’empêcher de vouloir tourner et retourner entre ses doigts. Comme ce genre de truc, ouais. Pourtant, il était avéré que Christopher n’était pas si fragile que ça. Ou alors peut-être l’était-il profondément. Et qu’il le cachait bien. Très bien. Trop bien. Les lèvres gercées se posèrent sur les siennes et le corps anguleux de Christopher se décolla du sien.

    « Hey, Chaton, garde le sourire. »

    Seul le bruit du briquet bleu lui répondit. Et Lyle savait que ça voulait dire : « Toujours ! ». C’était du décodage automatique. Des gestes, des sourires. Et la position un peu prostrée du garçon contre le mur de la loge du théâtre. Ils n’avaient pas le droit de fumer ici mais personne ne se gênait. Surtout pas eux, les deux enfants terribles et talentueux de la troupe. Des futurs génies, chuchotait-on dans l’ombre. Ils avaient la vie devant eux. La drogue, le sexe, l’alcool et la décadence sur une scène de théâtre. La fougue de la jeunesse et cet instinct malsain que seuls ont les enfants qui s’aiment trop fort. Trop follement. Trop mal. Dans la douleur et dans le plaisir. C’est à ce moment là qu’ils se mirent à fréquenter les enfants en noir des caves à rock des beaux quartiers. C’est à ce moment là qu’ils dégénérèrent et devinrent presque des Dieux dans leur folie.

    C’est à ce moment-là que l’on fit une proposition à Kitten.

    Défoncé défonce moi ; moi sans dessous dessus
    Déchiré déchire moi , moi sans dessous dessus
    Défoncé défonce moi ; moi sans dessous dessus
    Déchiré allez déchire moi ; moi sans dessous dessus…

    ***

    « Nooon ?
    - Si ! Et à mes dix-neuf ans, on pourra partir en tournée partout dans le monde !
    - Sans moi ?
    - Il y a une place pour toi. Dans la troupe, je veux dire. J’ai dit que c’était nous deux ou personne. »

    La gorge de Kitten se noua en voyant les yeux plein de larmes de joie de son meilleur ami. Il referma ses bras sur lui et berça le corps secoué de sanglots. Oh, il savait ce que Lyle pensait. Il savait qu’il était persuadé qu’un jour il le laisserait. Qu’un jour, il se lasserait. Et pourtant… Pourtant non. Déjà cinq ans. Il embrassa doucement les paupières frémissantes, effleura son cou, ses joues. L’effleura tout entier avec toute la douceur du monde. Kitten, à l’époque, aimait de tout son cœur sans crainte. Kitten, à l’époque, n’avait peur de rien. Surtout pas de Lyle. Surtout pas de lui. Ils étaient « eux ». Ensembles et entiers. Respectables, presque.

    Ou pas assez.

    Le jour des dix-neuf ans de Kitten, l’avion décolla. Lyle n’était pas dedans. Kitten ne s’en remis jamais. On l’abandonnait, ultime traitrise. On le laissait en plan. Absurde. Ses doigts se crispèrent sur la vitre qui bordait son siège alors que le décollage écrasait son cœur du poids des larmes silencieuses qui parsemaient ses joues. Les membres de la troupe ne dirent rien. Kit ne sut jamais que Lyle avait été enfermé chez lui. Kit ne sut jamais que les parents de Lyle avait refusé qu’il parte. Kit ne sut jamais que c’était le directeur du théâtre, son deuxième chez lui, qui avait fini par lui porter le coup ultime. Kit ne fut plus jamais comme avant. Il joua mieux, encore. Perpétuellement. Faire comme s’il se foutait de tout, toujours. Faire comme si la vie continuait. Faire comme s’il n’agonisait pas de l’intérieur. Kitten devint imprévisible et dangereux. Un cutter glissé dans ses bottes, Christopher Marlowe était le roi du monde. Acclamé dans les théâtres, alcoolo dans les bars. Plus rien, une loque. Et puis…

    Et puis tout recommença.


    Attends moi tu vas voir ce que tu fais de moi
    Attends moi tu vas voir ce que je fais de toi
    Tu es beau quand tu jouis
    C'est moi qui m'extasie
    Tu es beau quand tu m'obéis
    C'est moi qui m'extasie.

    ***

    Il avait déboulé à Tokyo comme ça. Un cheveu sur la soupe. Dernières représentations de la tournée, see you later, les mecs. Je vous laisse mon numéro et je me tire en douce. Vingt-deux ans, l’air toujours aussi mal. Les cheveux bleus et les yeux rouges en permanence. Un lapin russe camé au LSD h24. Alors, ouais, au début, Kit, il avait tenté d’être respectable. D’avoir des jobs normaux et pas trop prises de tête. Au départ, on lui avait proposé prostitué. Bah ça l’avait pas vraiment branché. Le SIDA, lui, par contre, avait définitivement tissé ses liens sur le corps du jeune homme. Définitivement. Il avait démoli la gueule d’un de ses clients et l’avait pendu au mur, cloué par les mains, un remake de Jésus version gore et gratuit. Le mec était loin d’être un saint. A partir de là, il n’avait plus tenté. Tant qu’à faire, autant extorquer les gros porcs du genre. Il avait très vite écumé tous les bars à host, intrigué par le genre de vie que menaient les gens qui y bossaient. Dur, dur. Et puis après une ou deux années il avait fini par atterrir devant le « Hell's Traditions ». Il avait repris son train train sans se poser de question. Dès que ça faisait mine d’entrer dans le bar, pof, il taclait, escroquait et s’en collait plein les poches. On avait fini par craindre l’éclat de la lame de son cutter dans le coin. Sauf que ça ne pouvait pas continuer comme ça jusqu’à perpet’. Un jour, ce fut un hôte qui le prit à parti.

    Il y eut des coups, des prises de bec. Et puis un pacte. Le genre de trucs aussi implicite qu’explicite. Il agressait les gens qui sortaient et plus ceux qui entraient. Il gagnait un peu moins mais, au moins, ne portait préjudice à personne et pouvait continuer à travailler artistiquement avec son cutter. Comment s’appelait-il déjà ? Nevaeh. « Et moi Kitten, fuckin’ boy ! » lui avait-il répondu alors qu’il jouait machinalement avec son cutter. Il l’aimait bien. Lui, il l’aimait bien. Parce que ça résonnait entre eux. Les décadents se reconnaissent. Les gens perdus se retrouvent. Il savait que c’était un alter-ego, en face de lui. Le genre de type qui s’envoleront bientôt. Et pour cause. Il avait reçu une proposition de job. Ca faisait neuf mois qu’il la laissait trainer. « Parce qu’un pacte, c’est important. » Et parce qu’il l’aimait bien. Le neuvième mois, Nevaeh disparut. Tant pis.

    Kitten partit aussi. Nagoya, quelque part dans le Japon. Ils avaient besoin d’un « prof de théâtre ». Il n’était pas prof, parlait le japonais comme une prostituée russe mais tant pis. Il apprendrait sur le tas, il avait toujours assimilé rapidement. Et puis il avait de la mémoire. Trop ou pas assez, sans doute. Alors Kit’ se fit prof. Alors Kit’ s’acheta des faux papiers pour pas être trop emmerdé. Ouais bah ouais, il était pas japonais, il avait aucune qualification. Et alors ? Aucune importance, bastard, il était acteur, c’était amplement suffisant.

    Tout le monde se laisserait berner.
    C’était couru d’avance.
    Mais il n’aurait jamais cru le trouver là. Jamais.


    Attends moi tu vas voir ce que tu fais de moi
    Attends moi tu vas voir ce que je fais de toi
    Tu es beau quand tu jouis
    C'est moi qui m'extasie
    Tu es beau quand tu m'obéis
    C'est moi qui m'extasie…
    ***

    « Cher Lyle…
    Cela fait maintenant sept ans. Sans nouvelles. Sans rien. Je t’écris chez tes parents, je t’écris au théâtre. Je ne sais pas trop si tu recevras l’un ou l’autre. Je tenais juste à te remercier. Merci pour toutes ses années. Mais maintenant, tu es mort. Pour moi. A jamais.

    Aujourd’hui, je tourne la page.
    Aujourd’hui, je t’enterre.

    Je te laisse un mois pour te manifester. Je joins mon numéro de téléphone à cette lettre.
    Sinon adieu. »

    Un mois avait passé.
    Le téléphone n’avait pas sonné.
    Et Kitten, la clope au bec, avait effacé toute trace de Lyle de son téléphone.

    Défoncé défonce moi ; moi sans dessous dessus
    Déchiré déchire moi , moi sans dessous dessus
    Défoncé défonce moi ; moi sans dessous dessus
    Déchiré allez déchire moi ; moi sans dessous dessus.

    Farewell.


Dernière édition par Kitten F. Marlowe le Mar 19 Jan - 21:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D   Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D Icon_minitimeMar 19 Jan - 20:56

Code :

Fiche finie <3
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MessageSujet: Re: Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D   Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D Icon_minitimeMar 19 Jan - 22:01

HELL YEAH, Bad Kitty 8D
Enfin ta fiche terminé, ouaiiis T__T *tient le Saint Graal dans ses mains*
Ouais ouais, tu vas devenir vert, ouais. Vert prof 8D
Un vilain prof drogué è__é Tant que tu ne partages pas ta came avec les mômes, ça me va ! x)
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MessageSujet: Re: Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D   Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D Icon_minitimeMar 19 Jan - 22:02

YOUPIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ♥
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MessageSujet: Re: Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D   Kitty miaulera dans ton lit, oui oui. [E N D Icon_minitime

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