[DORTOIR] : Chambre de Jyou

Il était environ 19heures. Jyou, confortablement installée dans son taxi, scrutant le paysage défilant par la fenêtre semi-teintée du bolide. Elle pouvait apercevoir dans la rue des personnes attendant leur bus, des groupes d'étudiantes faisant du shopping, des jeunes garçons se courant après avec des masques de super héros, une soirée des plus normale, en gros. Néanmoins, des hommes étranges trainaient dans les ruelles sombres, et pas que là. On pouvait les voir en groupe de deux ou trois, accoudés à une rambarde, cigarette à la bouche, scrutant les gens qui passaient avec attention... Ils n'étaient pas vraiment « voyant », mais il est clair qu'avec leur allure de mauvais garçons aux chemises et lunettes noires, ils ne se fondaient pas totalement dans le paysage.

Pourtant, Jyou n'observait pas vraiment ce qui se passait dehors, elle était pensive, ailleurs. Elle avait son bras accoudé au rebord de la fenêtre du taxi, sa tête posée sur sa main, les lumières des enseignes dehors se reflétaient dans ses yeux noires brillants. A quoi pouvait-elle bien penser ? Son lycée ? Son avenir ? Suzu ?... Oui... Suzu... Cela faisait une semaine qu'elle l'avait quitté, ses larmes avaient cessé de couler, mais son coeur restait brisé...
En effet, c'était la première fois qu'elle était séparé de Suzu, jamais elle ne l'a quitté plus d'une journée, il était essentiel pour elle de la voir. C'est pour cela que Jyou tremblait de temps à autre depuis son départ de Tokyo, elle commençait également à se ronger les ongles et à s'agiter légèrement pour évacuer le sentiment de tristesse qui la tourmentait. Certes, elle lui téléphonerait, elle lui écrirait, elle lui parlerait sur son ordinateur portable, elle irait même la voir pour les vacances, voir même les week-end, mais rien de tout ça ne pouvait la calmer, l'apaiser. C'est comme si Jyou avait perdu la moitié de son être, de sa conscience, de son âme. Elle n'était plus la même, et ça, ce n'était pas bon signe... elle redevenait comme lors de son enfance, triste et seule. Des idées de fugue traversaient son esprit, mais elle savait que ça n'aboutirait à rien, il lui fallait être forte, comme jamais, cette épreuve, pour Suzu, elle devait la surmonter. Jyou pensait également à ce que faisait Suzu au même moment... qu'allait t-elle devenir, elle ?

Elle fut interrompu dans sa pensée par un coup de frein léger du taxi, elle était arrivé, le lycée Shimizu. Le chauffeur descendit, ouvrant son coffre et amenant les bagages de la jeune femme devant le portail de l'établissement. Celle-ci le suivi, d'un pas peu motivé, avec une démarche nonchalante.

Chauffeur : Cela vous fera 8760 Yens mademoiselle.

Jyou farfouilla dans son sac Sex Pot Revenge, un vrai bordel là-dedans... 'fin bref. Elle sortit un billet de 10000 Yens.

Jyou : Tenez, gardez la monnaie.

Chauffeur : Je vous remercie, bonne fin de soirée.

Elle faisait face au portail, levant la tête pour contempler le lycée. Il n'avait pas grand chose de spécial, un lycée quoi... Ce qui allait le plus changer pour Jyou c'est de suivre ses cours avec des camarades, elle qui n'est jamais sorti de chez elle pour étudier. Elle sonna, et le portail s'ouvrit.

Jyou avait un plan pouvant la mener à sa chambre, au dortoir des 1.B. Elle prit donc ses valises, et se pénétra dans l'enceinte du bâtiment. Les cours étaient fini, mais il restait encore quelques retardataires, de plus, il y avait un bazar pas possible. Des vitres brisés, des salles dévastées... Jyou avait déjà une mauvaise première impression.

S'approchant de sa chambre, elle rencontra deux étudiants, visiblement en dernière année. Un grand boutonneux et un petit maigrichon, les deux ayant un air terriblement niais. Elle continua son chemin, en passant entre les deux. Leur regard suivait la démarche de Jyou, scrutant la totalité de son corps, et elle détestait cela.

Grand Boutonneux : Bien foutue la nouvelle.

Petit maigrichon : Clair, dis la miss, ça t'dit d'aller boire un verre ?

Le grand mangeait des bonbons, les préférés de Jyou d'ailleurs. En tout cas, les phrases des deux abrutis étaient vraiment de trop, elle stoppa sa marche, et se retourna, fixant le grand.

Jyou : Si tu veux pas que le sac de bonbon que tu tiens te serve de slip après que j't'ai corrigé, tu ferrais mieux de fermer ta grande gueule, puceau.

Le petit maigrichon pouffa de rire, Jyou répliqua aussitôt.

Jyou : Et toi ton verre tu peux te l'mettre bien profond ou j'pense, j'viendrais boire un verre avec toi quand tu te videras plus les couilles tout les soirs sur des hentaï, autant dire jamais.

Elle se retourna, n'attendant pas leur réaction, car elle savait qu'ils ne ferraient rien, et en effet, il ne firent rien...

Après cinq minutes de marche, elle arriva devant sa chambre. Elle prit donc les clés attachées à sa ceinture, et ouvrit la porte. Elle baissait les yeux en entrant, comme pour montrer sa fatigue... Jyou ferma la porte en entrant, posa sa valise, et là...

Il faisait froid, il pleuvait. Revient moi. J’ai encore plus froid désormais que la seule personne que j’aime me soit enlevée. Le taxi s’éloigne, et je suis là, sans toi. J’ai tellement froid. Mes vêtements sont humides, mes cheveux rouges informes glissant sur mes épaules frissonnantes. Je vais attraper froid, peu importe, mon cœur est déjà gelé de te voir partir. Revient moi. J’ai vu tes larmes à travers la vitre harcelée par la pluie battante, j’ai vu ton désespoir aussi. Pourquoi on nous fait ca. Pourquoi on te fait partir loin de moi. J’ai le cœur qui hurle, mon corps qui frémit, mes larmes qui ne cessent de couler. Jyou, revient moi. Jyou, tu me manques.

Remember those walls I built
Well Baby they are turning down
And they didn't even put up a fight
They didn't even make a sound

Depuis ce jour où nous nous sommes quittés, je n’ai pensé qu’à te retrouver, qu’à reprendre ton corps dans mes bras. Le jour même je me suis renseigné sur le lycée où tu allais t’installer, sans moi. J’avais l’adresse, je pouvais te rejoindre. J’ai préféré attendre, et pouvoir définitivement être à tes côtés. Te voir une journée et partir m’aurait été insupportable. Te quitter une deuxième fois serait beaucoup trop dur pour se cœur que tu m’as volé en partant loin de moi. J’ai tellement besoin de revoir ton doux sourire, ce sourire si attendrissant et adorable que tu as quand tu me regardes. L’envie de te rejoindre était très forte et je ne sais pas comment j’ai fais pour résister.


J’ai fais toute mon inscription via téléphone, me faisant passer pour ma légume de mère qui végétait encore à l’hôpital, obtenant l’autorisation d’une scolarité dans le lycée où on t’avait enlevé. Il faut dire que je sais être convaincante. Le soir même du jour où nous nous sommes perdus j’avais les possibilités de te rejoindre. J’ai du harceler bon nombre de compagnie de taxi qui ne passait plus à ces heures là pour pouvoir enfin avoir ce que je désire. J’étais en train de préparer ma valise quand j’ai repensé à toi. J’espérais que rien ne te soit arrivé. C’était notre première séparation, et je n’arrivais pas à la faire durer plus que quelques heures, heures insupportables. Tu es la seule bonne chose qui me soit arrivé dans ma vie, comme si j’allais te laisser partir ainsi, sans bouger le petit doigt.


La pluie continuait à s’abattre sur le pare-brise de la voiture alors que je regardais à l’extérieur, mon regard se perdant alors que je pensais sans cesse à toi. Est-ce que tu vas bien, est-ce que tu as été bien accueillie, est-ce que tu as été importuné a cause de ta beauté ? Je sais très bien que tu es capable de te défendre verbalement, mais physiquement c’était une autre histoire. J’étais toujours là pour te protéger, te défendre quand un de nos petits voisins venait pour te frapper par jalousie ou que sais-je. Je me suis endurcie spécialement pour te protéger. Il ne fallait pas se fier aux apparences, j’étais peut être menue, mais je savais me défendre, et te défendre surtout. J’ai tellement changé depuis que je te connais, mon Ange. Tu es tout pour moi, et depuis le début.


Le taxi venait à peine de s’arrêter que j’étais déjà à l’extérieur, la valise à la main en train de payer le chauffeur. J’avais en tête l’aile du bâtiment et le numéro de dortoir de notre classe. J’avais également réussi au téléphone à me retrouver dans la même classe que ma Jyou. J’avais mon parapluie en main pour traverser la cour avant d’entrer dans l’entrée principale. Aiguillée par un surveillant, j’avançais vers les dortoirs. Mes jambes frissonnaient, mais c’était plus par excitation, appréhension et peur que de froid. Faut dire aussi que vêtu comme je le suis … Un simple short noir arrivant au dessus de la moitié de mes cuisses blanches, un t-shirt sans manche gris tombant jusqu'à ce dit short et un simple gilet rouge par-dessus. Mes chaussures non plus n’étaient pas recommandées en temps de pluie, des « pumps heels » à la mode gladiateur noir également.


J’avançais calmement dans les dortoirs, sans me rendre compte de ce qui allait t’arriver. Le plus grands des deux garçons s’approcha de Jyou lorsqu’elle ouvrit sa porte, lui tenant fermement le poignet alors que le gros la poussa à l’intérieur du dortoir vide à cette heure-ci. Il devait être 18h30, et tout le monde était à la cantine. Le plus grand avait réussit à l’allonger sur le lit, lui tenant les deux poignets violemment. « Tu vas respecter tes ainés, sale garce ! Vas-y Hiroshi, fais-toi plaisir ! » Le plein de graisse s’approcha en se léchant les lèvres, glissant ses mains sur les jambes pâles et douces de Jyou, glissant plus encore vers son entrejambe. Aucun hurlement n’était possible, le plus grand avait également poser sa main sur la bouche de la nouvelle. Le plus gros se pencha et …S’arrêta net, gémissant violemment de douleur.

« Je vais vous apprendre à ne pas toucher à ma Jyou, enfoirés. »

J’avais mon pied entre les jambes du plus gros qui osait poser ses mains sur ma Jyou, lui brisant les noix par derrière, lui mettant un violent coup de talon aiguille dans l’intérieur du genou en le laissant tomber au sol. Je m’approchai rapidement du plus grand et lui mis un violent coup de valise dans la tête en serrant les dents, y mettant toute ma rage. Comment avait-il osé penser abuser de ma Jyou. Le fat se mit à gémir en se tenant les noix, courant comme il le pouvait hors du dortoir, alors que j’enfonçais mon talon dans la main de l’autre qui était resté au sol. Mon regard était haineux, et il savait maintenant à quoi s’en tenir.

« Approche toi encore d’elle à moins de 50 mètres et j’m’occuperai personnellement de toi … Dégage si tu veux encore être apte à faire des gosses.»

J’enlevai mon talon de sa main en sang, le laissant gémir et sortir du dortoir alors que je regarda ma Jyou. Elle était totalement déboussolée, ce qui était compréhensible. Je lâchai ma valise et me baissa pour prendre ma chère et tendre dans mes bras, un bras autour de sa taille et une main dans ses cheveux d’ébènes en fermant les yeux. C’était si bon de retrouver son parfum, sa peau si douce. Je lui murmurai tendrement ; « Je suis la ma Jyou, je t’avais dis que je ne te laisserai jamais seule … ma Jyou, tu m’as tant manqué… »