Perdue! [libre]

En ce début matinée, le bois de la ville de Nagoya était presque désert. Le soleil venait à peine de se lever. Timidement, il étendait ses rayons encore un peu pales et paresseux au dessue de cet endroit verdoyant, tentant d’atteindre et de sécher l’herbe encore humide à cause de la rosée. C’était un paysage doux et calme dont la musique naturelle apaisait quiconque acceptait de tendre l’oreille et y prêter un peu d’attention. En effet, des sons mélodieux s’échappaient des endroits les plus boisés et les plus sauvages du bois, un bruissement de feuilles, un chant d’oiseau, le bruit que produisent les petits habitants de cette forêt en creusant le sol. Tout cela créait une mélodie aux sons cristallins. Quant aux arbres, ils montaient leurs branches vers le haut, vers ce ciel si bleu et vers le soleil, majestueuse boule de feu qui réchauffait leurs feuilles larges et douces. Les arbres semblaient s’étirer pour atteindre la source de la chaleur qui leur faisait tant de bien. Le manque de lumière à l’intérieur du bois permettait à l’endroit de garder sa fraicheur. Le lierre grimpait le long des trocs, les entourant comme un protecteur.

Lapetite silhouette qui se découpaient dans le paysage ne prêtait aucune attention à ce qui l'entourait.
Kazuki marchait sur un sentier qui bordait un lac. Le vert émeraude de celui-ci scintillait sous le soleil levant. Elle était fatiguée, désorientée. Elle n’avait encore jamais mit les pieds dans une ville, on ne lui avait jamais donné l’autorisation. Sa famille avait vraiment eu l’intention de lui pourrir la vie. Ne pas connaître le monde extérieur devait être la pire des choses qui pouvait arriver à un être humain et, ça lui était arrivé à elle…
C’est d’une démarche trainante que la demoiselle parcourait les allées, tout en se demandant ou elle pouvait bien être car son sens de l’orientation laissait sérieusement à désirer. Elle n’en pouvait plus. C’était un véritable supplice que bouger ne serait ce qu’un petit doigt alors un pied… c’était pire que tout ! Ses fines et frêles petites jambes chaussées de ballerines rouges dont les rubans lassaient les mollets finement dessinés de la jeune fille, devaient supporter tout le poids de son corps engourdi par le manque de sommeil. Kaz n’avait dormi que quelques heures cette nuit, trop excitée, trop anxieuse aussi, peut être. Une nouvelle vie s’offrait à elle : la liberté, les rencontres, les études et même peut être l’amour. Alors comment faire pour fermer l’œil face à cette perspective ? Impossible !
Enfin le réveil ce matin fut plutôt rude ! Même l’eau froide sur sa peau douce n’avait pas réussi à l’éveiller complètement, le brouillard dans sa tête refusait obstinaient de se dissiper. La jeune femme se demandait encore, comment elle avait réussi à se vêtir ce matin. Par quel miracle avait elle réussi à enfiler sa robe rouge cerise, sans la mette à l’envers ? Il y avait comme même des mystères dans la vie. Sa tenue était impeccable mais on ne pouvait pas dire autant de ses cheveux. Les mèches courtes de sa crinière brune partaient dans tous les sens lui donnant un air sauvage, ce qui n’avait rien de repoussant mais, qui exaspérait au plus haut degré Kazu.

*J’en ai marre !!*

La demoiselle s’arrêta au milieu du chemin tout en croisant les bras sur sa poitrine. D’un air boudeur elle lançait des regards dans toutes les directions, cherchant un signe qui pourrait l’aider à trouver la sortie. Peine perdu, tout ce quelle voyait n’étaient que des arbres et un lac. Aucun signe du lycée dans lequel elle devait se rendre : Lycée Shimizu, si elle s’en souvenait bien et, personne à l’horizon pour l’aider. Exaspérée par son incapacité à retrouver son chemin, la jeune fille s’installa au bord de l’eau, entourant ses jambes de ses bras et posant son montant sur ses genoux.

-Ils ne connaissent pas les panneaux de signalisation ici, ou quoi ? marmonna-t-elle.

Un petit vent frai vint caresser le visage fin de Kazuki, soulevant délicatement sa frange, tandis que la jeune fille prenait une petite pierre et la lançait dans l’eau.
Plouf !
La surface de l’eau qui n’était jusqu’alors que paix et tranquillité, fut troublé par de petites vagues en forme de cercles qu’avait créé le caillou. On aurait dit que le lac frissonnait, comme troublée dans son sommeil. Kazu frissonna aussi en fermant doucement ses yeux bruns, espérant se reposer un peu ainsi.

Eikichi revenait de la ville. Il s'était absenté du lycée quelques heures, histoires de se vider un peu la tête... Ce qui lui arrivait assez souvent, d'ailleurs.
Utilisant un peu de l'argent de poche qu'il tenait de çà et là, il s'était payé un petit jus d'orange, ainsi que plusieurs sortes de fruits frais. Et c'est en grignotant une poire que le petit ange décida de passer par les bois.
Il était encore très tôt, et la rosée du matin couvrait encore les fragiles plantes, comme un léger manteau brillant. Le jeune garçon n'y était pas insensible et, pour un peu, il se serait mis à en pleurer tant le paysage était sublime. Un grand sourire accroché aux lèvres tandis qu'il s'engageait au plus profondément du bois, Eikichi continuait d'être à l'écoute de la Nature : Le bruit du vent dans les feuilles des arbres, l'odeur de l'écorce, de l'herbe qui venaient frétiller ses narines, ainsi que la lumière du soleil qui, en passant au travers de certaines gouttes de rosée, laissait apparaître, de façon brève et pulsatile, un arc-en-ciel au milieu du bois...
Sublime...
Ayant fini sa pomme, il jeta le trognon dans son sac plastique, s'empara d'un autre fruit, une pomme aussi rouge que les lèvres d'une sublime demoiselle, qu'une voix se fit entendre, pas loin de lui :

-Ils ne connaissent pas les panneaux de signalisation ici, ou quoi ?

Cette phrase n'avait pas été prononcée très fort, ce qui impliquait que le jeune homme ne se trouvait pas très loin de l'origine du bruit. En effet, tournant la tête, il remarqua un lac, avec une jeune fille devant. Celle-ci, visiblement mécontente, lança un caillou dans l'eau, qui eut pour résultat de former des cercles concentriques, résultat d'une onde mécanique progressive causée par le petit morceau de roche.
La fille devant lui, vêtue d'une robe rouge cerise, visiblement très jolie, mais dont le cheveux étaient en bataille, comme si elle avait oublié de se coiffer...
Eikichi était à à peine un mètre d'elle, et lui lança gentiment :

"On a mal dormi ?"

Il lui fit alors un gentil petit sourire innocent... Celui qu'il sortait d'habitude, en général...

Un bruit de pas se fit entendre, mais Kazuki n’y prêta aucune attention ou plutôt, elle était incapable d’y faire attention. Elle était plongée dans une sorte de demi-sommeil. Pas vraiment endormie mais pas vraiment la non plus. Elle avait du mal à comprendre ce qu’il lui arrivait, cette fatigue soudaine qui, depuis une heure refusait de la quitter. Etait ce l’air citadin qui la rendait comme ça ou bien la nouveauté des lieux ? Dans tous les cas, cette sensation était vraiment désagréable et il fallait que la jeune fille s’en débarrasse au plus vite. Le genre zombi endormi n’était vraiment pas son truc. Elle imaginait déjà la scène : traits tirés, des cernes aussi noirs que la nuit lui tombant jusqu’en bas des joues et un teint grisâtre. Il lui suffisait de rajouter une démarche trainante et chancelante pour obtenir « Le zombi du Lycée Shimisu ». Kaz frissonna face à cette idée, ça pouvait être drôle une fois mais toute l’année scolaire, non merci ! Enfin, elle se consola en se disant qu’elle n’en était pas encore la puisque son visage avait encore sa fraicheur habituelle et puis les nuits blanches elle connaissait.

« On a mal dormi ? »

Voix masculine qui vint perturber les sombres pensées de la demoiselle, la sortant du même coup de sa léthargie. Kazuki souleva doucement son visage pour chercher la source de cette phrase, tournant doucement la tête à droite puis à gauche, sans y voir qui que ce soit. Et voila, elle commençait à délirer en entendant des voix ! Vraiment étrange.
La jeune femme s’apparaitrait à reprendre sa position initiale, lorsqu’une petite idée immergea du brouillard qui régnait dans la petite caboche de la miss, lui suggérant de regarder derrière elle. Et c’était une bonne idée puisqu’elle y découvrit un garçon tenant un sac plastique et grignotant une pomme. Bon, une chose était sure, elle n’était pas folle contrairement à ce qu’elle avait pensé mais une question se posait : à qui s’adressait il ? Parce que le « on » n’était pas vraiment explicite, il pouvait parler à n’importe qui. Kazu jeta des coups d’œil autour d’elle mais à part un canard elle ne vit personne. Apparemment, le brouillard qui régnait dans sa tête, n’était pas encore tout à fait dissipé puisque la jeune fille dans un suprême élan de génie déduisit que c’est au canard que le jeune homme parlait. Et cette idée génialissime fut suivie de bien d’autres aussi fantasques que la première.
Avant de se rendre compte qu’elle était la seule personne susceptible de pouvoir répondre au garçon, Kaz se demanda ce qu’allait dire le canard. Désespérante, irrécupérable et bien d’autres, était des adjectifs qu’elle trouva ensuite pour se qualifier face à la bêtise dont elle faisait preuve. Et c’est d’une voix un peu pâteuse qu’elle répondit au garçon.

-Bof !

Mais quelle réponse, quelle tirade digne du meilleur des dramaturges ! Cette éloquence qui pouvait faire pâlir de jalousie le meilleur de politiciens ! Enfin bref, c’était minable, aucune politesse, aucune chaleur dans la voix, si le garçon ne partait pas en courant face à tant de gentillesse ce serait un miracle !
Grouik !
Le ventre de Kazuki produisit un joli petit bruit qui lui rappela qu’elle n’avait rien mangé depuis hier midi et c’est avec envie qu’elle se mit à fixer le fruit qu’était entrain de manger le jeune homme. L’élaboration d’une stratégie s’imposait, appelons cette opération « Récupération de nourriture et de guide jusqu’au lycée (et peut être devenir ami avec lui) ». Dans un premier temps il fallait qu’elle se lève. Kazuki étira donc ses fine jambes un peu engourdi avant de se lever et faire face au garçon, puis dans un second temps lui faire un beau sourire. Les lèvres charnue de la jeune fille s’étirées laissant apparaître une rangée de dents blanches et bien droites. Et enfin engager la conversation.

-Au faite, bonjour ! Je m’appel Kaz.

Bah oui, elle s’appelait Kaz, enfin presque mais c’est bien de faire planer un peu de mystère au tour de son identité…
L’opération était en route et avec un peu de chance ils deviendraient amis !

[HRP: Tu veux bien mettre tes actions en italique? é.è Je sais, je suis chiante x) ]