_Life is a Highway_ [Pv Aka]

Après avoir fait quelques modestes courses pour tenir sans devoir manger au réfectoire, Aka s'était assis sur un banc dans la cour du lycée pour casser la dalle, comme on dit. Il crevait la faim, cela faisait un jour qu'il n'avait rien mangé. Il avait certes consommé des boissons par-ci par-là, mais par son refus de socialiser, il évitait les lieux bondés mais par-dessus tout il refusait de demander à quelqu'un de le dépanner. Donc il avait là un sandwich au poulet, une petite bouteille de lait et c'était tout. Il râla contre lui-même. Il avait économisé énormément et pourtant il se réduisait à acheter "ça". Il craignait. Mais pour essayer de ne pas avoir faim trop vite après, il s'efforça de manger lentement, bien que les gargouillements gastriques le tiraillent. Aka termina sa bouteille de lait puis jeta le tout dans une poubelle non loin. Puis il resta là, à contempler le ciel bleu pendant plusieurs dizaines de minutes. Il n'hésitait pas non plus à lancer des regards malveillants aux quelques personnes qui s'attardaient sur lui, même s'ils ne voulaient pas forcément engager une conversation. Soudain, un nouveau gargouillis lui fit serrer les dents. Tiraillé par la douleur, il comprit que ce n'était pas dû à la faim, comme il le pensait au début, mais bien pour autre chose, pour laquelle il eut honte. Ce ne pouvait être une allergie, alors il partit rechercher la bouteille de lait dans la poubelle et regarda la date de péremption. Passée. Depuis longtemps. Il fallait à tout prix qu'il demande réparation à la supérette de m**** du coin ! Il jura moultes fois entre ses dents, mais la douleur se fit plus forte. Aka refusait de l'admettre, mais il fallait qu'il aille dans un endroit où il serait forcé de sociabiliser.

L'infirmerie. Errant dans les couloirs non sans un rythme rapide de marche, il finit par trouver à l'aide de petites pancartes accrochées aux murs la grande salle blanche aseptisée qu'il redoutait. Il hésita. Oh, et puis qu'à cela ne tienne, il fallait qu'il prenne des médocs, et vite. Il ouvrit la porte violemment, et si infirmier il y avait, il l'ignorerait. Il passa devant la jeune fille rousse sans vraiment la voir, et ouvrit grand les deux portes vitrées d'une grande armoire à pharmacie. Il prenait une à une les petites boîtes, sans trouver la bonne. Alors il les jetait derrière lui sans aucun regret. Puis il trouva ce qu'il cherchait, après avoir quasiment vidé l'armoire de ses soins, prit un cachet et partit remplir un verre d'eau au lavabo non loin de lui. En se retournant, il posa le cachet sur sa langue avec grande classe, à demi appuyé sur le lavabo derrière lui, et prit une grande gorgée d'eau avant d'ouvrir les yeux.

Et d'enfin remarquer que quelqu'un, de très visible pourtant, était dans la pièce. Il se fichait de qui cette fille pouvait bien être, et même ce qu'elle pouvait penser du désordre qu'il avait fait régner. Une chose était sûre, c'est qu'elle avait l'air mal en point. Mais il lui lança un regard moqueur avant d'annoncer :

" Désolé. Je ne suis pas infirmier, et vu l'heure, tu pourras attendre. De plus... N'y a-t-il pas de cabines avec des mecs super costauds et super entraînés pour les sauvetages, à la plage ? "

Elle était en petite tenue, et il le faisait remarquer d'un air railleur. En plus, Aka était tellement obnubilé par son médoc qui DEVAIT faire effet qu'il n'avait même pas pensé une seconde que la jeune inconnue pouvait venir d'ailleurs que la plage.

Aka réprima vivement la grimace atroce qui était sensée lui monter au visage à cause du mal de ventre encore agissant sur son superbe corps. Foutue épicerie, il allait leur dire ce qu'il en pensait, de la fraîcheur de leurs produits trop chers pour un étudiant ! Il fronça les sourcils, écoutant à moitié ce que la jeune fille aux cheveux rouges était en train de lui dire. Cela ressemblait vaguement à un gémissement outré, et son sourire mesquin ne faisait que grandir. Comme dans les films, quand les méchants ont la capacité de se nourrir des pouvoirs des super-héros, lui se délectait des réactions des gens. Force était de constater que chaque personne aurait eu une réaction différente. Une fille aurait pleuré toutes les larmes de son corps en sortant de l'infirmerie, une autre lui aurait balancé un truc au visage, une autre aurait encaissé jusqu'à aller chialer seule dans sa chambre, une autre aurait sans doute ri, bien que ça soit une espèce de fille en voie de disparition ! Et encore, l'humanité lui réservait encore tellement de surprises. Auparavant, il ne prêtait guère attention aux autres. Maintenant, il essayait de s'y mettre et parfois cela l'amusait beaucoup. Comme cette fille.

Il lui semblait que, pendant qu'elle énumérait les raisons qui pourraient contrer Aka et se donner raison à elle, elle avait oublié sa douleur. Toujours appuyé sur son lavabo, attendant encore que ce médicament agisse contre ses crampes au ventre, il la lorgna de haut en bas de ses yeux dorés. Soudain, son regard s'interrompit au niveau des chevilles de la jeune fille, là où l'une d'entre elles semblait plus enflée que l'autre. Alors c'était ça, elle s'était foulée la cheville. Ou alors, elle avait peut-être une entorse. Il ricana, pointant du doigt la jambe de l'inconnue.

" Vous savez que ce n'est pas nécessaire d'attendre la venue d'un infirmier pour soigner cela ? N'importe qui serait capable de bander sa propre jambe. Votre cheville ne peut être cassée, si vous avez pu marcher jusqu'ici. "

Son regard perçant se planta dans les yeux de la jeune fille qui se tenait face à lui. Alors qu'il parlait, son ventre avait cessé de lui faire mal. Eh oui, lui-même, sans infirmier, avait réussi à estomper la douleur tiraillante de son estomac. C'était fulgurant. Une fois assuré de sa guérison, il se redressa et s'approcha de la jeune fille. La petite voix qui murmurait des choses à faire dans sa tête était présente, bien entendu. Aka ne serait peut-être pas plus gentil, mais juste plus sociable. Il se planta devant elle. Adoptant un air qui avait tout l'air d'être aguicheur, mais qui ne l'était pas, il se força à prononcer les mots suivants, bien que son débit fusse on ne peut plus fluide.

" J'avoue être audacieux lorsque je vous parle, mais sachez que les bandages se trouvent dans l'armoire à pharmacie que j'ai presque vidée. Je ne sais pas comment vous avez pu faire cela, mais il faut reconnaître que votre cheville enfle à vue d'oeil. Mais là n'est pas la question. Votre réaction fut fort amusante à mes yeux. Qui êtes-vous ? "

Aka avait encore du mal à poser les questions quand rien ne le justifiait, et il trouva que sa mise en scène pour demander à la jeune fille de dévoiler son identité était bien piètre. Il ne se sentait pas embarrassé, juste ennuyé. Il savait bien que lorsqu'elle lui dirait qui elle était, elle ne lui rappellerait strictement personne, puisqu'il n'avait jamais entretenu quelconque relation avec des gens de son âge depuis des années.

Ahh elle semblait choquée, presque vexée. Aka en jubilait. Ce regard-là, il ne s'en lasserait jamais. D'ailleurs, d'après sa réaction, il en jugea immédiatement qu'elle refusait de se bander la jambe seule. Etait-ce donc si difficile de se pencher en avant et de s'enrouler un long morceau de tissu blanc autour de la cheville ? Il était clair que pour la jeune fille, ça l'était. Etait-ce donc une partisane du moindre effort, ou juste une incapable trois fois bonne à rien et mauvais en tout ? Il haussa les épaule pour toute réponse à sa question mentale. Puis elle se présenta. Shizuka Iori. La petite voix dans sa tête lui murmura que Shizuka était un joli prénom. Mais pour lui tout était laid, alors il ne savait s'il devait écouter la petite voix ou s'il devait penser que c'était un prénom affreux, tout comme celle qui le portait de toute façon. Mais il ferma les yeux, pensant qu'il valait mieux arrêter d'être négatif. Donc elle avait un joli prénom. Et, en y regardant mieux, il était forcé de reconnaître que la couleur de ses cheveux était très attirante. Un rouge pareil, il était difficile d'en trouver à tous les coins de rue.

Puis il la regarda boitiller jusqu'à la fameuse armoire. Ah. Elle voulait s'en sortir seule, peut-être parce que son tact légendaire lui avait déplu. Normal. Il la suivit du regard, d'un air détaché. Voyant qu'elle lorgnait chaque recoin en se tenant comme une petite vieille, il soupira avant de partir lui prendre la main. Celle-ci était toute petite, très fine, et sa peau était fort claire.

" Tenez-vous à moi, ainsi, vous aurez moins de difficultés à remarquer que les bandages sont au fond de la seconde étagère. "

Le jeune homme pouffa de rire, et, toujours soutenant la jeune fille, il décida de répondre à sa question, histoire de paraître un tant soit peu poli.

" Je suis Aka Nakigara. Ne prêtez guère attention à cette appellation puisque plutôt barbare. Ce n'est qu'un nom. Je me demande s'il me sied autant que vos cheveux rouges vous vont à vous. "

Il s'inclina légèrement, curieux de voir si c'était une présentation à laquelle la jeune fille s'attendait. Il avait un léger sourire aux lèvres, impatient de voir sa réaction ; si celle-ci serait toujours outrée ou non.

[HRP : un peu court désolé T__T]

Aka esquissa un sourire d'un air faussement modeste lorsqu'elle le remercia. Il ne fallait pas en faire tout un plat non plus, vu que sa tournure de phrase était faite de sorte à se moquer légèrement d'elle. Mais il se promit cependant de bien se tenir car elle avait l'air de préférer qu'on la prenne avec des pincettes. De très fines pincettes dorées d'ailleurs, il ne sut pourquoi cette image-là se présenta à son esprit. Qu'à cela ne tienne, il observait les gestes de la jeune fille. Très lents, voire très distingués. Cette vue le gêna un peu, car il doutait des origines de Shizuka, et ça le mettait quelque peu en boule. Et pourtant, il n'en laissa absolument rien paraître, monsieur arborait un air sûr de lui et parfaitement à l'aise.
Il se délecta néanmoins de la réaction qui suivit. Elle semblait surprise, et puis cela s'entendait au son de sa voix. Il ferma les yeux, son sourire mesquin grandissant davantage, puis il s'approcha de la couchette sur laquelle elle s'était rassise et soupira bruyamment en la regardant se débrouiller comme un pied pour bander sa cheville, c'était peu dire... Puis il s'éclaircit la voix avant d'annoncer :

" Je ne le sais pas moi-même, voyez-vous, la couleur de vos cheveux est très attirante, car elle me rappelle quelque chose de bien précis. Et c'est tout à fait réjouissant, si je puis dire, de vous voir arborer une telle couleur aussi fièrement. "

Il tendit gracieusement la main pour lui réclamer le bandage, et une fois l'objet acquis, il se força à être délicat en enroulant le long morceau de tissu légèrement élastique autour de la jambe pâle de Shizuka. Il ne pouvait s'empêcher de se questionner sur cette distinction dont elle faisait preuve, mais il ne dit mot à ce sujet. Il attendrait bien que cela vienne, en espérant que sa parole ne dépasse pas sa pensée.
Levant les yeux vers elle d'un air fier, Aka termina la bande en passant le bout sous un autre. Puis il se redressa et la toisa de haut.

" J'aimerais pouvoir porter cette couleur aussi affriolante qu'intrigante, ça me rappelerait à quel point l'homme est attiré par la distinction de soi. A propos de votre jambe, comme je ne suis pas infirmier, je ne sais pas quoi dire d'autre qu'un bandage ne vous aidera pas forcément à bien marcher. A vrai dire j'ai plutôt tendance à croire que c'est psychologique. "

Au sujet des cheveux de la jeune fille, il avait donné une justification erronée puisque ce rouge vif lui rappelait son propre vice. Mais pourquoi l'avouer à une pure inconnue qui semblait outrée pour un rien ? Essayant de gagner sa confiance, cependant, il s'assit à côté d'elle.

" D'où venez-vous ? J'imagine que vous n'êtes pas de Nagoya même ; la majorité des élèves viennent de loin pour ce lycée. "

C'était presque trop simple. Sous entendre à moitié quelque chose donnait forcément envie à la personne qui se tenait en face de soi à vous interroger. A dire très implicitement que la couleur des cheveux de Shizuka lui rappelait quelque chose de bien précis, sans forcément lui dévoiler quoi ni faire quelconque mimique pouvant la mettre sur la voie, il était évident qu'une personne un tant soit peu curieuse demande de quoi il s'agit. Et ça n'a pas raté dans le cas de la jeune fille. Il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire malsain et de plisser les yeux pour fixer la fille. Il serait tellement aisé de la faire taire à jamais. Elle avait mal à la cheville donc dans l'incapacité de s'enfuir assez rapidement... Aka se mordit la lèvre. Non. Il ne devait pas laisser cette mauvaise voix, une deuxième de toute évidence, prendre le dessus dans son esprit. Il avait déjà goûté à ça et son corps en redemandait encore et encore, mais il ne fallait pas céder. Jamais. Essayant de chasser ces sombres idées de sa tête, il ricana légèrement avant de ponctuer son rire d'une simple phrase :

" La couleur de vos cheveux me fait penser au sang exagérément frais. "

Ne pouvant lutter contre toutes ses pensées, il haussa les épaules, et leva les mains au ciel, comme pour montrer que c'était indépendant de ses efforts à se retenir.

" Il n'en ont certes pas l'aspect ni l'odeur, mais la couleur est là. Et leurs ondulations feraient frémir n'importe quel tueur ayant déjà goûté à cet interdit. "

Aka se tut ensuite. Elle s'était remise à parler, à déblatérer sur la couleur de ses cheveux. Il allait sans dire que cette chevelure était sa fierté, il le ressentait fort bien. Shizuka semblait tenir à cet héritage comme à la prunelle de ses yeux, et elle n'avait pas tort, car lui-même, avec ses cheveux noirs de jais n'était pas à vanter à côté d'elle. Elle avait également une présence qui laisserait n'importe quel autre homme sans voix. Il se remit à sourire. Mais pas lui. Lui-même n'était pas influençable et encore moins fréquentable. Cependant, elle avait raison. Bien qu'il aurait souhaité pouvoir arborer cette couleur de cheveux sans honte aucune, il doutait que ça lui serait allé. Il s'imaginait encadré de cheveux rouge sang, ces mèches écarlates s'alliant avec ses yeux dorés... Il faisait une grimace. Ca n'allait pas du tout.

" J'imagine que vous avez raison, je suis plus ou moins bien loti avec mes cheveux noirs. Et j'espère pour vous que vous n'aurez pas à porter ce bandage trop longtemps, en effet. "

Il soupira ensuite lorsqu'elle lui demanda d'où il venait. Y repenser était pénible, aussi voulut-il essayer d'écourter cette conversation, du moins, pour lui. Il s'étira légèrement avant de balancer ses jambes d'avant en arrière, toujours assis sur la couchette.

" Je viens de Kobe pour une sorte de renouveau. Rien de bien important, rassurez-vous, mademoiselle Shizuka. Juste qu'un lycée qui fait pareil internat est très intéressant dans la mesure où je veux être indépendant depuis très longtemps. Mais vous, comme vos parents vivent dans cette ville, devez-vous sans cesse rentrer chez vous le soir après les cours ? D'ailleurs, je ne vous ai jamais vue auparavant, dans quelle classe êtes-vous ? "

Aka esquissa un sourire radieux, prouvant qu'il était pleinement ravi de la mine déconfite de Shizuka. Evidemment qu'elle devait s'en douter, c'était tellement... évident. Sur lui, cette couleur exerçait une forte attraction, mais il devait se contenir, il se l'était promis. Mais tout de même... ça, plus la blancheur de sa peau, c'était vraiment subtil. Il était persuadé qu'elle était au fond à l'image de son visage ; pure comme la clarté de sa peau et vive comme le rouge de ses cheveux. C'était un mélange respectable. Le jeune homme regardait la lycéenne comme s'il s'agissait plus d'un trésor perdu plutôt que d'une personne à part entière. Comme si elle était un bien matériel, au délà d'une femme doté d'âme. Cependa,t elle était plus ou moins blasante sur ses dires peu originaux. Ah, mais décidément elle n'avait nul besoin d'un infirmier en pleine nuit pour sa cheville simplement foulée ! Il secoua la tête d'un air résigné en soupirant doucement, montrant qu'elle était bien obstinée. Une jeune fille pourrie gâtée, osa-t-il penser.

Et c'était bien pour ça qu'engager une conversation des plus banales pour lui conviendrait sans doute à la jeune fille en sa présence. Elle lui expliqua qu'elle était à l'internat et que ses parents vivaient en ville. Il fronça les sourcils : c'était un peu absurde. Mais si elle voulait prendre un peu d'indépendance, c'était l'occasion rêvée, surtout si ses parents avaient de l'argent à jeter par les fenêtres pour financer ses nuits dans le lycée. Aka arqua un sourcil lorsqu'elle lui révéla sa classe. A vrai dire, il était persuadé qu'elle était au lycée, mais il aurait été incapable de la classer quelque part au vu de son apparence éloquente. Il haussa les épaules d'un air plus ou moins nonchalant en fermant les yeux.

" Je suis en 3.B. Je suis arrivé il y a peu, alors je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter tous les coins et recoins du Lycée et de la ville en elle-même. Quoiqu'il en soit il me semble que c'est un endroit assez intéressant, et toutes les personnes que j'ai croisées jusqu'à maintenant sont très voire trop sociales à mon goût. C'est un véritable challenge pour moi d'être ici mais je commence à y prendre goût avec allégresse. "

Aka s'était trouvé fort bavard mais il pensait sérieusement qu'en parlant un peu trop, ça ouvrirait un peu plus la conversation. Seulement il n'était nullement doué pour poser les questions aux autres, sachant que toute sa vie n'avait été que désintérêt des autres et nombrilisme. Il se baissa alors et partit tâter la cheville de la demoiselle sans lui demander son avis pour voir si elle avait encore mal. Généralement, avec une cheville foulée, ça ne mettait pas très longtemps pour se remettre, sauf si vraiment elle était bien coincée. Il leva les yeux vers elle avec un regard mesquin.

" Pardonnez mon arrogance, je vérifie juste. Veuillez m'excuser si mes gestes vous font du mal. "

Il s'interrompit sur ces mots et se redressa, plantant ses yeux dorés dans ceux de Shizuka. Il était à présent à court de conversation. Pour Aka, c'était déjà un record d'engager une discussion aussi longtemps, mais le silence qui pesait aurait pu sembler lourd à son interlocutrice. Lui aimait le silence, mais si la rencontre se terminait sur un vide pareil, ce serait bien triste, d'autant plus que cette petite demoiselle semblait fort intéressante en soi. Il mettrait sa main à couper qu'elle n'était pas issue que d'une famille modeste. Il croisa ses bras et attendit une réaction d'un air désinvolte et provocateur, oubliant le sens propre du mot "galanterie".

[HRP : Désolé du retard ! >w<]

"Sympathiques". Voilà un mot qui fit sourire immédiatement Aka. Inutile de vous préciser la nature du sourire, vous vous en doutez bien. Ce n'était pas le sourire habituel d'un jeune de son âge, ce n'était pas un sourire de bonheur ou un simple sourire de satisfaction, non. Ce déridement signifiait une amusement malsain ; oui, parce que même si la petite voix sociable dans sa tête lui disait que les gens ici étaient sympathiques, pour lui c'était tout autre chose. Que voulez-vous ? Pour lui, tout le monde est ennuyeux, et il ne se vante pas de ne pas l'être ! Mais "sympathiques" n'était pas le qualificatif qui convenait à son goût. Ennuyeux, curieux, excessifs, parfois loquaces, voilà comment il fallait définir les autres selon Aka. Bien qu'ici, ce soit différent, bien entendu, dans la mesure où il s'était promis de sociabiliser et de faire quelque chose de sa vie. Mais Rome ne s'est pas construite en un jour, et pour lui, être sociable était une chose, mais se forcer à mettre sa fierté de côté en était une toute autre. Ca le crispait à un point qu'il se rebiffait trop souvent. Mais étrangement, avec ce désir de s'intégrer (souvent controversé, je vous l'accorde), il s'intéressait aux autres. Alors qu'avant l'altruisme n'était pas son fort, voyez comme il a bandé la cheville de cette pure inconnue ! Toutefois, il n'emploierait pas déjà le mot sympathique, alors il se força d'hocher la tête en réponse à Shizuka, parce que ce qualificatif devait forcément être subjectif.
Aka pouffa de rire lorsque la jeune fille aux cheveux rouges détourna son visage à la peau claire en teintant ses joues de rouges. Allons bon, n'avait-elle plus ce self-control dont elle faisait preuve quelques minutes auparavant ? Alors que les hommes cherchaient vite la bagarre, il était évident de constater que les femmes, elles, portaient tout sur leurs épaules. Il ne releva donc pas sa gêne ; elle devait bien en avoir le droit.

Il fut surpris de la question qui vint alors. Il haussa les sourcils et les épaules avec d'un air désinvolte. Alors, il croisa ses bras et ferma les yeux.

" Je ne sais pas. En temps normal je me serais moqué de vous plus longtemps et je vous aurais laissée à votre triste sort de jeune fille qui ne sait pas bander elle-même sa cheville. Et pourtant, je vous ai accordé la faveur de vous soigner à la place de l'infirmier qui ne serait sans doute plus venu ce soir. Ceci est un mystère pour moi, je vous l'avoue. "

Il rouvrit les yeux avec un sourire et mit ses mains dans ses poches après les avoir passées dans ses cheveux. Il était vrai qu'il ne saurait pas expliquer pourquoi il l'avait aidée. Comme expliqué plus haut, il souhaiter sociabiliser, certes. Mais il ne se serait jamais cru capable d'une telle chose.

" Je ne saurais dire si cela vient de moi ou de vous. Oh, ou peut-être est-ce parce que vous avez été assez forte pour ne pas chouiner au sujet de la moquerie dont j'ai fait preuve. Sans doute est-ce parce que vous êtes quelqu'un de fort intérieurement ? Vous m'intriguez. "

Aka approcha délibérément son visage près du sien et ainsi, dix centimètres seulement suffisaient à séparer leurs nez. Il était quasi sûr de deviner sa provenance sociale, maintenant, comment allait-il la cuisiner pour être mis au parfum dans de bonnes conditions ?

" Autant vous essayez de vous débrouiller seule, autant vous avez besoin de l'aide de quelqu'un d'autre. Une quête d'indépendance difficile ? Comme c'est amusant, à croire que vous cherchez à vous construire une seconde nature. Je me trompe ? "

Son regard était provocateur, car même s'il était dans le faux, le but était bien évidemment de déstabiliser Shizuka.

Aka pouffa de rire presque comme un petit garçon qui s'amusait à jouer au foot lorsqu'elle lui répondit d'un air déstabilisé. C'en était presque mignon, quoique pour lui la définition du terme mignon était sacrément à revoir, ça faisait presque polémique dans sa tête parce qu'évidemment, un petit chien tout pelucheux aurait plus l'air répugnant à ses yeux. En fait, quasiment tout est horripilant pour lui, alors après réflexion il se sentait complètement désarçonné de trouver la réaction de Shizuka presque mignonne. Il écarquilla les yeux en réponse à sa propre pensée. Il laissa un long silence envahir la salle. Puis elle parla plus longtemps qu'auparavant, ce qui le surprit. Mais il écouta avec véhémence, peut-être un peu trop, même. Donc c'était bien une fille issue d'une famille très aisée, elle avait finalement répondu à ses questions sans même qu'il ait eu le besoin de les poser ! Décidément, il était fier de lui, ses beaux discours qui semblaient sans cesse tourner autour du pot apportaient beaucoup. Il sourit d'un air satisfait mais ce sourire s'effaça bien vite puisque la jeune fille continuait de parler, et il ne voulait en aucun cas la déstabiliser dans ses explications. Sa dernière phrase, il la comprenait on ne pouvait mieux. Il acquiesça d'un air songeur.

" Oui, peu importe la provenance ou l'histoire passée de la personne, j'en conviens. Seulement, en fonction du conditionnement, ça on peut vite se griller les ailes si on les emploie mal. "

Il soupira longuement, repensant à lui-même il y a plusieurs années déjà, en train d'imaginer des centaines de plans les plus saugrenus les uns que les autres pour pouvoir prendre correctement son envol. A vrai dire, le décollage était parfait, mais la route était parsemée d'embûches, ce qui l'avait conduit à certains problèmes mentaux. Mais il ne l'avouerait jamais. Aka haussa les épaules, désirant immédiatement couper court à cette conversation, du moins, dans la mesure où ça le concernerait bien entendu. Alors il se força à esquisser un sourire qui se voulait sympathique et fixa Shizuka.

" Avez-vous réussi à prendre correctement votre envol, Shizuka ? "

Tout en parlant, il lui tendit la main, l'invitant à sortir de cette pièce. Il venait de s'en rendre compte, mais cela faisait trop longtemps qu'il traînait dans cet endroit asceptisé, et il avait horreur de ça. De plus, son cachet avait fait effet sur le mauvais lait qu'il avait bu, alors ils n'avaient plus aucune raison de rester là à discuter de tout et de rien. Même s'asseoir à même le sol dans le couloir adjacent serait plus agréable pour le jeune homme.

" Vous avez bien commencé en vous installant dans un lycée qui faisait internat comme celui-ci, c'est très astucieux de votre part. Mais l'indépendance est quelque chose de goûteux, très difficile à obtenir. Vous avez encore du chemin, non ? "

(C'est court, pardon !)

Aka hocha la tête lentement quand elle affirma qu'il était trop simple de se brûler les ailes. Certes, beaucoup de gens prenaient mal leur envol et comme Icare, la colle fondait, éparpillant les plumes, le laissant s'écraser au sol. C'était presque une chance que l'on ne pouvait obtenir qu'une seule fois dans sa vie, et il y avait tant de gens qui se plantaient royalement. C'était triste, pitoyable. Le jeune homme en fronça les sourcils tant ça le débectait. Ces gens qui arrivaient encore à échouer alors que ce n'était que l'affaire d'une fois, une seule fois. Si on se rate, on tombe, et on meurt. Psychologiquement. Enfin, après tout, peut-être qu'en s'écrasant le sang pourrait former de belles ailes au sol, qui sait ? Aka ne put réprimer un sourire amusé à cette pensée morbide et sombre. Quoiqu'il arrivait à certaines personnes de savoir prendre leur envol mais de sombrer quand même. Comme une deuxième expérience d'Icare qui lui aurait été donné, mais qu'il aurait subi par exemple une insolation si forte qu'il en serait devenu fou. Tiens ? Ce scénario là lui rappelait étrangement quelqu'un... Mais avant qu'il n'ait pu continuer de se complaire dans ses pensées farfelues, la voix de Shizuka parvint de nouveau à ses oreilles. Il se ressaisit, secouant presque la tête pour brouiller assez fort ces mauvais songes qui pouvaient lui nuire. Il soupira.

" Oh vous vous préparez encore ? Cela veut dire que vous avez échelonné cette action en plusieurs étapes ? Hmm je pense que vous avez raison d'ordonner cela, alors. C'est la meilleure voie vers la réussite. Ainsi vos ailes seront bien blanches et solidement attachées à votre dos. "

Ca avait été plus fort que lui, il avait repensé à l'image des ailes rouges au sol et de ce fait les mots concernant la métaphore étaient sortis plus vite de sa bouche que ce que son cerveau aurait voulu. Bah, c'était fait, maintenant, il ne pouvait plus faire marche arrière. Elle devait le prendre pour un timbré, si ce n'était pas déjà fait. Peut-être que dans le fond elle se retenait de s'enfuir ? Ah ! Il aurait bien voulu voir ça.
Il ne retirait cependant pas ce qu'il avait dit auparavant. Astucieux restait le mot, même si elle n'était pas encore suffisamment indépendante. Il fronça soudainement les sourcils. Mais c'était quoi cette conversation ? Il sombrait sérieusement dans la futilité ! Passant sa main sur son front, il grommela intérieurement. Il fut de nouveau interrompu par l'affirmation de sa camarade. Mais il jubilait presque qu'elle ne l'appelle "Aka-San".

" Hm, ça ? Je suis presque un vétéran en la matière. M'envoler m'a été imposé, mais qu'est-ce que c'était agréable de trouver un moyen de le faire avec satisfaction. Le rêve de toute une vie. "

En parlant il la soutenait pour l'emmener à l'extérieur. Mais elle n'appuyait pas sur sa jambe. Avait-elle peur ? Soupirant, il se disait qu'avec des pouvoirs magiques il ferait apparaître un fauteuil roulant, là, tout de suite. Mais impossible. Il ravala difficilement sa fierté (manquant même de s'étrangler avec) et la souleva pour avancer plus vite. Vers où ? Prendre l'air, non ? Sortis des couloirs ça serait sans doute plus intéressant. Il se tut toutefois, pensant qu'il en avait trop dit à son sujet. Franchement... Le rêve de toute une vie. En réalité, il s'agissait seulement du rêve d'Aka. Il n'y avait que lui pour en rêver chaque nuit en étant heureux et non pas bouffé par le remords.

Pour accorder cette part de mystère dont il faisait preuve, Aka ne répondit pas dans l'immédiat aux questions de Shizuka. La suivant vers le muret sur lequel elle s'était assise près de la porte, presque étonné qu'elle ait pensé au même lieu qu'elle, il réfléchit à comment répondre à ces questions sans avoir l'air agressif dans le genre "C'est pas tes oignons, rentre chez toi, tu sers à rien", ni trop guimauve à la fraise comme "Mes parents sont morts alors tu voiiiiis...". Non, décidément, aucun des deux opposés ne pouvait fonctionner, évidemment. Il fallait trouver un juste milieu, sans trop en dire non plus. En effet, que penserait la petite Shizuka blessée si elle avait un mec totalement fêlé en face d'elle ? Bon, à défaut de pouvoir s'appuyer sur son pied, elle n'aurait pas pris ses jambe sà son cou, mais elle pourrait hurler sur tous les toits qu'il est malade et qu'il ne mérite sa place nulle part... Ce dont il était bien sûr déjà au courant, et d'ailleurs il s'en fichait comme de sa première chaussette. Le problème était juste par pur intérêt, il n'était pas nécessaire que la jeune fille en rajoute sur ce qu'il savait déjà. S'asseyant aux côtés de Shizuka, il détacha son regard de ses cheveux rouges en contemplant le ciel qui lui apparaissait dans les tons rosâtres, presque violacés. C'était apaisant, et ce n'était rien de le dire. Savourant le silence en fermant les yeux, Aka oublia presque qu'il était accompagné. Soudainement, il se ressaisit, et son regard se fit d'autant plus franc d'avoir baissé sa garde. Il essaya de charger les dernières données en date, en l'occurrence les dires de Shizuka. Puis il prit une grande bouffée d'air frais.

" Pour l'infirmerie, ne te méprends pas. C'est tout simplement pareil dans toutes les écoles, on range les pansements, bandages et compresses dans un placard, ça fait plus classe. Enfin, j'en ai un peu mon expérience pour avoir farfouillé partout dans mes anciennes écoles. "

Il plongea de nouveau son regard dans celui de la jeune fille aux cheveux ambrés. Il semblait bien plus apaisé qu'au moment de leur rencontre. Peut-être arriverait-il même à lui parler sans se moquer d'elle ? Enfin, pendant un moment bien entendu. Du reste, il ne pouvait garantir la durée d'abstinence à ce sujet là. Mais elle pourrait toujours en profiter un maximum. Il l'avait même tutoyée ! Ce qui était rare pour lui dans ses relations. Il trouvait que le vouvoiement faisait bien plus classieux et apportait une certaine distance qu'il était impossible d'abréger. En prononçant le pronom "tu", il abrégeait considérablement la distance qu'il y avait entre eux. Mais ça ne signifiait pas qu'il lui faisait confiance, non. Il pouvait tout à faire tutoyer quelqu'un en restant sarcastique et cynique envers lui. Il revint uniquement après sur la question du vétéran, essayant de mâcher ses mots autant que possible, détournant son regard posé vers le ciel.

" Pourquoi ? Hmm... Je pense que je n'ai jamais vécu ma scolarité comme quelqu'un devrait la vivre. Tu sais, le genre d'adolescent ou de gamin qui adore voir ses petits copains en récréation mais qui boude les leçons des professeurs en disant 'Pfff moi j'aime pas les cours, c'est nul !'. Ma scolarité, je l'ai vécue, disons... Différemment. A l'opposé de tout ça. Alors depuis que j'ai pu prendre mon envol, j'essaie de voir ce que donne une année de cours au calme, et sans ennuis. "

Tant pis pour Shizuka si elle ne comprenait absolument rien à son baratin, puisque c'était prévu pour cela. Il voulait absolument mettre un terme à cette conversation qui portait uniquement sur lui. Mais comme dans l'autre sens il ne s'intéressait absolument pas aux autres, il était difficile de tenir une conversation de cette manière, c'était évident ! En plus ce devait être absurde ce qu'il disait, du haut de ses 19 ans, il devait faire bien pâle figure, avec ses explications qui menaient au néant. Il reporta son attention sur la jeune fille :

" Comment penses-tu que tes parents vont réagir quand tu parviendras à tout quitter ? "

Question stupide, surtout à ses yeux. Mais il espérait de tout coeur que ça rende Shizuka bavarde. Lui n'aimait pas faire son loquace.

Aka se mit à pouffer lorsque Shizuka déclara qu'elle n'avait pas assez fouillé les armoires. Ce qui signifiait qu'elle avait quand même été regarder dans certaines d'entre elles ? Le concept était plutôt amusant, en soi. Généralement, les personnes issues de familles aisées étaient plutôt bien élevées, alors elle cassait légèrement son image en avouant fouiller dans les rangements de ses anciennes écoles. Mais il ne l'accusait en rien, bien évidemment. Remarquez, lui-même n'était pas super pauvre, et pourtant il fouillait quand même, bien que ce fusse pour rechercher après quelconques produits, juste au cas où. Mais il ne fallait pas le dire, c'était top secret. Mise à part cela, le silence se faisait de plus en plus fréquemment. Et il était pesant, de plus. Mais Aka adooorait le silence. Pour lui, le silence était une bénédiction, un don de Dieu. En tout cas, il semblait que ce silence se révèle être un silence très gêné. Il lança un regard en coin vers Shizuka qui semblait pensait très très fort. Etait-ce ce qu'il avait dit au sujet de sa scolarité différente ? C'était plus ou moins le but de la faire douter sur le sens véritable de ses mots. Un sourire mesquin vint orner son visage de marbre. Il était si simple pour lui d'imposer le malaise dans une conversation. Mais Shizuka ne semblait ni mauvaise ni méchante, alors autant lui accorder une chance, n'est-ce pas ?

Elle répondit à sa question d'une manière plutôt franche, ce qui lui plut. Evidemment, quoi de plus typé qu'une fille qui avait des parents bornés jusqu'à la moelle ? Il hocha la tête mais sans plus, évidemment, il ne comprenait rien de tout cela. Il s'était toujours demandé que serait sa vie s'il avait pu la vivre comme n'importe quel adolescent ; dans l'amour mitigé de ses parents. Pouvoir dire qu'on les déteste, alors qu'on les apprécie plus qu'on ne le désire. S'amouracher de pauvres fillettes pré pubères et dire qu'on la kiffe-graave, et dire avec ferveur 'Vivement mes 18 ans'. C'est ce genre de moments qu'Aka n'a jamais pu vivre. Et à bien y réfléchir il était incapable de dire si oui ou non ça lui aurait plu d'êtrea insi ; aussi bête et écervelé que n'importe quel adolescent sur cette terre. Toutefois il mit le doigt sur quelque chose qui l’intrigua fortement.

« Attends… Te protéger du monde, tu dis ? Comme c’est étrange. Le monde est dangereux, c’est bien connu. Mais si tu es protégée trop longtemps tu seras dépendante de quelqu’un toute ta vie. Je me doute que ce n’est pas ce que tu veux, mais eux ? Leur raisonnement est tout simplement absurde, quel égoïsme affligeant. Je serais dans l’incapacité de te conseiller, mais il est vrai que c’est une bonne leçon à leur donner en prenant ton indépendance toi-même. »

Nooon vous trouvez encore que le raisonnement d’Aka est étrange ? Pourtant il s’agissait bien de sa façon de penser. Et encore il se contenait noblement dans ses dires, il aurait très bien pu dire que la meilleure solution serait d’éliminer des personnes aussi égocentriques. Puis il éclata de rire lorsque Shizuka ajouta quelque chose. Reportant son attention sur elle, toujours assis sur son petit muret à côté d’elle, il plissa ses yeux.

« Justement, ne penses-tu pas qu’avec si peu de règles, les élèves seraient vite tentés de faire n’importe quoi ? Il faut trouver un juste milieu. Quand on a trop de règles, on veut à tout prix les violer et se rebeller, tandis que quand on en a trop peu, on s’amuse à tout prendre au pied de la lettre et à en profiter à mauvais escient. Une si grande liberté dans un lycée peut nuire aussi bien aux élèves qu’au personnel. Il suffit simplement de voir le nombre d’élèves qui arrivent encore à sortir de l’enceinte du lycée alors qu’il y a cours. J’admets que pour suivre une scolarité normale, je n’ai pas vraiment choisi l’endroit le plus stricte. Ca pourrait nuire aux limites que je me suis imposé. »

Se rendant compte qu’il avait énormément parlé, il scella ses lèvres d’un coup, d’un seul. Là, maintenant, il aimerait assez qu’il se passe quelque chose qui pourrait lui éviter d’en dire plus au sujet de ces limites. Ou au moins que Shizuka soit prise d’une crise de bavardage impossible à arrêter comme il semblait être de coutume chez les adolescentes (eh oui, Aka avait une vision assez limitée des gens de son âge).

(Tout ce temps pour une réponse aussi nulle... Pardon u__u)