Night, Moon, Dark street and... you ? [Karasu VS. Karasu]

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Alors c'est donc ça, Nagoya...

Le jeune garçon fraîchement arrivé regardait le ciel grisâtre avec un air totalement neutre. La pluie se déversait doucement sur son visage, puis les gouttes glissaient silencieusement le long de son cou pour aller s'incruster dans ses vêtements peu chauds pour la saison. Mais Karasu ne frissonait pas, il ne tremblait pas. Pas un seul cillement, pas un seul frémissement. Le vent était pourtant capricieux, tantôt il soufflait des rafales, tantôt il était au repos, ce qui n'améliorait pas les intempéries désagréables pour beaucoup. La capuche de son sweat-shirt correctement mise sur sa tête, le jeune garçon était partiellement à l'abri. Ses cheveux étaient pour le moins couverts, et avec les quelques mèches qu'il avait sur le front, très peu de passants pressés remarquaient sa présence. Tant mieux, il voulait être invisible aux yeux des autres. Son visage de marbre et son regard vide l'aidaient dans sa tâche, personne ne prêtait attention à lui. Traînant lentement des pieds, il se remit en marche pour une destination inconnue, les mains fourrées dans les poches de son jean, le regard rivé au sol. Quand il daigna se demander ce qu'il fichait ici, il secoua sa tête énergiquement en se refusant le droit de repenser à avant. Plus d'avant, terminé. Et maintenant ? Y avait-il seulement l'instant présent pour lui ?

Il s'engagea dans une rue plus sombre que les autres puisqu'équipée d'une seule et unique lampe, dont la lumière vacillait. La rue était étroite, vide, et comme il faisait nuit (on devait courir aux alentours de 22h), seul le cri permanent de la pluie parvenait aux oreilles de Karasu. Le bas de son jean ainsi que ses baskets étaient imprégnés de l'eau qui jonchait négligemment le sol. Il s'adossa contre le mur, presque serein. Rien n'apparaissait sur son visage, après tout, il n'avait pas besoin de faire quelque chose, puisqu'il n'avait pas à converser avec quelqu'un, il n'avait pas à sourire pour faire plaisir à l'autre, il n'avait pas à essaye de tenir une discussion plus longtemps que prévu, non... Il était juste tout seul, là, dans une ruelle de Nagoya, adossé contre un mur qui était sans doute crade, mais comme il ne voyait rien avec cette lampe murale pourrie, il n'en était pas sûr et il s'en fichait. Puis il poussa un long soupir sonore. Ses lèvres formèrent presque un sourire satisfait, mais s'arrêtèrent avant de former le sourire parfait. Libre, ça y était. Tout seul, mais enfin libre. Il se redressa et passa sa main sur son visage, quand soudain une voix retentit contre les murs trempés de la ruelle :

" Eh, toi... "

Aucun doute là-dessus, c'était Karasu qui était interpelé, étant donné qu'il était seul dans cette ruelle. Au loin il entendit un rire de femme résonner dans l'air. Il se retourna doucement en se forçant à hausser un sourcil à l'attention de la voix qui l'avait appelé. Alors comme ça, on avait remarqué sa présence ? L'invisibilité était donc si relative ? Karasu se trouvait sous la lampe ; en revanche, l'autre personne était plongée dans l'ombre, alors pour l'heure il lui était impossible de voir son visage, juste la silhouette.

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Prends tes affaires, et dégage. La porte n’a pas changé de place.

Évidemment que c’était Karasu qui avait parlé ! Il ne se laissera jamais donner un ordre. Cet ordre était adressé à un jeune homme encore endormi dans son lit, ce n’est pas la première fois qu’il amène d’autres personnes chez lui. Ce n’est certainement pas plus divertissant que ce qu’il a fait il y a six ans, mais tout de même, c’est sympathique pour se détendre.
Tandis que le jeune homme était à peine réveillé, Karasu était déjà dans la salle de bain, pour prendre une douche. Tous les jours c’est le même rituel. Karasu, lorsqu’il ne travaille pas au lycée en tant que surveillant, il passe son temps dans les rues de Nagoya à la recherche d’un quelconque amusement. Parfois cela l’énerve, car l’amusement en question n’est pas assez…expérimenté, disons. Aucune de ces personnes n’a encore réussi à franchir le pas de la salle de bain, il ne l’a autorisé à personne encore, tant que la personne restera plus d’un jour avec lui. Ça n’est jamais arrivé… C’est cela qui le faisait sourire comme ça, c’était comme une sorte dé défi. Malgré le bruit du l’eau coulant sur son corps, il entendit un claquement de porte assez sonore. N’y prêtant aucune attention, il continua de se laver. À peu près une demi-heure plus tard, il était fin prêt. Habillé d’un simple pantalon noir sans aucun accessoire, il mit une chemise blanche sur son dos et sortit de son minuscule appartement après s’être brossé les dents. Il était déjà treize heures passées. Bon, il faut avouer que la nuit a été assez mouvementée. Mais aussitôt, il revint à son appartement, car il faisait un froid de gueux ! Il mit rapidement son manteau noir et sortit enfin de son immeuble. Il avait un certain mal de crâne… Probablement à cause de son manque de sommeil. Quand il n’amène personne chez lui, il passe son temps sur son ordinateur en faisant des nuits blanches. À vrai dire, Karasu n’a jamais envie de dormir.
Délicatement, il entra dans un salon de tatouages en plein centre de Nagoya, et discuta avec le gérant. Ce même homme lui a tatoué un dragon sur son flanc.

Il passa sa journée dans cet endroit, proposant quelques idées au tatoueur. En réalité, quand il ne travaille pas, il n’a vraiment rien d’autre à faire que de passer son temps dans un salon de tatouages. Ennuyante journée n’est-ce pas ? Comme sa vie à vrai dire. Sans s’attarder plus longtemps, Karasu sortit du salon, en fronçant les sourcils car cette journée lui paraissait interminable. Il n’avait plus qu’à entrer dans un les nombreux bars, et se trouver une nouvelle proie… Eh bien oui, s’il résiste aux envies meurtrières, ce n’est pas pour autant qu’il doit se priver de sexe… D’ailleurs, sans sexe ni meurtre, il serait devenu fou ! Du moins, s’il ne l’est pas déjà. Quoique…
Son regard se baladait sur les passants, il se demandait s’il n’avait pas cette barrière l’empêchant de recommencer à tuer, qui il tuerait. Il n’y avait personne d’intéressant avec qui il pourrait s’amuser ! Ca en devenait désolant. Il prit un virage à droite, et suivit la route tout en regardant les quelques boutiques déjà fermées vu l’heure tardive. Son regard passait d’une boutique à une autre, d’un bar à un autre, et encore d’une boutique à…lui ? Soudainement, Karasu s’arrêta. Certes ce n’était pas la seule personne dans la ruelle, mais c’était la seule qui avait l’air de se détendre sous cette pluie. Bizarre. Il avait néanmoins du mal à distinguer les traits du visage de cette personne, mais c’était bel et bien un homme. Lui, il n’était aucunement éclairé par le lampadaire. Et heureusement, car avec le sourire qu’il avait visage….N’importe quel être humain censé se serait enfui peut-être.

Eh toi….qu’est-ce que tu fous tout seul ici ?

Le ton qu’il avait employé était assez autoritaire, comme s’il attendait réellement une réponse de sa part. Puis petit à petit, il se rapprocha de ce jeune homme, se plaçant non loin de lui, de façon à être éclairé par la lumière. Il venait tout simplement, de se trouver une nouvelle proie… Une proie intéressante il fallait l’avouer. Mais il fallait encore passer à la phase deux. Car la phase une n’était autre que de l’effrayer, et ensuite le rassurer tant. Pour le moment, Karasu n’avait qu’une envie, voir si la phase une avait marché. Qu’allait faire ce jeune homme ? Prendre ses jambes à son cou ? Néanmoins, malgré le ton de Karasu, sa question était véridique. Il y avait tant de gens pas nets dans ces ruelles, que d’y être seul peut être dangereux. Comme avec Karasu par exemple, même si la chose la plus dangereuse -c’est-à-dire, ses envies meurtrières- est secrètement protégée par une sorte de barrière.

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Parce que j'aime rester seul. Je suis toujours seul.

C'est ce qu'il aurait aimé répondre. Karasu se redressa, curieux de voir le visage de celui qui l'avait interpellé, celui qui avait cette voix grave. Ah, le voilà qu'il s'avançait. Karasu ne cillait pas. Il voulait savoir pourquoi on lui avait parlé. Et pourquoi d'une manière aussi sèche. Il serait ravi s'il pouvait parler en toute honnêteté avec la grande silhouette qui s'approchait. Il attendit que la lumière faiblarde de la ruelle éclaire le visage de l'autre pour répondre. C'était sans aucun doute plus poli de regarder son interlocuteur lorsqu'on le regardait en face. Ah... Le voilà à un mètre de lui. Il pouvait désormais voir son visage, ses sourcils froncés, les traits durs de son visage. Mais il ne se recula pas. Après tout, lui-même devait être flippant avec son inexpression totalement contrôlée. Il le fixait, juste. Pas comme s'il jugeait tout de suite négativement une personne qu'il voyait pour la première fois, non... Il le dévisageait, limite fasciné. Ca oui, l'inconnu était beau. Que lui voulait-il ? Allez savoir. Il eut juste la force d'articuler posément quelques mots :

" Quand on n'a pas de compagnie, on est forcément seul. L'avantage, c'est que quand on est seul, on peut choisir quelle route prendre sans problèmes. "

Il devait avoir l'air totalement idiot à dire cela. Genre le mec veut se la péter mystique alors qu'en fait il se latte au sol une fois sa phrase prononcée. Et pourtant, il était sincère en disant cela. Il rêverait d'avoir des relations plus poussées avec les gens et paradoxalement il les fuit, il coupe machinalement les liens avec eux. Bah, de toute façon, quitte à dire des conneries... Autant continuer. Karasu haussa les épaules d'un air désinvolte et fixa sans crainte l'autre droit dans les yeux. Il lui aurait presque adressé un sourire hypocrite dont il avait le secret, mais il semblait bel et bien que l'inconnu n'était pas d'humeur à rire. Toutefois... Hors de question d'afficher de la peur. Il pourrait bien être terrifié, certes, mais il continuera à le cacher, prenant encore et encore sur lui. Et avec cet homme il ne ferait pas exception, jamais de la vie. Il plissa les yeux :

" C'est la même chose pour vous, non ? Vous êtes seul, et vous avez choisi votre propre chemin, en l'occurrence celui-ci, le même que le mien. A l'exception que vous avez l'air plus sec que moi. "

Oui, Karasu était trempé. Jusqu'aux os. Peut-être qu'il avait froid, mais il ne le montrait pas. Il arborait toujours ce masque d'indifférence qui faisait sa renommée. Peut-être que la grande armoire à glace qui se tenait devant lui briserait ce foutu masque de porcelaine ? Mais il n'y arriverait pas juste avec ses regards assassins, aucune chance ! Il ne saurait dire si cela venait de l'éclairage de cette vieille lampe, mais il y avait quelque chose dans le regard de l'inconnu. Pas comme son regard à lui, qui était vide en toute circonstance. Il s'approcha un peu plus et glissa ses mains dans les poches de son sweat.

" Et vous ? Que vous a-t-il pris de m'interpeller de la sorte ? Je suis peut-être plus fort que j'en ai l'air. Je suis peut-être muni d'ailes... Comme les corbeaux. "

Il se mordilla la lèvre, affichant expressément un air amusé. Comme s'il avait sorti la fonction "air amusé" de sa grande bibliothèque intérieure d' "expressions toutes faites". Comme si ça l'amusait de converser avec un parfait inconnu.

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Un sourire énigmatique ornait son visage angélique même si son âme n‘était que le reflet d‘une personne mauvaise. Son regard brillait toujours de la même folie habituelle presque indéchiffrable. Comme une marionnette, son visage changeait d’expression assez rapidement, l’instant d’avant l’air en rogne, limite menaçant de tuer ce garçon, et l’instant d’après, il avait ce sourire ironique sur son visage. Ses sourcils n’étaient plus froncés, les traits de son visage n’étaient plus aussi durs que tout à l’heure. On eut dit, qu’il s’adoucissait petit à petit. Mais c’est mal le connaître, ce n’est certainement pas dans ses habitudes d’être doux ou même poli tout simplement. Le fait que ce garçon ait eu le cran de lui répondre, le fascina drôlement. Cela l’intrigua tellement qu’il eut envie de détruire ce personnage. Le détruire petit à petit, psychologiquement, puis ensuite physiquement. Comme si ce protagoniste n’était qu’une pauvre poupée en porcelaine. À cette pensée, Karasu voulut éclater de rire, en se souvenant d’autres personnes qu’il avait qualifié de telle. Oh oui, il allait enfin pouvoir s’amuser à présent. D’ailleurs, sans s’en souvenir, l’inconnu venait de franchir la ligne d’arrivée vers la phase numéro trois…
Karasu le dévisagea de la tête aux pieds, se disant que ce jeune homme devait sûrement être un suicidaire dépressif pour avoir eu l’idée de rester autant de temps sous la pluie. Même lui qui avait passé tant de temps à flâner dans les rues, n’était pas aussi trempé !

Il n’y a pas de mal à vouloir rester seul. Néanmoins, il se peut que tu rencontres des personnes pas très nettes.

Son ton n’avait pas réellement changé, et il avait cette espèce de lueur dans son regard profond comme pour lui faire comprendre que lui faisait partie de l’un de ces gens. En revanche, son regard le dardait intensément, s’attendant à ce qu’il craque mais apparemment, le jeune homme tenait le coup avec cette pluie et ce vent froid.
Il ne put retenir un premier regard sur les mains de son vis-à-vis qui glissèrent dans les poches de son sweat. Karasu ne les avait vues ne serait-ce que quelques misérables secondes, mais il avait déjà, une pitoyable idée sur ce qu’il pourrait faire avec. Il n’avait aucune envie de laisser tomber sa proie. Quand Karasu veut quelque chose, il l’obtient sans hésiter. Et le jeune homme en face de lui, il le voulait. Et bien évidemment, il l’aurait.

Drôlement perspicace dis-moi. En effet, c’est la même chose pour moi. Sauf que je connais parfaitement cette rue. Tu m’as l’air totalement paumé.

Délicatement, il passa une main dans ses cheveux pour remettre les quelques mèches qui reposaient sur son front, et lâcha un soupir las. À ce rythme, il ne pourrait passer à la phase quatre…
Ses lèvres s’étirèrent cette fois-ci, en un mince sourire qui pourrait paraître…sincère. Mais ce n’était qu’une pure manipulation évidemment. Plus il contemplait le jeune homme, plus il commençait à avoir un doute. Ce garçon pourrait très bien être dans le lycée où il travaille. Mais n’étaient-ils pas à l’extérieur du lycée ? Un flot de souvenirs le submergea, il se souvint de l’un de des lycées où il avait travaillé. Karasu avait dû quitter le lycée pour s’être hum, amusé avec un élève dont il ignorait l’âge, mais qui n’était certainement pas majeur. Néanmoins, l’histoire n’a pas été ébruitée pour la réputation du lycée, car sinon, Karasu aurait eu pas mal de problèmes à cause de cela.

Tu veux vraiment savoir ce qu’il m’a pris de t’interpeler ? Eh bien, je vais te le dire. Tu m’as l’air intéressant, et j’aurai été navré de te voir dans les bras d’un homme qui aurait une certaine envie de meurtre.

Il se sourit à lui-même, se disant qu’avec cela, peut-être que le garçon aurait une certaine crainte. Puis, sans relever la remarque à propos des Corbeaux, Karasu reprit son chemin, et continua tout droit. Après s’être éloigné de trois mètres du garçon, il tourna la tête pour le regarder une nouvelle fois et lâcha d’une voix « amusée. » En vérité, il n’avait aucune idée sur l’endroit où il pourrait l’emmener, mais il savait que son appartement n’était pas encore envisageable. Pour le moment, il voulait tout lui montrer la dépravation de la ville. Dans cet endroit de débauches, où se réunissaient tous les types comme lui, et d’autres exceptions.

Suis-moi.

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Bien sûr qu'il se pouvait qu'il rencontre des personnes pas nettes. Etait-ce son but après tout ? Des personnes tellement étranges que ça piquerait violemment sa curiosité, qu'il puisse porter un intérêt tout particulier envers elles... C'était sans doute ça, qu'il recherchait. Quelque chose qui lui donnerait une grand claque en pleine figure et qui le réveillerait. Eh, je suis intéressant, regarde-moi ! Bon, il faudrait évidemment une preuve à l'appui parce que de toute évidence, si quelqu'un lui dit ça la bouche en coeur, ça ne l'attirera pas plus que ça. Les agissements d'une personne suffiront juste. Comme cet homme. Son visage avait quelque chose de particulier, cela allait sans dire. Et Karasu n'avait de cesse de le regarder, de se le décrire mentalement. Il avait dû en faire fondre des personnes, avec sa voix grave et vibrante. Tous devaient se dire cela, pas vrai ? Après tout, pourquoi pas ? Penchant la tête sur le côté, Karasu se demandait combien de victimes contenait son tableau de chasse. Ou peut-être qu'il n'en avait pas. Peut-être qu'il était juste frigide et qu'il faisait tout ce cinéma pour intimider les autres. D'un air absent, Karasu fit retomber son vieux sourire sans sentiments. Peu importe sa technique, il n'avait pas peur. Pourquoi avoir peur de l'autre ?

Il ne répondit pas à cette phrase, donc. mais la suivante était plus intéressante. S'il était perdu ? C'était relatif. Il venait juste d'arriver à Nagoya. Il était parti en repérage. Nuance ! Il regarda l'inconnu de ses yeux vides et descella ses lèvres :

" Je ne me sens pas l'âme d'un pauvre petit garçon perdu dans un centre commercial, qui n'arrive plus à trouver sa maman. Je suis grand, maintenant. Personne n'est jamais perdu. Je saurais bien retrouver mon chemin... "

Karasu se retint de frissonner. Il avait son quota de gouttes d'eau qui glissaient de ses cheveux jusque dans sa nuque. Si ça continuait ainsi il finirait avec plus d'eau dans ses vêtements qu'il n'y en avait sur le sol de bitume. Enfonçant un peu plus ses mains gelées dans ses poches, il ne détournait en aucun cas son regard, laissant l'eau ruisseler sur sa peau. Il eut presque envie de rire lorsque l'inconnu lui dit qu'il aurait été navré qu'il croise un meurtrier. A la bonne heure ! Quelle était cette technique de drague (si c'en était une) ? Il réprima un rire moqueur du fond de sa gorge. Et alors ? Qu'aurait-il bien fait si ça avait été le cas ? S'il avait rencontré un tueur ? Il lui aurait sauvé la vie ? Et il l'aurait embrassé comme dans les films à l'eau de rose, et dit 'Je t'aime depuis que je t'ai vu (Même si je ne te connaissais pas et que je ne savais pas que tu étais un pauvre type paumé intérieurement, mais ça on ne le dit pas à l'écran, mec)' ?

L'autre passa devant lui, continuant sa route. Karasu n'avait pas bougé, il ne s'était même pas reculé pour le laisser passer. Il était juste resté droit comme un piquet, fixant devant lui, attendant de pouvoir aller se sécher peut-être. Quoique se prendre une pneumonie, c'était pas si grave, si ? Et de nouveau, il entendit ce timbre de voix qu'il adorait sans même connaître ce type. Le suivre ? Pourquoi faire ? Mais pourquoi pas, hein ? Suivons ce que tous les autres ont dû se dire. Il hocha la tête avant de faire volte-face, fixant l'homme de ses yeux sombres.

" Bien. Où comptez-vous m'emmener ? Allez-vous me conduire à la police parce que je n'suis qu'un pauvre gamin paumé ? Ou à l'hôpital, peut-être, parce qu'après tout je pourrais avoir choppé bien plus qu'un rhume. Ou encore chez vous, où vous profiterez là de votre corbeau passif. "

Karasu avait débité tout cela en articulant correctement, même pas d'un air affolé. Juste qu'il n'avait pas hésité entre ses mots ni lésiné sur le ton à prendre. Il esquissa volontairement un sourire sournois à l'attention de l'homme. Oh ça oui, il allait le suivre. Il n'avait pas de raison de refuser. Il avança, ses pieds s'écrasant bruyamment dans les flaques d'eau, bien décidé à le suivre. Ou plutôt non, il se mettait à son niveau, pour mieux marcher à ses côtés.

" Bah, de toute façon, si vous ne voulez pas répondre, ça reviendra au même, pour moi. Emmenez-moi."

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Un sourire malicieux ornait son visage. Karasu était vraiment très satisfait de la tournure que prenait cette situation à son avantage. L’inconnu semblait tout à fait vouloir le suivre quelque soit l’endroit. Était-il curieux ? Probablement, mais néanmoins, c’était ce que voulait lui prouver Karasu. Qu’il ne faut pas faire confiance aux inconnus… Sans lui répondre quoique se soit, Karasu continua de marcher en jubilant intérieurement. S’il s’était attendu à une telle découverte ! Ce gamin était trop stupide, il venait de lui dire clairement que Karasu pouvait l’emmener n’importe où et faire de lui ce qu’il voulait. Ca devenait enfin distrayant. Oh ça oui, il allait l’emmener chez lui et profiter de sa vulnérabilité, mais d’abord il fallait qu’il lui fasse comprendre, en quelque sorte, qu’il avait une seconde chance s’il voulait s’en aller. Car quand on tombe dans les filets de Karasu, il est très difficile de s’en sortir s’il commence à s’intéresser à la personne énormément. Ce n’était certainement pas le cas du jeune homme du matin même, vu la façon dont Karasu l’avait traité au réveil… Ce n’était qu’un simple amusement comme il en avait tous les soirs, ou presque. Son amusement préféré ? Les élèves. Les hommes du même âge que lui ne sont pas très intéressants. Or, les petits jeunes comme celui-là, doivent encore avoir une sorte de carapace de vulnérabilité. C’est-ce qu’il adorait en fait. Cette rencontre promettait de grandes choses… Pour commencer, Karasu prit un virage à droite, suivi par l’inconnu, et fit quelques mètres avant d’arrêter sa marche et regarder le garçon.

Je t’emmène dans un endroit, disons…spécial.

Oh que oui il l’était. Déjà, à première vue ce n’était pas rassurant. Les carreaux de la porte étaient crades qu’on ne voyait rien à l’intérieur. Les portes cassées, laisser une entrer libre à n’importe qui. C’était une ancienne boutique, se trouvant au rez-de-chaussée d’un immeuble miteux. Ce n’était certes pas rassurant, mais en plus, qui voudrait entrer à l’intérieur ? De plus, il n’y avait personne dans la rue. Karasu poussa légèrement la porte déjà cassée, de façon à entrer convenablement. En voyant l’extérieur de l’ancienne boutique, l’intérieur n’était pas non plus meilleure. Bien pire peut-être. Sans s’attarder sur les lieux, Karasu s’avança dans la pièce plongée dans le noir et ouvrit une nouvelle porte donnant sur une sorte de parc tout aussi détruit que le reste. Le parc était minuscule, entouré par les habitations. On pouvait percevoir le ciel au travers les sept étages. Du parc, ils pouvaient entendre une légère musique qui devait être sûrement être à fond de là où elle se trouvait. Sans attendre plus longtemps, toujours avec le même sourire énigmatique, Karasu prit à droite du par cet poussa une nouvelle porte délabrée menant cette fois-ci à un long couloir légèrement éclairé. Ils n’avaient qu’à suivre le couloir, pour entrer dans ce endroit de débauches.

En poussant une nouvelle porte, ils entrèrent enfin. Aucun videur à l’horizon, même avec tout ce monde… Ce soir, le bar miteux du nom « No man’s Land » était réellement bondé, beaucoup plus que d’habitude. Il y avait, en effet, une nouvelle entrée, de l’autre côté, mais toujours avec le même système d’une ancienne boutique. Karasu se dit que tous les videurs devaient être à cette entrée. Ceci dit, il ne s’attarda pas sur les visages familiers qui le dévisageaient avec envie, il tira sur la manche du sweat de son invité, et le poussa dans un coin assez éloigné des autres où un canapé se trouvait contre le mur. Deux rideaux étaient attachés au plafond pour une sorte d’intimité… Sans aucune tendresse, Karasu poussa assez violemment son invité sur le canapé, le priant de rester ici. Puis, il alla vers le bar et commanda deux verres…d’absinthe, n’ayant que cela comme alcool pas trop cher… Bah quoi ? Karasu n’est certainement pas riche ! Il n’a pas que ça à faire à claquer son fric dans des bars miteux comme celui-ci.
Les deux verres en mains, il en proposa un à son invité, et se mit près de lui sur le canapé. Trouvant qu’il faisait chaud, il enleva son manteau et le posa près de lui, ne dévoilant qu’une chemise blanche d’où l’on apercevait ses clavicules grâce aux quelques boutons non-boutonnés.

Dans à peu près quelques secondes, un homme va s’approcher et va discuter avec moi. J’aimerais que tu me dises quelle impression il te donne.

Ceci dit, l’homme en question s’approcha d’eux, avec un sourire béat sur le visage. Apparemment, il ne faisait aucune attention à l’invité de Karasu, en fait il n’avait d’yeux que pour celui-ci. Dommage pour lui, car Karasu n’en avait un peu rien à faire. C’était toujours comme de toutes façons, dès que Karasu entrait dans cet endroit miteux, ce déchet de l’Humanité venait l’aborder. De tous les hommes présents, c’était le seul qui répugnait le plus Karasu. Pas qu’il ne soit pas beau à voir…mais son caractère ne plaisait pas du tout à celui-ci. En fait, cet homme était un homme d’affaire qui ne cherchait qu’un simple plaisir dans ce bar, or, l’homme qui l’intéressait n’a jamais voulu passer plus de temps avec lui. Il avait un certain charme, avec ses cheveux noirs, grisonnant quelques mèches, et son regard myosotis assez hypnotique. Le fait que des hommes comme celui-ci vienne dans des bars miteux comme celui-là n’est pas plausible n’est-ce pas ? Seulement, dans cet endroit, tout était relativement possible. Et ces hommes ne craignent strictement rien.

Shin, je vais t’épargner une énième humiliation de ma part. Tu connais le chemin…

Dès que l’homme s’en alla, après avoir fait une mou…étrange -probablement au nombreux verres d’alcool ingurgités- Karasu se tourna vers son invité, et lui fit l’un de ses sourires amusés. Malgré qu’il n’ait jamais discuté avec Shin très longtemps, il connaissait tout de lui, du moins, certains choses compromettantes…Karasu se rapprocha de son invité, de façon à ce que son visage soit juste de quelques centimètres de l’oreille de son ami, et lui murmura d’une voix douce.

Avant que tu me dises quelle impression tu a eu de cet homme, je préférerai te révéler ce que je sais de lui. Prêt ? Eh bien, Shin adore les jeunes garçons de seize ans, et l’ayant entendu de sa propre bouche, il dit avoir tué deux garçons à mains nues…

Invité

Mais c'était que l'autre avançait vachement vite ! Comme s'il avait peur que quelqu'un autre que Karasu lui-même le suive. Seulement, avec l'air qu'il arborait sur son visage, il n'y avait pas vraiment de risque que ce grand type se fasse suivre par un stalker. Ou alors un stalker sado-maso. Ca existait, ça ? Oh oui, sans aucun doute. Il imaginait déjà le stalker qui suppliait cet inconnu de lui faire du mal. Fixant ses larges épaules d'un air dubitatif, il se disait que l'autre n'aurait pas refusé, et qu'il lui aurait fait le plus de mal possible. Un mal inimaginable. Et étrangement, même s'il se doutait que ça lui arriverait peut-être, lui-même s'en fichait. Et alors qu'il était en train d'admirer nonchalamment les épaules de ce parfait étranger, les mains enfoncées dans ses poches, celui-ci se retourna, justement, ce qui le fit légèrement sursauter tant il était perdu dans ses pensées. Il ne releva pas sa phrase. Il s'en doutait bien, en même temps, avec ce qu'il se dégageait de ce type... Il était évident qu'il n'emmènerait pas Karasu dans un parc d'attraction pour midinettes avec des poneys roses et des ballons Dora soigneusement gonflés à l'hélium.

Il le suivit alors, ou plutôt continua de marcher dans ses pas, sous la pluie toujours battante, l'eau ruisselant vulgairement sur son visage. Il aurait la crève, et irait en cours malade comme un chien, super. Enfin, l'heure n'était pas à penser aux cours. Il était tard, et il était hors du lycée, en train de traîner dans un quartier miteux avec un parfait inconnu ténébreux. Que du bonheur. Il ne prêtait d'ailleurs guère attention à l'environnement. Ses yeux se posaient parfois rapidement sur les murs ou sur le sol, pour faire attention où il marchait, mais il n'était pas quelqu'un qui ferait dans la décoration, à vrai dire il s'en contrefichait. Tout ce qu'il remarquait, indéniablement, c'était le nombre incroyable de portes qu'ils durent passer pour arriver dans cet endroit très spécial, comme l'avait annoncé l'autre grand brun. Celui-ci poussait d'ailleurs les portes d'un air fort désinvolte ; il était sûr que s'il avait l'occasion de les défoncer avec son pied, il l'aurait sans doute fait.

Arrivés à destination.

Des gens, plus débauchés les uns que les autres, bondaient ce bar aux allures douteuses. Il ne l'affichait pas, mais il remarquait tout ce qu'il se passait rien qu'en posant ses yeux trois quarts de secondes à un endroit. Oh, là, un trafic de drogue, et là, une pute qui se vendait, et là-bas, une main aux fesses, quant à l'autre côté, n'en parlons pas, un pauvre type vomissait ses tripes. En plus d'être sales au possible, les gens ne s'apparentaient même pas à des humains, mais bien plus à des bêtes. Finalement, Karasu, à côté, ne semblait pas si souillé que ça. Il put souffler quelques secondes dans le dos de l'autre qui ne le regardait pas. Finalement, c'était un bon timing car il se fit entraîner dans un recoin très mal isolé et carrément jeter sur le siège. Mais il ne dit rien, il lança juste un regard dénué de ressentiments vers l'autre type et s'installa correctement, le temps qu'il aille chercher à boire. Il sentit son verre et ne détecta là que de l'alcool. Qui sentait fichtrement fort ! Karasu fit malgré lui une petite moue mais hocha la tête en signe de remerciement à l'autre d'un air absent. Et il écouta ce qu'il avait à dire. Pour mieux observer le pauvre type qui se présenta juste après. Il posa son regard vide sur lui et le détailla de haut en bas, en long en large et en travers, mais ne parvenait pas à se faire une opinion de lui. Bien qu'il aime tout détailler et tout décortiquer, si la personne ne s'adressait pas directement à lui ça ne marchait pas trop. Il repartit comme il était venu et Karasu fit lentement glisser son regard vers le grand ténébreux qui commenta immédiatement sur ce que le dénommé Shin avait fait. Son souffle était doux, mais il ne broncha pas. Au contraire, il empoigna son verre et le vida cul sec. Puis, arborant une expression légèrement embrumée, il détailla l'air de l'autre.

" En quoi cela devrait-il me surprendre ? Chacun essaie de se démarquer et de se donner une valeur à sa façon. Lui le fait de façon pitoyable. Ce doit être parce qu'il est vieux... De toute façon à cet âge-là, ils ne savent que s'en prendre aux femmes où aux jeunes garçons. C'est fort méprisable. Mais au moins, les deux garçons qui sont morts n'ont pas à vivre honteux. Ce serait presque une chance pour eux. "

Il posa sa main sur son front, comme s'il commençait à sentir que l'alcool montait d'un coup, l'air de trouver cela pénible, puis reprit en soupirant longuement, espérant que ça ferait passer cela :

" Mais s'il ne s'intéresse qu'aux jeunes de seize ans, pourquoi vous veut-il, vous ? Vous n'avez pas seize ans, et que je sache, je m'en approche bien plus que vous. "

Karasu s'approcha légèrement de l'inconnu avec un faux sourire aux lèvres. Non, ce n'était pas l'alcool qui lui faisait faire ça, au contraire. Ou alors il lui aurait fallu être bourré pour l'accompagner dans un lieu aussi répugnant que celui-ci ! Ce gars l'intéressait. Même s'il ne devait pas lui sembler très bavard, ce n'était pas grave. Même si ce type avait l'air fou. Rien à faire, c'est dans la nature des choses. Chacun est comme il est. Il lui lança un regard délibérément provocateur.

" Ou alors faut-il qu'il passe par vous pour vous demander la permission de me prendre devant tout le monde dans ce bar ? Vous savez je n'ai pas besoin d'autant de considération. C'est bien pour cela que j'accepte de vous suivre dans vos lieux de fréquentations pas nets. "

Il se recula légèrement en simulant un ricanement. Il essayait de se montrer fort alors qu'il ne l'était pas du tout. C'était mauvais.

Invité

Son sourire drastique ne voulait certainement pas quitter son visage aux traits renforcés montrant une certaine autorité. Son regard onyx dardait son invité très intensément car celui-ci soutenait le regard de Karasu dans une sorte d’affrontement virtuel très intense. Un sourcil levé, il se demanda ce qu’il pourrait faire de cet individu. Oh, bien sûr, il avait une certaine idée mais pour tout de suite. Il voulait entendre une supplique de la part du mignon inconnu lorsqu’il lui ferait des choses dans ce bar miteux en s’arrêtant à un certain moment pour le faire languir de…plaisir. Le laissant dans cette frustration effrayante.

Ca avait l’air d’être un plan simple mais efficace. Il fallait juste attendre le bon moment bien sûr. Il ne prit même pas la peine de lui répondre, il le ferait après ça. Délicatement, il trompa son index son verre encore plein alors que son invité avait déjà bu cul-sec le sien. Puis, il rapprocha son doigt de la lèvre inférieure du jeune homme, et la lui caressa laissant quelques gouttes du liquide couler sur le menton. La même main glissa dans les cheveux de son vis-à-vis et Karasu les lui ébouriffa assez farouchement.

Puis, d’une simple légère pression sur sa nuque, il amena le visage rougi aux effets de l’absinthe vers le sien et pressa ses lèvres contre les siennes. Sauvagement, il mit une autre pression contre sa bouche mais ne lui laissa pas le temps de protester contre ce brutalisme car Karasu était passé à autre chose.
Karasu lui caressa les lèvres blessées avec sa langue, préférant jouer un peu. Et l’instant d’après il les blessa encore plus pour les caresser une nouvelle fois. Mais cette fois-ci, sa langue traversa la barrière permettant l’accès et commença à jouer avec la propriétaire de cette exquise bouche.

Malgré que le baiser soit délicieux, Karasu se détacha de son invité, en le repoussant légèrement sur le divan. Et il vida enfin son verre d’absinthe d’un trait, même s’il n’était pas énormément rempli. Il se tourna vers le jeune garçon et le regarda avec malice. L’espièglerie se reflétait sur ses traits du visage. Il avait peut-être envie d’étaler son invité sur le divan, mais il ne lui ferait pas ce plaisir…pas avant que celui-ci le supplie de ne plus le torturer… Un peu trop confiant ce Karasu, n’est-ce pas ? Toujours à ne penser qu’à son petit plaisir, et à se croire supérieur aux autres. Remarque, il était réellement supérieur aux autres hein.

L’abruti qui vient de s’en aller préfère en effet les jeunes garçons de seize ans. Et oui, il doit passer par moi pour pouvoir faire joujou avec les petits jeunes.

C’est vrai. Karasu est la personne la plus influente, malgré qu’il soit infortuné. En réalité, au début…il a vendu son corps pour gagner un minimum d’argent ce qui lui a permis de gagner tant en notoriété si bien qu’il a fallu faire une certaine queue pour pouvoir passer plus d’une soirée avec lui. Quel sex-appeal n’est-ce pas ?

Invité

A

Alors, pourquoi ne pas profiter ?

innocemment

" Alors qu'attendez-vous ? Vendez-moi à quelqu'un et partez donc jouir de votre paye. Je suis un grand garçon, je pense pouvoir être capable d'assurer la suite. Vous savez, je ne suis pas de ces pauvres petits puceaux effarouchés qui craignent de vivre leur première fois. Je suis absolument différent de ce que vous pouvez imaginer. "

tout de suite

" Lui, par exemple. Il ressemble à celui qui m'a pris pour son objet sexuel pendant des mois et des mois. Il pourrait parfaitement faire l'affaire. L'odeur du tabac, de l'alcool, ou même l'odeur corporelle d'un vieux ne peut plus trop me gêner. Si vous voulez que je fasse cela, alors je le ferais. "

" Ou si ça vous amuse, je peux toujours interpeller Shin et me proposer à lui à votre place. Il me tuera, jettera mon corps dans un caniveau puant, et vous pourrez vous moquer de moi. Si cela peut aider, balancez donc mon nom dans les journaux, criez le sur tous les toits quand cela arrivera. Parce qu'un pauvre con appelé Karasu a voulu jouer avec des allumettes un peu trop inflammables. "

" Je pourrais également satisfaire l'appétit insatiable de cet étranger au regard froid. Je ne suis qu'une poupée désarticulée, et il ne tient qu'à vous de me recomposer et de tirer les fils. "

Invité

« Would you mind if I hurt you ?
Would you mind if I killed you ?
Would you mind if I tried to ? »

Soit cet abruti se foutait de sa gueule, soit il essayait d’énerver Karasu. Déjà qu’avec son masque d’impassibilité Karasu n’arrivait pas à déchiffrer une once d’ironie, non une quelconque émotion en fait. Ce gamin était certes très intéressant, mais il était surtout énervant. Pourquoi agissait-il ainsi ? À croire qu’il n’attendait que ça, qu’on le viole à même le sol ! Quel imbécile, il n’avait décelé rien de préventif au contraire, il s’offrait ouvertement à l’un de ces inconnus. Et qu’en savait-il ? Peut-être que Karasu allait l’offrir à tous ces hommes, lui-même compris dans le lot. Remarque, ça pourrait être intéressant. Mais comme ce crétin s’est très bien décrit, c’est une marionnette aux services de Karasu. Et celui-ci ne voudrait pas abîmer la jolie peau diaphane de son invité. Du moins, pas par ses sous-fifres.

Son sourire drastique réapparut sur son visage, et il lui fit un léger clin d’œil montrant clairement qu’il ferait quelque chose de lui. Mais quoi, ce garçon n’en saurait rien. Le tuer aussi peut-être…pourquoi pas. Cela pourrait être jouissif n’empêche. Tracer des marques à l’aide d’un couteau sur ce corps mince, démembrer quelques membres peut-être. Et puis, le coup final, préféré de Karasu : le flingue. D’abord, il pourrait le torturer juste pour faire couler ce sang sur cette peau d’albâtre, puis, il pourrait s’amuser avec le corps et ensuite, il pourrait le tuer. Plan simple et parfait. Mais le plus jouissif serait de le tuer de l’intérieur aussi, comme le pénétrer tellement fort pour que le sang coule et qu’il se sente meurtri de l’intérieur. Créer des stigmates à l’intérieur serait vraiment jubilatoire.

Il prit un air je-m’en-foutiste lorsque le gamin passa ses doigts sur sa joue, et haussa les épaules laissant sa colère de côté, il s’occuperait d’elle plus tard. Non en fait, pourquoi ne pas s’en occuper là maintenant tout de suite ? Son regard noir darda la pièce quelques instants, et il repéra la personne qu’il cherchait. Elle aussi, elle le regardait et probablement, le cherchait aussi. Personne ne pourrait se douter que durant cet échange visuel, Karasu et cette femme s’étaient compris mutuellement sans avoir besoin d’échanger des mots insignifiants. Et à présent, il devait s’occuper du gamin.

Sans ajouter quoique se soit, il prit son bras, et le força à se lever après lui. Avec une légère pression sur le bras, il le plaça devant lui et l’obligea à marcher tout droit. Sa poigne était dure et ferme, elle pourrait peut-être faire comprendre à ce crétin qu’il avait un tantinet énervé Karasu. Bah c’est vrai quoi, s’il s’offre à des inconnus comme ça, ça ne lui pose pas vraiment de soucis à lui. Il profitera c’est sûr. En tout cas, cette soirée promettait d’être longue. Cette sympathique marche n’était pas longue, en quelques secondes ils faisaient face à une porte indiquant les toilettes.
Etrangement, lorsque Karasu poussa la porte, l’intérieur pourrait certainement choquer qui que se soit car il ne ressemblait en rien au bar miséreux ! C’était très propre. En tout cas, ils n’étaient pas seuls. Quand ils entrèrent, deux hommes s’embrassaient farouchement et se touchaient sans gêne. Le brun avait remarqué la présence des deux gêneurs, et semblant quelque peu soulagé, il pria à son compagnon de quitter les lieux. Remarque, c’était compréhensible de vouloir quitter les lieux, vu la gueule de son compagnon ! L’un des clients les plus repoussants de la boîte.

Quand les deux autres s’en allèrent, Karasu referma la porte, et poussa le garçon au fond de la pièce. Dommage qu’il n’ait pas pu fermer la porte à clé, pour ne pas être dérangés. Tant pis, si quelqu’un doit assister à cela, qu’il le fasse, Karasu s’en fichait totalement à vrai dire. Le brun s’avança vers le garçon, toujours avec la même lueur dantesque dans le regard et le sourire drastique. Et de cette manière, il comprendrait ou pas ? Sans plus attendre, lorsqu’il fut à cinq centimètres de lui, Karasu lâcha avec hargne cette phrase qui menaçait de sortir depuis que cet abruti avait déblatéré ses envies mièvres.

Certes je ne sais rien de toi, mais comme tu l’as si bien dit, je déciderai de ton sort.

cela dit, Karasu ne retint pas son poing qui s’écrasa contre la joue, et un deuxième qui le frappa en plein ventre.

Alors, première règle : aucune proposition de ta part. Tu es une poupée désarticulée, pas vrai ? Alors, garde ta salive pour plus tard, crétin, je n’ai pas envie d’entendre tes propositions. Est-ce bien clair ?

Et délicatement, il mit ses mains dans les poches, comme si rien ne s’était passé, et son visage arbora un sourire carnassier, ses yeux brillant d’une très légère lueur victorieuse qui se mélangeait sûrement à sa folie effrayante.

Invité

Ah... Il savait qu'il se passerait quelque chose. Cet air inébranlable que l'autre arborait, c'était mauvais signe. Quelqu'un de sensé aurait pris la fuite de suite après avoir parlé autant. N'importe qui. Mais pas Karasu. Il fallait se faire une raison, pas vrai ? De toute façon il s'attendait à ce genre de réaction. D'un côté, à ses yeux du moins, c'était rassurant. Oui, vraiment. La coupure était nette entre le gars qui le souillait chaque jour, brûlant en son sein, et ce type merveilleusement froid, au regard si franc. Ce n'était pas un connard de fuyard, voilà ce qui était bien. Karasu, ça lui plaisait énormément. Alors peu importe s'il devait enlever sa main en clignant des yeux de son visage pas plus intéressé que cela. Le jeune garçon brun soupira, et c'était peut-être là la seule chose expressive qu'il réussissait à faire sincèrement. Cependant il eut à peine le temps de suivre le regard de l'inconnu vers cette femme avant de se faire embarquer violemment dans les toilettes. Et sur le coup il ne put réprimer un faible sourire en coin, le contraste crasse/propreté l'aurait laissé sans voix s'il ne lui avait pas parlé autant. Les toilettes étaient certes très propres, elles n'en restaient pas moins froides, avec ces murs blancs ou bleu clair. Pas très réchauffant. Il ne remarqua même pas les deux gars en train de se fricoter tant il pensa que ce contraste leur ressemblait, à lui-même et l'inconnu. D'un côté, la promiscuité, la crasse et la débauche, et de l'autre, un grand masque de froideur blanc, propre, net, mais aussi celui à qui on laissait le sale boulot. Karasu sortit de ses songes quand l'autre prit la parole, vis à vis des deux squatteurs. Et avant qu'il ne puisse réagir, il se prit deux beignes de plein fouet, se mordant violemment la lèvre au passage.

Et le liquide qui s'écoulait de ses lèvres ressemblait à une victoire pour l'autre alors que les yeux de Karasu, de la même couleur que son sang, le fixaient, le braquaient. En joue mais d'un regard. Au sol, autant le préciser. Karasu n'était pas connu pour sa résistance aux coups ni même son habilité à se battre, forcément. Il passa ses doigts sur son menton pour étaler son sang sur sa peau plutôt que de l'effacer. Et, résigné, il acquiesça. Pourquoi faisait-il ça ? Acquiescer, non mais ça ne va pas ? Il fallait partir, vite, loin, n'importe où ! Ne voulait-il pas être libre ? Alors qu'attendait-il, maintenant ? Il se leva en prenant appui contre le mur de carrelage dans son dos. Et son regard, pour une fois, se fit plus franc. Exprima quelque chose. Un désir. Il suffisait, Karasu en avait ras-le-bol. Et il serra les dents. Et se força à sourire.

" Je préfèrerai mourir plutôt que de me laisser dominer par vous. J'en ai déjà suffisamment pris pour mon grade, et qui que vous soyez, monsieur Corbeau, sachez que le frêle jeune homme que vous venez de frapper ne se laissera pas faire. "

Il tourna la tête sur le côté, affichant volontairement un air résigné. Au moins, les coups qu'il avait reçus lui avaient mis les idées en place. Il ne s'était pas expatrié à Nagoya pour revivre le même enfer, si ? Il était temps de prendre les devants.

" C'est dommage, moi qui vous trouvais vraiment beau. Attirant. Et mystérieux, surtout. Seulement vous vous comportez comme un gros porc répugnant, à même titre que celui qui est la raison de ma venue ici. A l'avenir, j'aimerais assez ne plus croiser des tarés de votre espèce quand je me perdrai. "

Étrangement, ça lui faisait comme des coups de poignards bien placés quand il prononçait chacun de ces mots. Ils étaient emprunts de vérité, mais dire adieu à un beau mec comme ça, ça laissait des marques de regret, pas vrai ? Se tenant le ventre, il tituba jusqu'à la porte des toilettes et la poussa à l'aide de son épaule en soupirant.

" J'aurais au moins aimé connaître votre nom. "

Il avança avec difficulté dans le bar puant, sous le regard lubrique d'une grande majorité des clients, et commença au bout de quelques pas à s'habituer à la douleur.

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